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L’espace, le temps et les nobles

II. Insertion économique et ascension politique des nobles protestants dans les structures de l’Etat

3) Des familles en pleine ascension sociale ?

3) Des familles en pleine ascension sociale ?

Ces familles sont-elles prospères en ce milieu de XVIe siècle ? Qu’en est-il de leur patrimoine foncier et financier ? Le tissu nobiliaire se compose d’une majorité de petits nobles sans grande fortune, sans pour autant que l’on observe une paupérisation de celui-ci. C’est au contraire la progression des fortunes et du patrimoine foncier qui préside. Pour la plupart des lignages nobles de cette région, la période qui précède la conversion constitue plutôt un moment de développement du patrimoine foncier et surtout une occasion de voir leurs carrières progresser sensiblement. L’examen du patrimoine et de l’ascension sociale de ces familles nobles bas-normandes comporte en effet des signes indéniables de prospérité. Il témoigne de la présence d’un tissu sain, en somme. C’est alors que le facteur confessionnel surgit et vient troubler cette progression. S’agit-il là d’une originalité normande propre à ce « gras pays » ? La conversion massive des familles nobles au protestantisme au cours des années 1550 et 1560 s’effectue dans un contexte de pleine ascension sociale : une « Réforme de la prospérité » en somme1 . Encore faudra-t-il bien distinguer de quelle catégorie de noblesse on parle. Nous avons vu qu’il n’y avait aucun point commun, en termes de richesse financière et foncière, entre une « noblesse seconde », riche et en vue auprès du roi, la noblesse urbaine alençonnaise vivant dans le sillage de la protection de Marguerite de Navarre, ou cette noblesse rurale du bocage, plus pauvre. Les uns sont introduits à la Cour et peuvent payer les cent livres mensuels permettant d’y vivre. La plupart reste sur leurs terres, faute de moyens suffisants et ne s’y rend qu’occasionnellement. Cela semble être le cas des familles Aigneaux ou Briqueville. Pour la dernière catégorie, les hobereaux du sud de la province, y a t-il paupérisation, comme semblent l’indiquer certaines études, celle de David Nicholls, notamment2 ?

1 Pierre Chaunu et alii, « les dépassements affectifs, XVIe -XVIIe siècles », in Michel de Boüard (dir.) Histoire de la Normandie, p. 346.

2 David Nicholls, “Social Change and early Protestantism in France (1520-1562)”, in European

Dans le rôle du ban de 1552 à Caen1, deux cent cinquante-neuf nobles locaux sont déclarés bons pour le service. Le revenu total provenant des fiefs s’élève à 20 752 livres ; ce qui est la garantie d’une indéniable prospérité. Ainsi le « noble homme Jehan de Pellevey, fils et héritier aisné de Richard Pellevey, sieur de Tracy, pour luy et ses frères » déclare cent cinquante livres tournois de rente pour son principal fief de Tracy, situé dans la vicomté de Caen. Il possède en tout, sept fiefs déclarés pour un montant variant de trente livres en moyenne, et jusqu’à cinq cents livres tournois, pour le fief de la baronnie de Flers, « item fief de la Mallerbière, dix livres tournois ; item pour le fief de Bricquesart, cinquante sols ; item pour le fief de la Landelle, trois cents livres tournois ». L’ensemble de ses possessions fait de lui le plus riche d’entre eux pour ce registre. Jean de Pellevé, possède en effet, à lui seul, la fortune de cent quarante nobles réunis parmi les plus pauvres. Dans le vicomté de Bayeux, on trouve aussi, parmi la frange la plus aisée du second ordre local, l’aide Pierre Le Gris, baron d’Eschauffour, qui, « à cause de sa femme », déclare cinq cents livres tournois de rente. Parmi les hommes d’armes, Jean de Bricqueville, du fief de Colombières est absent et se fait représenter : « Jehan de Myhareng s’est comparu lequel a présenté Marin Le Hericy, pour ledict Bricqueville, qui a esté pris pour le service et (…) commander, monter et armer le dict le Héricy en equipage tel qu’il luy appartient ». Le fief de Colombières est déclaré pour un montant de cinq cent cinquante livres tournois de rente ; c’est celui qui a le plus de valeur dans toute la région. Jean de Bricqueville, père du protestant convaincu, peut aussi s’enorgueillir de posséder l’un des plus riches fiefs, celui d’Esmanville, déclaré pour un montant de trois cents livres, et d’un autre aussi, situé dans la paroisse de Bernesq, évalué à cent livres. Avec un revenu de presque mille livres annuelles, il représente alors la deuxième fortune foncière du corpus nobiliaire local. Parmi les archers de la vicomté de Vire, on note enfin Guillaume Payen de la Poupelière, de la paroisse de Sainte-Honorine la Chardonne. Celui-ci « receu la dernière monstre pour faire le service et faict serment comme dessus pour ses terres par luy baillez par déclaration sacvoir les fiefs de la Poupellière et les deux parts du fief de Sainte-Honorine à soixante livres tournois de rente ». A ce fief principal, s’ajoutent : « item le fief d’O, quarante cinq livres ; item le fief des Loges,

