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MAIS UNE INFORMATION EXTRA FINANCIERE INEGALEMENT PRISE EN COMPTE PAR LES INVESTISSEURS

D ’ AUGMENTER SON UTILITE POUR LES

Condition 5 : Les entreprises ne peuvent que divulguer des informations exactes et véridiques

5 LE REPORTING EXTRA FINANCIER : REGLEMENTATION ET PRISE EN COMPTE P AR LES INVESTISSEURS

5.2 MAIS UNE INFORMATION EXTRA FINANCIERE INEGALEMENT PRISE EN COMPTE PAR LES INVESTISSEURS

Le Tableau 6 synthétise les travaux les plus récents qui analysent la prise en compte des informations extra financières par les investisseurs.

22 L’étude KPMG/UNEP (2010) est une actualisation d’une précédente étude, réalisée en 2006.

23 Les initiatives de régulation sont celles publiées par les Etats. Dans ce chapitre, nous nous limiterons aux réglementations et recommandations publiées par les Etats et visant à promouvoir et soutenir le reporting extra financier.

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TABLEAU 6 – SYNTHESE DES ETUDES EMPIRIQUES SUR LA PRISE EN COMPTE DES INFORMATIONS EXTRA FINANCIERES PAR LES INVESTISSEURS

Auteurs Objectif de l’étude empirique Méthodologie de l’étude empirique Résultats Saghroun et

Interviews de 25 analystes financiers et extra-financiers sous la forme d’entretiens semi-directifs, sur la période : fin 2003 – début 2004.

* La prise en compte des informations extra financières dans les décisions d’investissement est variable selon la nature de l’information (sociale, environnementale, gouvernance) et selon sa forme (financière ou non financière).

* Les informations sociales sont limitées à une valorisation financière car celles non financières sont difficiles à analyser.

* Les analystes financiers sont peu concernés par les informations environnementales sauf si une influence sur les coûts est envisagée ou si le secteur d’activité est sensible à l’environnement.

* La prise en compte des informations sur la gouvernance est variable en fonction des analystes.

Holm et

« expérimentés » et des investisseurs « novices ».

* Les informations environnementales peuvent potentiellement influencer les décisions d’investissement.

* Les investisseurs « expérimentés » prennent davantage en compte les informations environnementales dans leurs décisions d’investissement de court terme, tandis que les investisseurs « novices » les prennent davantage en compte dans une optique de long terme.

* Toute information environnementale supplémentaire est valorisée positivement dans les décisions

d’investissement.

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* L’impact de ces informations est peu significatif sur les décisions de portefeuille, lorsqu’elles sont

Etude de la relation entre le reporting environnemental et la performance financière, en analysant la pertinence de valeur des divulgations

environnementales financières et non financières.

Analyse des réactions du marché aux informations environnementales financières et non financières.

Echantillon de 44 firmes espagnoles cotées sur la période 1996-2004. La pertinence des informations

environnementales est mesurée par la capacité du reporting financier à capturer l’information qui a un impact sur la valeur des actions.

Etude de la réaction des analystes et du marché lorsque les sociétés publient des informations extra financières concernant l’évolution de ses produits et de son activité.

Analyse des communiqués de presse parce que ces annonces sont les plus à même de fournir des informations sur les flux futurs de produits et de bénéfices.

* Les divulgations extra financières améliorent la qualité et la quantité des informations présentes sur le marché financier.

* Ces divulgations entrainent une augmentation de la demande de services aux analystes, même si

l'information est largement disponible pour l'ensemble des participants au marché au moment où les firmes divulguent. Mise en évidence du rôle d’intermédiaire et de fournisseur d’informations joué par les

analystes.

Analyse des entreprises du SBF120 publiant un rapport DD ou consacrant une partie de leur rapport annuel au DD, en 2006.

Analyse de contenu (grille d’analyse adaptée des travaux d’Ernst et Ernst, 1978 ; Oxibar, 2003 et Cormier et al., 2005).

