• Aucun résultat trouvé

Les densités et hiérarchies nobiliaires bas-normandes aux XVIe et XVIIe siècles

L’espace, le temps et les nobles

I. La spécificité nobiliaire bas-normande

2) Les densités et hiérarchies nobiliaires bas-normandes aux XVIe et XVIIe siècles

De fortes densités nobiliaires en Basse-Normandie :

Cette première étape effectuée, il reste encore à constituer ce corpus nobiliaire, en s’appuyant surtout sur les enquêtes de noblesse du XVIIe siècle. Pour ce faire, l’historien est donc contraint de recourir aux estimations établies à partir de sources a posteriori, notamment la fameuse enquête de noblesse, diligentée par Colbert de Croissy en 1666 et 1667 pour l’ensemble du royaume de France. Elle se caractérise par une grande rigueur de procédure, justifiée par des raisons fiscales, et distingue soigneusement ceux qui sont d’ancienne noblesse et ceux qui usurpent la qualité de noble. De ce fait, il est tout de même possible de remonter aux générations précédentes, du moins celles de la fin du XVIe siècle, en observant et en quantifiant le nom de ces « nobles anciens ». Il faut ensuite les recouper avec les récits et chroniques du XVIe siècle qui mentionnent la présence de tel ou tel dans les opérations militaires du temps des guerres de Religion. Seule

exception en ce qui concerne la pesée numérique du second ordre local, elle concerne la région de Caen. Nous possédons en effet pour cette région plusieurs registres de ban et d’arrière-ban datant de 15521, 1562, 1567 et 15682. Ce sont les seuls documents fiables qui nous offrent une vision presque complète des effectifs globaux de la noblesse, et surtout un relevé, certes pas exhaustif (mais les lacunes restent limitées), contenant à la fois les noms des chefs de lignage, le relevé de leurs divers fiefs et la valeur numéraire de ceux-ci. Pour mesurer ensuite l’évolution du peuplement nobiliaire, nous disposons bien d’enquêtes antérieures, mais celles-ci n’ont été que partiellement conservées pour la Normandie. Celle de Montfaut datant de 1463 concerne bien la Normandie. Elle regroupe les familles d’ancienne noblesse, parties aux Croisades ou surtout, celles promues pendant la guerre de Cent Ans, notamment celles qui ont défendu le Mont Saint-Michel en 1423. Mais elle ne couvre que l’espace du Cotentin, l’Avranchin (Carentan, Valognes, Coutances) ou la région de Bayeux, Lisieux et Caen3. Il existe aussi celle de Roissy en 1598 et 1599 mais la partie alençonnaise n’est pas conservée non plus (seulement le Nord de la généralité)4.

Les recherches ont été conservées en assez grand nombre, soit dans le fonds français, soit dans les archives départementales. Elles restent donc assez facilement accessibles5. Celles-ci adoptent dans tous les cas un décompte de la

1 Emile Travers, Rôle du ban et arrière-ban du bailliage de Caen en 1552, Rouen, Lestringeant, Paris, Picard, 1901, 399 p.

2

BNF FF Ms. 24115 : Rôle et Montres et revues des nobles du bailliage de Caen (1562-1568) et la vicomté de Valognes (1567). BNF Ms. 24116-24117 : Rôle de la taxe du ban et arrière-ban du bailliage de Caen, pour les années 1562 et 1567 (originaux contenant les quittances de paiements faits aux personnes qui ont été employés pour le ban en 1567). BNF Ms. 24119 : Rôles des taxes du ban et arrière-ban pour le bailliage du Cotentin et le baillage de Caux (1567) : vicomté de Carentan (20 octobre 1567), vicomté de Coutances (20 octobre 1567).

3 Les Archives départementales de l’Orne en possèdent une version à la cote 1J 32 : « recherche de la noblesse de la province de Normandie par Raymond de Montfaucq, 1463, augmentée d’une liste de 693 nouveaux anoblis depuis ladite recherche », manuscrits de Jules André de la Roque, sieur de la Loutière, né à Cormeillis, près de Caen, 1598, mort à Paris, XVIIe siècle.

