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3 L E PÔLE DE L ’ OBJET DE SAVOIR

3.3 Le complément du nom (CN)

3.3.3 Le complément du nom, selon sa transposition didactique actuelle

3.3.3.2 Définition du CN selon la Progression des apprentissages (MELS,

3.3.3.3.1 Informations relatives au CN

L’information relative au CN extraite des ouvrages des grammaires de référence concerne 4 aspects différents du concept de CN, que nous présentons ici.

Dans un premier temps, 2 grammaires de référence sur 4 font la distinction entre le CN et l’expansion du nom. Dans chacun des cas, on distingue les deux concepts en spécifiant que les expansions du nom remplissent la fonction de CN. Dans les autres cas, l’expansion du nom n’est pas mentionnée, ni à l’index, ni dans le corps du texte, ce qui laisse supposer que chacune d’elles est traitée distinctement,

sans que l’on fasse une catégorie générique relative au noyau étendu. Si on considère que chaque groupe n’a qu’une catégorie, l’appellation expansion du nom n’est effectivement pas essentiel en termes d'analyse du concept de CN, étant donné que la fonction peut servir d’élément rassembleur pour identifier ces groupes, et que les groupes pouvant remplir la fonction peuvent être identifiés par leur catégorie (groupe adjectival, groupe du nom, groupe prépositionnel, subordonnée relative, subordonnée complétive, subordonnée participiale, subordonnée infinitive). Le terme expansion du nom sert plutôt à expliquer la présence d'un subordonné (Gobbe, 1995) par rapport à la notion de noyau. L'avantage du terme d'expansion, c'est qu'il permet une cohérence avec le reste de la théorie de la construction de la phrase, chaque groupe étant constitué d'un noyau et pouvant avoir des expansions (expansions du verbe, de l'adverbe, de l'adjectif, etc.). En contrepartie, le terme expansion du nom (tout comme celui de noyau) amène une difficulté supplémentaire aux élèves tentant de distinguer catégorie et fonction, alors qu'expansion n'est ni l’une ni l'autre en grammaire actuelle.

Dans un deuxième temps, le cas du CN détaché, avant ou après le nom, est toujours mentionné directement dans la section portant sur le CN. Dans ce cas, on mentionne que sémantiquement, le CN détaché a un caractère explicatif. Certaines informations syntaxiques peuvent aussi y être rattachées, comme la place dans la phrase, relativement au nom sujet (début de phrase, avant ou après le noyau, fin de phrase), ou le remplacement par une subordonnée relative pour distinguer le groupe CN du groupe complément de phrase. La grammaire actuelle emprunte donc à ce sujet la description de Gobbe plutôt que celle de la grammaire traditionnelle.

Évidemment, cette notion de virgules autour du CN détaché peut aussi causer une erreur relative à l’encadrement erroné d’un CN déterminatif, ou de l’absence d’encadrement d’un CN explicatif, ce qui n'est pas expliqué à la section portant sur les CN, dans les grammaires de référence, mais bien dans celle portant sur la ponctuation. Dans les quatre ouvrages de référence, on mentionne qu'un CN peut être détaché, mais sans expliquer pourquoi. Cette analyse est distincte de ce qui est

présenté dans Riegel et al. (2014), où on fait la distinction entre modifieur (expansion) du nom et modifieur (expansion) du GN. Ici, les deux ont été combinés.

Dans un troisième temps, toujours sous la rubrique « CN », toutes les grammaires de référence énumèrent les sortes31 de CN possibles. Dans tous les cas,

