Commutativit´ e et propagation parasite
3.3 Interaction de la premi` ere couche avec les outils
3.3.1 Introduction
Dans tout ce qui a pr´ec´ed´e, nous avons expos´e une m´ethode permettant d’´eliminer, par
propagation, des exc´edents locaux de mati`ere dans le mat´eriau. Nous n’avons pas abord´e,
pour l’instant, les causes ayant pu cr´eer cet exc´edent de mati`ere. Certes, on peut envisager
de directement les cr´eer, au moyen d’un outil ajoutant de la mati`ere dans certaines cellules.
Les effets en sont d’ailleurs int´eressant : cela produit des excroissances et des gonflements
dont la forme correspond globalement `a la g´eom´etrie des cellules dans lesquelles on a ajout´e
de la mati`ere. La forme est d’autant plus adoucie que cet ajout se fait profond´ement dans
le mat´eriau. Une simple cellule, dans un espace de travail vide, dans laquelle on injecterait
une grande quantit´e de mati`ere permet d’obtenir une boule de mati`ere dont le volume est
directement li´e `a la quantit´e de mati`ere inject´ee.
On pourrait arguer qu’il est uniquement possible de produire des gonflements de l’objet,
par ajout de mati`ere. En effet, retirer localement de la mati`ere ne permettra pas d’obtenir des
creux ou des sillons, la mati`ere n’ayant pas de loi particuli`ere, pour l’instant, concernant des
cellules dont la densit´e est inf´erieure `a la densit´e limite. En fait, il est possible d’obtenir l’effet
inverse, permettant de creuser le mat´eriau, simplement en utilisant le “compl´ementaire” de
l’espace de travail : plutˆot que de creuser le mat´eriau, nous allons faire enfler le vide qui
l’entoure, ce qui donnera le mˆeme r´esultat. En pratique, cela revient `a ´echanger les rˆoles du
mat´eriau et du vide qui l’entoure, donc `a remplacer la densit´e di,j,k dans tout l’espace par la
valeur 1−di,j,k (1 correspondant `a la quantit´e maximale de mati`ere que peut contenir une
cellule).
Cette approche permet de g´en´erer des bosses et des creux `a la surface de l’objet, et se
r´ev`ele ˆetre un moyen int´eressant pour ajouter ou retirer de la mati`ere `a l’objet. Cela ne
correspond cependant pas `a ce que nous souhaitons obtenir : un mat´eriau que l’on puisse
r´eellement d´eformer `a l’aide d’un outil, dans lequel il soit possible de laisser des empreintes en
pressant ledit outil sur l’objet sculpt´e, simplement en repoussant la mati`ere et en s’appuyant
sur des consid´erations de conservation du volume. Nous allons voir comment cr´eer de tels
outils dans les paragraphes qui suivent.
Fig.3.8 – L’outil interagit avec l’objet sculpt´e lorsque leurs volumes s’intersectent. La mati`ere
est alors chass´ee hors du volume de l’outil.
3.3.2 Description des outils
Un outil, que ce soit la main de l’artiste ou bien un objet quelconque, est avant tout un
objet dans lequel l’argile ne peut p´en´etrer. C’est une zone de l’espace dans laquelle il ne peut
se trouver de mati`ere. Lorsque l’outil se d´eplace dans l’espace de travail, il peut arriver que de
la mati`ere, immobile pour l’instant dans l’espace de travail, se retrouve `a l’interieur du volume
de l’outil. La mati`ere va alors simplement ˆetre chass´ee vers l’ext´erieur de l’outil, comme si
celui-ci l’avait repouss´ee hors de son volume.
La premi`ere ´etape consistera donc `a extraire le fluide au sein de l’outil. Ensuite, il est
probable que le d´eplacement du fluide qui vient de se produire ait caus´e l’apparition d’exc`es
locaux de mati`ere, comme le d´eplacement de la membrane d’un haut-parleur peut g´en´erer une
surpression de l’air. Nous allons pouvoir utiliser la d´emarche de relaxation pr´esent´ee tantˆot
pour traiter le cas de cet exc´edent. L’exc`es de mati`ere va s’´ecouler jusqu’`a trouver un peu de
place libre pour se d´everser.
Chasser la mati`ere de l’interieur de l’outil peut ˆetre fait de diff´erentes fa¸cons. La plus
imm´ediate consiste `a retirer la mati`ere pr´esente `a l’int´erieur de l’outil, et la reverser dans les
cellules les plus proches situ´ees hors de l’outil. Cette solution pr´esente l’avantage d’ˆetre simple,
mais il faut prendre garde `a certaines choses. En particulier, si l’outil arrive rapidement au
contact de l’objet, et que l’on utilise le d´eplacement de l’outil pour chasser la mati`ere se
trouvant `a l’int´erieur de l’outil, on risque fort de la d´eplacer trop loin.
