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L’affaire havraise, Montgomery et Elisabeth : « comme s’il estoit mon naturel subject »2

2) 1562-1563 : premières confrontations

3) L’affaire havraise, Montgomery et Elisabeth : « comme s’il estoit mon naturel subject »2

L’Angleterre, depuis le début des conflits religieux, sert en effet de terre de refuge aux protestants français surtout pour les Normands, pour qui la proximité entre la Normandie et le royaume d’Elisabeth apparaît comme un moyen sûr de se mettre à l’abri3. Montgomery y aura recours à maintes reprises. La question est de savoir s’il s’agit de lieux de départ ou de passage. L’Angleterre sert-elle de pays d’accueil, temporaire ou définitif ? Quelles sont les conditions de la sortie de France ? Le traité de Hampton Court, signé le 30 octobre 1562 et négocié par le vidame de Chartres, prévoit le retrait des Anglais de la ville de Dieppe. Mais ce départ s’accompagne aussi, d’après Michel Reulos, de l’exode d’un nombre important de gentilshommes pour le libre exercice de la Religion.

1 Hector de la Ferrière, La Normandie à l’étranger (…) op. cit., chap. III.

2 Hector de la Ferrière, La Normandie à l’étranger, (...) op.cit., p. 231 (lettre extraite du Calendar

of State Papers, de la reine Elisabeth à la comtesse de Montgomery, Greenwich, datée du 6 mai

1574).

3 Sur ce point, voir l’article de Michel Reulos, « La Réforme et les relations entre la Normandie et l’Angleterre au cours de la deuxième moitié du XVIe siècle » in Revue des sociétés savantes,

Dieppe semble le lieu de passage privilégié, mais l’émigration reste temporaire. Beaucoup de réfugiés s’installent ensuite à Rye et à Winchelsea. A quelques encablures de là, les îles anglo-normandes de Jersey et Guernesey sont considérées comme des lieux de refuge pour préparer une action ou fuir le cas échéant ; l’identité de langage entre les Normands et les insulaires les aident dans ces démarches et transports. En septembre 1572, après la Saint-Barthélemy, le comte de Montgomery, alors poursuivi par Matignon, se réfugie à Jersey avec sa famille. La Mothe-Fénelon le soupçonne et adresse son rapport à la reine mère :

« Jai seu que Montgomery est passé es Isles de Jersey et Guernesey ; où il a, a ce que j’ay seu, deliberer de demeurer expressement pour avoir et tire toujours la commodité des maisons qu’il y a le long de la coste de Normandie et de Bretagne. Je l’eusse envoyé prendre comme il estoit fort ayse et que j’en ay bien le moyen, pour estre lesdites isles fort près de moy ; mais ne voullant en façon que ce soit donner occasion à ladite Reine ma bonne sœur et cousine de penser que je veille rien faire ny entreprendre sur ses possessions sans sa permission, j’ay differé et retenu ceux qui l’y eusse aisement esté prendre »1.

Plus tard en 1572, lors de la négociation du mariage entre Elisabeth et le duc d’Alençon, La Mothe propose Jersey comme lieu de rencontre entre les futurs époux. Ainsi les déplacements trans-Manche n’ont cessé d’être au cœur des relations diplomatiques tout au long des premières guerres de Religion. Tour à tour, espace de refuge, pays d’accueil, soutien financier et logistique, l’Angleterre et les îles anglo-normandes ont constitué une pièce essentielle dans les combats des réformés bas-normands.

Tout l’enjeu d’un soutien britannique à la cause réformée serait d’amener les protestants français à livrer Le Havre, Dieppe, voire Rouen à la couronne anglaise, en échange de la ville de Calais. Elisabeth garde en effet en mémoire l’affront que le traité du Cateau-Cambrésis, signé le 2 avril 1559, a infligé à son pays. Ce dernier lui ôte la main mise sur une ville occupée par les Anglais depuis la guerre de Cent Ans. La Normandie reste une zone stratégique de premier plan pour l’Angleterre ; trois ports sont particulièrement convoités : Le Havre, Cherbourg et Granville. Cette implication de la couronne anglaise dans les

