3.4 Approches d’imagerie par résonance magnétique complémentaires actuelles
3.4.2 Imagerie de Diffusion par Résonance Magnétique
L’imagerie de diffusion permet de mesurer la mobilité microscopique de l’eau et de renseigner de
manière indirecte sur la cellularité d’un tissu. Sa première application clinique a d’abord concerné la
caractérisation des accidents cardiovasculaires ischémiques, puis elle a ensuite été développée pour
la différenciation des masses tumoralesvskystiques, les abcès, les hémorragies et les zones de
dé-myélinisation[150] [151].
Le phénomène de diffusion des molécules d’eau est à l’origine de cette séquence. Ce phénomène
appelé mouvement Brownien décrit le déplacement aléatoire de molécules dans un liquide dû à
l’agi-tation thermique et aux chocs entre molécules. Tant qu’aucun obstacle n’est rencontré, cette diffusion
est libre et ne dépend que du coefficient de diffusion du milieu. Le déplacement des molécules dans
un milieu isotrope se fait de manière équiprobable dans toutes les directions. En revanche, dans
un milieu anisotrope comme le tissu cérébral, où des ultra structures comme les faisceaux de fibres
myélinisées imposent des déplacements dans une direction préférentielle, la mobilité des molécules
d’eau subit des restrictions.
Les séquences de diffusion tirent parti de ce phénomène. Ces séquences sont sensibles aux
dépla-cements aléatoires des molécules d’eau. Une molécule en mouvement entraîne une chute de signal
sur toutes les séquences IRM, mais est en général trop faible pour être perçue. De manière
simpli-fiée, la séquence de diffusion a pour but d’accentuer la différence de signal émis par une molécule
en mouvement par rapport à une fixe afin de les différencier (Figure 26). Après la phase d’excitation
(envoi de l’onde RF, 90°) un gradient de champ magnétique (gradient de phase) est imposé afin que
chaque spin ait une fréquence de résonance différente en fonction de sa position sur le gradient. De
la force et du temps d’application du gradient de champ imposé dépend la pondération en diffusion
de l’image. Ce facteur est appeléb. Les spins de l’
1H sont inversés par une seconde onde RF (180°)
dite de rephasage. Le même gradient de champ magnétique est appliqué à nouveau avec pour
consé-quence un rephasage "parfait" des spins immobiles, et une accentuation du déphasage pour les spins
mobiles qui étaient en mouvement lors de l’impulsion de rephasage. Ils n’ont donc pas repris leur
phase (ou direction) d’origine à la fin de la séquence aboutissant à une perte de signal dans les zones
de diffusion plus libre. Sur l’image de diffusion, le liquide céphalorachidien où les protons d’
1H de
l’eau se déplacent sans contrainte apparaîtra donc en hyposignal et les zones d’hypercellularité en
3.4. Approches d’imagerie par résonance magnétique complémentaires actuelles
FIGURE 26 – La séquence de diffusion comporte deux gradients de diffusion appliqués de part et
d’autres d’une impulsion de refocalisation à 180°. Plus le gradient appliqué est fort (b élevé) plus
la pondération en diffusion est importante. Les molécules présentant peu de mouvements lors de
l’application du premier gradient sont rephasées lors de l’application du second gradient et aucune
perte de signal n’est enregistrée. Les molécules très mobiles ayant bougé pendant l’application du
premier gradient ne seront pas rephasées par le second gradient résultant en une perte de signal.
Tiré de[152].
La mesure de ce mouvement de diffusion des molécules d’eau s’exprime à travers le coefficient
apparent de diffusion (ADC) enmm
2/s. On l’appelle coefficient apparent car dans un milieu
bio-logique, il tient compte de plusieurs phénomènes : la diffusion libre, la diffusion restreinte par les
membranes cellulaires semi-perméable, mais également tous les mouvements incohérents au sein
du voxel. Pour s’affranchir de la pondération T2 inhérente à toute séquence de diffusion, l’ADC est
exprimé de la manière suivante :
ADC=−
1blog(
S1S0
)
où :
b est le facteur de gradient de champ magnétique qui détermine l’atténuation de signal due à la
diffusion,
S
1est l’intensité de signal de l’image pondérée en diffusion (b),
S
0est l’intensité de signal de l’image pondérée en T2 (b
0).
Grâce à cette formule, à chaque pixel de l’image correspond un coefficient de diffusion apparent
qui caractérise la mobilité des molécules d’eau (faible ou élevée). Une carte paramétrique d’ADC
peut donc être reconstruite et permet de visualiser les zones de diffusion libre des zones de diffusion
restreinte. Le contraste d’une carte ADC est inversé par rapport à l’image de diffusion (Figure 27).
FIGURE 27 – Exemple d’images de diffusion issues de la partie expérimentale de cette thèse. Lors
d’une acquisition pondérée en diffusion, une image de référence est acquise avec un b=0 s/mm
2,
puis au moins une image pondérée en diffusion (b=1000 s/mm
2) est également acquise permettant
de construire la carte paramétrique d’ADC d’après ADC = −(
1b
)log(
S1S0