4 BNF FF Ms. Fr. 32 316 et publication par l’abbé Le Mâle, in Revue Catholique de Normandie, entre 1916 et 1918.

5

BNF FF Ms. Fr. 32 265 : « Recherche de noblesse généralité d’Alençon suivant l’arrest du 22 mars 1666, fait par M. de Marle, contenant les anciens nobles. Ceux qui ont esté renvoyé au conseil, et ceux qui ont esté condamné comme usurpateur de la qualité d’écuyer sur la représentation de leur titres et annobli auparavant l’an 1614 et des qui, ceux qui ont renoncé a la qualité d’escuyer, les officiers qui ont droit de la prendre et quelques exempté de taille, le tout divisé en 9 élections, par paroisse et par ordres. Et à la fin de chaque élection, sont les gentilshommes d’illustres familles, qui n’ont représenté leur titres et ausquels sont écrits des lettres de civilités suivant l’ordre du conseil ».

noblesse par degré et non par quartier1. En revanche, la méthode semble plus fluctuante d’une généralité à l’autre en ce qui concerne l’ancienneté des titres à fournir et la rigueur de la méthode. Est déclaré d’« Ancienne Noblesse » pour la généralité d’Alençon, celui qui fournit des titres antérieurs à 1595. Une note manuscrite en marge du texte semble l’attester, mais sans que cela soit clairement stipulé dans la copie. Si cela est le cas, la méthode de l’intendant de Marle s’avère plus souple que celle qui est pratiquée ailleurs. Par arrêt du 19 mars 1667, la règle est en effet d’exiger des titres de noblesse originaux remontant à 1560. Chamillart dans la généralité voisine2 se montre quant à lui plus rigoureux puisqu’il détermine quatre catégories : les anciens nobles trouvés dans la Recherche de Montfaut en 1463, ceux qui peuvent attester de quatre degrés sans anoblissement prouvé, les anoblis avant 1611, après 1611, ou avant 1628 et enfin les usurpateurs renvoyés au conseil. Par ailleurs, compte tenu du caractère lacunaire de ces sources, il est nécessaire de combler ces lacunes en ayant recours aux registres paroissiaux. Pour la ville d’Alençon, l’irremplaçable travail du Comte de Souancé au XIXe siècle, peut parfaitement fournir une base de départ commode, que l’on doit compléter aussi avec les séries 3E des archives départementales de l’Orne. Ces dernières recèlent également en série I des registres protestants remontant aux années 16163. L’analyse de ces diverses sources relevant des enquêtes de noblesse nous a permis de constituer un tableau récapitulatif élection par élection, et pour les deux généralités en vigueur en 1666. Celui-ci, placé en annexe, retranscrit l’ensemble des effectifs du second ordre pour l’ensemble de l’espace étudié dans cet ouvrage.

L’hypothèse de départ est suscitée par les travaux de Jean-Marie Constant et Laurent Bourquin, publiés dans Gens de L’Ouest4. Pour la baronnie du

1 Compter en degré, c’est compter sur la ligne paternelle seulement, le nombre de générations au long desquelles la lignée était assurément noble. Le nombre de quartiers d’un individu, c’est la proportion de ses ancêtres nobles à une génération donnée ; un décompte par quartier aurait dissuadé d’épouser des roturières lesquelles auraient exclu leur descendance sur trois ou quatre générations.

2

BNF FF Ms. Fr. 32 313 : Recherche de Caen de 1666 de Chamillart, Election de Vire : 54 anciens nobles ; 64 anoblis avant 1611.

3 ADO 3E 001, AMA 001 et la ADO série I pour les registres protestants.

4 Jean-Marie Constant(coll. avec Laurent Bourquin), « Les fortes densités nobiliaires de l’Ouest », in Gens de l’Ouest : contribution à l’histoire des cultures provinciales (ouvrage collectif), Le Mans, Publication du Laboratoire d’Histoire Anthropologique du Mans, 2001, p. 179-199 : leur méthode est particulièrement expliquée à la page 181 de l’article. Ils avaient travaillé sur les rôles dressés dans le cadre des bailliages et des sénéchaussées pour la convocation du ban et de l’arrière-ban.

