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L’espace, le temps et les nobles

I. La spécificité nobiliaire bas-normande

3) La conversion des nobles bas-normands : effectifs et composition

En l’absence de registres de BMS (baptêmes, mariages, sépultures) antérieurs au XVIIe siècle, nous ne possédons que très rarement des relevés exhaustifs de la noblesse protestante pour le milieu du XVIe siècle. De plus, de multiples problèmes méthodologiques surviennent. C’est que l’engagement religieux ne concerne que rarement tout le lignage dans sa globalité. Il procède plus souvent d’une démarche individuelle qui ne désigne qu’un seul ou quelques individus au sein d’une lignée. Alors, comment traduire une répartition confessionnelle, variable à la fois selon les époques et les individus au sein même des familles ? Comment traduire les « bigarrures » confessionnelles au sein des lignages lorsque l’on ne possède pas systématiquement de relevé exhaustif du corps nobiliaire ? Et c’est sans compter le problème de la conversion d’une épouse ou d’enfants non mentionnés ici dans cette enquête.

L’absence de relevé exhaustif pose problème ; on doit donc s’en tenir à des estimations locales. S’il reste difficile d’établir un pourcentage fiable pour désigner la noblesse convertie au protestantisme, on peut tout de même avancer quelques estimations qu’il est possible de comparer à des données existantes pour d’autres régions du Royaume de France. Les repérages effectués pour le XVIe siècle situent Alençon dans les parts élevées, probablement à 40% environ également, peut-être plus encore dans certaines catégories de la noblesse telles celles qui gravitent autour des fonctions juridiques de la ville et du Présidial, bientôt appelées « la robe ». En Alençon, depuis 1552, six magistrats sur neuf que compte le Présidial sont de futurs adhérents à la Réforme. Son président lui-même est un des leurs. Il s’agit de Charles de Marthe, ayant échappé de justesse par le passé au bûcher1. Ces chiffres peuvent alors atteindre 50%. La région du bocage évolue, quant à elle, plus probablement autour de 15% seulement ; la Réforme étant aux mains d’une minorité, certes très agissante et prompte au prosélytisme. Le pourcentage de nobles convertis au protestantisme dans l’élection de Bayeux, voisine, a été calculé par James Wood ; ce dernier trouve un chiffre de 40% de la

1 Jean-Claude Blanchetière, « les origines de la réforme à Alençon (1520-1572) », in S.H.A.O, t. CXXII, N°4 (décembre 2003), p.5-80, P. 41

noblesse locale, convertie aux idées réformées1. L’étude de Maryélise Suffern Lamet sur Caen2 peut également constituer une référence intéressante. La ville, à l’apogée du protestantisme caennais, comptabilise 12 000 protestants, appartenant à toutes les catégories sociales mais, 106 nobles ou écuyers. En 1550, Philippe Goujard estime qu’une « bonne partie de la noblesse a basculé dans la réforme ». Avant 1560, d’après lui, Caen compte 2100 protestants. En 1571, à Caen, il y en aurait 5300, c'est-à-dire, près de la moitié de la population, et au moins le tiers3. On compte encore 229 baptêmes dans la ville de Caen entre 1600 et 1611, puis ce chiffre tombe à 128 pour le milieu du XVIIe siècle4. Quant à la ville de Rouen, il dénombre près de 15000 membres de la religion réformée (soit 20% de la population). Une comparaison avec d’autres études montrent que ces chiffres se situent dans les niveaux élevés de la part protestante dans les provinces du Royaume de France ; en effet, cela place ces deux villes bas-normandes au même plan que la région du Quercy étudiée par Janine Garrisson, avec 36%5 ou celle du Dunois, mise en évidence par Jean-Marie Constant, soit 40% également mais nettement au-dessus du Vendômois, comptabilisée à 13% seulement6.

