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Il apparaît utile de rappeler ici de manière synthétique, à des fins de comparaison ultérieure entre l’ensemble de la jeunesse et les jeunes ruraux.ales dans notre pays, quelques-unes des principales séquences de ce parcours des jequelques-unes.

Le nombre des jeunes de 15 à 29 ans atteint 11,9 millions en France en 2012, soit 18,2 % de la population totale59.

Le rapport du CESE sur Le logement autonome des jeunes, déjà cité, note que diverses mutations au cours des quarante dernières années ont fait évoluer la «  jeunesse  » et les conditions de vie des 18-29 ans. En effet, l’âge de la vie que l’on appelle la jeunesse doit son émergence, d’une part à l’allongement de la durée des études et à la démocratisation de l’enseignement, et, d’autre part, à l’allongement de la période d’insertion professionnelle et aux difficultés d’accès à un emploi stable. Cette période est ainsi caractérisée par la construction d’un avenir personnel et professionnel couplée, pour beaucoup de jeunes, à une situation de précarité.

accroissement de la part des jeunes poursuivant des études

Tout d’abord, le taux de bachelier.ère.s dans une génération est passé de 25,9 % en 1980 à 77,2 % en 201660. Cette augmentation s’est accompagnée d’un quasi doublement

58 Cet acronyme, venant de l’anglais « Not in employement, education or traning » désigne les jeunes entre 15 et 29 ans qui n’ont pas d’emploi ni ne suivent de formation. Le pourcentage de NEET est distinct de celui des demandeur.euse.s d’emploi qui s’applique aux jeunes ayant terminé leurs études.

59 INSEE, Chiffres clés évolutions et structures de la population 2012.

60 Rétrospective du baccalauréat : 1960-2016 (France métropolitaine (public + privé) source DEFP. Ces chiffres intègrent ceux du baccalauréat agricole.

Rapport

du nombre d’étudiant.e.s de l’enseignement supérieur de 1980 à 2000, progression qui se ralentit ensuite61.

inégalités devant l’accès à l’emploi et accroissement de la précarité

Les jeunes connaissent un taux de chômage et une précarité de l’emploi particulièrement élevés : le taux de chômage des 15-29 ans en France métropolitaine atteint 18,5 % fin 201462, soit plus de huit points au-dessus de celui valant pour le reste de la population. Pour les 15-24 ans, il est de 23,9 % fin 2014.

Mais « le taux de chômage ne suffit pas à décrire la situation des jeunes par rapport au marché de l’emploi. Reposant sur la population active, c’est-à-dire en emploi ou au chômage, il doit être rapproché d’autres indicateurs pour rendre compte d’une réalité plus complexe, intégrant la part des jeunes en formation initiale »63. La part du chômage (c’est-à-dire le rapport entre le nombre des jeunes chômeur.se.s et la population totale des jeunes) est quant à elle de 10 % fin 2014 pour les 15-29 ans. En 2014, 13,7 % des jeunes de 15 à 29 ans ne sont ni en emploi ni en formation (NEET)64.

Toutefois, les jeunes ne sont pas égaux.ales devant le chômage. Comme le note le Rapport annuel sur l’état de la France 2016, « l’indicateur du taux de chômage selon le diplôme, le sexe et la durée écoulée depuis la sortie de formation initiale, entre 1 et 4 ans, fourni par l’INSEE, permet de mettre en exergue que, plus le diplôme est élevé, plus le taux de chômage est bas ».

Ainsi, en 2014, ces variations passent du simple chez les plus diplômé.e.s au quintuple chez les moins diplômé.e.s :

– 11,5 % chez les diplômé.e.s du supérieur ;

– 24,1 % chez les jeunes qui ont un CAP, BEP ou le Baccalauréat ;

– 53 % chez les jeunes sorti.e.s sans diplôme ou avec le brevet du collège65.

Par contre, les écarts de chômage selon le sexe se sont plutôt réduits  : en 1976, le risque d’être au chômage était deux fois plus élevé chez les jeunes femmes que chez les jeunes hommes de 15 à 29 ans. Depuis 2011, la situation s’est davantage améliorée pour les femmes, qui risquent moins d’être au chômage que les hommes.

Toutefois, cette évolution n’est pas le reflet d’une disparition des inégalités de genre sur le marché du travail car, d’une part, les femmes mettent plus de temps que les hommes avant d’avoir un emploi et, d’autre part, une fois en emploi, elles sont confrontées aux inégalités salariales, particulièrement quand elles ont des enfants.

