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Identification des freins critiques aux considérations spatiotemporelles

Phase 4 : Interprétation et analyse i Jolliet et al (2010) indique que :

3.1.3 Identification des freins critiques aux considérations spatiotemporelles

Forces de la méthode concernant la considération des spécificités spatiotemporelles

Il faut tout d’abord reconnaître que le nombre d’études ACV qui considèrent les spécificités spatiotemporelles des systèmes lors de la modélisation des impacts environnementaux est encore faible par rapport à la multitude de scénarios existants dans l’activité humaine. Pourtant, les règles des normes ISO 14 040 et 14 044 qui indiquent qu’une modélisation ACV doit être représentative au ni- veau spatiotemporel (forces SG-1 et TG-1) sont très claires. Ces règles soulignent, en effet, la nécessi- té de considérer les spécificités spatiotemporelles dès qu’elles peuvent avoir un effet sur les résultats et conclusions d’une étude ACV (voir Section 2.1).

De plus, les méthodes de modélisation d’impacts environnementaux qui considèrent la variabi- lité des effets de substances en fonction des spécificités spatiales de l’environnement se développent depuis une dizaine d’années (force SP3-2). Une méthode (Levasseur et al. 2010) plus récente permet maintenant de considérer la variabilité de l’impact des GES en fonction de l’horizon temporel considé- ré (force TP3-2).

La plupart des catégories d’impacts de ces méthodes de modélisation possèdent une dépen- dance spatiale ou temporelle non négligeable. Cette dépendance est clairement identifiable par le degré de variabilité des paramètres nécessaires au calcul des FCs en fonction de la situation spatiotemporelle des flux élémentaires. Plusieurs études ACV ont aussi démontré que leurs résultats varient de manière importante pour certaines catégories d’impacts environnementaux si les spécificités spatiales ou tem- porelles des systèmes et des effets sur l’environnement sont considérées (forces SG-2 et TG-3).

La reconnaissance de l’importance de la caractérisation spatiale a même guidé vers la proposi- tion de deux modes de caractérisation spatiale et d’un mode de caractérisation temporelle (forces SP2- 2 et TP2-2). Le mode de caractérisation spatiale des flux élémentaires, s’apparentant au mode de ca- ractérisation temporelle, permet d’obtenir un ICV caractérisé au niveau spatial (force et SP2-4).

Toutes les observations présentées et développements récents viennent renforcer la nécessité et la capacité à considérer les spécificités spatiotemporelles lors de la réalisation d’une étude ACV. Il devient alors difficile d’expliquer pourquoi la majorité des études ACV contemporaines ne considèrent pas encore les spécificités environnementales, au moins au niveau spatial, puisque la méthode ACV le demande, le permet et puisque les résultats d’études peuvent varier grandement en fonction de celles- ci.

Faiblesses qui diminuent la capacité de considérer les spécificités spatiotemporelles

Le fait que la définition (normes ISO 14 040 et 14 044) de la méthode ACV soit très peu des- criptive des considérations spatiotemporelles dans la deuxième phase est un indice pour identifier les freins à la considération des spécificités spatiotemporelles dans les études ACV contemporaines.

Le problème général constitué de plusieurs freins est toutefois assez complexe et mérite d’être défini avec plus de détails. Une première analyse de la phase de modélisation des systèmes et du calcul d’ICV (2e

phase) indique que la modélisation de systèmes désagrégés au niveau spatiotemporel re- quiert une quantité d’information très importante qui n’est pas encore tout à fait disponible (faiblesses

SP2-1 et TP2-1). Une trop grande quantité de données à traiter est considérée comme synonyme d’un

coût financier très élevé lié à un temps de travail important qui diminue l’attrait de la méthode ACV pour l’évaluation de la durabilité environnementale d’un système. La méthode ACV est d’ailleurs déjà reconnue pour la grande quantité de données nécessaire à la modélisation (voir sous-section 2.1.2, page 2-5) et la solution actuelle à cet inconvénient a été la création de BDDs pour la modélisation ACV.

Chapitre 3 : Démarche pour le développement 3-5

La création de BDDs pour la modélisation ACV a permis d’améliorer la profondeur et dimi- nuer le temps de travail lié aux études ACV en offrant des descriptions de systèmes très complexes pour décrire une proportion importante d’un système lié à un scénario. L’utilisation de ces BDDs vient cependant avec un coût. En effet, les systèmes deviennent si complexes qu’il est de plus en plus ardu de les définir totalement pour qu’ils soient complètement représentatifs des scénarios d’une étude. La représentativité spatiotemporelle est justement touchée par ce problème comme le démontre l’exemple 2-3 (p. 2-18) et il est difficile d’en évaluer la gravité. En effet, le faible nombre d’études détaillées au niveau spatiotemporel ne permet pas de déterminer si les considérations spatiotemporelles doivent être faites sur la totalité d’un système ou sur quelques processus pour en arriver à une évaluation équitablei de la durabilité environnementale. Ce problème pourrait cependant être résolu par un apport d’information plus important.