Mesure du niveau (quantité et qualité) des divulgations environnementales.

Les résultats obtenus quant à l’impact sur le coût des fonds propres des divulgations environnementales ne permettent pas de conclure à une baisse du coût des ressources de financement.

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De Villiers et van Staden (2010)

Etude de la prise en compte des divulgations environnementales par des actionnaires individuels originaires d’Australie, du Royaume-Uni et des Etats-Unis.

Contact des actionnaires individuels de manière aléatoire par e-mail par des associations d’actionnaires.

Questionnaire anonyme posté sur le site Internet.

Taux de réponse : 12,8% pour les Etats-Unis, 20,1% pour le Royaume-Uni et 20,7% pour l’Australie.

* La plupart des actionnaires exigent que des divulgations environnementales soient vérifiées.

* Les actionnaires demandent des informations environnementales car les dirigeants devraient être responsables envers eux des impacts sur l'environnement de leurs sociétés.

* Les actionnaires prennent en compte les informations environnementales dans leurs capitaux propres et la valeur de la firme, ainsi que sur la perception publique de la

performance environnementale des sociétés.

Analyse des rapports environnementaux, des rapports RSE et des sites Internet d’un échantillon de firmes américaines issues des 5 secteurs identifiés comme les plus polluants. Analyse sur 2 années séparées : 2003 et 2006. Utilisation d’un indice de divulgation basée sur le GRI.

Performance environnementale mesurée par les données d'émission toxiques réelles. Niveau de divulgation volontaire mesuré par le nombre de communiqués de presse.

* Il n’y a pas de lien entre les divulgations environnementales volontaires et le coût des capitaux propres ou la valeur de la firme.

* Les firmes utilisent les divulgations

Interviews de 19 analystes sell-side sur leur prise en compte du reporting environnemental et leur valorisation des risques environnementaux perçus.

* La prise en compte de l’importance des risques environnementaux par les analystes financiers est rare.

* Les informations narratives

environnementales sont souvent ignorées car considérées comme superficielles.

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Coram, Mock, et Monroe (2011)

Etude de l’impact des divulgations de la performance extra financière sur les processus de décision des analystes financiers et sur l’attention qu’ils prêtent à ces informations lorsqu’ils évaluent le cours d'actions performantes.

Interviews de 8 analystes financiers (AF). Protocole de 3 questions de recherche :

(1) Dans quelle mesure les AF utilisent-ils des indicateurs de performance extra financiers quand ils évaluent les entreprises ?

(2) La tendance des informations financières associées affecte-t-elle l'utilisation des indicateurs de performance extra financiers ?

(3) La tendance des informations financières affecte-t-elle la façon dont les informations extra financières sont traitées par les AF lors de l’évaluation d’une entreprise ?

* Les analystes financiers prennent en compte les indicateurs de performance extra financiers.

* Mais cette prise en compte est asymétrique : elle dépend de la tendance de l'information financière : les indicateurs de performance extra financière sont plus pris en compte quand l'information financière montre une tendance positive.

Dhaliwal et al. (2011)

Etude du bénéfice potentiel sur le coût des capitaux propres, procuré par les premières divulgations RSE.

Analyse des rapports RSE indépendants publiés pour la première fois par des firmes américaines sur la période 1993-2007.

* Les firmes ayant un coût du capital prévisionnel élevé tendent à initier une divulgation des activités RSE dans l'année en cours.

* Les firmes « initiantes » ayant une performance RSE supérieure (1) bénéficient d'une réduction conséquente de leur coût des capitaux propres et (2) attirent des

Etude du lien entre la performance RSE (notamment forces et préoccupations RSE de l’entreprise) et le coût d’émission de nouvelles obligations sur le marché obligataire

américain.

Echantillon de 4260 observations de 2317 firmes qui divulguent leur information RSE sur la période 1992–2009.