1 J.W. de Grave, “The Soupthampton and Channel islands churches”, in the Huguenot Society of

affaires normandes a été particulièrement étudiée par l’historien anglais Trim1. D'après l'auteur, il ne fait aucun doute « qu’Elisabeth et son gouvernement ont dépensé sans compter de l’argent et versé le sang de leurs hommes pour soutenir inconditionnellement les Huguenots. Ceci était motivé à la fois par des intérêts religieux, mais aussi politiques et nationaux »2. En 1562, pendant la première guerre de Religion, la somme de vingt-cinq mille livres a été versée à la France par le Trésor anglais pour soutenir l’effort de guerre. Plus tard, la reine Elisabeth confie encore quarante-cinq mille livres à Châtillon entre novembre 1568 et juin 1569. Pourtant la Reine et ses ministres ont toujours nié avoir envoyé des soldats combattre auprès des réformés français. Ce soutien actif de la couronne anglaise est particulièrement porté par Sir Artus Champernowne, vice-amiral du Devon. Celui-ci joue d’abord un rôle déterminant dans la campagne de Normandie de 1562. Son neveu meurt en France, au cours de l’année 1569, pendant la troisième guerre de religion et son plus jeune fils épouse la fille du comte de Montgomery3. Alors que celui-ci demande à la Reine d’envoyer des hommes défendre le port de La Rochelle, six mois plus tard, sous couvert du commandement de Gabriel de Montgomery et du fils de Champernown, une flotte importante, composée essentiellement de soldats anglais, part du port de Devon pour La Rochelle4. Henri Champernown, chef de la compagnie des volontaires anglais et époux de l’une des filles du comte de Montgomery, adopte la bannière noire « adorned with a head » sur laquelle est écrit : “ my Death is my virtuous’’. Un volontaire dit de lui à sa mort en 1573 : « celui-ci porte une bannière noire dorée avec une tête sur laquelle est écrite « ma mort est ma vertu », et lui rend hommage : « Il a servi si noblement et de façon si galante que tout le camp, quand il était present, ressentait sa vaillance et beaucoup de ses gentilshommes, qui servaient avec lui, firent croître encore sa reputation, particulièrement pour l’honneur de toute notre Nation

1 David J. B Trim, ‘The secret ‘War’ of Elisabeth’: England and the Huguenots during the early Wars of Religion, 1562-1577”, in Proceedings of the Huguenot Society, XXVII (2), 1999, p. 189-199.

2

David Trim, ‘The secret ‘War’ of Elisabeth’ (…) art. cit., p. 190 : “Elisabeth I and her government actually expended both treasure and blood in furtherance of a consistent policy of support for the Huguenots, which was motivated by confessional rather than national, interests”.

3 D’après Marcel Cauvin, dans l’article, « Les Montgomery et le protestantisme en Avranchin », in

Revue de l’Avranchin, N° 46, 1969, p. 217-241, deux des filles de Gabriel, comte de Montgomery,

Anne, et Elisabeth se marient en Angleterre ; la première, Anne (dont nous n’avons pas retrouvé la trace dans les archives) avec le sieur de Douglas. Mais ce qui est sûr concerne le mariage de la seconde, Elisabeth avec Sir Henry Champernown, vice-amiral des côtes de Cornouailles.

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anglaise. »1 Ainsi, selon Trim, les Anglais s’étaient préparés à combattre et mourir pour la Cause huguenote dans le royaume de France et il est indéniable qu’Elisabeth a, durant les trente premières années de son règne, soutenu la Cause protestante, secrètement mais avec constance. Au cours de la période 1562-1574, l’intercession de Montgomery entre Condé et la Couronne anglaise est décisive. Durant toute cette période, Champernown constitue l’acteur essentiel de cette action, ainsi que le comte Gabriel de Montgomery en tant que lien en France pour mener les opérations. Ce dernier joue en fait le rôle d’interface diplomatique en quelque sorte. C’est ce qui explique que la reine n’ait pas pu le soutenir officiellement lors de son arrestation en 1574. Depuis le début, il s’agit d’une action clandestine, sous peine de se mettre ouvertement à dos l’Espagne2.

