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Chapitre IV La diversité des élevages resituée dans les paysages

IV- 3 La construction de huit cas stylisés

Pour pouvoir concevoir et évaluer des scenarii de protection pour ces 8 types (A à H), nous avons construit 8 cas stylisés d’élevage. Un cas stylisé présente en détail la structure et le fonctionnement d’un élevage représentant un des 8 types. Nous avons tout d’abord positionné chaque cas dans un type paysager. Puis, en mobilisant les données d’enquêtes et un certain nombre de références afin de construire des tableurs Excel®, nous avons dimensionné chaque cas, en termes de cheptel, de surfaces de différentes natures (cultures, prairies permanentes, parcours), et de main d’œuvre (nombre d’actifs). Enfin, nous avons caractérisé la conduite zootechnique de l’élevage, avec le calendrier de pâturage pour l’ensemble des lots (brebis en production, vides, agnelles, béliers), modes d’exploitation parcellaire pour les différentes types de surfaces (type de prélèvement, par fauche ou pâture, mode de conservation du fourrage en cas de fauche, saison d’utilisation et lots d’animaux au pâturage…), modalités temporelles de pâturage (jour et nuit, diurne, nocturne, quelques heures seulement dans la journée).

a- Positionnement des cas stylisés dans les types paysagers

Pour réaliser cette caractérisation et constituer ainsi la situation initiale de chaque cas stylisé, il était nécessaire de préciser les types paysagers dans lesquels chacun est majoritairement situé (tableau 4.2). Les cas G et H sont, par construction, associé aux types paysagers « open field » et « bois, clairières et falaises ». Mais, pour les cas situés dans un contexte paysager intermédiaire, nous avons précisé les types paysagers. Dans notre échantillon, le fait de passer l’hiver au pâturage est le plus souvent associé au type paysager « mosaïque pelouses, landes, cultures et bois », situé sur les Causses, avec des parcellaires plus importants en taille et une plus grande part de parcours dans la surface utilisée. Nous avons donc construit les cas A et B, ovin laitiers passant l’hiver dehors dans un milieu intermédiaire, dans un tel type paysager, même si des élevages dont le troupeau passe l’hiver dehors situés dans des paysages de type « bocage » existent également. Nous avons localisé les cas C et D, passant l’hiver en bergerie dans un milieu intermédiaire, dans le type paysager « bocage », avec un parcellaire plus petit et moins de parcours utilisés, mais des parcours plus boisés. Le cas E est placé dans le type paysager « bocage » et le cas F est situé à l’interface entre deux types paysagers, c’est-à-dire avec des parcours dans le type « mosaïque pelouses, landes, cultures et bois » et des parcelles cultivées dans le type « bocage », correspondant au cas concret duquel nous sommes partis pour construire le cas stylisé.

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Tableau 4.2 : Localisation des huit cas stylisés dans les types paysagers

b- Représentation des cas stylisés par des tableurs

Nous avons représenté la situation initiale de chaque cas stylisé, sans mise en œuvre de stratégie de protection, sous forme quantitative et avec la conjoncture économique 2015, année la plus récente pour laquelle nous disposions de données. Nous avons développé un calculateur spécifique pour chacun des huit cas, sous Office-Excel®, nous permettant de représenter l’organisation du parcellaire, la conduite du troupeau (allotement, alimentation), la conduite des surfaces, le calendrier de travail, et finalement les résultats économiques. Les valeurs des paramètres de chaque cas ont été définies tout d’abord sur la base des données des enquêtes, un ou deux élevages étant utilisés comme base du cas stylisé, pour l’organisation des surfaces et du troupeau. Pour les données économiques (prix des produits et des intrants, évaluation de certaines charges, comme la mécanisation), nous avons utilisés des données issues des cas-types du réseau de ferme de référence Inosys (Charroin et al., 2005, Jousseins et al., 2015), en ayant eu accès aux fichiers de base ayant servi à la réalisation de trois cas-types en ovin-lait (de Boisseu, 2012), et un cas-type en ovin allaitant (Bataille et al., 2016), dans le cadre de la collaboration de l’Inra et Montpellier SupAgro avec l’Institut de l’Elevage au sein de l’UMT « Elevages pastoraux en territoires méditerranéens ». Pour vérifier la cohérence des résultats économiques ainsi reconstitués, nous avons confronté les résultats de nos calculs économiques aux données des analyses de groupe réalisées par les Centres de Gestion sur 50 élevages ovins lait des Causses Sud de l’Aveyron (CERFRANCE Aveyron 2015), et à la synthèse des résultats économiques du Réseau Information Comptable Agricole (RICA) (Agreste Midi-Pyrénées, 2015).

c- Dimensionnement et présentation des structures des huit cas stylisés

Nous avons dimensionné les quatre cas A, B, C et D avec une taille de troupeau de 612 (cas A et B) et 510 brebis (cas C et D), proche de la moyenne du périmètre (522 brebis, voir section II-3). Leurs tailles de troupeau et de parcellaire sont assez similaires pour faciliter la comparaison entre eux. Un ajustement entre les surfaces et le nombre de brebis a été effectué avec comme référence les chargements (brebis/ha de surfaces fourragères) retenus dans les cas-types conçus par le réseau Inosys. Pour les cas stylisés C et D, qui sont situées dans un type paysager « bocage » et qui réalisent de l’ensilage pour conserver une partie des fourrages, nous avons retenu un chargement de 5,2

