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Joseph Reinach et la découverte de la Serbie (1874)

politiques français autour de la Serbie (1840 1877)

II. Joseph Reinach et la découverte de la Serbie (1874)

En 1874, la Conférence Tocqueville met un nouvel homme sur le chemin de la Serbie. Chemin intellectuel, d’abord, qu’il ne manque pas de compléter par un voyage quelques années plus tard. Pur produit de la IIIe République, la rencontre de Joseph Reinach avec la Serbie est importante car elle dépasse le parcours personnel : formé par la Conférence Tocqueville, qui illustre les grands réseaux de la République, Reinach incarne une génération de jeunes hommes qui croient en ce nouveau régime et qui en deviennent des acteurs importants. Ainsi c’est le républicain Charles Savary qui lui fixe les consignes qui donnent naissance à l’ouvrage La Serbie et le Monténégro, salué par La République française. Ce cas particulier met en lumière les liens entre la IIIe République et les nouvelles représentations de la Serbie qui entrent en circulation.

A. La Conférence Tocqueville

1. Conférence d’éloquence parlementaire

Joseph Reinach n’a que dix-huit ans lorsqu’il commence à s’intéresser à la Serbie, un peu par hasard, par l’intermédiaire de la Conférence Tocqueville. Seule Arlette Lévy évoque très brièvement sa rencontre avec la Serbie634 et il faut revenir sur les circonstances qui font du jeune Reinach un médiateur entre la IIIᵉ République en construction et la Serbie. La Conférence Tocqueville est une conférence d’éloquence parlementaire635 : « La conférence ‘à la française’

est un cercle de rencontre et de discussion au sein duquel les problèmes sont examinés et débattus dans les formes d’une délibération de type parlementaire »636. Ces conférences permettent l’exercice de la pratique du régime représentatif et l’apprentissage de la parole publique, des pratiques et des codes qui permettent le bon déroulement d’une discussion devant déboucher sur un vote637. Les études de droit sont celles qui mènent le plus souvent aux

634 Arlette Lévy, Joseph Reinach (1856-1921) : l’homme et son message, thèse réalisée sous la direction de

Béatrice Philippe, Paris, Institut national des langues et civilisations orientales, 2006, p. 142-143.

635 L’historien Gilles Le Béguec s’est penché sur la pratique de ce type de conférences : « Ces cercles de discussion,

appelés parfois « parlottes », fonctionnant comme de petites assemblées politiques, sont nés sous la Restauration à l’image des « debating societies » anglaises et des conférences dites « particulières », c'est-à-dire des réunions privées de jeunes avocats vivant à l’ombre de la très officielle Conférence du stage des avocats du barreau de Paris. » Gilles Le Bueguec, « Les circuits de formation du personnel politique », dans Serge Berstein et Pierre Milza (dir.), Axes et méthodes de l’histoire politique, Paris, Presses universitaires de France, 1998, p. 305.

636 Gilles Le Beguec, « Les conférences d’éloquence parlementaire à la Belle Epoque : déclin ou renouveau ? »,

dans Actes du 57ᵉ congrès du CIHAE : Assemblées et Parlements dans le monde, du Moyen-âge à nos jours, Paris, Assemblée nationale, 2010, p. 1195.

127 professions politiques, et la plupart des participants aux conférences d’éloquence parlementaire sont ainsi issus de la Faculté de droit, même si ces dernières sont « ouvertes à des jeunes gens venus d’horizons différents »638.

La Conférence Tocqueville est créée par une partie des membres de la Conférence de la Rue Royale, en 1863, et le premier article de sa constitution affirme :

La Conférence Tocqueville s’occupe de questions d’histoire générale et philosophique, de législation et de droit constitutionnel, d’économie politique, de philosophie et de littérature. Elle n’a pas le droit de s’occuper de questions politiques et religieuses ayant un caractère d’actualité.639

La Conférence a pour objectif d’entraîner ses membres à débattre et à convaincre. En 1874, le président de la Conférence, Henry Hébrard de Villeneuve, explique dans un discours que la politique contemporaine est un facteur de division et que la conférence doit se concentrer sur des discussions de natures littéraire et historique, comme elle le faisait à son origine640. Pour former ses membres au débat, les sujets abordés doivent tout de même mener à des projets de lois ou à des motions641. Les conférences se présentent comme un « complément aux études universitaires »642 et le passage par une conférence parlementaire devient une étape dans la formation des hommes de l’élite politique du XIXᵉ siècle.

