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Les images de la ville : le symbole et l'affect

3 Le corps, objet social, objet de recherche

5.4 Les images de la ville : le symbole et l'affect

Avant même d'en venir aux travaux du sociologue Raymond Ledrut sur Les images de la ville (1973), prolongeant notre exploration des travaux qui se seront donnés pour ambition de questionner cette relation entre affectivité, image et sens, d'un point de vue avant tout spatial, nous pouvons mentionner que le philosophe Gaston Bachelard se fixait déjà dans la Poétique de l'espace, comme tâche d«< examiner les images de l'espace heureux » (Bachelard, [1957] 2007: 17). Dans notre cas, le principe générateur de l'analyse que nous souhaitons mettre en "uvre ne se limitera pas à ces seules images heureuses. Il est donc question d'un examen plus large que la seule valence positive des images de l'espace. Comme le notait Gaston Bachelard lui-même, cette valence qu'elle soit positive ou négative n'a que relativement peu d'importance – si ce n'est bien évidemment de comprendre par la suite le type de représentations et de comportements ou d'actions qu'elle est susceptible d'entraîner.

Que celle-ci soit positive ou négative ce qui retiendra notre attention c'est avant tout son fondement affectif, et l'exploration de ce dernier. Nous partirons donc du postulat bachelardien selon lequel, que l'on se place devant des images qui attirent ou que l'on s'intéresse aux images qui repoussent, « attirer ou repousser ne donnent pas lieu à des expériences véritablement contraires » (Bachelard, [1957] 2007: 18). Les termes sont certes contraires, autrement dit, le résultat que provoque le fait d'aimer, d'être attiré, ou à l'inverse, de haïr, d'être repoussé, est bien contraire. Pour autant le processus qui amène à ces résultats contraires n'en saurait pas moins être similaire et, à proprement parler, résider dans le phénomène d'affectivité.

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Aussi, nous considérerons que ce n'est qu'à partir du moment où l'on s'interroge sur les conséquences du rapport affectif, ce que nous appellerons ses manifestations, attraction, répulsion, attachement, évitement, ancrage, etc., que la polarité redevient de première importance, déterminant en grande part l'orientation des actes qui en découlent. Dans un premier temps, nous nous cantonnerons donc à l'observation de Bachelard, tentant ainsi de mieux comprendre d'une manière générale ce phénomène d'affectivité. Et pour ce faire, nous partirons d'un premier constat central chez Bachelard, et que l'on retrouve pour ainsi dire chez l'ensemble des auteurs ayant traité, sous une forme ou sous une autre, du rapport affectif à l'espace, qu'il s'agisse des philosophes, des sociologues, des psychologues, des géographes, ou encore des urbanistes.

En l'occurrence il s'agit de la place prépondérante de l'image en termes d'affectivité ou plus précisément, si l'on s'autorise une telle expression, d«( affectivité spatialisée ». Aussi, nous commencerons par illustrer un certain nombre de faits que d'autres avant nous ont mis en lumière, ceci afin de justifier ce que théoriquement nous serons amenés à mettre en avant: l'intrication des fonctions affectives et cognitives dans la production des images de l'espace. Par là-même, nous serons amenés à soutenir que toute perception, notamment visuelle, considérant de la sorte aussi bien l'opération psychologique par laquelle en organisant les données sensorielles nous prenons connaissance du réel, que le résultat de ce procès perceptif, sous la forme d'une représentation, d'une image, à la fois individuelle et sociale, ne peut se cantonner à l'interprétation qui traditionnellement en est donnée, à savoir une reproduction du réel.

Dès lors, nous serons amenés à souligner qu'aussi bien le processus perceptif, qui mène à la formation de nos connaissances du monde, que son résultat, une représentation de l'espace, sont traversés de part en part par l'affectivité. Qui plus est, nous montrerons que cette participation de l'affection aux processus cognitifs s'exerce selon des modalités, la mémoire, l'imagination, et selon des tonalités, neutres, positives, négatives, variées; lesquelles ne sont pas sans conséquence non seulement sur la production des représentations, mais aussi sur la pratique des espaces.