1 Ce recueil a été publié, au début du XXe siècle, par Emile Travers, Rôle du ban et arrière-ban du

cinquante trois livres tournois, item le fief de Mehudin, quatre vingts livres ; item le fief de la Rocque assis en la paroisse du Cotentin, vingt-sept livres dix sols ; item le fief de Sentilly, soixante livres tournois ». Au total, ce sont donc trois cent vingt-cinq livres de rente qui constituent le patrimoine foncier du protestant Guillaume Payen de la Poupelière. Il se situe largement au-dessus de la moyenne des fiefs régionaux, car ces quelques nobles les plus fortunés de la région ne doivent pas faire oublier la masse des pauvres. Ainsi le revenu moyen des fiefs recensés dans le rôle du ban de 1552 se monte à quatre vingts livres par an. Toutefois, les trois quarts des nobles ont un revenu inférieur à cette moyenne. En fait, plus de la moitié du corpus nobiliaire de cet espace est considéré comme « homme de rien » (55% d’entre eux). Presque un siècle plus tard, en 1639, l’Estat

des gentilshommes dénombre 456 familles nobles, qui se partagent un total de

637 250 livres. Ces disparités de richesse sont encore évidentes. Seulement trente-trois familles ont plus de 5000 livres par an. Les deux nobles les plus riches sont Gabriel de Bricqueville, dont la fortune se monte à 25 000 livres, et Philippe d’Espinay, doté de 20 000 livres1. C’est donc l’impression d’une grande diversité financière et foncière qui se dégage de cet ensemble. Ainsi la plus grande prospérité côtoie l’extrême dénuement au sein du second ordre.

Cette diversité des fortunes se retrouve dans le corpus de nobles, sensibilisés aux idées nouvelles. La Réforme touche en fait toutes les catégories financières du second ordre. Elle semble, par exemple, intéresser un temps le plus fortuné des nobles de cet ensemble, Jean de Pellevé, mais celui-ci ne bascule finalement pas dans la nouvelle religion. Cette dernière obtient par contre la franche adhésion de la très riche famille de Bricqueville, et notamment celle de la branche aînée, représentée par Jean de Bricqueville, seigneur de Colombières, d’Osmonville et de Bernest(q). Son fief de Colombières est, comme on l’a vu précédemment, celui qui possède la plus grande valeur, d’après le rôle du ban. Il s’agit du père du célèbre protestant François de Briqueville, baron de Colombières, célèbre dans les guerres de Religion, car tué au siège de Saint-Lô en 1574. Ce dernier eut deux fils, Paul (mort sur la brèche aux côtés de son père) et Gabriel, seigneur de la Luzerne, d’Osmonville, qui épouse, en 1593, l’une des filles les plus riches de la région, Gilette d’Espinay, dont le père peut