Le déclin des communautés réformées est également perceptible à Pontorson et à Cormeray, situées dans le colloque du Cotentin, sur les terres des Montgomery7. A partir des BMS protestants, Philip Benedict établit un effectif de dix baptêmes par an entre 1600 et 1609. Il se stabilise à cinq par an, pour les années 1620 et jusqu’à 1669. Le nombre de noms référencés est de huit par an, onze en 1601, quinze en 1610, il tombe à cinq dès 1627, niveau où il se stabilise jusqu’en 1669. Pour la ville d’Alençon, aucun document antérieur à 1596 émanant de l’église réformée de la ville n’a été conservé ; ce qui fait qu’il est presque impossible d’établir le nombre et la sociologie de la communauté huguenote pour

1 James Wood, op cit, chap. VII.

2 Maryélise Suffern Lamet, « French Protestants in position of strength- the early years of Reformation in Caen, 1558-1568”, in The Sixteen Century Journal, t.9, N°3, 1978, p.50-52.

3 Philippe Goujard, La Normandie aux XVIe et XVIIe siècles, Ouest-France Université, Rennes,

2002, p. 112.

4 A. Galland, Essai sur l’histoire du protestantisme à Caen et en Basse-Normandie de l’Edit de

Nantes à la Révolution (1598-1791), Paris, 1898, P. 157. Notons que le registre protestant de Caen

a été détruit pendant la seconde Guerre Mondiale. L’ouvrage de Galland reste donc l’unique référence pour nous.

5 Janine Garrisson, Protestants du Midi : 1559-1598, Toulouse, Privat, 1991, 375 p. Ici p.26.

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Jean-Marie Constant, « Etude de la noblesse protestante en France pendant les guerres de Religion : difficultés et problèmes », in Le Second Ordre : l’idéal nobiliaire, hommage à Ellery

Schalk, Paris, Presses Universitaire de la Sorbonne, 1999, p. 43-55.

7 BPF Ms 979/1 et A. Galland, “L’ancienne Eglise réformée de Pontorson - Cormeray d’après un registre d’état-civil inédit”, BSHPF, LVIII (1909), p. 448-63.

le XVIe siècle. Le registre commence aux années 1596 et 1597. Là, il compte soixante et onze baptêmes, ce qui correspond au quart des baptêmes catholiques. Il comptabilise aussi soixante-cinq baptêmes par an, pour la ville d’Alençon entre 1616 et 1629, avec une moyenne annuelle d’une soixantaine de noms référencés sur ces registres1. Ce qui représente 15,5% des baptêmes célébrés dans la ville. Ce chiffre tombe à soixante par an, entre 1631 et 1639, cinquante-quatre par an, entre 1640 et 49, cinquante-deux entre 1660 et soixante-neuf puis trente par an, à la veille de la révocation de l’édit de Nantes. Le nombre de noms référencés connaît lui aussi un déclin inexorable : tandis qu’il se monte encore à soixante six en 1644, il passe à cinquante en 1666, et trente et un en 1684. Que conclure de tout cela ? Outre l’indéniable vitalité de cette communauté réformée alençonnaise au début du XVIIe siècle, la ville connaît une évolution comparable aux autres villes du Royaume, à savoir un déclin lent et inexorable du nombre de réformés, sans toutefois amorcer leur disparition complète, au-delà même de la Révocation de l’édit de Nantes. Il y a même, nous le verrons ultérieurement, une certaine résistance de la noblesse réformée normande qui campe sur ses positions confessionnelles et refuse de se convertir.

Que représente en fait la part de la noblesse dans cet effectif global ? Nous l’avons déjà souligné, Maryélise Suffern Lamet estime, quant à elle, le nombre de protestants cannais à 12000 personnes, toutes catégories sociales confondues2. En se basant sur les registres de la communauté protestante, compilés dans ceux des fonds baptismaux de Caen entre 1561 et 1568, elle trouve 106 nobles ou écuyers, 53 officiers royaux et 9 officiers municipaux. Enfin la cité caennaise compte 36 hommes de loi. Il est vrai qu’à Caen le gouverneur de la province, Henri Robert de la Marck, duc de Bouillon, suspecté de sympathie pour le camp réformé, semble donner l’exemple : « From the governor of the province,

to the clerks of both the bailli and vicomte of Caen, these officials were drawn to the reform ». Le registre de l’église réformée caennaise laisse apparaître une

surreprésentation des officiers de la ville : le bailli et sa famille y figurent, son

1 Philip Benedict, The Huguenot population of France, 1600-1685: the demographic fate and

customs of a religious minority, Philadephia, The American philosophical society, 1991, p. 112. 2

