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Interprétation des résultats

5. Discussion

5.1 Interprétation des résultats

5.1.1 Applicabilité à tous les stades

Tous les stades de la maladie selon l’échelle de Hoehn & Yahr sont étudiés. Un seul article traite des sujets de stade 5 (56) et les résultats ne sont pas significatifs. La sévérité du stade 5 amène à se demander si un protocole aussi intensif est applicable chez une population au stade le plus avancé de la pathologie. Ce genre de protocole nécessite un certain seuil de capacités cognitives et un minimum de capacités motrices, qui sont souvent en perdition partielle voire totale au stade 5. Un seul article ne permet pas de répondre catégoriquement à la question et peu d’études sur le sujet ont été publiées.

Kaseda et al. (56) se sont également intéressés aux sujets de stade 4, et ne trouvent qu’une significativité statistique dans le score de la partie motrice de la Functional Independence Measure (FIM) alors que Monticone et al. (60) trouvent une significativité dans tous les paramètres.

Le stade 3 est le plus étudié sur l’ensemble des études avec 8 articles (47,54–

58,60,62). Le MIRT semble avoir un effet significatif pour l’ensemble des paramètres dans l’ensemble des articles. Ainsi l’applicabilité chez une population de ce stade ne devrait poser aucun problème.

L’applicabilité étant validée chez des sujets de stade 3, nous pourrions émettre l’hypothèse que l’applicabilité chez les stades précoces est simple. Effectivement dans l’ensemble des études portées sur les stades 1 et 2, les résultats sont positifs (48,53,55,58–61).

En théorie et selon les articles, le MIRT est applicable à tous les stades, mais tous les articles n’ont pas inclus l’ensemble des stades de sévérité. Les échantillons divergent également d’un article à un autre, certains sont plus représentatifs que d’autres, il est donc difficile de les comparer et d’extrapoler les résultats à la population générale.

Mais en pratique, outre les résultats, les patients ont réussi à suivre le protocole. Nous pouvons en conclure que le MIRT est applicable à tous les stades.

5.1.2 Performances motrices

Les résultats divergent selon les échelles utilisées. Si la plupart des articles (47,48,54,55,57–60) trouvent des résultats significatifs pour l’UPDRS, Ferrazzoli et al.

(53) ne trouvent pas d’amélioration significative après 18 mois de suivi. Kaseda et al.

(56) apportent les mêmes conclusions sur un temps d’étude plus court.

Sur l’évaluation du 6MWT, tous les résultats convergent vers une amélioration significative (47,48,53,55,57,61,62). Il semblerait même que cette amélioration persiste dans le temps puisque l’étude de Frazzitta et al. (48) menée sur 2 ans montre que les résultats restent significatifs et l’étude de Ferrazzoli et al. (53) va dans ce sens

39 après une évaluation significative à 18 mois. Mais la série de cas de Frazzitta et al.

(47) contredit cette efficacité à long terme avec un score qui tend à retrouver sa valeur initiale au bout d’un an. Face au faible de niveau de preuve de cette série de cas nous pouvons nous demander si ses résultats sont recevables.

Les résultats sont presque unanimes quant à l’évaluation des effets du MIRT sur le TUG : il semblerait qu’ils soient significatifs (47,48,55,58,62). L’ECR de Ferrazzoli et al. (53) est contradictoire en publiant des résultats non significatifs à court terme et à long terme.

En ce qui concerne l’équilibre, les résultats concordent vers des effets significatifs statistiques à court terme (47,54,55,58,60–62) à l’exception de l’étude de Kaseda et al. (56). Selon l’étude de Frazzitta et al. (47), ces effets sur la BBS ne se prolongent pas dans le temps.

Deux articles s’intéressent à l’effet du MIRT sur la FIM (56,60), mais ils sont unanimes sur leurs résultats : le protocole améliore de manière statistiquement significative les scores de la FIM à court terme. Une précision est apportée par Kaseda et al. (56) qui évaluent distinctement les deux parties de la FIM et qui ne trouvent pas de résultat significatif pour la partie cognitive de cette échelle.

La PDDS est un paramètre étudié dans 4 articles qui publient les mêmes résultats (48,54,55,58). Tous retrouvent des améliorations significatives entre le début et la fin du protocole. Frazzitta et al. (48) notent une prolongation de ces résultats dans le temps.

Fontanesi et al. (55) ainsi que Frazzitta et al. (54) sont les auteurs qui ont étudié l’effet du MIRT sur le FOG-Q. Les deux équipes trouvent des résultats significatifs à court terme. Le freezing est un symptôme très présent dans la maladie de Parkinson et qui fait partie des symptômes facteurs de risques de chute. Face à ce symptôme, il semble intéressant qu’il y ait plus d’articles qui étudient ce paramètre, d’autant plus que les deux articles cités sont des séries de cas (peu fiables).

L’AIMS est étudiée dans un seul article (54), qui relate d’une amélioration significative statistique par le MIRT sur du court terme.

La vitesse de marche via le CGS et le FGS est étudiée dans la série de cas de Frazzitta et al. (47). Les résultats sont positifs puisque la vitesse de marche, qu’elle soit confortable ou rapide est améliorée significativement à court terme et à long terme.

