• Aucun résultat trouvé

Incidence et données épidémiologiques

Dans le document en fr (Page 71-73)

I. Données cliniques et épidémiologiques

2. Incidence et données épidémiologiques

La prééclampsie est une pathologie placentaire répandue, qui touche environ 3 % des

femmes enceintes dans le monde, d’après les études basées sur le plus grand nombre de

grossesses suivies (Klungsøyr et al., 2012; WHO, 2005), soit environ 20 000 femmes par an en France. L’hypertension gravidique constitue la 2ème ou 3ème (selon les périodes étudiées)

cause de mortalité maternelle en France (15 % des morts maternelles, les hémorragies étant

la 1ère cause avec 35% des cas). La prééclampsie (cas diagnostiqués) explique environ 30% des cas de morts maternelles suite à une hypertension gravidique (environ 10 cas chaque année) (Benbassa et al., 2006; Saucedo et al., 2010). Malheureusement, de nombreuses études ne distinguent pas la prééclampsie de l’éclampsie. En France, l’éclampsie représente à elle seule environ 45 % des cas de morts suite à une hypertension gravidique, sans que l’on sache vraiment si elle intervient suite à une prééclampsie ou non. Si l’on considère que la majorité des cas intervient suite à une PE, environ 75 % des cas de morts suite à une hypertension gravidique seraient alors attribuable à cette pathologie. Il est important de noter que dans les pays en voie de développement, la prééclampsie et l’éclampsie peuvent être responsables de 20 à 30 % des cas de morts maternelles (Chelli et al., 2009; Ezugwu et al., 2009). Ainsi, en 2000, 63 000 femmes seraient mortes suite à une prééclampsie/éclampsie dans le monde (WHO, 2005). Et on estime que chaque année, 40 000 à 50 000 morts maternelles sont imputables à cette pathologie (Ghulmiyyah and Sibai, 2012).

On estime que 25 % des cas de PE sont sévères et 5 à 10% de ces cas de PE sévères auront des complications graves (Sibai, 2004). Concernant les complications maternelles citées dans le paragraphe précédant, l’éclampsie complique environ 2 % des PE, le syndrome HELLP environ 20 % des PE sévères (Mehrabian et al., 2012), la coagulation

63 intra-vasculaire disséminée 10 à 20 % et l’insuffisance rénale 1 à 5 % (Bhattacharya and Campbell, 2005).

Concernant les complications fœtales, on estime qu’environ 25 % des prééclampsies sont accompagnées d’un RCIU (Villar et al., 2006). Pour ce qui est de la mortalité fœtale, celle-ci a particulièrement diminué dans les pays occidentaux grâce à la généralisation de

l’induction de la naissance (induction du travail et césariennes), et à l’amélioration de la prise

en charge des nouveau-nés prématurés. Ainsi, en Norvège, les déclenchements et les césariennes avant γ7 semaines d’aménorrhée sont passés de 8 % entre les années 1967 et 1978 à presque 20 % entre les années 1991 et 2003 (Basso et al., 2006). Les délivrances par césarienne ont particulièrement augmenté en cas de prééclampsie, passant de 13% dans les années 1970 à 37% dans les années 2000. Au cours de ces 40 années, les cas de morts in utero ont diminué d’un facteur 10 (et le risque de morts in utero en cas de PE par rapport aux grossesses sans PE est passé de 4 à 1,3). Quant à la mortalité néonatale, elle a été divisée par 7 et son risque en cas de PE est passé de 2 à 1,5 (Klungsøyr et al., 2012). Il faut cependant noter que la Norvège est un des pays européens où la prise en charge de la femme enceinte et du nouveau-né est particulièrement efficace, ce qui se traduit par des mortalités maternelle et

fœtale deux fois moindre qu’en France (Zeitlin et al., 2008).

Ainsi, la prise en charge médicale maternelle et néonatale fait de la prééclampsie une cause importante de prématurité induite. Environ 15 % des naissances prématurées font ainsi suite à une prééclampsie dans les pays occidentaux (Roberts and Lain, 2002). La mortalité périnatale est fortement dépendante du poids de naissance et la PE serait responsable d’environ 10% des cas de mortalité périnatale (au Royaume Uni, la prééclampsie

serait ainsi responsable d’environ 1 000 morts de nouveau-nés par an).

Le suivi des femmes ayant développé une prééclampsie et des enfants nés d’une

prééclampsie ont aussi révélé des conséquences à long terme.

Concernant les mères, l’occurrence de maladies cardiovasculaires est plus élevée

chez les femmes ayant eu une prééclampsie. Cependant, deux éléments se confondent très probablement : les femmes prédisposées à développer des maladies cardiovasculaires seraient également prédisposées à développer une prééclampsie (facteurs de risque communs) ; la prééclampsie pourrait fragiliser le système cardiovasculaire, ce qui favoriserait le développement futur de maladies cardiovasculaires. Dans tous les cas, la prééclampsie est

64 maintenant reconnue comme un facteur de risque pour le développement de maladies cardiovasculaires. En effet, grâce à un suivi de plus de 10 ans, il a été montré que les femmes ayant eu une prééclampsie ont 4 fois plus de risque de développer une hypertension que les

femmes ayant eu une grossesse non compliquée. Leur risque d’insuffisance cardiaque est multiplié par 1,8, celui d’une attaque vasculaire cérébrale par 1,5, celui d’une embolie

thrombotique par 1,6 (Lykke et al., 2009).

En ce sens également, avec un suivi d’environ γ0 ans, il a été montré que les femmes ayant développé une prééclampsie avaient un risque 3,2 fois supérieur d’avoir une

insuffisance rénale sévère (stade terminal) par rapport aux femmes ayant eu une (ou des)

grossesse(s) non compliquée(s) (Vikse et al., 2008). Et dans ce cas, il semble que ce soit bien lié à la prééclampsie en elle-même et non à la co-ségrégation de facteurs prédisposant aux deux conditions (Vikse et al., 2012).

Concernant les enfants nés suite à une prééclampsie, il est difficile de séparer ce qui est purement dû à la prééclampsie de ce qui est lié à la naissance prématurée et/ou au petit poids de naissance. Il est bien établi que les enfants prématurés et/ou de petits poids de naissance ont un risque accru de développer un syndrome métabolique (association d’au moins 3 des critères suivants chez la même personne : hyperinsulinémie, hypercholestérolémie avec taux de cholestérol HDL bas, hypertension, excès de poids, hyperglycémie), avec l’idée d’une programmation fœtale (Abitbol and Rodriguez, 2012; Rinaudo and Wang, 2012). Cependant, même les enfants nés à terme d’une mère ayant développé une prééclampsie sont à risque pour différentes maladies, telles que les pathologies métaboliques, endocrines et nutritionnelles (Wu et al., 2009), mais il n’est pas exclu que cela soit lié à un plus petit poids de naissance. Car s’il a été montré que la plupart des enfants nés à

terme d’une grossesse prééclamptique ont un poids normal pour leur âge gestationnel (Xiong et al., 2002), ce ne sont pas seulement sur ces cas (qui correspondent aux formes les moins graves de la maladie) qu’ont été réalisées les études à long terme.

Dans le document en fr (Page 71-73)