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Mais si la conversion procède le plus souvent d’un appel personnel, elle provoque aussi des fractures importantes dans les familles. Toutes les études ont souligné ces profondes divisions qui s’immiscent au cœur d’entre elles. Dans

la plupart des cas, les lignages présentent en effet des situations composites dans lesquelles coexistent les deux confessions. En ce sens, le fait protestant concerne, en tout cas pour la deuxième moitié du XVIe siècle, tous les lignages de l’Alençonnais, de notre étude. Rares sont les familles qui ne soient pas touchées par le fait protestant.

La marque des bigarrures confessionnelles dans les familles laisse apparaître quelques surprises. Même l’insoupçonnable Matignon n’échappe pas à l’intrusion, dans le lignage, d’un membre de la famille converti à la foi protestante1. Ainsi la famille du futur maréchal de France, d’origine bretonne, assoit définitivement sa puissance en Normandie, puisque l’oncle de Matignon, Joachim, est lieutenant général de Normandie. Sa sœur (ou peut-être sa tante ?), Anne épouse Olivier de Maridort, d’origine anglaise et valet tranchant de Jeanne d’Albret. Le couple est gagné ensemble à la réforme et Anne devient dame de la reine de Navarre2. Son testament daté de 1599 la montre fidèle à son choix religieux, jusqu’à l’intransigeance. De leur union, naîtront trois filles ; toutes protestantes, sauf l’aînée, Françoise, mariée en secondes noces à Charles de Chambes, comte de Montsoreau, probablement catholique. De ce fait, Françoise est écartée de la succession des biens maternels et devient donc « la dame de Montsoreau ».

Dans l’alençonnais, s’il est permis toutefois de trouver des exemples de familles globalement catholiques, la marque des bigarrures confessionnelles rets davantage la règle. Les Jouenne de Lanchal constituent un exemple de famille catholique3. Elle se caractérise par une rapide ascension sociale grâce à une

1 ArletteJouanna, Jacqueline Boucher, Dominique Biloghi, Guy Le Thiec, Histoire et Dictionnaire

des guerres de Religion, Paris, Robert Laffont coll. Bouquins, 1998, 1526 p. Ici : article

« Matignon », p.1083-1085.

2 Eugène de Courtilloles, art. cit., T. VI, 1887, 2e bull. p. 211-212 (le 16 avril 1564, avant Pâques) : « Au château de Lonray, haut et puissant seigneur Mre Jacques de Matignon, chevalier de l’ordre du Roy, capitaine de 50 hommes d’armes de ses ordonnances et lieutenant de SM en l’abs de M. le duc de Bouillon, d’une part ; et noble Mre Olivier de Maridort, chevalier, seigneur de Vaux, la Freslonnière et le Beuil de Feings et dame Anne de Maridort, sa femme, dame d’honneur de la Reine de Navarrre, d’autre par. Le seigneur de Matignon pour demeurer quitte envers le seigneur de Maridort et son épouse, des accords de leur traité de mariage passé en le château de Gaillon le 22 mars 1522, il a abandonné la terre de Prémor, patronages d’église, bois, vignes, domaines (…) et 300 livres de rente qu’il a droit de prendre sur la terre et sénéchaussée de Palluan en Berri, plus la somme de 1200 livres une fois payée ».

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ADO A 428 : aveux, déclarations et autres titres concernant les fiefs du duché d’Alençon (1476-1742), cote 2 Mi 50 : Il porte alors les titres de sieur de Glatigny, puis de la Barre et celui de sieur de Condé à partir de 1562. Il est possible de l’identifier par un aveu rendu au Roi par Guillaume Jouenne Glatigni, pour les terres de Glatigni et de Lanchal, sises à Cuissai et Semallé, et pour diverses maisons sises en Alençon (1564). Il achète le fief de la Barre le 30 mai 1560 à Titus de