Les auteurs attribuent un point à chaque item lié à une force ou une préoccupation RSE. Le score de performance RSE de chaque firme est la différence entre son score total de forces et son score total de préoccupations. Un score RSE élevé indique une meilleure performance RSE.

* Un score RSE élevé est associé à une meilleure réputation de solvabilité et à des credit-spread plus faibles.

* Un score de forces RSE élevé est significativement associé à de meilleures réputations de solvabilité. De plus, le score de force RSE est négativement associé aux

credit-Page | 50

spread, alors que le score de préoccupations RSE y est positivement associé.

* Le lien entre la performance RSE et le coût de la dette est plus fort lorsque l'asymétrie d’information est plus importante et pour des émetteurs opérant sur des secteurs

écologiquement sensibles.

Elliott et al.

(2013)

Etude de la relation entre la performance RSE et les évaluations par les investisseurs de la valeur fondamentale de la firme.

Etude expérimentale : des étudiants en finance jouent le rôle des investisseurs évaluant la valeur fondamentale de la firme.

* En l’absence d’évaluation explicite de la performance RSE, l’évaluation de la valeur de la firme par les investisseurs augmente significativement avec la performance RSE.

* Une évaluation explicite de la performance RSE diminue significativement l’effet précédent, suggérant que celui-ci n’est pas intentionnel.

* La non évaluation explicite de la

performance RSE par les investisseurs a des conséquences sur les bids que ces investisseurs sont prêts à payer sur le marché financier.

Flammer (2013)

Etude de la sensibilité des actionnaires à l’empreinte environnementale des entreprises.

Etude d'événement autour de l'annonce de divulgations environnementales des entreprises cotées américaines de 1980 à 2009.

Hypothèse : la valeur environnementale de la RSE génère des ressources nouvelles et compétitives pour les

entreprises.

* Les entreprises rapportant un comportement environnemental sérieux ont une augmentation significative du cours de leur action.

* La valeur environnementale de la RSE dépend de modérateurs externes et internes : (1) les pressions externes, qui ont fortement augmentées durant les dernières années, renforcent la sanction pour un comportement éco-nuisible et réduisent la valorisation pour des initiatives écologiques ;

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(2) la valeur environnementale de la RSE est une ressource ayant une rentabilité marginale test des hypothèses de la théorie de la divulgation volontaire selon lesquelles une décision de divulgation optimale devrait produire un bénéfice net pour les actionnaires et ce bénéfice devrait diminuer quand l’information devient publique.

Etude d’évènement autour de l’annonce de divulgations volontaires effectuées par les managers au travers de l’Agence de Presse CSRwire.

* Les décisions de divulgation volontaire des managers impliquant des émissions de gaz à effet de serre produisent des rentabilités positives pour les actionnaires.

* Cet effet varie négativement avec la taille de l'entreprise et la disponibilité publique de

Etude basée sur un échantillon de 491 observations

d’entreprises (sociétés anonymes des Pays-Bas) par an entre 2004 et 2012.

* Les entreprises ayant une bonne performance RSE, des besoins financiers externes

importants et une gouvernance d’entreprise forte tendent à fournir des divulgations RSE de qualité supérieure.

* En retour, ces entreprises bénéficient d’une plus grande couverture des analystes

financiers, des niveaux plus élevés

d’actionnaires institutionnels, d’une liquidité des actions plus grande.

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Plumlee et al.

(2015)

Etude de la relation entre la qualité des divulgations environnementales volontaires et les composantes de la valeur de la firme : les cash-flows futurs (CF) espérés et le coût du capital.

Analyse des divulgations environnementales volontaires de firmes américaines sur la période 2000-2005, appartenant à 5 secteurs sensibles ou non à l’environnement.

Qualité des divulgations environnementales volontaires mesurée par un indice basé sur le GRI. Qualité de la divulgation classée par type (type dur/doux) et par la nature de l’impact sur les questions environnementales (lien positif/neutre/négatif).

* Une qualité élevée des divulgations environnementales a un impact positif sur les anticipations de CF, après contrôle de la performance environnementale.

