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3   La région de Vakinankaratra, diversité agro-écologique, systèmes de production et

3.1   Diversité agro-écologique de la région de Vakinankaratra

3.1.3  L’agriculture

L’agriculture, constitue l’activité principale de la population comme dans les autres régions de Madagascar. Les cultures vivrières occupent plus de 90 % des superficies cultivées. Les principales cultures sont : le riz (environ 72 000 ha, 40% des surfaces cultivées), le maïs (27%), la pomme de terre (16%), le manioc (6%), la patate douce et le haricot souvent associé au maïs (Collectif, 2003). Les vergers fruitiers ont eux aussi une place importante. Il en est de même des cultures potagères et des céréales (orge, avoine) cultivées en contre-saison.

Comme dans le reste du pays, l’agriculture est le fait d’exploitations familiales de petite taille. Quatre-vingt-huit pour cent des exploitants disposent de moins de 1,5ha de surface cultivée, et seulement 3% ont plus de 4 ha (Collectif, 2006). Les chiffres nationaux sont respectivement de 77% et de 4%.

Razafimandimby (2005) identifie cinq micro-régions agricoles (Figure 3-3), la zone I est caractérisée par la dominance de l’élevage bovin, la production végétale étant principalement composée de riz et de manioc ; la zone II est caractérisée par la dominance de l’élevage bovin et de la polyculture ; la zone III est caractérisée par la dominance des cultures maraîchères, la riziculture et la production fruitière ; la zone IV est dominée par l’élevage laitier ; la zone V est caractérisée par la présence d’une série de vallées et de cuvettes rizicoles, et par l’importance de la culture de la pomme de terre et de la production fruitière.

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Figure 3-3 : Carte des micro-régions agricoles identifiées par Razafimandimby (2005).

Les services à l’agriculture (vulgarisation agricole, aménagements hydro-agricoles, …) assurés jusqu’au milieu des années 80s par les structures centralisées de l’Etat, sont de plus en plus prises en charge par des organisations non gouvernementales (ONG), les organisations paysannes (OP) et les collectivités locales. Le niveau de ces services reste largement insuffisant. Le taux de pénétration des organismes de crédit agricole reste faible, même si les ONG et les OP introduisent parmi leurs multiples activités des opérations de crédit. L’accès des agriculteurs aux intrants chimiques reste difficile et coûteux, ce qui limite leur utilisation pour l’essentiel aux cultures de rente.

La situation est la même pour l’accès aux semences. Depuis le milieu des années 80s, le système de production et de diffusion des semences de riz dépendant du Ministère de l’agriculture n’est plus fonctionnel. La diffusion de nouvelles variétés repose sur des initiatives locales d’ONG, d’OP, de projets sectoriels, ou encore sur l’initiative de chercheurs du Centre national de recherche agronomique, le FOFIFA.

3.1.4 La riziculture

La pratique de la riziculture dans les bas-fonds et les petites plaines inondables remonterait à l’arrivée dans la région des populations Merina. Aujourd’hui, la majorité des exploitants pratique non seulement ce type de riziculture mais aussi, depuis peu, la riziculture pluviale sur les terres de versant, ou tanety.

3.1.4.1 Rizicultures irriguées (« lowland rice »)

La riziculture irriguée, pratiquée dans les bas-fonds et petites plaines inondables, représente environ 80% de la superficie totale en riz de la région. Il y a peu de variations entre les sous-régions à part le cas du district d’Antsirabe II où la culture du riz pluvial a progressé davantage et représente 28% des surfaces en riz (Collectif, 2003).

Malgré la grande ingéniosité des agriculteurs de la région pour l’aménagement des bas-fonds et petites plaines inondables (Blanc-Pamard and Rakoto-Ramiarantsoa, 1991), la maîtrise complète de l’eau est rarement acquise et la production reste fortement dépendante du climat : installation tardive de la saison des pluies, épisodes cycloniques, grêle de fin de saison des pluies (Chabanne and Razakamiaramanana, 1997). Les rendements, 2.6 t/ha en moyenne, sont

0 30 60 kilomètres III IV V II I

52 légèrement supérieurs à la moyenne nationale (2t/ha) et présentent peu de variation intra-régionale.