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s’enorgueillir de 20 000 livres de rente. Nous sommes là en présence d’une puissante famille locale passée à la Réforme. Henri, leur descendant, est marquis de la Luzerne et d’Osmonville, maréchal de camp du gouverneur du Mont Saint-Michel (enterré dans la chapelle royale de Montserrat, en Catalogne, en 1626)1. Mais les idées religieuses nouvelles intéressent aussi des familles issues du second ordre, plus modestes. Ainsi, les archers de la vicomté de Bayeux, Ollivier d’Aigneaux, « presents et faisant serment », ou Adrien d’Aigneaux et ses frères « tenant fief d’Aigneaux, assis en la paroisse des Deux-Jumeaux » ne peuvent présenter qu’une rente de trente livres tournois annuel. Leur revenu reste bien inférieur à la moyenne locale, calculée à quatre-vingt livres par an. Gilles de Pierrepont, futur homme d’arme de Gabriel de Montgomery, pendant les premières opérations militaires des guerres de Religion, ne déclare que cinquante-huit livres tournois, cinq sols et un denier, pour l’ensemble de ses fiefs de Béchy, Amblye, Pierrepont et Esquay2. Il est issu de la lignée fondée par Léon de Pierrepont, écuyer, seigneur de Pierrepont (qui meurt en 1504). Gilles de Pierrepont est gardien hérédital de la Verderie de Bosc le Roy. Celui-ci, marié à Catherine de Villers, est fils du sieur du lieu et d’Esquay lui-même prénommé Gilles, qui avait transigé avec son frère Richard en 1525. Il meurt en 1583 ; ses deux fils Pierre et Guillaume se partagent alors les biens de leur père3. Force est de constater, de par ces exemples, que la Réforme ignore les distinctions de fortune. Les idées nouvelles intéressent tout aussi bien les plus riches de la noblesse bas-normande, que les plus pauvres d’entre eux.

Observons maintenant plus particulièrement le parcours de quelques familles nobles, leur patrimoine et leur insertion dans les structures de l’Etat ou de la province, celui de Gabriel de Montgomery dans l’Avranchin, de la famille de Frotté en Alençon ou celui de Guillaume Payen de la Poupelière, membre de la petite noblesse du bocage. Cette prospérité est particulièrement vraie pour les Montgomery, en quête de faveur royale dès avant 1559. Cette famille, appartenant à la noblesse seconde, fréquente la Cour. D’autres sont proches de la famille

1 BNF FF Chérin 38 : Aigneaux.

2 BNF FF Chérin 156 : Pierrepont.

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BNF FF Chérin 156 : Pierrepont. Pierre épouse en 1573 Charlotte du Chastel, fille héritière d’Alonce du Chastel, seigneur de Saint-Lambert et de Lizon et de Marthe d’Escageul et Guillaume épouse Marie de Mainbeville (parente de Catherine de Mainbeville, femme de Pierre d’Harcourt, baron d’Alonde) en 1573. Plus tard, Charles de Pierrepont, écuyer, seigneur d’Esquay, épouse en 1603, Madeleine d’Avoisnes, dame de Criquevelle, fille de Robert de Gruchy.

apanagiste alençonnaise et doivent à Marguerite de Navarre toute leur ascension. Gabriel de Montgomery est issu d’une famille pour qui l’ascension semblait assurée et irrésistible. Son père, Jacques de Lorges, comte de Montgomery a reçu tous les gages de la faveur royale ; il jouit d’une solide réputation.

Depuis l’âge de dix-neuf ans, en effet, Gabriel détient la fonction de lieutenant des gardes écossaises, tandis que son père possède la charge de capitaine. Cette compagnie reste prestigieuse puisqu’elle se place au second rang de la Maison militaire du roi, derrière la compagnie des deux cents gentilshommes. Présente à la cour de France depuis le XIIIe siècle, cette troupe d’élite est composée de cent archers, dont la fonction est d’assurer la protection du Roi : « les archers écossais sont ceux de notre garde qui sont près à l’encontre de notre personne »1. Mais c’est en 1453 que la compagnie se structure et devient permanente sous le règne de Charles VII. Chaque compagnie est commandée par un capitaine, secondé d’un lieutenant, un porte-guidon, un maréchal des Logis. Ces soldats, tous issus de la noblesse en principe (surtout le capitaine), proviennent d’Ecosse et alimentent ainsi une immigration écossaise tout au long du XVe siècle. C’est précisément le cas de la famille de Montgomery. Accompagnés de deux archers et montés, armés, cuirassés, ils composent une « lance fournie »2 et suivent donc le souverain à chacun de ses déplacements. Ainsi l’étiquette stipule que deux gardes écossaises protègent le Roi au cours des cérémonies religieuses et repas ordinaires. La protection nocturne du souverain oblige à la présence de quinze archers écossais, en compagnie de quinze autres archers français autour de lui, devant les appartements royaux. Chaque garde est astreint à un service d’une durée de six mois. La compagnie se révèle, avec le temps, d’une fidélité inébranlable au roi. A partir du règne de François 1er, le recrutement, exclusivement écossais jusque là, s’ouvre partiellement à des soldats d’autres pays. L’ancêtre de cette famille, John de Montgomery, fils de Robert,

