4. L’hypothalamus, structure ventrale du diencéphale
4.1. Induction de l’hypothalamus
L’hypothalamus dérive de la région rostroventrale du cerveau antérieur et constituera la partie ventrale du diencéphale. L’hypothalamus sera le siège des régulations neuroendocriniennes du cerveau comme le rythme circadien, l’appétit, la soif et les sécrétions hormonales. L’hypothalamus est constitué d’une douzaine de domaines ou noyaux qui vont réguler les fonctions endocriniennes de façon synchrone. Par exemple, c’est grâce à de multiples connections entre les noyaux hypothalamiques que les cycles circadiens sont intimement liés à l’alimentation et au métabolisme énergétique (Gooley et al., 2006).
4.1. Induction de l’hypothalamus
Le développement de l’hypothalamus est très bien conservé chez les vertébrés et nécessite l’induction de nombreux types cellulaires. Comme pour la plupart des autres régions ventrales du système nerveux central ce sont les signaux Shh, Nodal, BMP et Wnt qui permettent la mise en place de l’hypothalamus présomptif puis la différenciation des
précurseurs hypothalamiques.
4.1.1. Rôle de SHH, BMP7 et TBX2
D’une part, il a clairement été démontré que lors de la perte de la signalisation Shh, le diencéphale présente une réduction de sa taille et une absence des structures ventrales, dont les précurseurs hypothalamiques (Chiang et al., 1996; Ishibashi and McMahon, 2002). Inversement une augmentation de l’activité Shh chez le poissonzèbre induit une expression ectopique de marqueurs hypothalamiques (Rohr et al., 2001). De plus, ce sont les
38
Figure 13. Représentation schématique de la formation de l’hypothalamus.
L’action coordonnée de SHH, BMP7 et les antagonistes des BMP, CHORDIN et NOGGIN, est nécessaire à l’induction des précurseurs hypothalamiques (Préc. Hyp.). De même, NODAL, SHH et BMP7 sont essentiels à l’expression de Nkx2.1 dans le diencéphale ventral pour le développement de l’hypothalamus prospectif. Un gradient de signalisation antéropostérieur des Wnt permet d’établir la division entre les précurseurs hypothalamiques et les cellules du plancher neural.
PPc : plaque préchordale ; Nt : Notochorde ; ZLI : zone limitans intra thalamica
expressions coordonnées de Shh et Bmp7 qui imposent un caractère ventral aux cellules de la ligne médiane rostrale précédemment induites par Shh (Figure 13) (Dale et al., 1997). De plus, Bmp7 est également capable d’induire l’expression de Nkx2.1. Ce dernier va lui même jouer un rôle dans la maintenance de l’expression de Shh au sein de l’hypothalamus et est considéré comme le marqueur ventral de l’hypothalamus en développement (Figure 13) (Brand et al., 1996; Dale et al., 1997; Manning et al., 2006; Marin et al., 2002; Sussel et al., 1999).
Par ailleurs, Shh et Bmp7 sont également exprimés au niveau de la notochorde mais cela ne conduit pas à une différenciation des cellules de la ligne médiane ventrale caudale en précurseurs hypothalamiques. Cette différence est due à l’expression d’inhibiteurs de Bmp7, CHORDIN et NOGGIN (Figure 13). En effet, chez les double mutants Chordin/ ;Noggin+/, on observe un phénotype restreint au niveau de la tête de sévérité variable d’HPE (Bachiller et al., 2000 ; Anderson et al., 2002). En absence des antagonistes des BMP au niveau de la plaque préchordale, l’activité BMP est augmentée, provoquant une désorganisation des tissus antérieurs. La production des antagonistes CHORDIN et NOGGIN est donc essentielle au statut de centre organisateur de la plaque préchordale pour le diencéphale.
Plus généralement, les BMP vont inhiber l’expression de Shh et activer l’expression de Fgf10 au niveau de la ligne médiane ventrale postérieure de l’hypothalamus (Manning et al., 2006). Pour cela, la voie des BMP va activer le gène Tbx2 codant pour un répresseur transcriptionnel de Shh (Pontecorvi et al., 2008). Manning et collaborateurs (2006) suggèrent de plus que la diminution d’expression de Shh au niveau de la ligne médiane est nécessaire à l’arrêt transitoire du cycle cellulaire de progéniteurs leur conférant plus tard une activité proliférative expansive.
4.1.2. Action de Nodal
Des mutations des composants de la voie Nodal chez le poissonzèbre provoquent des phénotypes similaires aux phénotypes des souris mutantes pour Shh tels que la cyclopie et l’absence de structures hypothalamiques (Schier and Shen, 2000). De plus, chez ces mutants, l’expression ectopique de Shh n’est pas suffisante pour récupérer la perte d’expression de Nkx2.1, gène spécifique de l’hypothalamus (Figure 13). Ceci suggère que
Shh ne peut pas induire seul l’hypothalamus (Rohr et al., 2001). Toujours chez le poisson zèbre, il a été démontré que le promoteur de Shh contenait des éléments activateurs
40
répondant à la signalisation Nodal qui pouvaient réguler son expression dans les cellules neuronales (Muller et al., 2000).
D’autre part, la signalisation Nodal serait nécessaire à la migration des précurseurs hypothalamiques de la zone ventriculaire vers les différents noyaux qui composent l’hypothalamus mais ce rôle reste encore controversé (Mathieu et al., 2002).
4.1.3. Rôle du gradient Wnt
Manning et collaborateurs (2006) ont montré que l’expression du gène Tbx2 dépendait de la voie des BMP au niveau de l’hypothalamus prospectif. Cependant, comme démontré chez le poissonzèbre, un gradient d’inhibition de la voie Wnt semble déterminer le destin cellulaire hypothalamique (Kapsimali et al., 2004). En effet, l’utilisation d’un antagoniste de la voie Wnt (WIF : Wnt inhibitory factor) est suffisante pour restaurer l’expression de Tbx2 au niveau d’explants où la signalisation BMP est bloquée. Les auteurs suggèrent que la voie des BMP pourrait inhiber l’activité Wnt au niveau de l’hypothalamus. Par ailleurs, la déficience pour les molécules antagonistes de Wnt ou de répresseurs transcriptionnels de Wnt provoque des défauts de spécification du cerveau antérieur incluant l’hypothalamus. Seules les régions postérieures du tube neural seront observées confirmant un rôle de la voie Wnt au niveau de la région antérieure du tube neural (Hoch et al., 2009).