L’étude déjà citée de la DARES montre la variation de la situation des jeunes à cet égard selon l’âge : « en 2013-2014, 90 % des jeunes de 17 ans sont en cours d’études initiales. C’est encore le cas de près de 60 % des jeunes de 20 ans, mais de seulement 10 % à 25 ans. Parmi les jeunes qui poursuivent leurs études, la part de ceux qui travaillent (apprentissage, travail durant les vacances, « petits boulots » tout au long de l’année …) s’accroît rapidement avec l’âge : 10 %

61 DARES Analyses, décembre 2015, n°088, p. 4.

62 DARES Analyses, décembre 2015, n°088, p. 5.

63 CESE, avis L’emploi des jeunes, rapporté par Jean-Baptiste Prévost (2012), p. 12.

64 DARES Analyses, décembre 2015, n°088, p. 6.

65 CESE, Rapport annuel sur l’état de la France 2016, rapporté par Pierre-Antoine Gailly (2016) p. 75.

AVISDÉCLARATIONS/SCRUTINRAPPORTANNEXES à 18 ans, 30 % à 23 ans et 70 % à 28 ans. ( ). Inversement, la proportion de chômeurs parmi

les jeunes qui ont terminé leurs études décroît avec l’âge : 30 % à 18 ans, 10 % à 29 ans »66. Les Français.e.s trouvent par ailleurs en moyenne leur premier emploi stable à 28 ans67.

Le taux élevé de chômage des jeunes et l’importance des contrats précaires pour les jeunes qui sont en emploi se traduisent, pour une partie d’entre eux.elles, par des situations de pauvreté monétaire. Le taux de pauvreté monétaire des jeunes femmes de 18 à 29 ans est de 21,2 %, celui des jeunes hommes de 18,3 % (à 60 % du revenu médian, soit 1 008 € par mois en 2014 en France métropolitaine)68. On voit ainsi comment les inégalités de salaire entre les hommes et les femmes se traduisent par une plus forte exposition des jeunes femmes à la pauvreté. Pour l’ensemble de la population, le taux de pauvreté monétaire est de 14,2 % en 2014.

Nombre de jeunes sont par ailleurs, faute de pouvoir accéder au logement avec les moyens dont elles et ils disposent, accueilli.e.s par des structures d’hébergement  : « la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (FNARS) constate que 25  % des places d’hébergement gérées par elles sont occupées par des jeunes (18-25 ans) »69.

départ du foyer parental, mobilité, installation en couple

En 2008, selon l’INSEE, la moitié des jeunes femmes ne vit plus chez ses parent.e.s dès 20 ans (âge médian), contre 22 ans pour les jeunes hommes. A partir de 24 ans pour les femmes, de 26  ans s’agissant des hommes, près d’un.e. jeune sur quatre vit chez ses parents70. La notion de lieu de vie est relative au regard de la mobilité importante des jeunes ruraux.ales qui peuvent vivre en semaine sur un lieu d’étude, de formation ou de travail dans une ville, et être uniquement en soirée ou le week-end dans leur environnement familial et rural.

Cet âge de la vie se caractérise aussi par une mobilité particulièrement forte pour étudier ou faire de premières expériences salariées : selon l’ANIL, le taux de mobilité résidentielle annualisé en 2006 était de 28 % pour les ménages de moins de 30 ans, de 16 % pour les 30-39 ans et de 7 % pour les 40-49 ans71.

L’âge médian de première mise en couple s’établit à 22,5 ans pour les femmes nées entre 1978 et 1985, et à 24,5 ans pour les hommes de ces mêmes générations. L’âge des femmes à l’accouchement de leur premier enfant en France métropolitaine se situe pour sa part en moyenne à 28 ans en 2010, soit quatre ans plus tard qu’à la fin des années 196072.

la jeunesse correspond donc à une période qui, sur certains aspects, a tendu à s’allonger depuis quarante ans. Mais «  la jeunesse  » n’est qu’un mot selon Pierre Bourdieu : on mesure la nécessité de parler ici de jeunes au pluriel. cela est d’autant plus vrai pour « le monde rural ».

66 DARES Analyses, décembre 2015, n°088, p. 4.

67 France stratégie Lignes de faille : une société à réunifier (octobre 2016), p. 43.

68 INSEE : taux de pauvreté selon l’âge et le sexe en 2014 : le revenu médian est le niveau de revenu au-dessous ou au-dessus duquel on trouve la moitié des ménages.

69 CESE, avis Sécuriser les parcours d’insertion des jeunes (avis de suite), rapporté par Antoine Dulin (2015), p. 11.

70 INSEE, Regards sur la parité, édition 2012, p. 12.

71 ANIL, Le logement des jeunes, novembre 2011, p. 10, données enquête logement.

72 INSEE première n°1419, Emma Davie, « Un premier enfant à 28 ans », octobre 2012.

Rapport

B. Mutations, traits communs et diversité des espaces ruraux

L’avis du CESE Comment promouvoir le dynamisme économique des espaces ruraux  ?, rapporté par Guillaume de Russé (2015), souligne que les territoires ruraux connaissent des situations diverses, malgré des caractéristiques communes qui justifient l’existence de la notion. Cette diversité s’explique à la fois par l’étendue de la France, où les espaces ruraux tiennent une grande place, et par l’amplitude du champ de la notion, qui, selon l’acception retenue, va de communes de densité moyenne proches de grandes villes à des territoires éloignés de celles-ci et très peu denses.

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