Maryélise Suffern Lamet, “French Protestants in position of strength - the early years of the Reformation in Caen, 1558-1568”, in The Sixteenth century Journal, t.9, N°3, 1978, p. 35-55: liste des échevins de Caen, pour les années 1555 à 1569, appendice V, p. 48. « Du gouverneur de la Province, aux magistrats du bailliage et de la vicomté de Caen, tous ces officiers étaient passés à la Réforme ».

lieutenant aussi, le contrôleur général des finances de la ville, deux élus, l’avocat royal et son procureur. Tous sont déjà passés dans le camp protestant en 1562. A la cour et siège présidial, créé en 1552, sur dix conseillers, quatre ont rejoint la foi protestante1. Quant aux six échevins de la ville, ils sont choisis tous les trois ans par une assemblée générale urbaine composée par ses habitants. Trois d’entre eux sont systématiquement protestants au milieu du XVIe siècle. Il est vrai que nous nous situons à la période d’apogée de l’extension de la foi réformée dans la ville. On observe que les principales institutions urbaines sont aux mains des protestants. Mais cet effectif n’est pas encore insuffisant pour créer une pression politique et militaire suffisante. Celui-ci a tendance à décliner dès la fin du XVIe siècle. Pour Alençon, l’étude du Pasteur Robert permet d’ores et déjà de souligner l’existence, selon ses termes, d’une « église d’aristocratie » dont les membres sont en majorité des nobles et des bourgeois, notamment des officiers, et plus rarement des artisans ou manouvriers (ils ne représentent qu’à peine 10 % des effectifs comptabilisés)2. Philip Benedict, travaillant sur l’ensemble de la population réformée à partir des registres de BMS de la ville d’Alençon, confirme le caractère élitiste de la communauté réformée alençonnaise. Outre les gens de métiers (peu nombreux toutefois contrairement aux villes de Lyon ou d’Amiens), la surreprésentation des huguenots dans les instances juridiques municipales et autres hommes de loi est marquante. Les trois conseillers assesseurs de la vicomté sont protestants (bien que le vicomte et ses deux lieutenants soient catholiques). Benedict compte 48% des hommes de ce groupe que l’on peut ranger dans la part de « notables » de la ville (marchands, hommes de loi, officiers, médecins et apothicaires), contre 20% à Rouen ou 32% à Montpellier pour ce même groupe. Parmi ces « notables », 12% d’entre eux sont considérés comme nobles, portant les titres d’écuyers ou de sieurs. Parmi les professions que les pères de famille déclarent à la naissance de leur enfant dans les registres protestants, Benedict comptabilise 47 noms de nobles, écuyers ou sieurs pour les années 1620 à 1629, soit 12% de la population réformée de la ville. Entre 1645 et 1654, ils sont 42 à être répertoriés, (27 si on ne compte que la noblesse titrée) pour 21 % de cette

1 Pierre Carel, « Note sur les magistrats du baillage et siège présidial de Caen, suivie de la liste desdits magistrats (1552-1790), in BSAN, 20, 1898, p. 583-639. Il s’agit de François Richard, sieur de Hérouvillette, Tanneguy Sorin, sieur de Lessey, Louis Turgot, sieur des Tourailles, et Pierre Richard, sieur de Bombanville.

2 Pasteur Robert, L’Eglise Réformée d’Alençon : études historiques, Alençon, Corbière et Jugain, 1940, p. 36-37.

communauté. Enfin entre 1670 et 1679, il compte 51 noms de famille noble (30 noms de noblesse titrée), soit une part de 35% au sein de l’ensemble réformé alençonnais1.