Cas Production Hiver Allotement

Nb maximum de lots simultanés

au pâturage

Contexte Type paysager

A OL dehors faible 2 intermédiaire Mosaïque « pelouses, landes,

cultures et bois »

B OL dehors fort 4 intermédiaire Mosaïque « pelouses, landes,

cultures et bois »

C OL dedans faible 2 intermédiaire Bocage

D OL dedans fort 4 intermédiaire Bocage

E OL/OV dehors fort 5 intermédiaire Bocage

F OV dedans faible 2 intermédiaire

Mosaïque « pelouses, landes, cultures et bois » (parcours) Bocage (parcelles cultivées)

G OL dedans faible 1 très ouvert Open-field

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brebis/ha de surface fourragère. Pour les cas A et B, situés dans un type paysager « mosaïque pelouses landes cultures et bois », et ne réalisant des stocks uniquement sous forme de foin, nous avons retenu un chargement de 4,3 brebis/ha de surface fourragère. Pour le cas G, que nous avons construit pour représenter une situation avec forte intensification fourragère, dans un type paysage « open field », nous avons retenu une taille de troupeau plus importante (918 brebis), en lien avec le cas concret à partir duquel nous avons bâti ce cas stylisé. En s’appuyant sur les cas concrets et la réalisation de bilans alimentaires, nous avons également dimensionné les surfaces de parcours de ces cas stylisés (tableau 4.3).

Les tailles de troupeaux des cas stylisés ovins allaitants et mixte ont elles aussi été décidées à partir des données d’enquêtes et des données sur la taille des cheptels dans le périmètre (voir section II-3). Pour le cas mixte E, localisé dans le type paysager « bocage », nous avons retenu une taille de 510 brebis laitières (comme les cas C et D, localisés dans le même type paysager) et de 200 brebis allaitantes (comme le cas F). Ces valeurs sont proches des moyennes pour les élevages mixtes du périmètre (684 brebis laitières et 225 brebis allaitantes, voir II-3). Pour les cas ovins allaitants, le cas H représente une situation d’élevage spécialisé ovin allaitant, avec une taille de cheptel importante (480 brebis, en fonction du cas concret sur lequel est calé ce cas stylisé). Nous avons construit le cas F pour représenter une situation avec un petit troupeau ovin allaitant, combiné à une autre activité agricole, ici un élevage porc naisseur (d’après un cas concret). La taille du cheptel retenue ici est de 225 brebis.

Tableau 4.3: Taille du cheptel et superficies des différentes catégories de surfaces pour les 8 cas stylisés

Cas Nb brebis (EMP) Parcellaire (ha) Céréales (ha) Prairies Temporaires (ha) Prairies Permanentes (ha) Parcours (ha) A 612 OL 475 25 110 20 320 B 612 OL 465 25 100 20 320 C 510 OL 295 20 70 20 185 D 510 OL 295 20 70 20 185 E 510 OL 200 OV 355 25 87 13 230 F 225 OV 110 30 30 0 50 G 918 OL 218 40 148 30 0 H 480 OV 248 0 0 33 215

OL : ovins laitiers / OV : ovins allaitants

La productivité par brebis (tableau 4.4) et le niveau de production global de chaque cas sont définis avec comme repère les cas types qui font références pour chaque orientation de production dans les deux types paysagers. Nous avons retenu une productivité plus élevée (275 vs 225 litres / brebis) pour les cas C et D, dans un type paysager « bocage », que pour les cas A et B, situé en type paysager « mosaïque pelouses, landes, cultures et bois ».

Le nombre d’actifs est fonction de la quantité de travail à effectuer dans chaque cas stylisé. Les cas A, B, D fonctionnent avec 3 UMO (ce qui est le type de collectif de travail le plus fréquent dans le périmètre. 5 UMO sont nécessaire pour le cas C, afin d’assurer le travail de transformation/commercialisation, 3,5 pour le cas E, mixte, et 2 pour les cas F et H ovins allaitants.

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Tableau 4.4 : Productivité par brebis et nombre de travailleurs pour chaque cas stylisé

Cas Race Productivité par brebis Nombre d’actifs

A Lacaune lait 225 L de lait/an/brebis 3

B Lacaune lait 225 L de lait/an/brebis 3

C Lacaune lait 275 L de lait/an/ brebis 5

D Lacaune lait 275 L de lait/an/brebis 3

E Lacaune lait BMC

225 L de lait/an/brebis

0,96 agneaux nés-élevés/ an/brebis 3,5

F Romane 1,88 agneaux nés-élevés/ an/brebis 2

G Lacaune lait 300 L de lait/an/brebis 3

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Chapitre V -

Application de stratégies de protection aux 8 cas