Une solution simple consiste `a d´ecomposer le mouvement de l’outil en plusieurs
mouve-ments de plus petite amplitude. ´Eventuellement, de discr´etiser le mouvement de l’outil en
une succession de d´eplacements ´el´ementaires sur la grille. De cette fa¸con, les d´eplacements ne
causeront jamais d’´ejection ind´esirable de la mati`ere `a une grande distance. Cette approche
peut cependant ˆetre un peu fastidieuse.
3.3.3 La relaxation pour chasser le fluide de l’outil
Nous avons pr´ef´er´e proc´eder diff´eremment, et utiliser ´egalement le processus de relaxation
pour chasser la mati`ere hors de l’outil. Nous avons dit que la mati`ere ´etait en exc`es dans une
cellule si elle d´epassait un certain seuil. Dans l’outil, ce seuil est simplement ramen´e `a 0 :
toute mati`ere `a l’int´erieur du volume de l’outil est en exc´edent, et doit ˆetre d´eplac´ee. Sur les
bords de l’outil, le seuil prendra une valeur diff´erente. En effet, les cellules concern´ees sont
seulement en partie occup´ees par le volume de l’outil, il reste donc un peu de place pour le
fluide.
Cette gradation du volume occup´e au niveau du bord de l’outil est importante si l’on
s’int´eresse `a l’´etat de surface de l’objet sculpt´e. En effet, si nous imposions que les cellules
soient uniquement soit vides, soit pleines, nous nous exposerions `a d’´eventuels probl`emes
d’aliasing. La surface obtenue aurait alors un aspect rugueux et anguleux. La gradation de
la place disponible dans les cellules fronti`eres assure `a la surface de l’objet sculpt´e un aspect
aussi lisse que celui de l’outil utilis´e.
3.3.4 Guidage de la relaxation
La d´emarche pr´esent´ee pr´ec´edemment pr´esente un inconv´enient important. En effet, la
relaxation assure que la mati`ere va sortir de l’outil, mais ne pr´ecise pas de quel cˆot´e elle va
le faire. La majorit´e de la mati`ere va ressortir l`a o`u la surface de l’outil est la plus proche,
mais une partie pourra traverser l’outil de part en part et se retrouver derri`ere lui. Cet effet
est bien ´evidemment gˆenant, puisque dans la r´ealit´e la mati`ere ne traverse pas l’outil, mais
est uniquement repouss´ee par ce dernier.
Afin de corriger cet inconv´enient, nous allons guider la mati`ere `a l’int´erieur de l’outil dans
la bonne direction. Plutˆot que de d´everser les exc`es de mati`ere selon les six directions, comme
c’est le cas habituellement, nous allons privil´egier certaines d’entre elles, et empˆecher le
mou-vement de la mati`ere selon certaines directions. Sur les bords de l’outil, seuls les d´eversements
vers l’ext´erieur du volume seront autoris´es. De cette fa¸con, on empˆeche ´egalement la mati`ere
de retourner `a l’int´erieur de l’outil lors de la relaxation : il fait office d’obstacle au d´eversement,
et le fluide est oblig´e de le contourner pour trouver de la place libre.
A l’interieur mˆeme de l’outil, on peut utiliser le mˆeme principe : les seules directions
auto-ris´ees sont celles qui am`enent la mati`ere vers l’ext´erieur. Il peut ˆetre int´eressant de privil´egier
´egalement les directions qui correspondent au mouvement de l’outil, de fa¸con `a ce que la
mati`ere soit bien repouss´ee en aval de ce dernier, plutˆot que lat´eralement. Utiliser
unique-ment la direction de d´eplacement de l’outil serait envisageable, mais cela se r´ev`ele p´enalisant
du point de vue du temps de calcul. En effet, tr`es souvent, la mati`ere repouss´ee par l’outil
devra de toute fa¸con par la suite le contourner pour trouver des cellules non remplies. Si
de la mati`ere entre profond´ement dans l’objet, il n’est donc pas choquant qu’une partie soit
´evacu´ee directement lat´eralement plutˆot qu’uniquement dans la direction du d´eplacement.
3.3.5 D´efinition de l’outil
Volume et espace occup´e
Les outils utilis´es sont donc essentiellement des volumes munis d’informations suppl´ementaires
indiquant les directions dans lesquelles la mati`ere doit s’´ecouler. Le volume est d´efini de la
mˆeme fa¸con que l’objet sculpt´e, par une fonction fo d´efinie sur l’espace qui prend la valeur 1
dans l’outil, d´ecroit rapidement jusqu’`a 0 au niveau de sa surface, et vaut 0 partout ailleurs. Il
est possible d’utiliser tant des repr´esentations analytiques que discr`etes pour d´ecrire la surface
implicite de l’outil.
Pour connaˆıtre la place disponible dans une cellule quelconque de l’espace de travail,
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Modélisation, suivi et simulation d'objets articulés et déformables. Application au modelage réel d'une argile virtuelle
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