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SECTION I. Description générale des données

SECTION 2. Statistiques descriptives générales

2.2. Concurrence ex-post et prix de l’eau

2.2.2. Indice d’Herfindhal et prix de l’eau

Les parts de marché de chaque opérateur calculées à partir des régions Rhône- Méditerranée-Corse et Adour-Garonne sont retracées dans le tableau 5 (voir page suivante).

Tableau 5 : population desservie et parts de marché des principaux opérateurs Opérateur Population desservie

(RMC et AG) Parts de marché (RMC et AG) Parts de marché (national) Véolia 5.788.583 41,50 56 Suez 4.612.226 33 29 Saur 2.136.728 15,30 13 Indépendants 1.430.579 10,20 2 Total 13.968.117 100 100 Sources : IFEN, DGS,

Agences de l’Eau Rhone-Méditerranée-Corse (RMC) et Adour-Garonne (AG), conseil de la Concurrence

La deuxième colonne de ce tableau donne le nombre d’habitants desservis par chaque opérateur dans les bassins RMC et AG. On en déduit alors facilement les parts de marché correspondantes de chaque catégorie d’opérateurs (3e colonne). Enfin, la dernière colonne nous permet d’établir une comparaison avec la structure du marché au niveau national telle que décrite par le conseil de la Concurrence en 2000. Nous constatons que sur le bassin RMC et AG, la part de marché du groupe leader (Véolia) est de 14,5 points plus faible qu’au niveau national. Cette baisse profite à ses concurrents directs, mais surtout aux petits exploitants indépendants qui bénéficient dans cette région d’une part de marché cinq fois plus élevée qu’au niveau national46.

Cela dit, ces moyennes ne reflètent pas forcément la concurrence entre opérateurs au niveau local. Ainsi, les exploitants indépendants sont bien implantés dans certains départements mais sont totalement absents dans d’autres. La concentration des opérateurs est donc plus ou moins forte selon le département comme le montre le graphique 1 de la page 9647. Ce graphique indique que les indices de concentration les plus faibles sont à mettre au bénéfice de la Dordogne (25,75%), des Landes (26,46%) et de l’Isère (27,3%) alors que les départements dans lesquels la concentration est la plus forte sont la Haute-Garonne (75,49%), les Hautes-Alpes (87,15%) et le territoire de Belfort (100%). La question qui se

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De nombreuses firmes indépendantes sont implantées dans cette région. Nous pouvons notamment citer la SOGEDO, AGUR, ALTEAU, ou RUAS.

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L’échantillon servant de base aux tests économétriques effectués dans la troisième partie de ce travail, et qui vient d’être présenté, comporte 1066 observations. Néanmoins, dans un soucis de préservation de l’information, toutes les statistiques sur les prix moyens départementaux ont été calculées sur un échantillon plus large de 1601 observations, c’est-à-dire la totalité des informations disponibles pour les 41 départements de la base réduite. En effet, certaines variables comportant des valeurs manquantes ont fait chuter le nombre d’observations dans la base réduite à 1104 communes. Cependant, le prix est une variable qui a été renseignée de manière exhaustive par toutes les communes de la base IFEN. De plus, le nombre d’observations disponibles par département dépassant rarement les 50, les moyennes départementales sont donc calculées à chaque fois à partir d’échantillons restreints, ce qui augmente la nécessité d’économiser de l’information.

pose est de savoir si les régions pour lesquelles la concentration est la plus forte admettent également des prix plus élevés.

Graphique 1 : classement des indices départementaux d’Hefindhal par ordre croissant

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

Sources : IFEN, DGS, Agences de l'Eau Rhône-M éditerranée-Corse et Adour-Garonne

Un indice d’Herfindhal faible est synonyme de faible concentration des opérateurs, et donc a priori de forte concurrence potentielle entre les exploitants. Autrement dit, le prix de

l’eau devrait croître lorsque l’on se déplace vers la droite du graphique 2 (page 97). Or, d’après ce graphique, on constate plutôt une relative stabilité du prix de l’eau qui ne semble pas être corrélé avec le Herfindhal. En séparant notre échantillon en deux catégories, une première regroupant les départements faiblement concentrés (Herfindhal inférieur à 50%) et une deuxième regroupant les départements fortement concentrés (Herfindhal supérieur à 50%)48, nous observons un prix moyen des services en délégation de 166,28 euros lorsque la concentration est inférieure à 50% contre 155,53 euros quand la concentration dépasse 50%, soit une différence de prix de l’ordre de 10,75 euros. Les régions les plus concentrées paient donc l’eau en moyenne près de 7% plus cher.

