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Chapitre 1 Problématique

1.1 Mise en contexte

1.1.2 L’éducation au Burkina Faso

Le Burkina Faso et son Ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation (MÉNA) se sont dotés de politiques ambitieuses et modernes, de programmes d’action bien articulés et de plans adéquats ciblant des problématiques urgentes. Le droit à l’éducation est enchâssé dans la Constitution à l’article 18 : « […] l'éducation, l'instruction, la formation […] la création artistique et scientifique, constituent des droits sociaux et culturels reconnus par la Constitution qui vise à les promouvoir ».

Le système éducatif du Burkina Faso, que nous abordons en première partie, vise, aux termes de la Loi d’orientation de l’éducation de 2007, à assurer le développement intégral et harmonieux de l’individu et a pour finalité de faire du jeune burkinabé un citoyen responsable et créatif. La seconde partie présente des données relatives au développement de l’éducation dans le pays.

1.1.2.1 Le système éducatif

Le système éducatif comprend deux grands secteurs. En premier lieu, l’éducation formelle recouvre l’ensemble des activités éducatives se déroulant dans le cadre d’une école, de l’université ou d’un centre de formation professionnelle. L’enseignement de base se décline comme suit : l’éducation pré-primaire (3 à 6 ans); l’enseignement primaire (6 à 12 ans), qui est sanctionné par le CEP (Certificat d’études primaires); l’enseignement post-primaire (d’une durée de 4 ans) est offert dans les CEG (Collège d’enseignement général) et sanctionné par le Brevet d’études du premier cycle (BEPC). Depuis juillet 2013, une réforme opérationnalise la volonté politique affirmée de bien cadrer l’obligation de fréquentation scolaire qui va de 6 à 16 ans sous la gouverne du Ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation et du Ministère des enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique. Les enfants passent relativement peu de temps à l’école, l’année scolaire ne durant que 24 semaines. Le secteur de l’éducation formelle a également la responsabilité des écoles bilingues dans lesquelles la langue maternelle est progressivement remplacée par le français1, et de

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l’éducation spécialisée, peu développée, qui s’adresse aux personnes handicapées et aux jeunes ayant des difficultés d’insertion sociale.

L’enseignement secondaire (de la seconde à la terminale) propose un curriculum national et des parcours différenciés. Le secondaire général, scientifique ou littéraire (d’une durée de trois ans), est couronné par le baccalauréat (BAC) et est dispensé dans les lycées. Le secondaire professionnel et technique d’une durée variable d’une, deux ou trois années est sanctionné par le baccalauréat technique.

Finalement, l’enseignement supérieur est assuré dans deux types d’établissements : les universités et les grandes écoles (incluant les instituts de formation de courte durée). Le baccalauréat est nécessaire pour y entrer et le diplôme obtenu varie selon le nombre d’années de fréquentation universitaire passant de la licence (bac+3) au master (bac+5) et au doctorat (bac+8). Selon les données 2011-2012, le Burkina Faso compte huit institutions d’enseignement supérieur publiques (4 universités, 3 centres régionaux et 1 institut) et 67 privées (6 universités et 61 écoles ou instituts).

Le secteur non-formel est mandaté essentiellement pour l’alphabétisation et la formation professionnelle non conventionnelle des adultes. Deux clientèles particulières sont visées : les jeunes non scolarisés de 9 à 15 ans qui reçoivent leur formation dans les centres d’éducation de base non formelle (CEBNF) et les adultes de 15 à 45 ans qui reçoivent leur formation dans les centres permanents d’alphabétisation et de formation (CPAF). Quant à la formation professionnelle non-conventionnelle, elle touche la formation d’artisans (ex : forage, menuiserie) et relève du Ministère de l’agriculture qui a charge de l’éducation du monde rural. Les services d’alphabétisation sont dispensés sous la responsabilité du Ministère délégué à l’alphabétisation. Toutefois, de nombreuses structures et d’autres ministères interviennent dans ce secteur d’activité. On peut penser aux organisations non gouvernementales (ONG), aux ministères de la santé, de l’agriculture, de l’environnement. La politique adoptée dans ce secteur est celle du « faire-faire » c’est-à-dire l’utilisation de l’expertise locale pour la livraison des activités. C’est un domaine dans lequel les ONG sont largement mises à contribution.

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Pour son fonctionnement, le Ména compte 15 structures centrales dont la Direction générale de l’éducation de base (DGEB); la Direction des ressources humaines (DRH); la Direction de l’administration et des finances (DAF); la direction de la promotion de l’éducation des filles et du genre (DPEFG); le Direction des marchés publics (DMP); la Direction des sports, de la culture et des loisirs de l’éducation de base (DSCLEB). Au plan administratif, l’organisation de l’éducation de base (2008) s’appuie des structures déconcentrées qui sont des démembrements du Ministère. Les 13 directions régionales de l’éducation nationale et de l’alphabétisation ont pour missions la planification et la coordination de la politique d’éducation de base au niveau régional; les 45 directions provinciales ont pour missions la mise en œuvre et la coordination de la politique d’éducation de base au plan provincial. À ces entités déconcentrées, s’ajoutent 322 circonscriptions, ces dernières étant sous la responsabilité des inspecteurs de l’enseignement primaire aidés par les conseillers pédagogiques itinérants. Toutefois, une politique visant la décentralisation a été adoptée afin de confier des responsabilités nouvelles en matière d’éducation aux collectivités locales. La formation initiale des enseignants du primaire qui se donne dans les écoles nationales des enseignants du primaire (ENEP) a été réduite à une année pour faire face à la fois à la demande croissante et à une demande des partenaires financiers. Toutefois, depuis 2012, un décret a rétabli la durée de la formation à 2 ans, le diplôme minimal d’entrée exigé étant le BEPC. En 2010, on comptait 45 739 enseignants du primaire, en augmentation de 140,6% ( 26 732) depuis 2001. De ce nombre, 37,4% étaient des femmes et 85,6% étaient des enseignants qualifiés.