Mesle-sur-Sarthe, ils comptent par exemple un nombre de 230 lignages ou feux pour 1000 km2 à la fin du XVIIe siècle, contre 57 en Beauce, ou seulement 21 en Champagne. Michel Nassiet et James Wood1 s’accordent aussi sur l’existence d’une forte densité nobiliaire en Basse-Normandie, et dans l’élection de Bayeux spécifiquement pour le deuxième. Michel Nassiet détermine pour la Normandie un chiffre de 0,5 individus nobles par km2 en 14702 ; ce qui place la province dans les régions à fort effectif. En revanche, il confirme l’abondance des nobles « crottés » qui n’ont pas la chance de servir dans les compagnies d’ordonnances, donc de réaliser une carrière militaire. En ce qui concerne Alençon et sa généralité, l’enquête de noblesse de 1666 réalisée par Hector de la Marle ou Chamillard a déjà été étudiée par François Joseph Ruggiu3 pour l’époque de la seconde modernité. L’historien en a proposé, pour le XVIIIe siècle surtout, une analyse statistique, en comptabilisant le nombre de chefs de famille pour la seule ville d’Alençon ; il aboutit au chiffre de 53 familles pour la période 1666-1671, soit un effectif de 40% de nobles vivant dans la ville ducale4. Dans une démarche comparative, il s’agissait pour lui d’envisager deux villes françaises et deux autres en Angleterre au XVIIe et XVIIIe siècles, afin de définir la notion d’élite urbaine. Il n’a gardé du corpus que 57 familles vivant exclusivement en ville. Son étude est donc cantonnée au seul cadre urbain De plus son étude couvre la période postérieure, c'est-à-dire, les XVIIe et XVIIIe siècles ; sa perspective consistait surtout à mettre en relief le devenir de ces familles nobles et à envisager les impétrants (ou nouveaux venus). Pour ma part, j’envisage le corpus nobiliaire alençonnais dans son ensemble, avant de m’intéresser à la période antérieure, « la première modernité ».

On peut donc déterminer une densité nobiliaire dans le cadre étudié. Le calcul se fait soit par lignage soit par feu5, et au km2, compte tenu de l’étroitesse

1 James Wood, The Nobility of the « élection » of Bayeux, 1463-1666: continuity through change, Princeton, Princeton university press, 220 p.

2 Michel Nassiet, « Le problème des effectifs de la noblesse dans la France du XVIIIe siècle », in

Traditions et innovations dans la société française du XVIIIe siècle (Colloque de l’association des historiens modernistes des Universités), Paris, Presses de la Sorbonne, 1995, p. 95-121. Et aussi, Parenté, noblesse et Etats dynastiques : XV e-XVIe siècles, Paris, E.H.E.S.S, 2000, 374 p.21. 3 François-Joseph Ruggiu, Les élites et les villes moyennes en France et en Angleterre, XVIIe - XVIIe siècles, Paris, L’Harmattan.

4 François-Joseph Ruggiu, op. cit, p.41-42.

5 Le lignage, selon la méthode de Roland Mousnier (définie dans Les institutions de la France sous

la monarchie absolue 1598-1789, Paris, 1974, t.1, p. 48) désigne un groupe de parenté à

du cadre étudié. Conformément aux effectifs consignés dans l’annexe final, on obtient à l’échelle de l’élection alençonnaise un total de 289 feux (c'est-à-dire, les chefs de famille) pour la recherche de 1666 (en excluant les rares condamnés par de Marle). On aboutit alors à une densité nobiliaire de 0,35 feux nobles/km2 pour le milieu du XVIIe siècle. Le premier trait marquant de cette étude réside bien dans l’importance numérique de la noblesse dans cette région. La densité nobiliaire demeure donc très élevée en ce milieu de XVIIe siècle. L’Alençonnais, toutefois, n’atteint pas les densités « records » dans l’élection de Bayeux, dans la généralité de Caen, qui approchent 1,4 nobles par km2. On peut également calculer la densité par lignage, on estime alors à 66,5 lignages pour 1000 km2 pour l’élection d’Alençon, 96,8 lignages pour 1000 km2 dans le Cotentin1 et un pic de 112 nobles pour 1000 km2 dans les élections de Bayeux, Lisieux et Vire. On dénombre ainsi 104,12 lignages nobles pour l’ensemble de la généralité de Caen en 1666. Tout cela confirme l’impression de fortes densités dégagées précédemment. Ceci est donc conforme aux travaux de Michel Nassiet pour le XVIIIe siècle. Ce dernier range les régions de l’Ouest parmi les fortes densités nobiliaires. La région alençonnaise se situe plutôt au même rang que les régions bretonnes, autour des 0,3 à 0,4 nobles par km2. A titre de comparaison, c’est également plus que dans l’Anjou ; Laurent Bourquin a en effet calculé un coefficient de 55,3 lignages pour 1000 km2 dans cette région pour la même enquête nobiliaire de 16672.