1 Alain Ladurant, Montgommery le régicide, Paris, Tallandier, 1988, p. 30-31.

2 Gaston Zeller, Les institutions de la France au XVIe siècle, Paris, P.U.F, 1948, 416 p. D’après cet

auteur, le grand changement au XVIe siècle, c’est la création d’une infanterie (gens de pied) régulière à l’issue des guerres d’Italie, les gens de guerre de nos ordonnances, « être des ordonnances ». Les compagnies d’ordonnances se composent d’effectifs comptés en lances ou lances fournies, petite cellule, composée de 6 hommes et 6 chevaux. Une compagnie-type se compose de cent lances au début du XVIe siècle. Une lance-type comporte des hommes d’armes ou gendarme (mot plus récent) assisté de (un à trois) archers (seconds au combat), un valet d’armes, un coutelier ou page, sorte de domesticité. Les effectifs sont ensuite en baisse au cours du XVIe siècle : entre 40 à 50 sous François Ier, 25 à 30 dans la deuxième moitié du XVIe siècle. Seuls, de grands personnages que le roi veut honorer, peuvent avoir jusqu’à cent lances.

Lord de Giffen, est venu combattre en France avec les troupes écossaises de Charles VII1. On le retrouve attaché à la personne du Roi Louis XI, puis capitaine de la garde écossaise du roi et connétable de l’armée écossaise en France. En 1429, il se marie avec Marie d’Auxigny, soeur de Thibaud, archidiacre d’Orléans, seigneur d’Azay-le-Rideau (il fortifie la place en avril 1442). Tué au combat contre les confédérés suisses en 1488, son fils René, devient seigneur de Cormainville en Beauce et échanson de Monseigneur le duc d’Orléans. Marié le 21 août 1481, il est qualifié de « noble homme René de Montgomery, seigneur de Cormainville par son mariage avec damoiselle Léonne de Lodes, fille de feu Guillaume de Lodes, seigneur de Lorges et de Vé (près de Vendôme) et de damoiselle Huotte de Jaye »2. De cette union naissent deux enfants, Jacques, d’une part, tué à Trivoglio vers 1509 et un deuxième garçon, aussi nommé, Jacques, né vers 1485. Ce dernier participe aux guerres d’Italie avec Louis XII et François Ier. En 1527, il constitue une compagnie regroupant des habitants de la région et part pour la campagne d’Italie (où il y est fait prisonnier, avec d’autres gentilshommes)3. Ainsi en 1543, Jacques de Lorges, comte de Montgomery est nommé capitaine de la compagnie en remplacement du Maréchal d’Aubigny4. Le poste est prestigieux et l’homme, qui peut se targuer de son ascendance écossaise (même lointaine), peut aussi s’enorgueillir de la faveur royale. Ambitieux et intelligent, celui-ci fait donc partie du cercle le plus étroit entourant la personne royale.

1 BNF FF Dossiers Bleus 464 : Montgomery. « Les Montgomery d’à présent étant écossois, établis en France vers le règne de Louis XI ou Charles VIII ».

Jacques de Montgomery, premier du nom, trouve sa renommé dans les guerres de François 1er sous le nom de seigneur de Lorges, capitaine de la garde écossaise et cent hommes d’armes, colonel de l’infanterie française en Piémont. Il se disait issu des anciens comtes de Montgomery. C’est au moment de la guerre de Cent Ans que John de Montgomery débarque en France, vers 1453, en tant qu’archer dans l’armée de Charles VII. A l’issue de dix années de service, il s’installe sur la Loire et obtient une lettre de naturalisation. Il épouse Marie d’Aussigny (Auxigny). Son fils Robert (ou René) est remarqué par Louis XII qui lui donne en récompense la seigneurie de Courmainville en Dunois. En 1481, il épouse Léone de Loddes, dame de Lorges, qui lui apporte de riches terres en Beauce. Après la mort de l’aîné des fils de Robert aux guerres d’Italie, c’est donc son cadet, Jacques, qui hérite des terres. Jacques achète le comté de Montgomery en Normandie à François d’Orléans, marquis de Rothelin. Il a un fils Gabriel, lui-même comte de Montgomery et capitaine de la garde écossaise. Marié à Isabeau de la Touche, fille de François, seigneur des Roches-Tranchelion et Charlotte de Maille, c’est lui qui apporte son appui au parti huguenot. Il meurt en place de grève, laissant derrière lui plusieurs enfants, dont Jacques (qui suit).