Issu d’une famille juive d’origine allemande, Joseph Reinach naît en France en 1856, suite à l’arrivée de son père à Paris en 1854. Ce dernier, Hermann Reinach, est naturalisé en 1870. Pierre Birnbaum le qualifie d’« amoureux de la France des Lumières, celle de Voltaire, de Rousseau »643 et il est proche d’Adolphe Thiers, ce qui permet au jeune Reinach de le rencontrer à la fin de sa carrière. Joseph Reinach entre à la Conférence Tocqueville le 19 janvier 1874,

638 Voir Jean Joana, Pratiques politiques des députés français au XIXème siècle : du dilettante au spécialiste, Paris,

L’Harmattan, 1999, p. 127 et 135 et Gilles Le Beguec, « Les conférences d’éloquence parlementaire à la Belle Epoque : déclin ou renouveau ? », op. cit., p. 1195.

639 Constitution de la Conférence, dans Travaux de la Conférence de Tocqueville pendant l’année 1874 – Première

partie, Paris, Anciennes maisons Gustave Retaux et Veuve Joubert, F. Pichon, librairie éditeur, 1874, p. VII.

640 Ibid., séance du 26 mai 1874, p. 340-341.

641 Que l’article 28 de la Constitution de la Conférence évoque comme ayant « pour but d’appeler l’examen de la

Conférence sur une question qui n’est point formulée en projet de loi ». Jean Joana précise que « la matière qui fait l’objet des discussions importe peu, puisque les modes de raisonnement et de démonstration qui sont mobilisés restent les mêmes ». Jean Joana, Pratiques politiques des députés français au XIXème siècle… op. cit., p. 143.

642 Ibid., p. 131.

128 présenté par les membres Rochet, Ferrari da Grado et Fournier644. Il est encore étudiant à la Faculté de droit et se destine à une carrière politique.

2. La « République des réseaux » et les Slaves

Ces conférences645 sont l’occasion pour les jeunes diplômés de se préparer à la pratique oratoire et leur offrent l’opportunité de s’intégrer dans des réseaux. Gilles Le Béguec parle de « République des réseaux »646, les conférences ayant été « des lieux de consolidation, des lieux de pérennisation, des lieux d’agrégation et des lieux de recomposition »647 de ces réseaux, qui

sont des tremplins vers des carrières politiques. Gilles Le Béguec évoque par exemple Léon Gambetta, qui prend plus tard Joseph Reinach sous sa protection, ou encore Léon Bourgeois, qui participe à la même séance de la conférence Tocqueville que Joseph Reinach. Charles Savary fait partie de ceux qui gèrent, au sein de la Conférence Tocqueville, l’entrée de nouveaux membres. C’est la règle de la cooptation qui régit les nouvelles admissions et il est l’une des personnalités les plus « cooptantes » de la Conférence : il intervient, en effet, dans le processus d’admission de 57 nouveaux membres entre 1868 et 1873648. Charles Savary (1845-1889) fait

des études de droit avant de devenir avocat. En 1869, il devient secrétaire de la conférence des avocats, et, deux ans plus tard, il est élu député royaliste de la Manche. Il est aussi l’un des principaux fondateurs de la Conférence Tocqueville et la dirige à quatre reprises entre 1869 et 1873649.

Le mardi 26 mai 1874, c’est lui qui dépose à la Conférence la motion intitulée « Examen de la Conférence sur les questions relatives à l’origine historique et aux traditions nationales des peuples slaves, à leur influence et au rôle qu’ils peuvent être appelés à jouer dans la politique de l’Europe orientale »650. Cette motion, plus simplement appelée « motion sur la question

644 Respectivement avocat, publiciste et étudiant en droit, entrés à la Conférence en 1872, 1872 et 1870.

645 La plus connue est la Conférence Molé, qui fusionne avec la Tocqueville en 1876 pour devenir la Conférence

Molé-Tocqueville, reconnue « d’utilité publique » en 1897. Voir Gilles Le Beguec, « Les conférences d’éloquence parlementaire à la Belle Epoque : déclin ou renouveau ? », op. cit., p. 1198. La conférence de Molé-Tocqueville existe encore aujourd’hui.