Mais en 1563, la brouille entre les chefs protestants, Coligny et Condé, d’une part, et le gouvernement anglais d’autre part, représenté sur place par Warwick, provoque le ralliement de Condé et Coligny aux troupes royales d’Anne de Montmorency. Ce dernier prend la ville le 30 juillet 15633. Quant aux troupes royales, elles campent désormais à Honfleur. Si cette affaire havraise est apparue à certains historiens comme une forme encore embryonnaire de sentiment patriotique ou national dans le royaume de France4, elle se révèle être pour nous un épisode particulièrement intéressant pour mesurer l’attachement de Montgomery à l’alliance anglaise. D’un côté, s’exprime dans cette affaire havraise une grande unanimité française, et la réduction de la ville du Havre apparaît bien comme l’une des rares manifestations de l’unité « nationale », ainsi retrouvée. Catholiques et protestants du royaume de France sont réunis sous la même bannière pour bouter l’Anglais hors de la ville du Havre5. Le prince de Condé dans son Discours au vray de la reduction du Havre, exprime cette unanimité des deux confessions réunies en un seul camp, celui des « François naturels ». « Il avoit peu voir nostre camp composé de gens de l’une ou l’autre religion, et que

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David Trim, ‘The secret ‘War’ of Elisabeth’ (…), art. cit., p. 195 : “served so nobly and so gallantly, as the whole Campe where he was in, sounded of his valliantnesse, and many of those gentlemen that he bought with him, augmented so much his fame, that to his deedes and theirs, are most noblie spoken of, greatly to the honour of all our english Nation”.

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David Trim, ‘The secret ‘War’ of Elisabeth’ (…) art. cit., p. 197.

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Hector de la La Ferrière, La Normandie à l’étranger (…) op. cit., chap.V : reddition du Havre en juillet 1563.

4 Myriam Yardeni, La conscience nationale en France pendant les guerres de Religion :

1559-1598, Louvain, Nauwelaerts, 1971, p. 90-91.

5 Myriam Yardeni, La conscience nationale en France pendant les guerres de Religion :

ceux qui les avoyent favorisez par cy devant en haine de nos troubles, leurs estoyent aujourd’hui ennemis et que tous les François naturels estoyent unis à l’obeyssance et au service du Roy, et au commun benefice de ce royaume »1. Il n’y a pour lui aucune incompatibilité entre ce discours et celui qu’il tenait quelque temps plus tôt, au moment de la Conjuration d’Amboise. Ces « François

naturels » désignent d’après lui les hauts représentants de la noblesse. Parce que

le point essentiel de leur appartenance à la France réside dans la fidélité au service du roi, « nostre seul souverain Prince et seigneur après Dieu »2, il ne leur apparaît aucune contradiction à défendre le roi aussi bien contre l’intervention usurpée des Guise que contre les prétentions anglaises sur Le Havre. Le camp protestant, par la voix de Coligny, cherchera en outre à prouver à la face du monde qu’il n’a pas été le premier à faire venir des troupes étrangères dans le royaume3. Un fragment rajouté a posteriori aux minutes du synode national tenu à Orléans en 1561 présente en effet Coligny comme le farouche défenseur d’une défense circonscrite au royaume. Alors que certains proposent de demander de l’aide aux princes allemands, il oppose « qu’il aimeroit mieux mourir que consentir que ceux de la Religion fussent les premiers à faire venir les forces estrangeres en France »4.

Face à l’unanimité du camp français, d’un autre côté, l’attitude de Montgomery vis-à-vis de la politique anglaise semble beaucoup plus nuancée. De ce fait elle peut être mal perçue et faire l’effet d’une trahison car Gabriel joue un jeu personnel. Avant d’analyser son attitude dans cette affaire havraise, il apparaît nécessaire de rappeler les liens étroits qui se sont noués entre le chef militaire normand et la Couronne anglaise. Tout au long de ses prises d’armes, Montgomery passe beaucoup de temps de l’autre côté de la Manche et fréquente la Cour anglaise où il est reçu en ami. Nous ne possédons pas de preuve de son

1 Cité par Myriam Yardeni, La conscience nationale en France pendant les guerres de Religion :

1559-1598, Louvain, Nauwelaerts, 1971, p. 90 et 91.