Qu'il s'agisse d'appréhender l'influence des émotions sur la perception du temps ou l'influence de l'expérience affective sur la perception dè l'espace, dans les deux cas la littérature constitue une source inépuisable de découvertes. Aussi, lorsqu'il s'agit pour l'anthropologue Edward T. Hall, dans La dimension cachée ([1966] 1971), d'étudier et de comprendre l'influence des variables individuelles et culturelles dans la perception de l'espace, et la part que ces dernières peuvent jouer dans son

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organisation sociale, symbolique et matérielle, la littérature ressort, selon lui, comme une clef de la perception. Et ce, comme le souligne Hall, à deux niveaux. « Les écrivains comme les peintres se préoccupent souvent de l'espace. Leur réussite sur le plan de la communication des perceptions dépend de la qualité des indices visuels ou autres qu'ils choisissent pour faire saisir différents degrés de proximité.

À la lumière de l'ensemble des recherches sur le langage, il m'était apparu qu'une étude de la littérature pourrait m'apporter sur la perception de l'espace des données susceptibles d'être ultérieurement confrontées à des indications émanant de sources différentes. La question qui se posait à moi était de savoir si les textes littéraires pouvaient être utilisés en tant que données véritables sur la perception ou s'il fallait les considérer comme de simples descriptions » (Hall, [1966] 1971 : 121). Que se passerait-il, se demande alors l'anthropologue, « si, au lieu de considérer les images employées par les auteurs comme des conventions littéraires, on les étudiait soigneusement en les considérant comme des systèmes rigoureux de réminiscence destinés à libérer les souvenirs? » (Hall, [1966] 1971: 121). Ce que fit Hall. Il étudia les textes littéraires « non pas en vue de la simple délectation ou afin d'en saisir les thèmes ou l'intrigue, mais avec pour objectif précis la détermination des composantes fondamentales du message que l'auteur fournit au lecteur pour construire son propre sentiment de l'espace » (Hall, [1966] 1971: 121).

En effet, comment atteindre cette dimension sensible, intime, subjective, par définition inobservable, si ce n'est à travers ce que nous livrent les écrivains de leur propre expérience. Dès lors, l'expérience que décrivent ces grands écrivains, certains connus pour avoir consacré une partie de leur oeuvre spécifiquement à cette expérience de l'espace, Julien Gracq (1985), Italo Calvino ([1972] 1996), Marcel Proust ([1913] 1987), et puis tous les autres, s'avère révélatrice à la fois de la manière qu'ils ont, chacun à leur façon, de percevoir et de communiquer la signification et les usages de l'espace. Le propre de la littérature est bien de dire les choses, de représenter le monde dans sa totalité et sa diversité. La littérature est donc poussée vers la nécessité d'exprimer un certain sens. Le propre de cette littérature est aussi d'être marquée par son époque, empreinte de l'air de son temps. Pour aussi intime qu'elle puisse paraître, cette expérience livrée n'en est donc pas moins révélatrice de la manière d'une époque, d'une culture, de prescrire un cadre à l'émotion spatiale. L'étude littéraire nous permet ainsi d'entrevoir l'importance des facteurs sociaux et culturels sur la conception du rapport affectif à l'espace. Aussi, l'on pourrait citer à l'envie les passages d'À la recherche du temps perdu de Proust qui nous donnent à voir cette relation, « le désir de Venise dans Albertine disparue » (Teixeira, 2005), la tonalité et la résonance

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affective des espaces, comment celles-ci s'incarnent déjà et surtout dans la simple toponymie.

Comment le rapport affectif à l'espace se cristallise avant tout, qui plus est en l'absence de l'objet représenté, dans ces « objets intercalaires » (Sartre, [1940] 1986:

164) que sont les mots, les images: « ville », « campagne », « nature », « urbain », « Toulouse », « Balbec », « Combray », « Venise », etc. Ce que nous essaierons de montrer à travers les développements de cette partie, c'est comment l'expérience émotionnelle de l'espace s'incarne non seulement dans le vécu propre à l'individu, mais aussi dans les signes communs ou partagés tels que le sont les mots, les expressions, les images, qui sont employés pour représenter l'espace, et qui constituent de fait le support de sa représentation par l'individu.