Le problème méthodologique qui se pose est en fait simple. Comment reconnaître les vrais nobles des usurpateurs ? Il faut en effet rappeler qu’en Normandie, le titre honorifique d’écuyer n’est pas exclusivement réservé aux nobles, comme c’est le cas ailleurs. Quant à l’appellation « sieur », elle indique la possession d’une seigneurie mais pas nécessairement la position de noble. Dès lors, la seule démarche, sûre dans une perspective quantitative, n’est valable que pour le XVIIe siècle. Elle consiste à comparer les registres des BMS des protestants, notamment alençonnais, car nous possédons la série quasi complète depuis les années 1616, aux Recherches de noblesse de 1666. Cette méthode, consistant au décompte par chefs de famille, peut paraître trop restrictive. Son défaut consiste à homogénéiser des données qui peuvent se révéler différentes au sein d’un lignage. Elle n’en constitue pas moins la méthode la plus fiable pour le calcul d’une répartition, sachant cependant qu’elle ne vaut que pour la période du milieu du XVIIe siècle. En appliquant une méthode de calcul très stricte et drastique qui consiste à ne comptabiliser comme protestants que ceux qui sont cités dans les BMS protestants de la série I (série complète et bien conservée de la ville d’Alençon de 1616 à 1685), on arrive pour le milieu du XVIIe siècle à un nombre de 42 feux protestants dans la ville d’Alençon, soit un effectif de 15% pour la deuxième moitié du XVIIe siècle. C’est évidemment moins que les résultats de James Wood pour l’élection de Bayeux, qui affiche un résultat de 40% de la noblesse de la région, ou ceux du Dunois étudié par J. M. Constant (40% également). Ces chiffres décrivaient cependant une situation bien antérieure au milieu du XVIIe siècle, celle des années 1550 à 1580, c'est-à-dire à la période des conversions au protestantisme les plus importantes. En ce sens, un résultat situé à 15% des feux pour l’alençonnais se révèle donc finalement important pour le milieu du XVIIe siècle ; il témoigne de la vigoureuse prospérité de la communauté réformée au sein de la noblesse alençonnaise et de sa pérennité. Le protestantisme ici n’a donc pas seulement intéressé une frange aisée et bourgeoise, gravitant

1 Philip Benedict, « Les transformations sociales d’une communauté réformée, Alençon, 1620-1685 », in Actes du Colloque, Les réformes, enracinement socio-culturel, XXVème colloque international d’études humanistes, 1er-13 juillet 1982, sous le patronage de Bernard Chevalier et Robert Sauzet, Paris, CNL, 1983, p. 95-109.

autour du barreau, mais il a aussi concerné la noblesse locale. Cette dernière frange résiste donc encore au milieu du XVIIe siècle malgré les pressions de plus en plus fortes la sommant de revenir à « l’ancienne religion des pères ». En fait, le caractère élitiste de la communauté réformée tend à se renforcer au fil du temps. Alors que l’historien américain trouve un effectif de 15,5% de protestants alençonnais pour les années 1625 à 1634 et 12,2 % au milieu du XVIIe siècle, la part de « ceux qui portent les titres d’écuyers ou de sieur » au sein de cette communauté passe de 19% à 21%. Et, alors que l’effectif tombe à 6,5 % à la veille de la révocation de l’édit de Nantes, celui de la noblesse est de 39%. Assurément, tandis que la communauté réformée alençonnaise décline, la place de la noblesse au sein de cet ensemble ne cesse de s’agrandir et renforce le caractère hautement élitiste de l’église protestante dans la ville d’Alençon. Il faudra bien sûr s’interroger sur cette résistance numérique de la noblesse réformée et en comprendre les raisons. En fait, si la part de la noblesse réformée a tendance à augmenter par rapport aux autres corps, marchands (surtout merciers), officiers et autres, c’est que la noblesse est moins mobile que les autres catégories. Tandis qu’artisans et marchands ont la possibilité de quitter la ville d’Alençon dès avant la révocation de l’édit de Nantes, les familles nobles se caractérisent, quant à elles, par une plus grande fixité géographique, peut-être parce que moins réceptives aux brimades que les autres catégories. Quant aux officiers, ils sont exclus du monde judiciaire dès avant la révocation. En 1682, sur les treize officiers du barreau, plus un seul n’est protestant.

Reste à savoir s’il y a une catégorie de nobles, de la plèbe nobiliaire aux nobles de race, qui se convertit plus volontiers qu’une autre au protestantisme. Nous l’avons souvent souligné, la composition du second ordre se caractérise, en Basse-Normandie, par l’absence de grands (contrairement au cas de la Champagne où domine la famille des Guise) et par l’abondance d’une petite noblesse peu fortunée et rurale attachée à un fief, à l’image du sire de Gouberville. Ceux qui prennent les armes aux côtés de Condé ou de Coligny sont plus faciles à repérer : les Montgomery, Briqueville, d’Aigneaux, Payen de la Poupelière… Parmi une noblesse que l’on sait composite et variée, qui se convertit au protestantisme ? Y a-t-il donc une catégorie spécifique de nobles à se convertir ? Ces questions doivent être posées, ne fût-ce que pour être écartées ensuite. Pour James Wood, le protestantisme n’est pas seulement le fait de la vieille noblesse