* Le lien entre la qualité des divulgations et les CF futurs espérés varie en fonction du type et de la nature de la divulgation. Lorsque la variation de la qualité est significative, les divulgations de qualité élevée sont associées à des CF futurs attendus plus élevés.

* Le lien entre la qualité des divulgations et le coût des capitaux propres est variable en fonction de la nature de l’impact des divulgations sur les questions

environnementales.

Page | 53 Ces travaux montrent une certaine évolution dans le comportement des investisseurs. Ils mettent également en évidence une prise en compte inégale de l’information extra financière.

Alors que les travaux de Clarkson et al. (2008) et de Déjean et Martinez (2009) concluent à une absence d’impact des divulgations environnementales des entreprises étudiées sur leur coût des fonds propres et/ou sur leur valeur ; les travaux plus récents de Dhaliwal et al. (2011) et Plumlee et al. (2015) montrent un lien entre divulgations RSE et coût des capitaux propres : les entreprises qui ont une bonne performance RSE bénéficient d’une baisse du coût de leurs capitaux propres. Ge et Liu (2012) montrent que le credit-spread (la prime de défaut exigée par les prêteurs) diminue avec le score RSE, ce qui suggère que les prêteurs considèrent que l’entreprise est d'autant moins risquée quand elle est impliquée en matière de RSE. Flammer (2013) observe quant à elle une augmentation du cours des actions des entreprises ayant un comportement environnemental sérieux. Griffin et Sun (2013) montrent que le marché réagit positivement aux divulgations extra financières volontaires. Enfin, Dong et al. (2015) montrent que les entreprises qui publient des informations RSE de qualité bénéficient d’une plus grande couverture des analystes financiers, des niveaux plus élevés d’actionnaires institutionnels et d’une liquidité plus grande de leurs actions. Il semble donc, au travers de ces travaux, que le comportement des investisseurs ait évolué au cours des années : ils prennent de plus en plus en compte les informations extra financières dans leurs décisions d’investissement.

Cependant, la prise en compte de l’information extra financière par les investisseurs reste inégale. Cette prise en compte dépend :

De la nature de l’information : sociale, environnementale ou gouvernance (Saghroun et Eglem, 2004; de Villiers et van Staden, 2010; Plumlee et al., 2015).

De la forme de l’information : financière/quantitative ou non financière/narrative (Saghroun et Eglem, 2004; Moneva et Cuellar, 2009; Campbell et Slack, 2011;

Coram, Mock, et Monroe, 2011; Plumlee et al., 2015).

Du type d’investisseur (Holm et Rikhardsson, 2008; Nichols et Wieland, 2009).

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De la tendance de l’information financière : favorable ou défavorable (Coram et al., 2011).

De la taille de l’entreprise (Griffin et Sun, 2013).

De la sensibilité à l’environnement du secteur d’activité de l’entreprise (Ge et Liu, 2012).

Nichols et Wieland (2009) montrent par ailleurs que la publication d’informations extra financières entraine une augmentation de la demande de service des analystes, ce qui suppose que les investisseurs non expérimentés ne sont pas capables d’analyser seuls cette information.

Ces résultats sont corroborés par l’étude effectuée par l’IFAC (International Federation of Accountants) en 2012 selon laquelle les investisseurs tendent à marginaliser les informations extra financières car elles ne répondent qu’imparfaitement à leurs attentes en termes de pertinence, de cohérence et de comparabilité ; ces critères permettant d’améliorer l’utilité et la transparence du reporting.

Le fait que les investisseurs intègrent peu les informations extra financières peut paraître surprenant compte tenu d’une part, de l’impact potentiel des activités sociales, environnementales et éthiques de l’entreprise en matière de création de valeur ; et d’autre part, de la conscience de cet impact par les investisseurs eux-mêmes.

5.3 POURTANT LES INVESTISSEURS SEMBLENT RECONNAITRE