A l’échelle des exploitations, les superficies moyennes de rizière par habitant restent faibles, 7 ares, contre 27 au niveau national (Collectif, 2003). Cette disponibilité varie cependant suivant les zones : 18 ares dans le district de Betafo contre 6 ares à Antanifotsy et Faratsiho. Par ailleurs, les parcelles de rizière sont très fragmentées. A part le district de Betafo, le restant de la région est déficitaire en riz (Minten and Razafindraibe, 2003).

Dans ce contexte, la place de la riziculture dans les stratégies paysannes se limite à la subsistance et à la sécurité alimentaire du ménage. L’accès aux revenus monétaires étant assuré par la culture de contre-saison, l’élevage, l’arboriculture et les cultures maraîchères. Compte tenu de cette place, la culture du riz fait l’objet de peu d’investissement monétaire. On distingue 3 systèmes de culture du riz irrigué, essentiellement en fonction du positionnement de la culture par rapport à la saison des pluies (Figure 3-4):

- Le vary aloha, littéralement riz précoce, consiste en la mise en place des pépinières en saison sèche et froide, et un repiquage en septembre dès la fin de la saison froide mais sans attendre l’installation des pluies. Elle suppose la disponibilité de ressources en eau non directement liées aux pluies.

- Le vary vakiambiaty qui coïncide avec la saison des pluies est très largement (90%) majoritaire (Collectif 2003).

- Le riz de contre-saison, conduit en saison sèche, est circonscrit aux zones de basse altitude disposant de ressources en eau non directement liées aux pluies.

Les opérations sont similaires pour les trois systèmes de culture. La préparation du sol (labour, hersage, mise en boue) est faite, dans 65% des cas, au moyen de la traction bovine, Pour le reste, elle est réalisée à l’angady, la bêche malgache. Les autres opérations culturales (repiquage, désherbage, récolte, battage, …) restent manuelles. Le désherbage du riz à la houe rotative est très répandu. Les transports sont généralement assurés par la fameuse charrette bovine malgache.

3.1.4.2 Riziculture pluviale (« upland rice »)

Alors que la culture itinérante du riz sur défrichage-brûlis de pentes forestières (essartage), le tavy, remonte à plus de 1500 ans sur la côte est de Madagascar (Aubert and Razafiarison, 2002), la culture du riz sur terres exondées et drainées (riz pluvial ou riz de tanety) dans la région de Vakinankaratra, en particulier dans les zones d’altitude supérieure à 1250m, ne date que du début des années 90s. Cette adoption tardive de la riziculture pluviale est due essentiellement, à l’absence de variétés adaptées. En effet, c’est la diffusion, au milieu des années 90s, de variétés de riz pluvial d’altitude tolérantes au froid issues d’un programme de création variétale conduit par le FOFIFA et le CIRAD (Dechanet et al., 1997) qui a permis le développement de ce type de riziculture dans la région de Vakinankaratra (Ahmadi, 2004). Aujourd’hui, la riziculture pluviale est pratiquée par près de 50% des exploitations de la région. Les superficies en riz pluvial restent faibles, en moyenne de 0.15 ha par exploitation (Collectif, 2002). Les variétés utilisées, une dizaine jusqu’à maintenant, sont toutes de type « amélioré », avec des potentiels de production de plus de 7 t/ha. Cependant, étant donné la diversité des sols de la région en termes de fertilité, la variabilité spatiotemporelle de la pluviométrie et la variabilité des pratiques culturales (en particulier la fertilisation organique), les rendements du riz pluvial varient de 0.5 t/ha à 4.5 t/ha avec une moyenne de 2 t/ha.

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Figure 3-4: Représentation schématique du calendrier des différents systèmes de culture du riz dans la région de Vakinankaratra, et des données climatiques de la période 2001-2005 dans la zone climatique C (tropical d’altitude, altitude 1650m).