mais aussi des anoblis. C’est le fait d’une catégorie active et dynamique et non de nobles ruinés. Le conflit des guerres de Religion ne peut donc se réduire à la vieille opposition entre vieille noblesse déclinante et les anoblis1. « All types of

nobles took part in the early Protestant movement. The professions were represented by advocates and converted clerics. Office holders and their close relatives also took part »2. On trouve aussi bien des soldats professionnels, tels François de Bricqueville qui s’est taillé une réputation durant les guerres d’Italie et défend Saint-Lô contre les troupes royales de Matignon en 1574 que des nobles anoblis à la fin du XVIe siècle, gravitant dans le monde des offices.

Une analyse attentive du corpus nobiliaire de l’élection d’Alençon permet d’en attester. Il n’y a pas forcément une part moins grande de nobles de race ancienne que d’anoblis à devenir protestants. En effet, sur la dizaine de lignages capables de présenter des titres antérieurs à 1560, rares sont ceux qui ne comportent aucun membre de confession protestante. C’est le cas certes des familles Glapion ou Villereau par exemple. Et encore, par le biais des alliances matrimoniales, elles peuvent être concernées par la conversion. Cependant la présence prépondérante de nobles protestants anoblis à la fin du XVIe siècle est flagrante. C’est le cas chez les Frotté, les Saint Simon, ou les Hardy. Plus tard, viennent s’ajouter ceux qui connaissent un anoblissement au début du XVIIe siècle tels les Erard, de la Fontaine-Badoire ou les Le Hayer. Grâce aux notices du comte d’Arundel de Condé, dans son Dictionnaire des Normands maintenus et

réhabilités par lettres patentes (1600-1790), et à La Mémoire normande, il est

possible de connaître le nom de ces anoblis depuis le début du XVIIe siècle. Beaucoup composent le gros des contingents nobles de la communauté protestante alençonnaise. Ainsi est-ce le cas, en 1609, de François puis Pierre de Martel, chirurgien ordinaire du Roi, époux de Renée Duval, qui eut lui-même un fils du nom de Pierre de Martel3. C’est aussi le cas, entre 1635 et 1667, d’Abraham Le Hayer, procureur au bailliage d’Alençon. Entre ces deux dates, Pierre Le Barbier, élu en l’élection d’Alençon, est promu, ainsi que Mathurin Le Barbier, sieur de Vaucelles, son frère. Entre 1638 et 1674, c’est le tour de Jean d’Erard, conseiller

1

James Wood, op.cit. p.161

2 James Wood, op.cit, p. 161-162: « Tous les types de nobles prennent part au premier mouvement protestant. Les professions les plus représentées sont les avocats et les clercs convertis, mais les officiers et tous ce qui gravite autour d’eux y prennent également part »

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au bailliage d’Alençon, d’être reconnu noble, avec une confirmation pour ses fils Jacques et Jean Erard, sieur de la Fontaine-Badoire1. Tous sont cités dans les registres protestants comme des acteurs incontournables de cette communauté. Jean d’Erard, sieur de la Fontaine-Badoire est dit « conseiller du Roi au bailliage et siège présidial d’Alençon et membre du consistoire de l’église RP » ; il est marié à Marie du Friche, elle-même issue d’une famille notoirement protestante. A cette même période, c’est le tour de Thomas Duval, sieur des Noyers et de son frère Jacques Duval, seigneur de la Remondière ou de Jean de Gislain, sieur de la Gardinière, chevalier de l’Ordre de Saint-Michel, et gentilhomme servant et maître ordinaire de la Maison du roi. Entre 1657 et 1667, enfin, la promotion concerne Pierre Le Hayer, seigneur de Semalley et ses descendants, Pierre et Abraham. Toutes ces familles n’abandonnent pas pour autant la confession protestante de leurs ancêtres, puisqu’ils figurent dans les registres protestants et constituent même les piliers de la petite communauté. Ils sont en effet maintes fois mentionnés soit en tant que parrains, témoins ou même pour donner le sacrement