Rappelons désormais ces quelques mots empruntés à Marcel Proust: « Même au printemps, trouver dans un livre le nom de Balbec suffisait à réveiller en moi le désir des tempêtes et du gothique normand ; même par un jour de tempête le nom de Florence ou de Venise me donnait le désir du soleil, des lys, du palais des Doges et de Sainte-Marie-des-Fleurs. Mais si ces noms absorbèrent à tout jamais l'image que j'avais de ces villes, ce ne fut qu'en la transformant, qu'en soumettant sa réapparition en moi à leurs lois propres; ils eurent ainsi pour conséquence de la rendre plus belle, mais aussi plus différente de ce que les villes de Normandie ou de Toscane pouvaient être en réalité, et, en accroissant les joies arbitraires de mon imagination, d'aggraver la déception future de mes voyages. Ils exaltèrent l'idée que je me faisais de certains lieux de la terre, en les faisant plus particuliers, par conséquent plus réels. Je ne me représentais pas alors les villes, les paysages, les monuments, comme des tableaux plus ou moins agréables, découpés ça et là dans une même matière, mais chacun d'eux comme un inconnu, essentiellement différent des autres, dont mon âme avait soif et qu'elle aurait profit à connaître. Combien ils prirent quelque chose de plus individuel encore, d'être désignés par des noms, des noms qui n'étaient que pour eux, des noms comme en ont les personnes » (Proust, [1913] 1987: 380).

Comment, à la suite de ce long extrait, ne pas voir tout d'abord, la confirmation de l'intuition de l'anthropologue Edward T. Hall, et comment ne pas faire écho, dès lors, au travail du sociologue Raymond Ledrut sur la symbolique urbaine: Les images de la ville (1973). Travail pour lequel Ledrut se livre à l'analyse linguistique des « champs sémantiques » ou des « ordres de signification » que simplement évoque le nom d'une ville. Il découvre alors, ce que Proust avec tout son talent littéraire avait réussi à nous transmettre de sa propre expérience, en lui donnant une valeur universelle. Pour Raymond Ledrut, et à la suite de ses enquêtes dans les villes de Toulouse et de Pau, il

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est clair que la ville, ce type spécifique d'organisation spatiale, est tout à la fois signifiant et signifié. C'est-à-dire une réalité spatiale, manifestation matérielle du signe, et support concret du sens projeté par l'individu. « [La ville] exprime et elle est exprimée » écrit-il. Elle est exprimée par cc signe qu'est le mot «ville» lui-même. Elle exprime également différents ordres de significations qui se retrouvent déjà dans les expressions aussi anodines qu«une ville », expression qui discrimine un certain type d'organisation spatiale, « la ville » qui souligne les invariants à ce type d'organisation spatiale, « ma ville » qui qualifie cet espace approprié par l'individu et investi affectivement. Dès lors, ces termes qui désignent de manière abstraite la ville, telle ou telle ville, sont non seulement des signes pour substituer à une réalité globale, mais plus loin, ils sont également le support d'un certain sens attribué à cette réalité matérielle, « une ville », «la ville », «ma ville». Ces expressions n'ont évidemment pas pour l'individu qui les emploie le même sens, bien qu'ils réfèrent à une même réalité spatiale.