Ces études nous permettent de voir que le MIRT a un effet à court terme sur les performances motrices, et possiblement un effet à long terme. Cependant, les performances motrices ne sont pas détaillées : seul un article (47) précise dans ses objectifs qu’il s’intéresse à la marche et à l’équilibre : il utilise les items de l’UPDRS destinés à l’évaluation de la marche et de l’équilibre ainsi que des échelles propres à ces paramètres tels que le CGS ou la FGS. Nous ne pouvons nous baser sur ses résultats que de manière hypothétique bien qu’ils aillent dans le sens des ECR sélectionnés dans cette revue systématique : les effets sur la marche perdureraient davantage que sur les autres performances motrices.

Globalement les effets du MIRT sur l’ensemble des performances motrices seraient présents à court terme, et à long terme pour certains paramètres (48).

5.1.3 Triade parkinsonienne

Un article s’intéresse à ce trouble qui fait partie inhérente du tableau de la maladie de Parkinson (54). La prédominance du tremblement disperse les sujets en deux groupes.

40 L’akinésie et la rigidité sont évaluées chez l’ensemble des sujets. Les résultats sont significatifs : à court terme les scores relatifs au tremblement s’améliorent et la rigidité diminue également de façon significative dans les deux groupes. Mais cette étude est une série de cas, et ses conclusions sont discutables en raison de son faible niveau de preuve. Pourtant, ces troubles moteurs sont majeurs dans la MP (bien que le tremblement ne soit pas obligatoire), et ils influent beaucoup sur la qualité de vie des patients. (65) Il aurait été intéressant que d’autres articles avec un plus haut niveau de preuve traitent précisément de ces troubles afin de pouvoir juger de l’applicabilité de ce protocole et d’établir une corrélation entre l’amélioration de ces troubles et la qualité de vie.

5.1.4 Qualité de vie

La qualité de vie est selon les auteurs améliorée par le MIRT. Cependant tous les items du PDQ-8 ne sont pas améliorés. La gêne psychologique ne semble pas améliorée selon Ferrazzoli et al. (58). Monticone et al. (60) ne trouvent pas d’amélioration dans l’item évaluant la communication. Cependant, quelques items semblent améliorés dans le temps tels que le bien-être émotionnel, l’inconfort physique ou les activités de la vie quotidienne (58). Van der Marck et al. (59) ne trouvent qu’un seul résultat significatif, celui concernant le bien être émotionnel. L’état des performances motrices et la qualité de vie sont corrélés. En effet, on constate que l’amélioration de la qualité de vie conditionne l’amélioration des performances motrices et inversement comme le démontre Ferrazzoli et al. (58). Les témoignages des parkinsoniens de l’étude de Van der Marck et al. (59) renforcent la corrélation.

Bien qu’il y ait quelques résultats probants, ils sont issus uniquement de trois études (dont une étude qualitative). On sait aujourd’hui que la qualité de vie est primordiale dans la vie d’un parkinsonien et qu’elle ne dépend pas seulement des troubles moteurs. La qualité de vie d’un parkinsonien dépend autant des troubles moteurs que des troubles non moteurs (16). Ces articles sont plutôt récents mais ne prennent en compte que la partie motrice, alors que la rééducation actuelle vise une prise en charge selon le modèle biopsychosocial.

5.1.5 Dosage médicamenteux

Les cinq articles (48,53,57–59) qui traitent de cet effet n’utilisent pas le même médicament. Deux articles (57,58) utilisent la levodopa, un article (53) utilise la rotigotine tandis qu’un autre traite les sujets avec la rasagiline (48). Enfin le dernier (59) ne spécifie pas quel médicament est utilisé pour traiter la maladie.

Les auteurs sont convergents sur un point : en présence d’un groupe contrôle sans rééducation équivalente au protocole, le dosage de dopamine augmente considérablement, avec une part de la population poussée à la bithérapie assez conséquente (80%) (48). Ces effets se trouvent à court terme (58) mais également à long terme (57) : il semblerait que la succession de deux protocoles ait un rôle à jouer dans la persistance des effets (48,53). Le dosage croît obligatoirement mais à une allure bien moindre que le dosage du groupe contrôle (53).

Ces articles nous montrent qu’une activité soutenue chez les parkinsoniens peut ralentir l’augmentation de dose, et visiblement quel que soit le médicament utilisé. Une conséquence de cet effet est la probable diminution des effets secondaires à la prise de dopamine que l’on sait de plus en plus néfastes et handicapants avec l’évolution de la maladie.

41 5.1.6 Effet endocrinien

Cette partie sort du champ de la kinésithérapie, mais pour autant cet effet a un impact direct sur l’évolution de la maladie et par conséquent sur la rééducation qui en découle.

D’une part, le MIRT pourrait réduire la dégénérescence des cellules (55). D’autre part, le MIRT peut améliorer la plasticité neuronale (55,61). En effet l’intensité de ce protocole permettrait d’augmenter la sécrétion de BDNF, acteur majeur dans la neuroplasticité. De plus, le MIRT permettrait d’améliorer l’affinité entre le BDNF et le TrKB, qui agit sur la survie des cellules. Par conséquent, le MIRT permet indirectement aux sujets parkinsoniens d’intégrer plus rapidement les nouvelles tâches et de maintenir un certain niveau d’indépendance fonctionnelle par rapport à la sévérité de leur maladie.

Ces effets à court terme proviennent de deux articles seulement dont une série de cas (55). Ils sont donc à considérer avec du recul mais nous pouvons nous faire une idée de ce que pourrait apporter le MIRT sur la neuroplasticité.