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4   Dynamique de la diversité variétale du riz dans la région de Vakinankaratra

4.4   Utilisation de la richesse variétale

4.4.1  Aspect quantitatif de l’utilisation de la richesse variétale

Si la richesse variétale est un premier indicateur de la diversité maintenue par les agriculteurs, elle renseigne peu sur l’importance relative donnée par les agriculteurs à chacune des variétés présentes dans le village ou dans l’exploitation. Pour chacun des villages d’étude, nous disposons des données sur le nombre d’exploitations, parmi les 30 à 40 enquêtées, qui cultivent chacune des variétés présentes dans le village. Il s’agit bien entendu d’une information qualitative (utilisée / non utilisée) qui ne renseigne pas sur les superficies consacrées à chaque variété, mais cela constitue un bon indicateur dans la mesure où, « une utilisation » correspond en général à « une parcelle de rizière» et la superficie des parcelles de rizière est peu variable, étant en général de 10 à 15 ares.

4.4.1.1 Fréquence d’utilisation des variétés

La fréquence d’utilisation de chacune des variétés d’un village, c’est-à-dire le pourcentage d’exploitations enquêtées du village qui utilise la variété, varie de 5 à 80%. Sur l’ensemble des variétés de la région, seulement 3.2% sont utilisées par plus de 75% des exploitations des villages, 6.3% par 50 à 75%, 19.4% par 25 à 50% et 72% par moins de 25%.

La distribution de la fréquence d’utilisation des variétés est assez variable d’un village à un autre. Comme le montre la Figure 4-4, dans la plupart des villages il existe un petit nombre (de 1 à 3, en moyenne 15% des variétés du village) de variétés « majeures », utilisées par plus de 50% des exploitations ; un second petit lot (en moyenne 18%) de variétés à fréquence d’utilisation intermédiaire, sur 25 à 50% des exploitations ; le reste des variétés (soit 66% de la richesse variétale du village) est utilisé par moins de 25% des exploitations. En fait, une proportion importante de ces « variétés mineures » (41% en moyenne) a même une fréquence d’utilisation très faible, inférieure à 10% des exploitations.

Il ne semble pas y avoir de lien entre la distribution de la fréquence d’utilisation des variétés dans les villages et l’altitude des villages, leurs systèmes de production ou leurs systèmes de culture du riz.

En ce qui concerne les caractéristiques propres des variétés, il ne semble pas y avoir de lien entre la notoriété régionale des variétés et la fréquence de leur utilisation au niveau des villages pris individuellement. De même, il ne semble pas y avoir de lien entre la perception paysanne des caractéristiques agronomiques des variétés (cycle, tolérance aux maladies, productivité, format du grain, goût, etc.) et la fréquence de leur utilisation.

Enfin, si d’une manière générale, il n’y a pas de lien significatif entre l’ancienneté des variétés dans les villages et leur fréquence d’utilisation, un lien existe pour ce qui est des variétés de riz pluvial qui, dans leur grande majorité, sont d’introduction récente. En effet, il y a une différence très hautement significative de fréquence d’utilisation (p<0.0001) entre les variétés de culture irriguée et celle de culture pluviale, respectivement 20 et 30% en moyenne.

Bien que de nature qualitative (utilisée / non utilisée), l’information sur la fréquence d’utilisation des variétés constitue aussi une indication sur les superficies que couvre chaque variété. En effet, (1) une déclaration d’utilisation d’une variété par une exploitation correspond à au moins une parcelle cultivée avec la variété et (2) les superficies des parcelles de rizières sont peu variables dans la région (de 10 à 15 ares en général). On peut donc considérer que les variétés à fréquence d’utilisation élevée sont aussi celles qui couvrent les plus grandes surfaces.

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Figure 4-4: Importance relative des 4 catégories de variétés définies en fonction du %

d’exploitations qui les utilisent dans chacun des 32 villages d’étude.

Les quatre niveaux ou fréquences d’utilisation sont Fr >50%, 50%>Fr<25%, 25%>Fr<10% et Fr<10% des exploitations.

4.4.1.2 Equité d’utilisation et abondance relative des variétés

L’indice d’équité (E) de Shannon, calculé à l’échelle du village, est de 0.7 en moyenne et varie peu (écart-type de 0.09) entre les 32 villages étudiés (Annexe 3). Les deux villages où l’indice E est inférieur à 0.5 sont ceux où les variétés majeures et celles à fréquence d’utilisation de 25 à 50% représentent moins de 30% du total, les variétés à fréquence d’utilisation 10-25% sont absentes et les « variétés mineures » représentent plus de 70% du total. Il semble donc que l’indice E soit peu sensible pour décrire l’équité d’utilisation des variétés du riz dans un village et que la distribution des fréquences d’utilisation telle que présentée rende mieux compte de l’équité d’utilisation des variétés. La faible corrélation de E avec Sv (r² =0.005 p<0.7) et avec Se (r² = 0.005 p<0.8) indique qu’il n’y pas de lien entre la richesse variétale et l’importance relative de l’utilisation de chaque variété. Il n’y a pas, non plus, de corrélation significative entre l’indice E et la combinaison de systèmes de riziculture pratiquée dans le village.

L’indice de diversité de Shannon (H’) qui considère à la fois la richesse variétale et le taux d’utilisation en termes d’abondance relative présente, lui, une variabilité régionale importante : valeur moyenne de 1.9 et écart-type de 0.30. H’ est fortement et significativement corrélé avec la Sv (r² = 0.764, p<0.0001) et Se (r² = 0.426, p<0.0001). Comme le montre la Figure 4-5, des indices de diversité élevés peuvent être observés pour des Se faibles, ceci lorsque la Sv est élevée. Ainsi, en l’absence de données sur l’utilisation de chacune des variétés du village de manière individuelle, la Sv constitue donc un bon indicateur de l’indice de diversité H’.

Le coefficient de détermination de H’ d’un village par son appartenance à une des classes

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 30 31 32 33 34 %  des  variétés  dans  différentes  classes  de   fréquence  d'utilisation Plus de 50% 25 à 50% 10 à 25% Moins de 10% N° du village

79 d’altitude est beaucoup plus faible et non significatif (R² = 0.140, p<0.23). L’indice H’ est donc indépendant de l’altitude et des conditions climatiques qu’elle engendre. Il en est de même pour les systèmes de production en vigueur dans le village (R² = 0.157, p<0.085), même si en moyenne les villages les SP1 et SP2 ont des moyens les plus élevés que les villages SP3 (2.09 et 1.91 contre 1.76). La combinaison de systèmes de riziculture pratiquée dans le village joue là aussi le rôle le plus déterminant (R² = 0.428, p<0.009).

Figure 4-5: Représentation graphique de la relation entre la richesse variétale des villages

(Sv), la richesse variétale moyenne des exploitations (Se) et l’indice de diversité de Shannon (H’) dans 32 villages de la région de Vakinankaratra.

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4.4.2 Aspects qualitatifs d’utilisation de la richesse variétale