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Chapitre VI Evaluation à l’échelle du périmètre d’étude

VII- 1 Quels impacts d’un déploiement de clôtures fixes sécurisées et de chiens sur les usages des

Dans le scenario 1, aucune surface ne serait abandonnée. En revanche, les parcours utilisés aujourd’hui seraient tous enceints de clôtures fixes sécurisées, dans un damier de parcs de 25 ha au maximum. Ces équipements devraient modifier de façon importante le multi-usage de ces espaces de parcours.

a- Impact des moyens de protection sur le comportement de la faune sauvage et les activités de chasse

Le périmètre présente des populations d’ongulés sauvages, en particulier sanglier, cerf, chevreuil et mouflons, intéressantes pour l’activité de chasse, inégalement réparties dans l’espace (encadré F). Ces populations d’ongulés montrent une dynamique positive, avec une augmentation des plans de chasse, alors que les populations de petits gibiers sont en décroissance (voir encadré G).

Les clôtures fixes sécurisées que nous avons choisies n’arrêteraient pas strictement les grands ongulés sauvages : chevreuils, cerfs et mouflons sautant par-dessus 1m20 et sangliers étant capables de démolir même les clôtures les plus tendues (Source : entretien auprès de la Fédération Départementale de la Chasse, FDC 12). Néanmoins, elles seraient susceptibles de modifier profondément la répartition de ces animaux sur cet espace. En leur décourageant l’accès à de grands espaces de parcours, ces clôtures fixes sécurisées les inciteraient à se reporter sur des parcelles cultivées, plus facilement accessibles, occasionnant une recrudescence des dégâts (cf. encadré G). A cela se rajouterait l’impact non négligeable des nombreux chiens de protection sur la faune sauvage : dans la mesure où leur travail est fondé sur l’instinct cadré par l’éducation initiale, et non sur les ordres d’un maître, ces chiens sont susceptibles de chasser tous animaux approchant l’enveloppe du troupeau.

La pose massive de clôtures fixes sécurisées et le déploiement de chiens de protection aurait également des conséquences sur la pratique de la chasse de manière générale, en lien en particulier avec l’utilisation de chiens courants dans cette activité. Le contact avec une clôture électrifiée traumatise un chien de chasse pour plusieurs heures, le rendant inapte à la poursuite du gibier. Par ailleurs, les chiens de protection pourraient avoir des comportements agressifs vis-à-vis de chiens

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courants pénétrant dans leur espace de surveillance pour suivre un animal sauvage et les bagarres potentielles seraient probablement au désavantage de ces derniers, qui lancés sur une piste se préoccupent surtout de leur traque.

Encadré F : Répartition des populations d’ongulés dans le périmètre d’étude

Le département de l’Aveyron présente des populations d’ongulés sauvages, en particulier sanglier, cerf, chevreuil et mouflons, intéressantes pour l’activité de chasse. Si toutes ces espèces sont présentes sur l’ensemble du territoire départemental, elles sont inégalement réparties. Le cerf est plutôt concentré dans le nord (Aubrac), le chevreuil dans les zones bocagères et les sangliers sur les Grands Causses. Si le sanglier est présent dans l’ensemble du périmètre d’étude des 45 communes, cerfs et mouflons sont présents uniquement à l’est alors que l’ouest de la zone est surtout caractérisé par la présence du chevreuil (figure 7.1).

Figure 7.1 : Présence du cerf élaphe, du mouflon et du chevreuil dans le périmètre d’étude

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b- Impact des moyens de protection sur le patrimoine et les activités de pleine nature Le périmètre est également un espace d’activités de pleine nature, attirant chaque année un grand nombre de touristes. Cet afflux est compliqué à estimer et à suivre (Source : entretien au PNR des Grands Causses), mais il peut s’apprécier par un certain nombre d’éléments. Plus d’une cinquantaine de chemins de randonnée (en ne comptant que ceux gérés par le PNR des Grands Causses, présentés sur le site http://rando.parc-grands-causses.fr) sillonnent le périmètre d’étude, empruntés à pied, à cheval, en vélo. Des événements associant dimensions culturelles et sportives ont lieu dans le périmètre tel le festival des Templiers, avec ses différents trails et marathons, qui se déroulent chaque année depuis 20 ans sur les Causses Noir et Larzac (http://www.festivaldestempliers.com/). Ces évènements ont un gros impact économique, y compris sur le secteur agricole, puisqu’y sont souvent proposés, par exemple, des repas du terroir. Dans le périmètre d’étude, l’écotourisme est également très présent, avec un certain nombre de structures spécialisées dans la découverte accompagnée du territoire, au nombre desquelles Languedoc Nature, Sud Randos ou Nature Occitanie). Dans ces activités de découverte, les visites et hébergements à la ferme tiennent une part importante (PNR des Grands Causses, 2008 et Causses et Cévennes, 2014), ainsi que l’écoulement de produits (viande d’agneaux et produits laitiers fabriqués à partir de lait de brebis) en vente directe sous la marque Parc (une vingtaine d’éleveurs vendant en direct de la viande en particulier). Le maintien de l’ensemble de ces activités est en question avec la mise en œuvre de moyens de

Encadré G : Etat des populations d’ongulés dans le département de l’Aveyron

Les évolutions des tableaux de chasse sont des indicateurs pour approcher l’état des populations des ongulés sauvages (tableau 7.1), avec, par exemple, une augmentation de 14% du plan de chasse du sanglier entre 2015-2016 et 2016-2017.

Tableau 7.1 : Evolution du nombre d’animaux tués

Sanglier Cerf Chevreuil Mouflon

2008-2009 6 436 579 6 791 73

2015-2016 9 602 679 7 715 67

2016-2017 10 957 711 7 874 91

Source : Réseau « Ongulés sauvages ONCFS/ FNC / FDC » et FDC 12 Les populations de petits gibiers sont, elles, en décroissance, du fait d’un certain nombre de facteurs (urbanisation croissante, prolifération des sangliers, pratiques agricoles, modalités de gestion inadaptées…).

En 2016-2017, 11 841 permis de chasser ont été délivrés sur l’ensemble du département. Le secteur Grands Causses recouvre 180 associations de chasse communales et privées, contre 160, 119 et 70 pour les trois autres secteurs que sont « Ségala Palanges », « Bas Quercy » et « Aubrac-Vallée du Lot ».

Si la FDC12 a pour mission de gérer les plans de chasse des différentes espèces, elle a développé également une politique de prise en charge des dégâts de grand gibier, avec 211 649 euros d’indemnisation versés et autant pour les poses, déposes et entretien de clôtures pour éviter la pénétration d’ongulés sauvages en particulier sur des parcelles cultivées.

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protection dans le périmètre d’étude tels, qu’un peu plus de 3000 chiens et plusieurs milliers de kilomètres de clôtures fixes sécurisées relativement hautes pour le scenario 1.

Enfin, nous pouvons relever un possible impact de la mise en œuvre des moyens de protection sur la vie quotidienne des 52 000 habitants (Données : CORINE Land Cover, Source : UE AAE SOeS, Traitement : Inra-Montpellier SupAgro-Cerpam) du territoire. Promenade, cueillette des champignons, ramassage des châtaignes et autres loisirs seraient beaucoup plus difficiles à pratiquer dans des parcelles souvent clôturées de manière difficilement franchissables ou occupées par des troupeaux surveillés par des chiens de protection.

VII-2. Quelles conséquences d’une accélération de l’abandon du pâturage sur les