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Au vu de la grande diversité d’acteurs et des données potentiellement utilisées pour le réaménagement des friches industrielles que cela soit en termes d’urbanisation ou de problématiques environnementales, les outils scientifiques qui seront utilisés durant ce travail de recherche sont issus de plusieurs disciplines en parallèle.

La réalité scientifique actuelle incite le chercheur à travailler de manière pointue dans son domaine de recherche qui reste souvent cloisonné dans sa problématique. Le fait d’adapter un point de vue plus globalisant est un fait relativement nouveau dans l’histoire des sciences. C’est pourquoi nous allons décrire la démarche interdisciplinaire qui permet d’utiliser plusieurs champs scientifiques et techniques

pour une même recherche. Ensuite, nous présenterons les principes des Sciences de l’Information et de la Communication et argumenterons le choix des méthodes de cette science interdisciplinaire pour mettre en place notre démarche de recherche sur le réaménagement des friches industrielles.

1.4.1) L’interdisciplinarité

Pour introduire le concept d’interdisciplinarité, il est important, afin de bien situer ses enjeux, de la replacer dans le contexte historique de l’évolution de la pratique des sciences dans le passé. Depuis le XIXe, le monde scientifique a connu une mutation d’une métadisciplinarité native vers une

spécialisation. On peut prendre l’exemple des mathématiques, aujourd’hui divisées en 48 sous-groupes qui, avant de devenir une science à part entière, étaient partie intégrante de la Logique et étaient enseignée en cours de philosophie (Gérini, 2005). Au XIXe, la complexité croissante dans le génie civil

et militaire ont mené (a amené) à former un nombre important de savants et d’ingénieurs capables de répondre à de nouveaux défis. On a donc assisté à une spécialisation des savants qui ont été confrontés à une complexification de leur savoir au fur et à mesure de leurs découvertes.

En parallèle, la spécialisation a conduit à isoler en plus del’objet d’étude, des relations complexes qu’il entretient avec le reste de l’univers. On peut citer ici Bachelard qui dit que « la science n’est pas l’étude de l’univers simple, c’est une simplification heuristique nécessaire pour dégager certaines propriétés, voire certaines lois.» (Bachelard cité par Morin 2005). En d’autres termes, cette phrase remet en question le dogme de la méthode scientifique spécialiste pour introduire la notion de complexité.

Selon (Laurent 2011), un certain nombre d’auteurs ont proposé des définitions de la complexité. Il se base sur l’épistémologie en biologie pour mettre en évidence le fait que les modèles hyperspécialisés ne peuvent fonctionner sans prendre en compte des paramètres venant d’un autre système. Nous retiendrons la synthèse qu’il en a faite : « … les systèmes complexes peuvent bien avoir des modèles simples, mais il y aura toujours également certains de leurs modèles qui ne pourront être réalisés par aucun système simple ».

Cette notion de complexité a conduit certains auteurs à repenser une méthode scientifique qui tient compte de ces notions de complexité pour positionner les objets de recherche dans des conditions globalisantes. Cela se traduit par un travail dirigé par des méthodes liées à plusieurs disciplines. Plusieurs niveaux d’interaction entre les disciplines peuvent être distingués et nous allons ici y définir les principales et justifier notre choix.

La pluridisciplinarité est la zone convergente d'un thème commun entre chercheurs de disciplines différentes où chacun garde sa spécialisation en termes de concepts et méthodes. Ce sont des approches parallèles pour atteindre un objectif commun par addition des contributions spécifiques (chacun traite de manière cloisonnée un sous-problème).

L'interdisciplinarité nécessite un échange de connaissances, d'analyses, de méthodes entre deux ou plusieurs disciplines. Des interactions sont nécessaires pour un enrichissement entre les spécialistes. L'interdisciplinarité est par exemple le principe fondateur des sciences cognitives comme la rencontre de la philosophie, la linguistique, l’anthropologie, les neurosciences, l’informatique et la psychologie (Miller, 2003).

La métadisicplinarité consiste elle, à positionner la discipline dans un système supérieur, c’est-à-dire à dépasser les frontières de la discipline tout en la conservant (Morin, 1994).

La transdisciplinarité tient compte de trois postulats : la complexité, le niveau de réalité et la théorie du tiers inclus. Elle se distingue de la pluridisciplinarité et de l’interdisciplinarité par le fait qu’elle va au- delà des méthodes communes à plusieurs champs disciplinaire, elle n’a pas vocation à rester dans la recherche disciplinaire mais à déborder l’ensemble des disciplines dans le but d’unifier la pratique des sciences (Nicolescu, 1996).

Après avoir pris connaissance, des différentes formes existantes d’interactions entre les différentes disciplines, nous avons fait le choix de retenir l’interdisciplinarité. Notre objectif est bien d’emprunter des méthodes et de créer des échanges entre plusieurs champs scientifiques (l’Urbanisme et les sciences de l’Environnement avecles Sciences de l’Information et de la Communication pour ne pas les citer). En effet, la posture de la pluridisciplinarité est trop séparatrice, de par la mise en place d’équipe spécialisée par sous problème. C’est une vision mécaniste de la science qu’il est nécessaire de dépasser pour pouvoir traiter de manière intégrée les projets de réaménagement de friches industrielles. Quant à la métadisciplinarité et la transdisciplinarité, elles se situent d’un point de vue épistémologique, un niveau au-dessus des problèmes que nous allons traiter dans ce travail de recherche : nous ne cherchons pas à étudier les interactions entre l’Urbanisme et l’Environnement et des SIC dans leur ensemble mais bien de prendre en compte des méthodes de ces disciplines pour pouvoir répondre à une problématique précise.

1.4.2) Les Sciences de l’Information et de la Communication : outil

interdisciplinaire