646 Gilles Le Beguec, « Les réseaux », dans Jean-Marie Mayeur (dir.), Les Parlementaires de la Troisième

République, Paris, Publications de la Sorbonne, 2003, p. 245.

647 Ibid., p. 248.

648 Jean Joana, Pratiques politiques des députés français au XIXème siècle… op. cit., p. 151.

649 Voir Adolphe Robert (dir.), Dictionnaire des parlementaires français, comprenant tous les Membres des

assemblées françaises et tous les ministres français, tous depuis les le Membres 1er mai 1789 des assemblées jusqu’au 1er mai françaises 1889, PLA et tous – ZUY, les ministres français, Genève, Slatkine Reprints, 2000.

650 Compte rendu analytique de la séance du mardi 26 mai 1874, dans Travaux de la Conférence de Tocqueville

129 slave »651, n’est pas destinée à être discutée à la tribune. L’orateur rappelle que la Conférence ne vise pas seulement à organiser des débats, susceptibles de créer des divisons, mais qu’elle doit aussi mettre en place des commissions en charge de réaliser des travaux sur des sujets donnés. D’après lui, les débats à répétition tendent à abîmer l’accord qui doit régner au sein de la Conférence et travailler en commission peut permettre de rétablir un équilibre entre les membres652. Pour insister sur le caractère non polémique du sujet qu’il propose, il souligne aussi que celui-ci « [écarte] toute question de politique actuelle »653, ce qui est pourtant faux dans le contexte de la question d’Orient. En 1875, des révoltes s’organisent en Bosnie- Herzégovine contre les prélèvements d’impôts de l’Empire ottoman.

La motion sur la question slave vise ainsi à réunir une commission qui travaillera sur divers documents, notamment français et allemands, et à combler un « véritable besoin »654. Savary

insiste sur l’importance de cette démarche et mentionne la multiplicité de ses facettes655. Cela

lui permet de justifier le droit qu’il se réserve de valider la liste des membres qui doivent participer à ce travail. Après l’ajout de quelques précisions, des applaudissements clôturent la courte discussion. La commission doit donc aboutir à plusieurs rapports, résultats de travaux personnels qui sont les garants de la pérennité de la Conférence. Le jour même, les membres de cette commission sont désignés, la proposition est mise aux voix et adoptée. Joseph Reinach en fait partie : il est chargé d’écrire un rapport sur la Serbie et le Monténégro, ce dernier n’étant pris séparément en charge par personne. 656

651 Ibid, p. CXXIV.

652 Ce discours intervient dans un contexte précis : à la séance du lundi 18 mai, plusieurs membres de la commission

avaient présenté leur démission suite à de vives discussions autour du projet de loi électorale le lundi 11 mai. La commission a regretté ces événements et refusé les démissions, assurant qu’elle n’avait voulu blesser personne. Les membres concernés reprennent leur place à la Conférence le mardi 26 mai, juste avant que Savary ne prenne la parole.

653 Travaux de la Conférence de Tocqueville pendant l’année 1874... op. cit., p. 324. 654 Ibid.

655 Ibid., p. 325.

656 Le deuxième tome des Travaux de la Conférence de Tocqueville pendant l’année 1874 est conservé à la BNF

mais est inconsultable pour le moment (il fait partie d'un ensemble "Conférence Tocqueville" qui fait d’une part l'objet de réparations et d'autre part d'un envoi chez un prestataire pour numérisation). Il devrait contenir des informations supplémentaires sur les circonstances des discussions et des décisions prises pour cette motion sur la question slave.

