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La corporéité : du monde sensoriel au monde social

3 Le corps, objet social, objet de recherche

3.4. La corporéité : du monde sensoriel au monde social

offense territoriale. Ces espaces ne peuvent pourtant pas être définis par une quelconque distance euclidienne. Certes, la peau, les vêtements, la place que l'on occupe, l'espace utile pour ses propres mouvements, tous dans la grande proximité du corps, font partie de ces territoires autour du moi. En font également partie, selon Goffman, le tour que l'on attend dans une file, les objets personnels qui « valent pour soi », auxquels on peut ajouter, par exemple, le domicile et la chambre privée, l'habitacle d'une voiture, même en l'absence du corps individuel : ce n'est pas en tant que contenants du corps qu'ils ont cette valeur, mais bien en tant qu'appendices du corps, délégataires de sa propre présence, représentants de soi. Ces espaces sont appropriés de manière intime et exclusive.

Le corps et la corporéité sont désormais éclaircis comme concepts à part entière des sciences humaines et sociales.

3.4. La corporéité : du monde sensoriel au monde social

A travers la prise en compte de la corporéité, l’urbain trouve une hypothèse méthodologique lui permettant de comprendre le passage d'un monde sensoriel (et ses configurations spatiales) à un monde social (et la multitude de ses espaces sociaux reconsidérés dans une perspective contextuelle, situationnelle, événementielle et non pas dans la substantialisation du lieu).

Production de phénomènes conscience et altérité

Figure17 : le passage du monde sensoriel au monde social via la corporéité Le schéma précédent illustre comment les outils méthodologiques de la phénoménologie et de l'interactionnisme symbolique, développés plus haut,

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permettent de comprendre ce passage par la corporéité. Il constitue une synthèse de l'articulation de ces deux théories présentées plus haut.

•Le monde « déjà-là » de la phénoménologie, celui où le corps existe, celui qui s'offre à l'appréhension sensible est structuré matériellement et spatialement : ce sont les configurations des lieux, des espaces, leur occupation concrète par des objets, mais aussi la présence sensible d'autres personnes, les ambiances qui habitent les lieux.

•La confrontation entre ce monde et le corps propre est l'expérience elle-même. La multitude des expériences, en ce qu'elles entremêlent interprétations, implications corporelles, interactions corporelles et symboliques avec les autres, est productrice d'espaces sociaux.

•Selon les manières dont le corps existe, dont les perceptions, les interprétations et les interactions se mettent en place, se construit le monde social, un monde habité. Ce monde social est produit par la combinaison, l'enchevêtrement et la superposition, tant spatiales que temporelles, des interactions, qui elles-mêmes dépendent des perceptions. Bien qu'il ne se résume pas à une appréhension personnelle du monde, bien que les appréhensions soient réciproques et s'entrecroisent, son fonctionnement est décrit à partir d'une individualité abstraite pour plus de simplicité. Dans les relations corporelles de la personne à ce qui l'entoure, la distance joue un rôle fondamental - mais elle ne peut être prise en compte comme simple variable quantifiable, puisque des facteurs matériels et sociaux la complexifient et que les sens qui lui sont attribués ne peuvent se quantifier.

•Les dispositifs spatiaux ne sont pas de simples configurations matérielles ; ils ont une dimension spatiale en ce qu'ils structurent la norme et l'usage des interactions, qu'ils signifient pour ceux qui les fréquentent. La notion de « cadre » est plus complexe que celle de monde « déjà-là », en ce qu'elle ajoute l'idée d'une expérience vécue passée qui permet la cognition, l'apprentissage de ce cadre pour l'individu qui s'y trouve confronté. Le cadre sédimente en lui une « capitalisation » d'expérience, qui dote l'individu de savoir-faire, de représentations, et d'une connaissance intuitive de sa culture. Le cadre est structuré, socialement, culturellement, économiquement. Ainsi, grâce à cette notion issue de l'interactionnisme symbolique, l'espace n'est pas seulement « passif » et objet de perception, il joue un rôle actif à travers son ancrage dans la mémoire et le façonnage des pratiques. Le cadre préexiste certes à l'interaction mais son

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apprentissage dépend des expériences passées : il est donc situé sur le schéma en amont du monde « déjà-là ».

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Les réflexions abordées dans ce chapitre nous amènent à relire l’espace urbain à lumière de sa dimension corporelle autrement dans sa dimension la plus primitive qui n’exclut bien évidement en aucun moment sa richesse significative et social qui ont été approuvés ci-dessus.

Cette fenêtre de lecture apparait nécessaire pour rendre tangible le rôle de la corporéité dans l’opération physique de l’espace urbain, sous un angle d’une part phénoménologique dont le monde avant tout : expérience, perception et vécu. Le monde n'émerge à la conscience personnelle que par l'intermédiaire des perceptions sensorielles, que par l'exercice du corps, sa confrontation dans l'espace aux stimulis, aux objets, aux configurations, aux autres corps. Le corps est la condition de l'existence. L'existence individuelle repose sur la perception de phénomènes qui engagent d'abord le corps et l'espace. Par suite, l'action, l'émergence des autres à la conscience et l'ensemble de la vie sociale reposent sur une implication perceptive du corps et de l'espace.

Parallèlement, les interactions étroites entre l'individu et le monde (donc dans l'interaction avec d'autres individus) se forge l'intersubjectivité qui donne un sens au monde social. Ces interactions sont certes verbales, mais passent aussi par toutes sortes de discours, en particuliers gestuels et corporels. L'interactionnisme symbolique donne les outils pour penser et observer les interactions verbales, corporelles et spatiales qui produisent le monde social, tout en tenant compte des principes de la phénoménologie

Et comme la perception joue un rôle fondamental dans les deux approches, elle sera l’objet d’étude du chapitre suivant, où on décrit le rôle essentiel qu’elle joue dans la communication de l’homme avec le monde.

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Introduction :

L’environnement urbain dans lequel nous vivons est très riche en informations sensorielles, l’être humain face à cela doit prendre conscience do tout ce qui l’entoure, identifier les objets et les phénomènes pour pouvoir se situer, s’orienter et réagir correctement.

Mais avant de prendre n’importe quelle décision ou porter un jugement sur le milieu où il vit, l’être humain doit d’abord prendre conscience de tout ce qui l’entour.

Cette conscience est faisable par l’intermédiaire de la perception

C’est, en effet, ce que confirme le psychologue sociale Fisher en attribuant à la perception un rôle médiateur entre l’homme et son environnement. A ce titre, la perception est le premier mécanisme qui relie l’homme à ce qui l’entoure en permettant une reconstruction mentale de la réalité environnante.

En ce sens la perception est donc la prise de conscience par un sujet d’un objet, d’une personne, ou de l’ensemble de tout ce qui l’entour. Elle met ainsi en relation deux éléments importants : le moi de l’être humain avec l’autre.

Encore une fois, la perception présente un concept difficile d’en cerner, car est il au croisé de plusieurs disciplines, ce qui nous ouvre d’ailleurs la portes d’investigation et d’essayer dans ce chapitre comprendre le rôle de la perception dans l’expérience usagère

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