stratégie concertée d’achats immobiliers et fonciers. Là encore, cela leur confère un puissant enracinement local. Le père, Guillaume Jouenne, sieur de Glatigny défend l’église Saint-Léonard contre les huguenots lors des événements iconoclastes de 1562. Ses deux fils, Clément Jouenne, sieur de Lanchal, conseiller au présidial d’Alençon et son frère aîné Guillaume Jouenne, sieur de Condé, suivent la même voie de « l’orthodoxie religieuse », en témoignant d’un fervent soutien à la cause catholique en Alençon. Son frère Clément Jouenne, sieur de Lanchal occupe la charge de premier conseiller au Présidial dès 15521. Il est bailli dès 1555, puis en 1566, 1567, et après 15732. Il est aussi nommé à la cure d’Alençon de 1569 à 1571, où il signe les comptes et recettes de l’église d’Alençon le 7 décembre 15773. Il est donc incontestablement catholique. Engagement dans les œuvres ecclésiastiques de la ville mais aussi adroites stratégies d’ascension sociale pour cette famille à qui tout semble réussir. Quant à savoir ce qui prime des deux… ? Le cas des Aché demeure plus conforme à la norme des familles bigarrées du point de vue confessionnel. D’un côté, certains de ses membres se manifestent par leur action en faveur des catholiques de la ville. Ils prennent notamment parti pour les Clarisses expulsées de leur couvent en 1562 par les protestants d’Alençon, lorsqu’ils y établissent un temps leur lieu de culte. Le sieur d’Aché les recueille chez lui au château d’Aché. Il s’agit de Jean, seigneur d’Aché et de Larré, fils de Messire Gallois d’Aché et de dame Marie de

Cuissé. Puis le 30 septembre 1561, c’est l’achat du fief de Condé (dit d’Ancinnes) sur la commune de Condé-sur-Sarthe.

1 Eugène de Courtilloles, « Analyse de divers actes du tabellionnage, du XVe au XVIIe siècle », in

Bulletin de la. S.H.A.O., T. VI, 2e bulletin, 1887, p. 211-218 ; T.VII, 1er bulletin, 1888, p. 78-93 ; T. VII, 3e bulletin 1888, p. 253-270 ; T. VIII, 1er bulletin 1889, p. 37-52. Ici T. VII, 3e bulletin 1888, p. 253-270, ici p.258. Le 8 avril 1573, un acte le dit « noble Clément Jouenne, seigneur de Lanchal, conseiller du roi et de monseigneur le duc et lieutenant de Monsieur le bailli au siège d’Alençon ».

2 Pierre-Joseph Odolant-Desnos, Mémoires historiques de la ville d’Alençon et sur ses seigneurs,

précédée d’une dissertation sur les peuples qui ont habité anciennement le Duché d’Alençon et le Comté du Perche, et sur l’Etat ancien de ces pays, Alençon, Poulet-Malassis (2ème édition annotée par Léon de la Sicotière), 1858, p. 423 : Une délibération du conseil du 18 mai 1570 le mentionne à propos de la venue de leurs Majestés ; il est dit conseiller au dit siège et procurateur au duché. Après les édits de 1568, il est commis pour exercer « les fonctions des gens du Roi ». Un autre acte du tabellionnage daté du 5 novembre 1577 le fait conseiller du roi, maître des requêtes ordinaires de Monseigneur, conseiller à l’Echiquier et lieutenant de bailli d'Alençon. L’historien Bry de la Clergerie le fait siéger à l’Echiquier le 1er octobre 1576. Enfin, par lettre patente du duc d’Alençon de 1579, il est désigné pour la rédaction des coutumes écrites d’Alençon.

3 Il hérite de son frère Guillaume vers 1577 et vend alors en qualité d’héritier, le 5 novembre 1577 le fief de Condé dit d’Ancinnes, appartenant à son frère défunt, à un protestant, noble Pierre de Saint-Denis, sieur de Lancysière, conseiller à l’Echiquier. Le sieur de Lanchal connaît une longévité probable car il assiste en 1587 au mariage de Marie du Mesnil, fille de Jean du Mesnil, écuyer, sieur de Saint Rémy, son collègue, conseiller à l’Echiquier. Il marie sa fille à Pierre du Gué, seigneur de Noës, capitaine du château.

