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MATÉRIEL ET MÉTHODOLOGIE

5. Analyse descriptive 1 Province de Québec

5.1.2 Installations et traitements

Ce n’est qu’une minorité de centres d’hébergement publics québécois qui possède une clinique dentaire entre leurs murs (10,60 %) et la majorité d’entre elles (94 %) n’ont qu’une seule chaise de traitement. L’absence d’une salle dentaire aménagée est une des raisons rapportées par les dentistes pour justifier leur faible présence en centre d’hébergement. [8] Cette solution, qui semble pouvoir améliorer l’accès aux soins buccodentaires pour cette population fragile, est difficile à mettre en place en raison des coûts, de l’espace disponible et de la rentabilisation de l’utilisation des espaces. Seuls les centres d’hébergement de grande envergure peuvent se permettre une telle infrastructure. L’organisation des soins buccodentaires à l’aide d’équipement mobile est bien plus à la portée de tous les types d’établissement et par conséquent, plus une voie d’avenir pour les centres d’hébergement publics que l’établissement de clinique dentaire fixe. Les centres d’hébergement ne possédant pas de clinique dentaire dépendent donc uniquement des professionnels de la santé buccodentaire offrant des soins mobiles. C’est 44,85 % des centres d’hébergement publics québécois qui peuvent compter sur les soins buccodentaires mobiles afin d’améliorer leur offre de soins buccodentaires. Bien que cette étude n’ait pas recueilli de données sur les centres d’hébergement privés, il est manifeste que la proportion de centres d’hébergement offrant des soins à domicile est de beaucoup inférieure au milieu public. L’offre de soins mobiles est dépendante des infrastructures disponibles certes, mais moins que du nombre de professionnels offrant ce service. Il y a peu de dentistes qui, à l’heure actuelle, offrent ce genre de soins. Cependant, à la lumière des résultats de la présente étude, les services mobiles offerts par les professionnels de la santé buccodentaire québécois semblent assez efficaces et diversifiés. Une grande gamme de soins semble offerte à une proportion importante de centres d’hébergement. En effet, la majorité des soins buccodentaires curatifs de base est offerte par plus de la moitié des centres d’hébergement recevant des services de soins buccodentaires mobiles (examens buccodentaires = 99,26 %, détartrages = 75,56 %, extractions = 68,89 %, prothèses dentaires = 63,70 %, obturations = 62,22 %). Ainsi, bien que les professionnels de la santé

buccodentaire qui se déplacent en centres d’hébergement soient encore rares, ils ne se déplacent pas seulement pour faire du dépistage ou pour prescrire de la médication, mais bien pour offrir des traitements curatifs et prendre en charge au domicile les problèmes buccodentaires des aînés en perte d’autonomie. Cette diversité de traitement offerte à domicile contribue directement à améliorer l’accès aux soins buccodentaires pour cette population fragile et est une solution d’avenir qu’il faut envisager développer. Il faut cependant considérer que ces soins ne sont pas, pour le moment, étendus à l’ensemble des centres d’hébergement et ne sont offerts qu’à une minorité de résidents en centre d’hébergement. Le constat est que l’accès aux soins buccodentaires en centre d’hébergement public qui fait l’objet de cette étude, mais très certainement aussi à ceux d’administration privée, est encore nettement insuffisant pour combler adéquatement les besoins.

5.1.3 Professionnels

Les denturologistes sont les professionnels de la santé buccodentaire les plus présents en centre d’hébergement au Québec. En effet, un peu plus de la moitié des centres d’hébergement reçoit les services d’un denturologiste, majoritairement sur demande (57,48 %) plutôt que sur une base régulière. Considérant que 63,4 % des aînés en centre d’hébergement au Québec sont complètement édentés [37], il n’est pas surprenant que les denturologistes soient les plus demandés en centre d’hébergement. De plus, ils contribuent certainement à l’amélioration de l’état de santé buccodentaire des aînés en perte d’autonomie en optimisant leur mastication en réhabilitant les prothèses dentaires en place ou en fabriquant de nouvelles prothèses dentaires. Par contre, sachant que les aînés conservent leurs dents de plus en plus longtemps et qu’ils portent une importance de plus en plus grande à leur santé buccodentaire, il est préoccupant de savoir que plus de la moitié des centres d’hébergement publics ne reçoit la visite d’aucun dentiste et que la presque totalité (90 %) des centres d’hébergement n’accueille aucune hygiéniste dentaire. Ces chiffres sont comparables à ceux de l’étude de Chalmers et coll. conduite en 2001 en Australie dans laquelle 60 % des centres d’hébergement ont rapporté ne pas offrir les services d’un dentiste et à 94 % ne pas offrir les services d’une hygiéniste dentaire. [21] Par ailleurs, au Québec, les dentistes (33,89 %) ainsi que les hygiénistes dentaires (5,32 %) viennent majoritairement travailler en centre d’hébergement sur demande (dentiste = 16,28 %; hygiéniste dentaire = 3,99 %) plutôt que de façon régulière ce qui signifie que les soignants

attendent la manifestation d’un besoin (douleur, infection, fracture dentaire) avant de contacter un professionnel de la santé buccodentaire. Sachant que les aînés en perte d’autonomie ont de la difficulté à manifester leurs besoins et parfois à communiquer adéquatement, il est primordial d’instaurer un système de soins buccodentaires préventifs qui dépistent les problèmes buccodentaires précocement afin d’éviter de l’agitation, de l’agressivité, une malnutrition ou de l’infection qui peuvent avoir des conséquences considérables chez les aînés en perte d’autonomie, en plus d’être plus complexes à prendre en charge. De plus, ces observations signifient que les professionnels de la santé buccodentaire sont majoritairement appelés pour régler des urgences dentaires, qui auraient pu être réglées de façon plus conservatrice si le problème avait été abordé plus tôt.

5.2 Provinces hors Québec

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