2 Cité dans Myriam Yardeni, La conscience nationale (…) op.cit, p. 130.

3 Sur la position de Coligny à propos de l’Angleterre, voir l’ouvrage de Shimizu, Conflict of

loyalties, politics, and religion in the carrer of Gaspard de Coligny, admiral of France (1519-1572), Droz, Genève, 1970, chapitre 6. On peut aussi consulter l’article « Coligny et l’Angleterre

(1545-1572) », dans le colloque Amiral de Coligny (L’), et son temps (Paris, octobre 1972), actes du colloque d’octobre 1972, Paris, Société du protestantisme français, 1974, 796 p. Ici p. 97-106. Coligny demande de l’argent à l’Angleterre au profit de la Cause après la défaite de Dreux. Mais devant l’affaire havraise, alors que Condé mobilise aux côtés des catholiques contre les anglais, Coligny se retire toutefois sur ses terres et ne prend pas part aux combats. Il ne renoue les contacts avec l’Angleterre qu’en 1571. En juin 1572, il se rend à Londres et rencontre Elisabeth ; il est alors question de son mariage avec le duc d’Alençon.

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passage dans l’Eglise réformée de Threadneedle Street entre 1560 et 1565. Cette paroisse est pourtant largement ouverte aux Français en exil ou de passage. Son nom est néanmoins cité comme une référence dans la communauté protestante, puisqu’un homme du nom de Jehan Cautels se présente dans ce temple pour participer à la Cène. Alors qu’on lui conteste cette participation, il avance le nom de Montgomery comme gage de sa bonne foi : « Jehan Cautels dit ne pas se presenter de rechief pour pouvoir communier à la cène ou que on luy dis s’il debvoit aller par de là pour se purger de ce que maistre Pierre Olivier le acuses. Il produit des lettres de monsieur Montgobery et de son capitaine qu’il avoit servuy durant les troubles dattes d’aprile 1563. On luy fait responce que Monsieur cousin en escrira a l’esglise de Rouen et qu’il eut encore patience »1. Gabriel de Montgomery nourrit une abondante correspondance avec les dirigeants anglais de cette époque, particulièrement avec l’ambassadeur Warwick, en poste au Havre qui apparaît comme son interlocuteur privilégié, mais aussi avec la Reine Elisabeth, à qui il s’adresse parfois directement par courrier pour la solliciter pour tel ou tel envoi d’armes ou de renforts. C’est donc aisément qu’il possède ses entrées à la Cour d’Angleterre. Il apparaît comme l’interface majeure entre les autorités anglaises et les princes protestants français. Il faut dire qu’en tant que membre de la garde écossaise, il maîtrise parfaitement la langue anglaise. Il est secondé dans cette tâche par son aide de camp, Horsey, à qui il confie de nombreuses missions. Il n’hésite pas à résider dans les îles anglo-normandes pour s’y réfugier, lui et sa famille, et à se rendre à Hampton Court pour négocier directement auprès des autorités monarchiques. Son intimité envers Warwick est particulièrement perceptible dans la correspondance que les deux hommes échangent au début de l’année 1563. Cette correspondance a été publiée par Hector de la Ferrière, dans l’ouvrage, La Normandie à l’étranger. Montgomery est alors en poste à Dieppe, tandis que Warwick tient la ville du Havre au nom de la reine Elisabeth. Dans une lettre écrite à Dieppe, datée du 9 janvier, alors que la reine a consenti à fournir deux des quatre ou cinq enseignes demandées, on perçoit combien le chef normand joue désormais le rôle d’intermédiaire entre les chefs protestants, Condé et Coligny, d’une part, et la couronne anglaise d’autre part :

1 « Actes du consistoire de l’église de Threadneedle Street à Londres», in The Huguenot Society of

« Madame, je n’ai voulu faillir, incontinent, après avoir receu les lettres de Monsieur l’Admiral, d’advertir Vostre Majesté de ce qu’il me mande et, pour en estre plus certain, je vous envoie si peu qu’il n’en a escript et quant aux parolles de créance, c’est qu’il est délibéré de venir joindre l’armée de Vostre Majesté en espérance d’avoir bien tost une bonne fin, et pour plus aisément ce faire se fauldroit haster de prendre Honnefleur pour passer de là l’eau »1.