Saint-Denis. Il faut peut-être rappeler aussi qu’il vient en aide à sa grand-tante, Gabrielle, religieuse de Sainte-Claire. Difficile alors de savoir ce qui motive le plus le geste de cet homme : entraide familiale ou véritable élan religieux ? Ce même Jean1 est évoqué quelques années plus tôt, dans le récit de l’Ave Maria de 1562 : « Mises dehors les dites religieuses (les Clarisses) se retirent au Val-Noble, en la maison de Lelarge, veuve Ambroise Buhéré, laquelle maison a été au sieur d’Aché. De laquelle pour se retirer dans la maison dudit sieur d’Aché, passant par devant la grande église d’Alençon, plusieurs huguenots s’étant revêtus des habits des Cordeliers dudit couvent pour les prendre par-dessous les bras pour les conduire, Lesdites religieuses ne voulurent cheminer. Les dites religieuses furent conduites jusqu’à la maison du sieur d’Aché, près d’Alençon, par plusieurs femmes de la ville. Elles demeurent huit jours dans la maison du sieur d’Aché ». C’est grâce aux liens familiaux contractés entre les familles Aché et Saint-Denis, depuis le milieu du XVIe siècle, qu’une partie du lignage adhère à la confession protestante2. Ainsi en 1588, un contrat de mariage révèle la marque des bigarrures confessionnelles qui traversent la famille. Ce contrat stipule des liens étroits entre la famille Aché, catholique de confession, et celle de Saint-Denis, protestante, cousine des précédents :

« Contrat de mariage entre François Mallart avec Louise d’Aché, fille de noble Jean d’Aché, de Congé, de Larré, de Grand Beuve et de Sougé et de dame Marguerite le Maire, sa veuve, lors remariée à noble François de la Moricière, sieur des Vignes, lieutenant de cent hommes d’armes de l’ordre du Roi sous la charge du grand écuyer de France, assisté de Galois d’Aché, son frère, sieur du lieu, de Larré, de Claude des Escoliers, son beau-fils, capitaine en la ville et du château d’Alençon et de Pierre de Saint Denis, son cousin, sieur de la Lancisière, conseiller du roi au siège présidial d’Alençon, de noble René de Saint Denis, chevalier, sieur du Hertré »3.

1 Eugène de Courtilloles, art.cit., T. VII, 3e bulletin 1888, p. 253-270. Ici p. 253. Nous pouvons l’identifier grâce à une transaction, datée du 21 octobre 1568, liant Jean d’Aché et sa sœur Jeanne après le décès de leur père Gallois. Jean d’Aché meurt en 1570. Il avait épousé Marguerite le Maire le 17 février 1561.

2 BNF FF Dossiers bleus 3: fonds Aché. On dénombre trois enfants issus de leur union. Gallois, tout d’abord, né le 13 novembre 1566, placé enfant d’honneur auprès d’Henri III : il est mineur au moment du décès de son père. Parce que sa mère s’était remariée, il est placé sous la tutelle de René de Saint-Denis, seigneur du Hertré. Françoise est la deuxième des filles ; elle épouse Claude des Escoliers, gouverneur d’Alençon en 1568. Enfin, vient la troisième, Louise, épouse de François de Mallart, sieur de Vaufrémond en 1571.

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Le lignage ne reste donc pas à l’écart de la conversion au protestantisme puisque c’est sur ce même fief que s’installe la branche des Saint-Denis, sieur de Vervaine à Condé et de la Lancinière. La famille de Saint-Denis de la Lancisière étant expressément nommée dans les registres BMS protestants, où ils apparaissent comme des piliers de la communauté.

A la lisière du Perche, le cas de la famille Bonvoust, partiellement passée au protestantisme, fournit un autre exemple de ces temps d’interrogations confessionnelles. La généalogie de cette famille nous donne l’image d’un lignage « bigarré », où cohabitent tout aussi bien des protestants que des catholiques fervents. La conversion d’une partie de ses membres pourrait remonter à René de Bonvoust, seigneur d’Aunay, marié à Marie Le Bouleur, qui combat dans les rangs d’Antoine de Bourbon en 1562. Si sa conversion au protestantisme n’est pas complètement avérée, celle de sa sœur cadette, Renée de Bonvoust, mariée à Jean Bordin, sieur des Ventes, est beaucoup plus probable. Son nom peut être relevé à plusieurs reprises dans les B.M.S. protestants. Les enfants de René de Bonvoust1 offrent un paysage confessionnel également contrasté. L’ainée Jean se lie avec l’une des plus importantes familles percheronnes, les Gruel de la Peltrie ; celle qui engendre deux générations plus tard, la jeune Madeleine de la Peltrie, née Cochon de Vaubongon, l’une des premières Européennes à sillonner la vallée du Saint-Laurent en fondant une école des ursulines au Québec. C’est là le paradoxe confessionnel de ces familles nobles, une juxtaposition au sein d’une même génération d’éléments de confession protestante et d’autres catholiques fervents. Et les bigarrures vont en s’amplifiant au cours du XVIIe siècle. Ainsi sur les quatre enfants de Jean de Bonvoust2, l’ainé Claude de Bonvoust, baron d’Aunay