130 B. La commande de La Serbie et le Monténégro

1. Les consignes de Charles Savary

Joseph Reinach entreprend son premier voyage en Orient en août 1878 et en commence un second en octobre 1879. Son ouvrage La Serbie et le Monténégro, paru pour la première fois en 1874, précède donc son premier voyage dans les Balkans. La genèse de l’ouvrage nous éclaire sur les conditions de la naissance d’un nouveau médiateur. Charles Savary écrit à Joseph Reinach pour lui « rappeler que cette commission [l’]a chargé du rapport relatif à la Serbie et [lui] donner les indications nécessaires pour établir une certaine unité et un lien de parallélisme entre les travaux de même nature qui sont confiés à divers rapporteurs sur les différents peuples de l’Europe orientale »657. Léon Bourgeois est, notamment, chargé d’écrire un rapport sur la

Hongrie, Fernand Cassany de Mazet658 sur la Pologne et Henry Defert659 sur la Bohème660. La lettre n’est pas datée, mais a probablement été écrite peu de temps après la séance du 26 mai 1874 à la Conférence de Tocqueville. Charles Savary lui signale que son ouvrage ne doit pas faire doublon avec les rapports d’ensemble qui seront publiés sur l’ethnographie et sur l’avenir des peuples slaves. Ensuite, il débute ses consignes en lui suggérant les parties que son ouvrage devra suivre :

Dans la pensée de la commission, le travail qui vous est confié devrait comprendre trois parties :

La première partie serait consacrée à un résumé de l’histoire de la Serbie depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’époque contemporaine.

La seconde partie comprendrait l’histoire contemporaine jusqu’à l’année courante. La 3e partie serait consacrée à une étude sur la Serbie, au point de vue de son organisation politique naturelle, de ses institutions de ses finances, de son commerce, de son agriculture, de son développement religieux et littéraire. 661

657 Correspondance entre Joseph Reinach et Charles Savary, BNF NAF 24885 317-321.

658 Cassany de Mazet est avocat, historien et publiciste. Ancien vice-président de la Conférence et membre libre à

partir de décembre 1871.

659 Defert est avocat à la cour d’appel de Paris, entre à la Conférence en décembre 1872.

660 Louis Bourgeois, Etudes sur les peuples Slaves et l'Europe Orientale : La Hongrie, Paris, Conférence

Tocqueville, 1874. Fernand Cassany de Mazet, Etudes sur les peuples Slaves et l'Europe Orientale La Pologne, Paris, Conférence Tocqueville, 1874. Henry Defert, Etudes sur les peuples Slaves et l’Europe orientale, Tchèques, Paris, Conférence de Tocqueville, 1875.

131 Le plan de l’ouvrage a donc déjà été esquissé dans les grandes lignes. C’est un rapport de maître à élève qui s’instaure entre Charles Savary (qui a 29 ans) et Joseph Reinach, en accord avec la visée éducative de la Conférence. Celui-ci utilise d’ailleurs les verbes « devoir » ou « avoir à » qui indiquent que Reinach doit obéir aux consignes. Après avoir évoqué les trois parties que doit suivre Reinach, Savary les reprend une à une en précisant ce qu’elles doivent contenir. Ainsi la deuxième partie est prévue de la manière suivante :

La seconde partie de votre travail sera consacrée à la renaissance et au développement de la question servienne, à la lutte nationale de la Serbie contre la Turquie, et des efforts pour conquérir l’indépendance. Cette étude sera comme la première une étude de l’histoire, mais une étude d’histoire contemporaine, embrassant un laps de temps beaucoup plus restreint que la première et par conséquent devant être moins allongée.Vous aurez à retracer les phases de la lutte des deux dynasties qui se sont disputées le pouvoir en Serbie, et ainsi que quelles ont été les plaintes et les réclamations du peuple serbe, quels ont été son état politique et son histoire intérieure. 662

Savary a aussi établi le contenu de l’ouvrage de Reinach, et on imagine facilement qu’il en a fait de même avec les membres chargés d’écrire les autres rapports. Remarquons ici les dimensions politiques qui contredisent son discours à la Conférence. Savary souffle au jeune Reinach les idées qu’il doit exposer dans son ouvrage : si ce dernier y défend avec ardeur la cause serbe, il faut tenir compte de son jeune âge et du fait qu’on lui a suggéré le parti à adopter. Savary évoque aussi, pour la première partie de l’ouvrage, le « passé de gloire et d’indépendance »663 des Serbes, à mettre en relation avec les aspirations nationales exprimées

au moment où ils correspondent. À dix-huit ans, les positions politiques de Reinach sont probablement encore hésitantes. Il a toutefois grandi dans un environnement républicain et le développement du rôle des républicains au sein de la conférence Tocqueville664 accentue

l’influence qu’ils ont auprès de lui. Après les échecs de restauration monarchique, Savary lui- même passe au républicanisme modéré et se positionne au centre gauche.