Quant aux enseignants du post-primaire et du secondaire, le niveau minimal requis est le baccalauréat et la formation de deux à quatre ans se donne en partie à l’École normale supérieure (ENS) de l’Université de Koudougou (UK) et en partie à l’Institut des sciences (IDS).

On compte 10 796 écoles primaires dans le pays, dont 63,25% n’offrent pas tous les niveaux du primaire et dont plus de la moitié (54%) se retrouvent sans eau ne disposant ni de forage ni de borne-fontaine. L’annuaire statistique de l’éducation nationale 2010/2011 produit par la Direction des études et de la planification du MÉNA, recense une population de 2 205 295

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élèves au primaire en augmentation de 157 665 par rapport à l’année précédente. L’effectif moyen d’élèves par classe est de 50. Ces écoles sont sous la responsabilité des directions d’école dont le rôle est en transformation vers un renforcement du pôle pédagogique, due notamment à l’approche d’encadrement introduite en 1998 dans le cadre du Projet d’appui canadien à l’enseignement de base (PACEB); toutefois, ce rôle devra cohabiter avec les attributions spécifiques confiées aux inspecteurs et aux conseillers pédagogiques, eu égard spécifiquement à la supervision et à la sanction des capacités des enseignants. Les encadreurs (conseillers pédagogiques itinérants et inspecteurs) sont formés à l’ENSK. Une filière de formation initiale des directions d’école primaire y a été créée, mais demeure embryonnaire pour le moment.

Le cadre d’action de l’Éducation pour tous a été adopté par les gouvernements réunis à la conférence de Dakar en 2000. Ce cadre réitérait le premier engagement pris par la communauté internationale en 1990 à la Conférence mondiale sur l’éducation pour tous tenue à Jomtien, en Thaïlande, d’assurer l’instruction primaire universelle. Le cadre d’action a fixé pour 2015 des objectifs à l’intérieur de six grands thèmes : l’enseignement primaire universel, l’alphabétisation des adultes, la parité entre les sexes, la qualité de l’éducation mesurée au moyen du taux de survie en 5e année du primaire, l’éducation et la protection de la petite enfance et la réponse aux besoins éducatifs des jeunes et des adultes en posant un regard sur les politiques publiques.

1.1.2.2 Données sur le développement de l’éducation

Les dernières données tirées du PNUD (2013) montrent que des progrès notables ont été réalisés à l’ordre d’enseignement primaire. Signalons tout d’abord que le taux brut de scolarisation (TBS) a atteint 79,6% en 2011, contre 45,9% en 2000. Dans le cadre de la promotion de l’égalité entre les genres, on note qu’en 2011 le ratio filles-garçons était de 0,91 et que le taux brut de scolarisation des filles a évolué, durant la même période, de 53,8% à 81,1%. Le taux net de scolarisation (TNS) au primaire connaît une tendance à la hausse depuis 2000, passant de 36,9% à 62,2% en 2011, soit une amélioration de 25,4 points. Le taux d’achèvement du cycle primaire a progressé entre 2000 et 2011 passant de 27,4% à 55,1%. Le taux d’alphabétisation des individus âgés de 15 à 24 ans est passé de 25,1% en 1998 à 41,2%

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en 2009, les femmes demeurant toutefois plus faiblement alphabétisées (34,5%) par rapport aux hommes (48,7%).

Malgré ces avancées, les défis restent considérables. Ainsi, à moins d’une progression peu probable de 12% en moyenne par année, le taux net de scolarisation connaîtra un retard de 28 points sur la cible prévue pour 2015. À cet horizon, 48,8% de 15-24 ans seront alphabétisés contre une cible de 100%. Il en va de même pour le taux d’achèvement au primaire pour lequel la probabilité d’atteindre la cible est faible. En effet, un écart de 39 points est prévu à moins qu’on ne connaisse une augmentation du taux de 16% par année, les garçons étant plus avantagés que les filles. Le rapport mondial de suivi sur l’ÉPT 2013/14, intitulé: Enseigner et apprendre : atteindre la qualité pour tous indique que le Burkina Faso fait partie des dix pays comptant la population non scolarisée la plus élevée (p. 54), que moins de la moitié des jeunes femmes sont alphabètes (p. 72) et que la réalisation de l’éducation primaire universelle ne peut être envisagée que pour 2070 (p. 94).

Le pays est confronté à d’immenses pressions démographiques; entre 2000 et 2013, le nombre d’élèves nouvellement inscrits au CP1 a presque triplé, ce qui représente une hausse annuelle moyenne de 9,3% (Diabouga et Bazongo, 2014). Dans ce contexte, le défi de la qualité de l’éducation s’ajoute à celui de l’accès. Les résultats ont chuté selon les enquêtes PASEC 1996 et 2007, particulièrement en zones rurales (Diabouga et Bazongo, 2014), et la qualité de la formation initiale et continue des enseignants demeure préoccupante. À cet effet, Dembélé et Mellouki déplorent la pratique généralisée selon laquelle les nouvelles recrues « become practising teachers without a well-organized programme of preparation based on principles and practices that have proved their worth »2 (Dembélé et Mellouki, 2013, p. 46). Quant à l’effort de financement, Diabouga et Bazongo (2014) notent que l’enseignement primaire a reçu plus de la moitié des ressources consacrées à l’éducation au Burkina Faso durant les dernières années et que malgré cela, les objectifs de scolarisation sont loin d’être atteints.

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