1 ADO 1497 (11) : fonds Bonvoust (notes de La Sicotière) et BNF FF NH 54 : fonds Bonvoust : Rien ne permet de supposer ici une quelconque appartenance protestante, si ce n’est son parcours militaire. Il est le fils de Pierre de Bonvoust et de Catherine de Trousseauville. René de Bonvoust, qui est qualifié d’écuyer, seigneur d’Auvray, de Vauveneout, de Corneillé et de Souvelles ; il est gentilhomme ordinaire du duc d’Alençon. Puis il sert le roi en 1581 et se place sous la protection d’Antoine de Bourbon en 1562. Enfin, il combat à la défense de Poitiers en 1569. Sa femme est Marie le Bouleur, dame de Montgaudry, fille de Jacques le Bouleur, seigneur de Montgaudry et du Prulay et Marie de Cochefilet. Marie vit encore en mars 1607. Sa sœur cadette Anne de Bonvoust est mariée à Thomas Hector de Faveris, seigneur de Logrière le 13 juin 1553.

2 ADO 1497 (11) : fonds Bonvoust (notes de La Sicotière) : Jean de bonvoust est le troisième du nom, vivant vers 1590 ; il est qualifié de chevalier. Il est seigneur d’Ainay, de Prulay, de Montgaudry, de Vauvegnant et Courgeoust, Corneillli et Souvelles et l’un des cent gentilshommes du Roi. Jean est marié à Renée Gruel, fille puînée de Philibert (ou Fulbert) de Gruel, seigneur de la Touroye, d’Igni, du Mesnil, et de Ronai, chevalier de l’Ordre du roi et de Françoise de Bubertré et de la Pelletrie. La dernière fille de René est Catherine de Bonvoust qui se marie le 20 octobre 1587 à Christophe de Villereau, écuyer, seigneur de la Lochière et au Mesnil.

semble s’être converti au protestantisme1. Il est cité à plusieurs reprises dans les BMS protestants, sous le nom de Claude de Bonvoust, sieur de la Motte. Nous trouvons aussi un contrat de mariage protestant daté du 3 juillet 1662 entre Claude Martel, sieur du Boullay, gendarme de la Chambre du roi avec Marie Bouvoust, fille de Claude, sieur de la Motte, avocat au bailliage et siège d’Alençon. Ses enfants semblent donc avoir suivi la voie confessionnelle du père2. Les frères et sœurs de Claude de Bonvoust ne semblent pas en revanche avoir quitté « le giron catholique ». Ce sont là de nombreux exemples de bigarrures confessionnelles. De là à renforcer l’idée que la conversion religieuse concerne avant tout des individus avec leur libre choix… Car une question se pose encore. La conversion au protestantisme concerne-t-elle des individus particuliers au sein du lignage, plutôt les aînés ou les cadets ? Force est de constater qu’il faut rester extrêmement prudent sur ce point. Parce que la conversion est souvent une affaire individuelle et personnelle (et cela n’est nullement en contradiction avec l’idée d’une fidélité accordée à un Grand), elle est susceptible de concerner tout le monde au sein du lignage, aîné comme cadet. L’exemple ci-dessus est assez explicite. L’aîné des Bonvoust, Claude de Bonvoust sieur de la Motte, est protestant, tandis que ses frères semblent catholiques. L’un est chevalier de Malte, les autres occupent des places dans l’administration royale ou des fonctions curiales.

Et quand le doute persiste ? Voici l’exemple d’une famille qui résiste à toute tentative d’identification confessionnelle et pour laquelle le doute subsiste pour Guillaume de Glapion, sieur de la Boissière et de Hautpol. L’aîné de cette famille poursuit une carrière militaire dans des régiments externes à la province, conformément au rôle assigné au second ordre, mais il épouse une femme issue

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ADO 1497 (11) : fonds Bonvoust (notes de La Sicotière). Nous trouvons Claude de Bonvoust, baron d’Aunay. Par lettre du mois de décembre 1647, il est nommé chevalier de l’ordre du roi et épouse le 23 mai 1633 Emmanuelle de la Motte et de Loyse, fille aînée du marquis de la Motte-Baracé et de Pétronelle Le Cornu. Il rend hommage au roi pour la terre d’Aunai le 20 juin 1634. Sa terre est érigée en baronnie par lettre en décembre 1647. Il est qualifié de gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi dans un aveu du 21 juin 1648, pour la terre de Logrière par Guillaume de Glapion, écuyer, seigneur du lieu et Françoise de Faveris sa femme. Il est fait chevalier en 1647 et reçoit selon la chronique le collier des mains du duc de Chevreuse. Sa femme meurt veuve de lui le 28 avril 1670.