À ce stade, et avant d'explorer plus avant comment, dans cet intervalle entre la réalité matérielle et le sens que lui confère le (ou les) individu(s), s'intercale l'expérience émotionnelle de l'espace, il convient sans doute de rappeler, à l'instar de ce que notait Raymond Ledrut, de ce qu'analysait le philosophe Jean-Paul Sartre, ou encore de ce que décrivait l'écrivain Marcel Proust, que ni le mot, ni l'image, ne sont la chose. Ce sont des « objets intercalaires» qui fonctionnent, pour reprendre un terme que Sartre emprunte au philosophe phénoménologue Husserl, comme analogon1 et donc viennent s'intercaler entre la réalité et sa représentation. En outre, la fonction qui est celle de ces objets explique que, pour tout un chacun, ils disposent d'un pouvoir signifiant. Et que dans le cadre de l'environnement spatial, qu'il soit urbain ou autre, le pouvoir signifiant de ces objets intercalaires soit le support du sens que l'on projette sur cette réalité. Ainsi, «si les mots ne sont pas des images; la fonction du mot phénomène acoustique ou optique, ne ressemblant en rien à celle de cet autre phénomène physique, le tableau » (Sartre, [1940] 1986: 164), le mot dispose néanmoins d'un pouvoir signifiant, qui est certes différent mais qui n'est pas non plus sans lien avec la représentation que l'on s'en fait et la représentation de l'espace qu'il signifie.

Raymond Ledrut remarque ainsi, dans son enquête sur ce qu'évoque le nom de

1« Objet quiremplit laconscience à la placed'un autreobjet, qui est, en somme, présentpar procuration»(Sartre, [1940] 1986: 164).

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la ville, que le premier des champs auquel renvoie le signe est la ville elle-même, en tant que réalité spatiale. Dès lors, il remarque aussi que cette réalité spatiale dispose de différents modes de représentation. En langage psychologique, nous dit-il, «on peut dire que certains sujets ont une vue d'ensemble de la ville et la définissent en retenant le caractère global », tandis que d'autres, «parlent de la ville à partir de ses éléments » (Ledrut, 1973: 44). L'on voit ainsi que la représentation de l'espace urbain emprunte différentes modalités : différentes échelles spatiales qui renvoient à différentes logiques signifiantes.

En outre, Ledrut observe que le terme qui désigne la totalité joue le rôle de signifié par rapport au terme qui désigne la partie. Autrement dit, un élément partiel est pris pour désigner l'ensemble de l'espace. Sur le plan linguistique, cette relation signifié-signifiant prend différentes figures, celle de la métonymie, par exemple. Ce qui amène le sociologue à conclure que « dans l'objet construit un sort est fait à une fraction de cet objet qui correspond à une partie de la ville dans laquelle celle-ci s'exprime de façon privilégiée. C'est donc à partir de la métonymie que la ville va s'incarner, se manifester dans un de ses éléments » (Ledrut, 1973: 46). Ce premier champ de signification, que relève et analyse Ledrut, est intéressant à double titre.

II nous révèle tout d'abord la variabilité des échelles de représentation de l'espace et, plus loin, il nous donne également des éléments de compréhension de la relation privilégiée entre la représentation de l'espace urbain, sa signification individuelle et sociale, et la réalité spatiale de l'objet. Dire de Toulouse, rien qu'à l'évocation de ce nom, que l'on voit du rose et des briques, ne consiste pas simplement en une qualification de Toulouse par la brique ou le rose. Selon Ledrut, nous entrons là

« vraiment dans le "symbolisme", avec — sur le plan psychologique — sa forte composante affective » (Ledrut, 1973: 46). En soulignant que la ville prend un caractère symbolique parce qu'elle renvoie à un signifiant expressif, Ledrut, comme l'avait en son temps décrit Proust, montre à quel point la dimension des affects, l'expérience émotionnelle, est un vecteur primordial de la production du sens de l'espace, de sa signification à la fois individuelle mais aussi sociale. Ne serait-ce déjà que par l'émotion que celle-ci suscite en nous, à la simple énonciation d'un nom de lieu.

Qui plus est, Raymond Ledrut ne se limite pas à l'analyse de ce premier champ de signification, et il remarque que deux autres champs lexicaux sont particulièrement prépondérants dans la manière dont chacun emplit de son sens le mot ville, et la ville elle-même: la «dimension du moi » et la « dimension de valeur » (Ledrut, 1973: 46-48).