on énumère, comme le font Riegel et al. (2014), les quatre sortes les plus courantes, soit le groupe adjectival (p.e. « la tour illuminée », Laporte et Rochon, 2007, p.85), le groupe prépositionnel (p.e. « la tour de Londres », ibid.), le groupe du nom (p.e. « la tour Eiffel », ibid.) et la subordonnée relative (p.e. « la tour qui guide les avions », ibid.). À l'instar de Riegel, et al. (2014), elles mentionnent également la subordonnée complétive (p.e. « le fait que la tour de Pise penche » , ibid.), mais une seule indique qu’un groupe verbe infinitif peut avoir la fonction de CN (« Mon souhait, voir cette tour, se réalisera », ibid.). Tous indiquent aussi le groupe verbal participe (p.e. « La tour guidant les avions », ibid.). Finalement, dans la Grammaire pédagogique du français d’aujourd’hui (Chartrand et al., 2011) les auteurs ajoutent le cas du groupe adverbial CN (« des gens bien », p.135). Ces informations entrent dans la catégorie des savoirs déclaratifs et n’ont pas de répercussions directes sur une possibilité d’erreur en rédaction.

Dans un quatrième temps, toutes les grammaires donnent des indications quant à la valeur sémantique ou syntaxique du CN. En effet, toutes traitent du caractère effaçable du CN, mais selon un spectre de précision allant de « Les CN peuvent être supprimés » (Lecavalier, Lachance et Bonneville, 2011, p.45) à « Le complément du nom peut généralement être effacé; il est facultatif.» (Chartrand et al., 2011, p.116) en passant par « en effaçant les CN, on perd de l'information. Parfois, un CN peut même être indispensable au sens de la phrase » (Laporte et Rochon, 2007,

31 Étant donné que le terme catégorie est usuel pour représenter les classes de mots ou les groupes de

mots s'orchestrant autour d'un noyau, nous ne pouvons utiliser ce terme pour montrer la distinction catégorie-fonction. Pour éviter la polysémie, nous utiliserons à défaut d'un terme plus adéquat celui de sorte, afin d'inclure les catégories et les subordonnées, même si celui-ci n'est pas utilisé dans les ouvrages de grammaire consultés.

p.85). Cette dernière définition nous semble la plus précise, permettant de distinguer le comportement syntaxique du CN et l’impact sémantique de sa suppression.

En ce qui concerne les déplacements du CN, ils sont mentionnés par les auteurs, mais avec une précision variable. Si dans la Grammaire pédagogique du français d’aujourd’hui (Chartrand et al., 2011) on retrouve la plus grande précision quant au déplacement, avec une distinction entre le CN placé après le nom (généralement pas déplaçable) et celui placé avant le nom, qu’il soit détaché ou non (déplaçable), l’Express grammatical (Lecavalier, Lachance et Bonneville, 2011) se contente de mentionner que le CN « se place souvent après le nom » (p.45).

Il est à noter que rien n'est indiqué dans les grammaires de référence quant aux manipulations syntaxiques de l'ajout ou de remplacement des CN32. Cela est dû

au fait que ces grammaires se veulent descriptives et élaborent leur théorie autour de phrases déjà construites, et non de phrases à bonifier. Cela dit, l'ajout est sous- entendu lorsqu'on mentionne pouvoir effacer des CN (le contraire est donc aussi possible).

En résumé, on peut retenir que selon les grammaires de référence approuvées par le MELS (2013), le CN fait partie du groupe du nom, qu'il est l'expansion du nom noyau, et qu’il peut être détaché du nom qu’il complète lorsqu’il a une valeur explicative. Il peut être un groupe adjectival, un groupe prépositionnel, un groupe du nom ou une subordonnée relative, et, plus rarement, une subordonnée complétive, un groupe verbe participe, un groupe verbe infinitif ou un groupe adverbial. Il est syntaxiquement effaçable, bien qu’il soit parfois sémantiquement essentiel et on ne peut généralement pas le déplacer lorsqu’il est placé après le nom. Le déplacement est possible lorsqu’il est placé devant le nom, bien qu'on puisse

32 Sauf Chartrand et al. (2011), qui utilise le remplacement par une subordonnée relative pour parler du

groupe adjectival CN ou du groupe verbal participe.

parfois changer le sens. Voyons maintenant ce que l'information recueillie des grammaires révèlent pour les quatre principales sortes de CN33.