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Les IDE et les inégalités salariales

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 61-65)

Section 1 Les explications néoclassiques des différentiels salariaux

1.3 Les IDE et les inégalités salariales

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D − = ∆ −∆ β +∆ β −β + ∆θ −∆θ σ +∆θ σ −σ (7.29) L’évolution de l’écart salarial est ainsi décomposée en quatre composantes : 1) Le premier terme à droite de l’équation représente les changements de la différence des caractéristiques observables ; 2) Le deuxième terme reflète les changements de la valorisation de ces caractéristiques observables ; 3) Le troisième terme capte les changements de la position relative des femmes dans la distribution des résidus des hommes (cela peut résulter du changement des caractéristiques non observées des femmes ou bien du changement de la discrimination à l’égard des femmes) ; 4) Le dernier terme reflète l’effet du changement de l’inégalité (l’effet des prix pour les caractéristiques non observées). Un élargissement de l’inégalité mène à l’accroissement de l’écart salarial entre hommes et femmes même si la position relative des femmes dans la distribution des hommes ne change pas.

Suen (1997) critique la décomposition de Juhn, Murphy et Pierce (1991, 1993) en montrant que la dispersion de salaires n’est pas indépendante de la position relative des femmes dans la distribution des hommes. Quand les caractéristiques non observées s’améliorent, les individus qui ont un fort résidu initial ont tendance à bénéficier d’un gain plus important que ceux qui ont un faible résidu. Donc l’interprétation en termes de

« quantités » et de « prix » des caractéristiques inobservées est problématique.

1.3 Les IDE et les inégalités salariales

Pendant les dernières décennies, les échanges économiques mondiaux ont connu de profonds changements. En particulier, les pays industrialisés importent de plus en plus de produits intensifs en main-d’œuvre des pays en développement (PEDs). Par ailleurs, avec l’accroissement de la mobilité du capital, le développement des nouvelles technologies et la libéralisation des PEDs, les flux d’IDE dirigés vers les PEDs ont connu un essor. Comme beaucoup de PEDs s’orientent vers l’exportation des produits

intensifs en travail, l’afflux des IDE dans ces pays est aussi essentiellement lié à l’exportation.

D’après le modèle d’Heckscher-Ohlin, la libéralisation du commerce mondial doit augmenter les inégalités salariales dans les pays industrialisés et réduire les inégalités dans les PEDs. Les études empiriques affirment que dans les pays développés, la libéralisation du commerce conduit à l’accroissement des inégalités salariales entre les travailleurs qualifiés et non-qualifiés (Wood, 1995). Pour les PEDs, les résultats empiriques sont divergents. Dans les années 1960 et 1970, pour les pays de l’Asie de l’Est, le plus grand degré d’ouverture mène à la réduction des écarts salariaux entre les travailleurs qualifiés et non-qualifiés. Par contre, depuis le milieu des années 1980, l’accroissement des inégalités salariales lié au commerce international a été observé dans les pays d’Amérique Latine (Wood, 1997). Les études sur certains pays d’Amérique Latine montrent que la diffusion des technologies, à travers les IDE ou les importations du capital corporel/incorporel, constitue l’explication principale de l'accroissement du salaire relatif des travailleurs qualifiés dans ces pays [Mazumdar et Quispe-Agnoli (2002) sur le Pérou, Robbins et Gindling (1999) sur le Rosta-Rica, Pavcnik (2003) sur la République du Chili].

Le rôle des IDE et des entreprises multinationales (MNEs) dans l’accroissement des inégalités salariales reçoit l’attention spécifique des chercheurs. En général, nous observons que les MNEs tendent à payer des salaires plus élevés que ceux payés par les entreprises nationales, même après avoir contrôlé pour les facteurs comme la catégorie du secteur industriel ou les caractéristiques des firmes (Aitken et al., 1996 ; Lipsey et Sjöholm, 2001). L’explication principale est que les MNEs possèdent certains capitaux productifs intangibles comme le savoir-faire technologique, l’habilité de la gestion et du marketing, les contacts pour l’exportation, la bonne relation fournisseur-client, et la renommée internationale (Aitken et al., 1996). Ces capitaux intangibles, apportés par les investisseurs étrangers au pays d’accueil, tendent à augmenter la productivité marginale des travailleurs dans les MNEs ainsi que leurs salaires (Aitken et al., 1996). D’ailleurs, les MNEs sont souvent plus rentables que les entreprises nationales, et peuvent donc offrir des salaires plus élevés (Blanchflower et al., 1996).