Il préfère jouer le rôle d’interface entre les deux. Comme c’est le cas aussi dans cette lettre datée du 9 janvier 1563, adressée à Warwick, de Dieppe :

« Monsieur, j’escris à la Majesté de la Royne, comme Monsieur l’Admiral s’attend venir joindre son armée promptement, laquelle il s’attend trouver en beaucoup plus grand nombre que ce sui peult sortir du Havre, par quoy je vous supplie faire tant envers la Majesté de la Royne qu’en toute diligence il se y achemine forces (…) Et aussy, Monsieur, que l’argent soit prest de ce que ce plaist à sa Majesté aider à Monsieur le Prince, car il en est beaucoup deu à nos reistres »2.

Montgomery s’emploie à doubler ce courrier d’une autre lettre adressée à la reine Elisabeth, dans laquelle il se fait le messager de l’Amiral Coligny : « Madame, je n’ay voulu faillir, incontinent, après avoir receu les lettres de Monsieur l’Admiral d’avertir Vostre Majesté de ce qu’il me mande (…) Je supplie Vostre Majesté de m’en envoyer davantage (des enseignes) et aussi des moïens pour entretenir ceulx qui sont françois en ceste place, sur ce qu’il vous plaist ayder à Monseigneur le Prince »3. A moins que sa motivation première soit d’abord religieuse et réside avant tout dans le service divin. Les références bibliques sont récurrentes dans ce corpus de lettres émanant de la ville de Dieppe qu’il occupe, et toutes datées du début de l’année 1563. Pour parler des combats qui font rage en Normandie, il parle de « Saincte querelle »4. L’atmosphère de tension religieuse est palpable en cet hiver 1563 et perceptible dans cet extrait adressé par Montgomery à Leicester en date du 14 janvier : « Cela me faict vous supplier très-humblement ne voulloir adjouster foy à nulle autre chose que ce qui concernera le service de Dieu et la querelle que maintient Monsieur le Prince »5. Il signe régulièrement ses courriers par la formule suivante : « Suppliant le Créateur vous donner en santé très-bonne

1 Hector de la Ferrière, La Normandie à l’étranger (…) op.cit, p. 56-57 (lettre adressée à Elisabeth, de Dieppe, le 9 janvier 1563).

2 Ibid, p. 56.

3 Ibid, p.56.

4 Ibid, p. 61 (lettre datée du 15 janvier 1563).

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et longue vie »1 ou bien à la reine Elisabeth : « moyennant vostre ayde et celle du Seigneur Dieu lequel je supplie »2. Sa fidélité à la Couronne anglaise ne se démentira jamais. Du reste, il signe encore la correspondance adressée à la reine d’Angleterre de cette façon : « Vostre très-humble et très-obéissant serviteur à jamays ». La formule est certes convenue mais, l’emploi de ce vocabulaire propre à la tradition nobiliaire de l’époque traduit bien le fait que Montgomery a porté hommage à la reine ; il est devenu sa « créature ». C’est donc un lien indéfectible qui le lie à la Couronne d’Outre-Manche. Ainsi, au tout début du mois de janvier 1563, alors qu’il est approché par le Rhingrave, allié aux catholiques royaux, celui-ci choisira encore et toujours les liens avec l’Angleterre. Il décline la proposition de capitulation du Rhingrave, qui se tient pourtant à cette époque aux portes de la ville du Havre, à Montivilliers, menaçant la ville. Le 3 janvier 1563, Philippe de Salm, comte du Rhingrave, venu à l’aide des catholiques français, lui écrit en effet une lettre dans laquelle il tente de le rallier à son camp et de le soudoyer :

« Monsieur le comte, ceulx d’Arques ont arresté ces gens qui sont de Dieppe et me les ont envoyés. Vous scavez comme je désire faire desplaisyr à aulcun, parquoy je