S’il s’avère donc ardu,de comprendre l’évolution globale de la société nobiliaire pour l’ensemble de la Basse-Normandie au cours de la première modernité, voire impossible, compte tenu de l’absence de sources pour le XVIe siècle, nous avons en revanche plus de chance avec l’élection de Caen. Celle-ci a conservé des rôles de la convocation des ban et arrière-ban pour les années 1562 et 1567. Grâce à ce document, nous disposons d’une vision intéressante du corpus

commun au long d’une généalogie dans la ligne de descendance prépondérante par les mâles (cas de descendance patrimoniale), par les femmes (cas de descendance matrimoniale). Un groupe de filiation est formé par des individus qui se réclament d’un ancêtre commun. Le feu équivaut à la notion de « famille ».

1 On désigne par Cotentin toute la presqu’île, autour de l’ancien évêché de Coutances, étendue aux villes de Saint-Lô, de Villedieu-les-Poêles et de Granville. Elle s’étend jusqu’à la baie de Veys.

2 Jean-Marie Constant(coll. avec Laurent Bourquin), « Les fortes densités nobiliaires de l’Ouest », in Gens de l’Ouest : contribution à l’histoire des cultures provinciales (ouvrage collectif), Le Mans, Publication du Laboratoire d’Histoire Anthropologique du Mans, 2001, p. 179-199. Ici à la page 186 pour les densités nobiliaires dans les pays de l’Ouest.

nobiliaire du Nord de la généralité au milieu du XVIe siècle. Contenu dans le fonds français à la cote BNF Ms. Fr. 241161, le rôle de la taxe du ban et arrière-ban du baillage de Caen, pour les années 1562 et 1567 s’avère être un document précieux pour qui veut connaître la composition nobiliaire de la Basse Normandie au milieu du XVIe siècle, même si ces registres du ban pèchent par leur caractère lacunaire. Tous les nobles ne sont pas en effet répertoriés sur ces registres (il faut donc admettre une marge d’erreur, faible peut-être, mais certaine). D’après les études déjà effectuées, on peut distinguer des carences ou des négligences dans le texte, qui varient de 20 à 40% par rapport à l’effectif réel du corps nobiliaire. Nonobstant cela, l’occasion n’est pas si fréquente, puisque nous en sommes trop souvent réduits à ne pouvoir consulter que des documents datant du siècle suivant. Ainsi sont répertoriés les « nobles et tenus noblement au bailliage de Caen, au

ban et arrière-ban du Roy par nous Charles Damberville, chevalier et baron de Valbosq, conseiller et chambellan du Roy, bailli de Caen le 10ème jour de mai 1562 ». Ce rôle demeure en outre intéressant à étudier pour envisager le nom de

ceux qui ont refusé de cotiser. Cela sera analysé par la suite. Dans le cadre de cette étude du corpus nobiliaire aux XVIe et XVIIe siècles, il est intéressant de comparer les noms mentionnés dans ces bans de la noblesse du milieu du XVIe siècle, à la liste établie pour la Recherche de l’élection de Caen et de Falaise,2 datant de 1666 et répertoriée par Chamillart. En calculant le total du corpus nobiliaire à cette époque, on peut envisager s’il y a chute ou progression du second ordre, entre 1562 et 1666, et mesurer enfin son renouvellement en un siècle.

Comme on peut le constater à partir du tableau récapitulatif placé en annexe, on ne compte qu’une quarantaine de chefs de famille pour la ville et banlieue de Caen3, tandis que les ville et banlieue de Bayeux n’en contiennent

1 BNF FF Ms. Fr. 24 116 : Rôle de la taxe du ban et arrière-ban du baillage de Caen, pour les années 1562 et 1567 (originaux contenant les quittances de paiements faits aux personnes qui ont été employés pour le ban en 1567). Fol. 1 à 124 : année 1562. « Nobles et tenus noblement au bailliage de Caen, au ban et arrière-ban du Roy par nous Charles Damberville, chevalier et baron de Vacbosq, conseiller et chambellan du Roy, bailli de Caen le 10ème jour de mai 1562 ».