Raymond Ledrut note ainsi l'importance, dans les discours des individus sur l'espace des énoncés du type «ma ville », «la ville où je suis né », « mon pays », « mon pays

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natal », « ma vie de collégien », etc., et il en déduit que l'ipséité, autrement dit la référentialité du sujet à lui-même dans le cadre d'un énoncé, et plus loin, la capacité de l'individu à se représenter la ville comme une dimension de son histoire personnelle, revêt un rôle particulier dans la signification de l'espace urbain.Enfin, Ledrut remarque que l'ensemble de ces discours produits à partir du nom de la ville sont empreints de jugements de valeurs, ce qu'il appelle les «sèmes relatifs à l'appréciation (ou expression affective) » (Ledrut, 1973: 48). Pour Ledrut, au-delà de la multitude des termes pouvant être employés pour exprimer ces jugements de valeur, ce qu'il retient avant tout, c'est le couple formé par les dynamiques de valorisation-dévalorisation de l'espace, « en tant qu'il apparaît comme caractéristique d'un important champ de signification de la ville » (Ledrut, 1973 :49).

Il note que le jugement de valeur est un aspect non négligeable de l'appréhension de la ville, et plus généralement de tout type d'espace. Il dira alors, « en terme psychologique, qu'il y a un mode d'appréhension affective de la ville, ou, autrement, que parmi les significations de la ville on trouve les significations de valeur

» (Ledrut, 1973: 49). L'ensemble de ces observations conduisent Ledrut à conclure que la structure élémentaire d'appréhension de la ville est d'abord double: s'inscrivant dans la double dimension des référents spatiaux et a-spatiaux, la référence au moi et au non-moi, le sujet et l'objet. Et puis, il souligne que la fonction signifiante de l'espace s'incarne avant tout dans la dimension affective qu'entretient l'individu avec son environnement socio-spatial. L'ensemble participant au système mis à jour par Ledrut et qu'il nomme la « double symbolique » signifié-signifiant de l'espace. Signifié, l'environnement renvoie à la réalité spatiale objective. Signifiant, il est une dimension du moi, empreinte d'affectivité. Sur le plan spatial, « ceci veut dire qu'une ville est une

"réalité concrète" que l'on peut déterminer et avec laquelle on entretient des relations

"sensibles"» (Ledrut, 1973 : 53).

Il est bien évident, ajoute Ledrut, « qu'à ce niveau la situation de la ville n'a rien d'original et de spécifique : il y a bien d'autres "réalités concrètes". C'est aussi de cette façon qu'on parle d'une personne et qu'on l'appréhende. Néanmoins cela même est un fait important. En termes phénoménologiques la ville est un "étant" avec lequel nous entretenons des rapports de type "sensible" qui mettent en jeu le sujet aussi bien que l'objet» (Ledrut, 1973: 53). D'ailleurs, le registre de l'ipséité décrit précédemment est un indicateur tout à fait important de la relation sensible et intime, chargée d'affectivité, qu'entretient l'individu à l'endroit de certains de ses espaces de vie, passés, présents ou futurs.

L'affectivité note ainsi Ledrut est constamment mise en cause par les références

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dans les discours de l'individu à « l'enracinement - ce que nous appelons dans le psychologisme courant "affectivité" ou "sensibilité" - et à quoi renvoie tout ce qui dans le discours met en cause la vie du moi » (Ledrut, 1973: 65). De toute évidence, l'ancrage, l'enracinement, le sentiment d'appartenance, l'attachement à l'espace, sont les expressions sur le plan psychologique du développement d'un certain type de rapport affectif entre l'individu et les espaces. L'exemple le plus frappant que donne

dans les discours de l'individu à « l'enracinement - ce que nous appelons dans le psychologisme courant "affectivité" ou "sensibilité" - et à quoi renvoie tout ce qui dans le discours met en cause la vie du moi » (Ledrut, 1973: 65). De toute évidence, l'ancrage, l'enracinement, le sentiment d'appartenance, l'attachement à l'espace, sont les expressions sur le plan psychologique du développement d'un certain type de rapport affectif entre l'individu et les espaces. L'exemple le plus frappant que donne