En particulier, la présence des MNEs augmente la demande des travailleurs qualifiés ainsi que leurs salaires relatifs dans le pays d’accueil, pour les raisons suivantes :

Premièrement, bien qu’au niveau global, les IDE se dirigent souvent vers les pays où il y a abondance de main-d’œuvre non-qualifiée, la production des MNEs est en général plus intensive en travail qualifié que celle des entreprises nationales. Ainsi, l’implantation des MNEs tend à augmenter la demande relative et les salaires relatifs des travailleurs qualifiés (Feenstra et Hanson, 1997 ; Markusen et Venables, 1997).

Deuxièmement, par l’effet de diffusion, les IDE contribuent non seulement à la croissance de la productivité du travail dans les MNEs mais aussi à celle dans les entreprises nationales. Si cette croissance de la productivité est biaisée en faveur de la qualification, elle augmentera généralement les rendements de la qualification dans le pays d’accueil (Te Velde, 2003 ; Berman et Machin, 2000).

Troisièmement, les MNEs peuvent payer les « salaires d’efficience » pour attirer les travailleurs plus compétents et plus diligents. Les travailleurs qualifiés se situent dans une position avantageuse par rapport aux travailleurs non-qualifiés pour négocier les salaires plus élevés, car ils possèdent la ressource rare, la qualification (Te Velde, 2003). Le niveau d’éducation sert souvent de signal pour les compétences des travailleurs comme les MNEs n’ont qu’une information imparfaite sur la qualité des travailleurs locaux (Te Velde et Morrissey, 2001).

Enfin, les écarts de salaires peuvent être renforcés par les formations continues offertes par les MNEs. Il est généralement observé que les travailleurs qualifiés bénéficient plus de ces formations (ODI, 2002).

Les résultats des recherches empiriques sur la relation entre les IDE et les inégalités salariales dans les PEDs soutiennent l’hypothèse que les firmes étrangères payent en moyenne des salaires plus élevés à leurs employés, et que les travailleurs qualifiés bénéficient davantage de la meilleure rémunération que les travailleurs non-qualifiés (Aitken et al., 1996 ; Feenstra et Hanson, 1997 ; Harrison et Hanson, 1999 ; Lipsey et Sjoholm, 2001 ; Matsuoka, 2001 ; Zhao, 2001, etc.).

Il y a également un ensemble de travaux qui s’intéresse au lien entre la globalisation (le commerce et les IDE) et les inégalités salariales par sexe dans les PEDs (par exemple, Artecona et Cunningham, 2002 ; Berik et al., 2004 ; Braunstein, 2002, 2006 ; Oostendorp, 2004 ; Seguino, 2000 ; Seguino et Grown, 2006). Sur le plan théorique, l’accroissement du commerce et des IDE dans ces pays peut produire des

effets positifs ou négatifs sur les inégalités salariales par sexe, par le biais de différents canaux.

Premièrement, d’après la théorie néoclassique, la globalisation renforce la concurrence, et rend les comportements discriminatoires coûteux. Elle peut donc diminuer la discrimination à l’égard des femmes (Becker, 1971).

Deuxièmement, l’accroissement des échanges commerciaux crée plus d’opportunités d’emploi pour les femmes, à travers le développement des secteurs orientés vers l’exportation (Anker, 1998 ; Standing, 1999 ; Wood, 1991). Cette augmentation de la demande de travail féminin peut augmenter le salaire relatif des femmes. En revanche, l’emploi dans ces secteurs a tendance à être féminisé. La concentration des femmes, dans certaines activités ou industries (« crowding ») conduit à la baisse du salaire relatif des femmes qui s’y trouvent (Bergmann, 1974).

Troisièmement, les IDE dans les PEDs sont généralement attirés par les coûts plus faibles de la main-d’œuvre. Le pouvoir de négociation de la main-d’œuvre dans les secteurs d’IDE est faible à cause de la mobilité du capital et de la concurrence des autres PEDs. Les femmes, qui tendent à être davantage employées dans ces secteurs, sont plus touchées par la concurrence internationale (Seguino, 2000).

Quatrièmement, le niveau technologique des MNEs est plus élevé que celui des entreprises nationales, ce qui peut conduire à un niveau de salaires plus élevé. Les femmes, qui sont sur-représentées dans les secteurs d’IDE, peuvent plus en bénéficier.

Néanmoins, les études montrent qu’au fur et à mesure du rattrapage technologique, les femmes perdent leur emploi dans les secteurs d’IDE (phénomène de « déféminisation », Joekes, 1999 ; Fussell, 2000).

Enfin, les effets de la globalisation sur les écarts salariaux entre hommes et femmes dans les secteurs d’exportation peuvent aussi se diffuser à d’autres secteurs du pays.

Section 2 Les sources institutionnelles des différentiels

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