Si on calcule à présent, au niveau de chaque département, l’écart entre le prix moyen pour les services en délégation et le prix moyen pour les services en régie, il semble en

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Notre échantillon comporte presque autant de départements avec un indice d’Herfindhal inférieur à 50% (21 départements) que de départements avec un indice d’Herfindhal supérieur à 50% (20 départements).

revanche clair que les écarts de prix les plus importants se trouvent à mettre du côté des départements ayant les indices de concentration les plus élevés (graphique 3).

Graphique 2 : prix moyen de l’eau par département (classés par ordre croissant d’indice d’Herfindhal) 0 50 100 150 200 250

Sources : IFEN-DGS-Agences de l'Eau Rhône-M éditerranée-Corse et Adour-Garonne

Graphique 3 : prix moyen délégation - prix moyen régie calculé par département (classés par ordre croissant d'indice de concentration)

-40 -20 0 20 40 60 80 100

Le graphique 3 semble indiquer que la probabilité d’observer un écart important entre le prix moyen des services en délégation et le prix moyen des régies augmente lorsque l’on se trouve dans des départements où la concentration est forte. Ce résultat est davantage visible si on regroupe les informations du diagramme dans le tableau 6 :

Tableau 6 : écart entre le prix moyen des délégations et le prix moyen des régies selon l’indice d’Herfindhal

Herfindhal < 50% ( 21 départements) Herfindhal >50% (20 départements) Ecart de prix Nombre de départements Ecart de prix Nombre de départements

Négatif ou <20 euros 7 Négatif ou <20 euros 6

Entre 20 et 40 euros 10 Entre 20 et 40 euros 5

>40 euros 3 >40 euros 9

>60 euros 1 >60 euros 7

>80 euros 0 >80 euros 1

Ce tableau confirme que les écarts de prix les plus significatifs (supérieurs à 40 euros) ont une probabilité plus forte d’être observés dans les départements à indice de concentration élevé (Herfindhal supérieur à 50%). En revanche, les écarts de prix les moins importants (inférieurs à 40 euros) concernent principalement les départements à faible indice d’Herfindhal. Par exemple, lorsque le Herfindhal est inférieur à 50%, on observe 17 départements avec un écart de prix inférieur à 40 euros contre 11 seulement lorsque le Herfindhal est supérieur à 50% Enfin, une dernière statistique fait apparaître un écart de prix moyen de l’ordre de 36,05 euros pour les 20 départements avec un indice de concentration inférieur à 50% contre 43,5 euros pour les 20 départements ayant la concentration la plus forte, soit une différence de 7,5 euros.

Au total, au vu de cette analyse statistique, il est possible de déceler un lien entre indice d’Herfindhal et prix de l’eau. On observe notamment que la probabilité d’avoir un écart de prix important entre régie et délégation dans un département est d’autant plus forte que la concentration du marché au sein de ce département est conséquente.

Il convient néanmoins de relativiser ce résultat pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le nombre d’observations dont nous disposons dans chaque département est limité (en moyenne 37 tout mode organisationnel confondu). Ensuite, le département n’est pas nécessairement la délimitation la plus pertinente lorsque l’on étudie la concurrence à un niveau géographique. En effet, l’implantation des opérateurs en France s’est effectuée selon

une logique de territoire comme l’illustre très bien la carte suivante établie pour le département du Cher :

Toute la région Sud du département est dominée par le groupe Véolia (départements en rouge et en jaune, la CEO, Compagnie des Eaux et de l’Ozone, étant l’une des filiales du groupe) alors que la région Est est dominée par le groupe Saur. Les observations en blanc se réfèrent aux communes qui ont opté pour la régie. Cette répartition des opérateurs en « blocs » distincts s’observe également sur un plan national. La stratégie des firmes consiste à étendre leur zone d’influence géographique. A ce titre, la concurrence a davantage de chance de jouer aux frontières des territoires des firmes. Or, cette frontière ne correspond pas forcément aux limites administratives des départements. L’indice de concentration que nous avons calculé n’est donc qu’une approximation de la concurrence « aux frontières ». Plus la concentration est faible et les opérateurs nombreux dans un département, plus forte est la

probabilité de trouver des communes situées à la frontière de la zone d’influence de deux ou plusieurs opérateurs, et donc plus la concurrence ex-post est susceptible d’être efficace et

donc, les prix faibles. Enfin, le Herfindhal est biaisé dans le sens où il ne tient pas compte de la concurrence potentielle entre mode organisationnels (régie et délégation). Or, dans certains départements, notamment dans ceux où les régies sont nombreuses, c’est davantage la concurrence entre modes d’exploitation qui est susceptible de faire baisser les prix. D’où la nécessité de compléter le Herfindhal par notre deuxième indicateur de concurrence ex- post, en l’occurence la proportion de la population dans chaque département desservie par

une exploitation en régie (variable CONCREGIE).