Toutefois, l’apport d’informations supplémentaires est intéressant seulement si la gestion de cette information n’amène pas une hausse de travail si importante qu’il devient impossible de gérer les BDDs. La solution la plus simple pour minimiser les effets pervers liés à la gestion d’une grande quan- tité d’information est de définir un standard de description des informations (processus) constituant les BDDs. Un standard peut, en effet, servir à assurer l’interopérabilité entre différentes sources d’informations et permettre un certain niveau d’automatisation s’il est accepté par une majorité d’utilisateurs. Les modes de caractérisation spatiale et temporelle existants peuvent servir pour le stan- dard de description, mais il n’existe aucune évaluation de la pertinence de ces modes pour évaluer l’efficacité de mise en œuvreii

(faiblesses SP2-3 et TP2-3).

Les principes de Shonan (Sonnemann et al. 2011) s’attaquent à cette question du standard pour la description de BDDs utilisées dans les études ACV. La discussion sur la caractérisation spatio- temporelle reste cependant superficielle et il n’est pas possible d’y trouver des solutions aux faiblesses identifiées pour la modélisation des systèmes. Il n’y a d’ailleurs que peu de discussion sur les modes de caractérisation spatiale utilisés par différentes BDDs. Une discussion plus approfondie semble donc toujours d’actualité.

Il faut ensuite souligner que seulement une partie de la caractérisation spatiale des BDDs ac- tuelles est utilisée pour définir la caractérisation spatiotemporelle des ICVs (voir section 2.4). Ce ni- veau de caractérisation est normalement insuffisant pour permettre l’utilisation des nouvelles mé- thodes de modélisation des impacts environnementaux qui dépendent des spécificités spatiales. La proposition de décrire les flux élémentaires d’un ICV par des distributions temporelles est une nou- velle idée intéressante, (Levasseur et al. 2010) mais l’obtention d’un ICV caractérisé de cette manière n’est pas expliqué (faiblesse TP2-4).

Finalement, il faut aussi remarquer que la caractérisation spatiotemporelle des ICVs est un su- jet récent dans les publications sur les développements de la méthode ACV. Cette situation explique probablement la faible quantité de discussions sur l’établissement de correspondance entre des ICVs caractérisés au niveau, soit spatial, soit temporel et les différentes méthodes de modélisation des im- pacts environnementaux qui dépendent de spécificités spatiales ou temporelles. L’établissement de ces correspondances nécessite toutefois des hypothèses qu’il faut analyser en détail puisqu’elles peuvent avoir des effets sur les résultats d’une étude ACV (faiblesses SP3-1 et TP3-1).

i Une modélisation ACV équitable ne néglige pas des caractéristiques qui ont un effet important sur les résultats

d’une étude. Les principes généraux de complétude et de cohérence sont liés à une évaluation équitable.

3-6 Chapitre 3 : Démarche pour le développement Résumé de l’analyse des forces et faiblesse des considérations spatiotemporelles

La discussion sur les forces et faiblesses méthodologiques de la considération des spécificités spatiotemporelles dans la méthode ACV qui se base sur l’analyse des concepts présentés au chapitre 2 indique qu’il faut encore travailler au développement de cette méthode. Des développements méthodo- logiques sont nécessaires surtout pour favoriser la mise en œuvre des considérations spatiotemporelles dans la modélisation ACV de différentes études. La proposition de nouveaux développements métho- dologiques doit se concentrer sur la deuxième phase (modélisation du système et calcul du cycle de vie) qui accuse un retard par rapport aux autres phases. Il faut cependant noter que toutes les phases de la méthode ACV sont inter reliées et que les propositions de développements doivent se faire en con- sidérant la globalité de cette méthode.

L’emphase sur certaines faiblesses de mise en œuvre de la méthode ACV ne veut pas dire qu’il n’existe pas d’autres faiblesses, mais que celles-ci ne semblent pas être un frein aussi important, à court terme, pour la considération des spécificités spatiotemporelles dans différentes études ACV.

Il faut aussi noter que le manque d’uniformité du lexique touchant les questions temporelles (faiblesses TG-2) n’a pas été soulevé dans cette discussion à cause de la simplicité du concept. Il est toutefois important de le traiter rapidement pour améliorer la clarté des discussions subséquentes et c’est pourquoi la section 3.2 clarifie les utilisations du terme dynamique.

Chapitre 3 : Démarche pour le développement 3-7

3.2

Proposition pour le vocabulaire relatif aux considérations temporelles

La majorité du vocabulaire lié aux considérations spatiotemporelles et qui nécessite une clari- fication est définie dans le lexique du document (voir p. XXIII). Toutefois, le terme dynamique est utilisé pour représenter deux types d’études considérant des spécificités temporelles et il convient d’en discuter plus en détail pour clarifier ce concept.