Savary établit donc un cahier des charges très précis. Il indique aussi la méthode que le jeune Reinach doit suivre dans l’écriture de son ouvrage : « Il est désirable que l’ensemble du travail entrepris soit aussi instructif que possible et aussi précis que possible. Vous ferez donc bien

662 Ibid.

663 Ibid.

132 d’indiquer en note les sources auxquelles vous avez puisé »665. Il lui demande également de

prendre en compte des « sources et documents à consulter », dont certains qu’il possède chez lui, lui offrant de lui installer un cabinet d’étude à son domicile. Reinach doit ainsi consulter des ouvrages spécialisés, dont les titres ne sont pas mentionnés, des annuaires ainsi que des articles récents de journaux. Sur ce point, Savary se montre à la disposition de Reinach pour lui donner d’autres éléments. Même les annexes sont décidées à l’avance :

Le texte de la constitution Serbe serait fort utile en pièce justificative. Pourquoi même ne feriez-vous pas à la fin de votre travail ce que Sir Edward Hervé a fait dans son livre intitulé Une page de l’histoire d’Angleterre où il a publié les noms des ministres et des membres du parlement en indiquant à côté de chaque nom par un signe indicatif le parti auquel le membre appartient. 666

Sir Edward Hervé est en fait Édouard Hervé (1835-1899), publiciste et homme politique français, dont les ouvrages historiques sont des compilations de ses articles. Savary avait mis en avant l’importance du travail personnel des membres de la commission dans son intervention à la Conférence, mais toutes ces consignes tendent finalement à faire du rapport de Reinach un exercice académique qui laisse peu de place à l’improvisation.

Enfin, Savary demande à Reinach de rendre son rapport sur la Serbie et le Monténégro le 15 octobre 1874 au plus tard et termine sa lettre en lui précisant qu’il se réserve le droit de correction sur le manuscrit :

En effet, non seulement il faudra le temps d’imprimer les travaux de la commission, mais avant que cette impression ne puisse avoir lieu il faudra que je puisse lire et étudier chaque rapport, soumettre à son auteur les obscuratures [sic] qu’il complètera, lui proposer des modifications nécessaires pour le mettre en harmonie avec les autres rapports. Cet examen demandera un certain temps et si les rapporteurs ne devaient point mettre une grande exactitude dans l’envoi de leurs travaux respectifs, un retard considérable serait à craindre.667

L’ouvrage de Reinach a donc été commandé de façon précise et ce dernier est prévenu des modifications qui risquent d’être effectuées s’il ne respecte pas les consignes. Le résultat est concluant et mène à une publication dès la fin de l’année.

665 Correspondance entre Joseph Reinach et Charles Savary, op. cit. 666 Ibid.

133 2. Publication de l’ouvrage et conséquences

La Serbie et le Monténégro de Joseph Reinach est publié fin 1874 aux éditions de la bibliothèque de la conférence Tocqueville. L’ouvrage suit le plan que lui a dicté Savary. Ses chapitres reprennent en effet les trois parties qu’il lui a suggérées :

Chapitre 1 : Les origines de la Serbie

Chapitre 2 : Etienne Douchan. La bataille de Kossovo

Chapitre 3 : La Serbie sous la domination ottomane

Chapitre 4 : La révolution serbe. Kara Georges

Chapitre 5 : La révolution serbe. Milosch

Chapitre 6 : Le Monténégro

Chapitre 7 : Organisation du gouvernement parlementaire en Serbie

Chapitre 8 : La nation serbe. La poésie serbe

Chapitre 9 : De l’avenir de la Serbie. Le Panslavisme.668

Les chapitres 1, 2 et 3 correspondent à la première partie décidée par Savary (« résumé de l’histoire de la Serbie depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’époque contemporaine »), les