2 BNF FF Dossiers Bleus 464 : Montgomery

3 André Davy, Aux entours du Mont Saint-Michel, Histoire oubliées, Gabriel II de Montgomery, Paoland connaissance, 2001, P. 21.

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Désireux d’asseoir sa position sociale et financière, Jacques rachète en 1543 le comté de Montgomery à François d’Orléans, qui l’avait mis en vente. Ce sont presque cent cinquante seigneuries s’étalant entre Argentan et Vimoutiers. L’acte stipule que :

« Furent présents hault et puissant prince François d’Orléans, Marquis de Rothelin, Comte de Neufchâtel et de Montgommery, prince de Châtillon et hault et puissant seigneur Messire Jacques de Montgomery, chevalier de l’Ordre du roy, seigneur de Lorges, chambellan, conseiller du Roy nostre sire, capitaine général de tous les nobles subjtz de l’arrière-ban du royaume de France. Jacques de Montgommery, comte du lieu, dont le chef est assis es paroisses de Sainte Foy de Montgomery, Saint Germain dudit lieu, la Brevière et la chapelle Hautegrue et s’étend es villes et baronnies de Vignats, le Mesle sur Sarthe, Saint Silvin, Escots et autres ailleurs. Auquel comté et en la ville et baronnies de Vignats, le Mesle, Saint Silvin, Goul, et Escots, y a château, guets, foires ; et même en chacun desdits lieux et places y a bourg, droits de foires et marchés »1.

Nous possédons la liste exhaustive des fiefs pour l’année 1574, puisqu’un dénombrement fut effectué à la mort de Gabriel. Celui-ci, complétant les précédents datant de 1562, confirme l’ampleur de cette richesse foncière2. L’analyse des revenus du comté de Montgomery, entre les années 1550 et 1560, révèle une indéniable prospérité. Comme l’indique le tableau en annexe, l’ensemble de la recette se traduit, comme c’est le cas traditionnellement, à la fois en numéraire (recette en deniers) et en nature (grains, oiseaux et œufs). Le domaine rapporte 237 livres, 16 sols, 12 deniers (plus, l’anecdotique « chapeau de roses ») et 285 livres, 8 sols, 6 deniers pour l’année 1560. La recette en grains se monte à 32 livres, 14 sols, 11 deniers en 1550 et 32 livres, 8 sols, 4 deniers et 13 boisseaux d’orge. Celle des oiseaux et œufs se maintient en dix ans à 79 chapons, 102 gélines, et 290 œufs et, 77 chapons, 33 gelines, et 450 oeufs pour l’année

1 André Davy, Aux entours du Mont Saint Michel, Histoire oubliées, Gabriel II de Montgomery, Condé-sur-Noireau, Paoland connaissance, 2001, 207 p. Ici p. 23.

2 BNF FF Ms. Fr. 5490, fol. 1-13: Le fragment commence par ces mots : « par les anciens ensinemens »... « La paroisse de Longuenoë » parchemin, XVIe siècle, 16 feuillets, 14 et 16 blancs. « Etats des fiefs, arrières fiefz, terres et seigneuries » ainsi que les paroisses…tenus mouvans et dependans du comte de Montgomery, précédée d’une courte notice sur les possesseurs dudit comté depuis Richard, cinquiesme duc de Normandy », jusqu’à Henri II, roi de France, le tout rédigé avant 1562, date de la mort de Jacques de Montgomery, avec une note additionnelle postérieur à 1562. Constatant que le dit comté avec que ses appartenances et dépendances de présent « appartient de directe succession à hault et puissant seigneur, messire Gabriel de Montgomery, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, seigneur des Lorges, Ducey, Chevreuse, Bourbarré, Les Roches-Tranchelion, Vaucelles, Jupilles, qui maintenant le possède ».