2 BNF FF Ms Fr. 32 313 et 32 333 : Recherche de noblesse de la généralité de Caen de 1666 par Chamillart

3

On note à Caen dont Jehan de Cauchy (il est l’otage pour le roi en Angleterre) ou Estienne du Val (absent et représenté par son sénéchal). La sergenterie de Creully comporte douze chefs de famille, dont Gilles et Geoffroy Grimouville. La sergenterie de Bernières se compose de dix-sept chefs de famille. La sergenterie de Ouistreham contient quatorze chefs de famille nobles, celle d’Amcanville, quinze, celle d’Argences, dix-huit et celle de Trouart, trois. Vingt-sept hommes sont

qu’une quinzaine, et parmi eux, de nombreux protestants. La sergenterie d’Isigny regroupe quarante-huit noms1. En revanche, pour la vicomté de Falaise, on relève une véritable explosion des effectifs nobiliaires, avec deux cent quarante-quatre noms. C’est bien là le trait d’une très forte densité nobiliaire, et même d’une densité record pour la région. On peut dans le même temps noter la présence de nombreux protestants autour de Falaise2. A côté, la vicomté voisine de Vire, avec ses seize noms, semble moins dotée en noblesse3. C’est le cas de tout le sud de la généralité.

Les folios numérotés de 124 à la fin du document contiennent les mêmes listes pour l’année 1567. Ce qui permet bien entendu de les comparer aux précédentes : même personnel d’encadrement en les personnes du capitaine, noble homme Charles Damberville, chevalier, sieur et baron de Vilbost, conseiller du roi et son bailli, de son cornette, noble homme Nicolas de Vassy, sieur du lieu et de Fontaines les Rongiers. On dénombre trente-trois noms pour la vicomté de Caen (ville et banlieue), dix pour Creully (dont Guillaume et Geoffroy Grimouville), onze pour Bernières et treize pour Ouistreham. Cette diminution par rapport à 1562 est peut-être le signe d’une première hémorragie nobiliaire due aux campagnes militaires de 1562. En revanche, avec deux cent treize noms, la vicomté de Falaise garde sa suprématie. Pour le reste, on observe une certaine stabilité. Vire comprend douze noms, dix à Pont-Farcy, dix-neuf noms à Condé4.

exemptés pour la vicomté de Caen dont Charles Damberville, Hermullier (otage en Angleterre), Guillaume de Pellevey (ou Pellevé), Etampes, et deux défunts, un parlementaire, et un commissaire. Dans la sergenterie de Cerisy, ce sont quarante-huit noms (on note l’absence de Louis de Pierrepont, tenant le fief de Falaise).

1 On y remarque la mention d’Adrien d’Aigneaux, dont nous aurons l’occasion d’évoquer le parcours, compte tenu de son appartenance à la foi réformée. Sont exemptés, Matignon et Gilles de Pierrepont (au fief de Pierrepont).

2 A Falaise, on note la présence de Jehan de Saint-Germain, du fief du Rouvrou (« défaut et

cotisé »), de François Le Verrier, de Robert Le Hericy (considéré comme présent et cotisée), de

Hugues Le Verrier, Guillaume Le Verrier, du fief de Boutomour (retenu) ou de Josselin Le Verrier, exempté. Parmi les autres exemptés, au nombre de dix-sept, on trouve Gilles Cousin, maréchal des Logis, et Le Veneur, « notoirement gentilhomme de la chambre du Roi », ainsi que deux protestants, Charles Le Verrier, parlementaire à Rouen, et Jean Frotey (ou Frotté), du fief de Couterne, « pour ce qu’il est notoirement secrétaire du roi ».

3

La sergenterie de Saint-Sever se compose de vingt-six noms, celle de Pont-Farcy, de dix-huit. Celle du Tourneur en contient treize, celle de Saint-Jean le Blanc, dix-neuf. Et celle de Vassy, vingt-six, dont celui de Saint Germain, du fief de la Fresnaye et de Gabriel du Rozel, fief de la Rimibe. Enfin la sergenterie de Coudey (ou Condé) contient dix-sept noms dont celui de Gilles de Sarcilly, du fief de la Pesengrive et surtout, celui d’un protestant convaincu, dont nous reparlerons, Guillaume Payen, du fief de la Poupelière valant quarante livres, le fief des Loges, et de Méhoulin, tenu absent, « deffault et cotizé ». Sept sont exemptés.

4 On note celui de Guillaume Payen, sieur de la Poupelière, « valant 40 livres, toujours déclaré absent, deffault de présentation et sans prendre du roole …cotisé ».

Ce document se révèle donc essentiel pour notre démarche, d’une part parce qu’il nous permet d’identifier ceux, parmi la noblesse de la généralité, qui jouent un rôle dans ce contexte délicat des années 1560 ; et d’autre part, en le comparant à la