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ADO 1497 (11) : fonds Bonvoust (notes de La Sicotière). Jean-René de Bonvoust, écuyer, seigneur et baron d’Aunay, chevalier de l’Ordre du Roi est marié le 5 juin 1660 à Catherine du Pont, fille de Claude du Pont, écuyer, sieur du Ruau et Jacqueline Droie. Il est maintenu en 1667 (à 28 ans) et partage les biens de son père avec son frère puîné Claude, seigneur de Logrière en 1672. Dans cet acte, une fille est évoquée ; elle est destinée à être religieuse, selon le vœu de la mère. Les deux frères s’engagent à lui verser une « contribution de 2100 livres faite pour ladite dame leur mère pour être employée à faire ladite sœur religieuse (nom inconnu). Serait-ce Marie de Bonvoust, mariée dans la religion réformée en 1662 avec Claude Martel, sieur du Boullay ?

d’une famille vivant à proximité de son fief d’origine. A la fin de sa vie (il meurt en 1596)1, Guillaume Glapion sert dans la compagnie d’ordonnances du seigneur de Vassé2, un protecteur dont on ne peut suspecter la fidélité religieuse aux « vieilles croyances »3. Que savons-nous au fond de l’engagement religieux de Guillaume Glapion de la Boissière et de Hautpol ? Un parcours militaire dans la compagnie du duc de Nevers, Louis de Gonzague, prince catholique certes, rallié de bonne heure à Henri IV, semble faire pencher la balance du côté catholique ; ce que confirme également la fin de sa carrière auprès de Vassé, lui aussi considéré comme un catholique indéfectible et dont le nom figure parmi les partisans des Guise vers 1567. L’analyse des prénoms, mince indice de l’appartenance religieuse, se révèle ici un exercice ô combien périlleux et bien peu loquace : deux épouses successives prénommées Anne et Esther, deux fils, César et Gervais. Autant le dire, rien de patent ! Des alliances matrimoniales avec des familles dont les noms figurent parfois sur les registres protestants4. Des noms que l’on trouve dans les années 1616-1617, au sein des BMS protestants. Le dossier est bien mince ! D’autant que la famille s’affiche clairement comme catholique dès les années 1630-1640.

Il semble bien, à la lumière de tous ces exemples, que le choix religieux procède avant tout d’une option personnelle. C’est ce qui explique pourquoi grandissent, au sein des lignages et des familles, les bigarrures confessionnelles. Ni la conjoncture économique, du reste plutôt bonne en ce

1 Par un acte du 23 février 1596, il laisse ses biens en partage à ses deux fils. Il mentionne que : « César de Glapion, écuyer, seigneur de la Boissière, Gervais de Glapion, et Mlle Esther Mallard, leur belle mère (…) des biens qui leurs avoient échus par la mort de Guillaume de Glapion leur père, vivant écuyer, seigneur de la Boissière ». Une autre mention, signée Berdier, tabellion à la Doissière, confirme ce partage fait entre César, Gervais et Esther Mallart, leur belle mère. César, seigneur de la Boissière épouse Françoise le François le 8 novembre 1592 (le contrat ne signale aucune indication religieuse quant à la cérémonie) mais elle est déclarée veuve le 5 décembre 1630.

2 Il s’agit de Jean de Groignet de Vassé, baron de la Roche Mabille, chevalier de l’Ordre du Saint-Esprit le 31 décembre 1585. Vassé est capitaine de cinquante hommes d’armes en décembre 1571 ; il combat à Jarnac, Moncontour, ou La Rochelle en 1573 et, joue surtout un rôle important au siège de Domfront aux côtés de Matignon. Il meurt en 1589.

3 Le couple engendre trois fils : René, écuyer, sieur de Boisbusnel marié à Françoise de la Haye le 12 juin 1619 dans paroisse de la Chalange ; Gervais, sieur des Acres, époux de Madeleine Le