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L’historicisation de la théorie et l’école historique allemande d’économie

2.3 Idéaltype et rapport théorie/histoire chez Weber

La discrimination des phénomènes à étudier parmi l’infinité de la réalité permise par le rapport au valeur précisée, il reste à déterminer comment Weber pense possible une analyse objective visant à saisir leur singularité. Il faut ici se rappeler la manière dont Weber pense la nature du « concept » : une construction mentale n’ayant aucun lien logique avec la réalité. A la question épistémologique du dépassement par le chercheur du hiatus irrationalis qui en découle, succède maintenant la question méthodologique des modalités par lesquelles les sciences sociales peuvent parvenir à leur objectif.

2.3.1 Compréhension, explication et causalité

La notion centrale dans le schéma wébérien est évidement ici celle d’idéaltype, laquelle a constamment été l’objet d’interrogations et de réflexions multiples. Toutefois, pour comprendre la place et le statut de l’idéaltype, il est nécessaire au préalable de saisir l’objectif que Weber assigne aux sciences sociales. On a pu voir que les sciences de la culture, par nature, ont pour objectif de saisir la singularité des phénomènes historiques dans ce qu’ils ont de significatifs. Par conséquent, la connaissance nomologique, si elle peut être un moyen pour parvenir à cet objectif, ne peut en aucun cas être une fin en soi : « Pour les sciences exactes de la nature les lois sont d’autant plus importantes et précieuses qu’elles ont une validité plus générale, tandis que pour la connaissance des conditions concrètes de phénomènes historiques les lois les plus générales sont régulièrement celles qui ont le moins de valeur, parce qu’elles sont les plus vides en contenu » (Weber, 1904, 165). Pour autant, de même que Schmoller, Weber ne rejette pas la légitimité de la recherche de causalité en sciences sociales.

Dans sa critique des travaux de l’historien allemand Edouard Meyer (Weber, 1906), Weber

70 « [N]ous ne pensons pas que le rôle d’une science de l’expérience puisse jamais consister en une découverte de normes et d’idéaux à caractère impératif d’où l’on pourrait déduire des recettes pour la pratique » (Weber, 1904, 123).

indique ainsi qu’il est erroné d’assimiler causalité et nécessité. Si cette relation est vraie dans les sciences de la nature où, par définition, l’intérêt nomologique conduit à la recherche de lois causales, il n’en va pas de même dans les sciences de la culture où l’accidentel peut fonder tout autant que le nécessaire une relation causale. En d’autres termes, raisonner en termes de causalité n’amène pas nécessairement à penser les phénomènes historiques en termes de lois dans le sens de celui des sciences de la nature, mais aussi en termes de contingences. Si la recherche de causalités est légitime dans les sciences sociales, elle se fait toutefois au travers d’une modalité qui leur est spécifique : la compréhension. Weber indique ainsi : « [c]e qui, du moins au sens plein, est propre uniquement au comportement humain, ce sont des enchaînements et des régularités dont le développement se laisse interpréter de façon compréhensible » (Weber, 1913, 327).

Ainsi, les phénomènes sociaux ne sont pas seulement significatifs sur le plan culturel, ils sont également compréhensibles car produits du comportement humain71. La compréhension (Verstehen) signifie saisir par l’interprétation le sens ou l’ensemble significatif visé (Weber, 1922, I, 35). Cela revient par conséquent à restituer les motifs présidant à une action ou à un ensemble d’actions historiquement situées. Pour autant, contrairement à une idée reçue, Weber n’oppose pas compréhension et explication (Colliot-Thélène, 1990), comme en attestent les nombreuses associations des deux termes dans ses écrits. En tant que telle, l’activité de compréhension ne permet pas d’expliquer ; pour cela elle doit être soumise au préalable en tant qu’hypothèse à un test : « [t]out comme pour toute autre hypothèse, il est indispensable de contrôler l’interprétation significative compréhensible par le résultat, c'est-à-dire la tournure prise par le déroulement réel de l’activité » (Weber, 1922, I, 36). Une fois vérifiée, la compréhension n’aura de valeur que parce qu’elle est explicative :

« « expliquer » signifie par conséquent la même chose qu’appréhender l’ensemble significatif auquel appartient, selon son sens visé subjectivement, une activité actuellement compréhensible » (Weber, 1922, I, 35). On doit alors pouvoir aboutir à une explication causale faisant un lien entre deux événements historiques spécifiques : « [l]’explication causale signifie donc qu’on établit que, suivant une règle de probabilité évaluable d’une manière ou d’une autre ou bien, dans le cas idéal – plutôt rare -, exprimable numériquement, à un événement déterminé (interne ou externe) qu’on a observé succédera un autre événement déterminé (ou qu’il apparaîtra en même temps que lui) » (Weber, 1922, I, 38). Chez Weber,

71 Weber n’est pas explicite quant aux sources desquelles il tire l’idée de compréhension. Il y a certainement un lien avec les écrits de Dilthey (1883) mais on peut penser que c’est surtout de Simmel, dont Weber discute des travaux dans son essai sur Roscher et Knies (Weber, 1903-06), qu’il s’inspire le plus sur cette question.

compréhension, explication et causalité sont donc intimement liées. La compréhension est la modalité privilégiée par laquelle il est possible de produire une explication dans les sciences de la culture en raison du caractère significatif des phénomènes historiques. L’explication prend quant à elle la même forme que dans toutes les sciences, à savoir une forme causale, même si les causes identifiées ne relèvent pas invariablement du nécessaire, mais aussi de l’accidentel et du contingent.

L’objectif des sciences sociales chez Weber spécifié, on peut dorénavant mieux saisir la place jouée par la notion d’idéaltype et les conséquences qui en découlent concernant l’articulation entre théorie (économique ou sociologique) et histoire.

2.3.2 La notion d’idéaltype chez Weber

Weber discute essentiellement de l’idéaltype dans son essai sur l’objectivité des sciences sociales (1904). Des considérations plus éparses y apparaissent également dans ses autres écrits épistémologiques ainsi que dans Economie et société (Weber, 1922). Bien qu’on ne reviendra pas sur ce point, la place de cette notion dans la schéma wébérien nécessite pour être pleinement appréhendée de la replacer dans le cadre néo-kantien dans lequel Weber s’inscrit, notamment concernant le statut du concept et le rapport aux valeurs. On peut en effet montrer que l’idéaltype n’est qu’une application spécifique de la doctrine plus générale du rapport aux valeurs.

Définition de la notion d’idéaltype

Dans la mesure où aucune théorie, en raison du hiatus irrationalis, n’est en mesure de saisir directement et entièrement la réalité, comment est-il possible de saisir, une fois les phénomènes historiques intéressants isolés, leur caractère singulier au travers d’une explication causale ? Selon Weber, en « sélectionnant » et en « accentuant » les éléments de la réalité qui nous paraissent essentiels dans le cadre de l‘explication afin de leur conférer un statut heuristique particulier. C’est là l’essence de la construction idéaltypique : « On obtient un idéaltype en accentuant unilatéralement un ou plusieurs points de vue et en enchaînant une multitude de phénomènes donnés isolément, diffus et discrets, que l’on trouve tantôt en grand nombre, tantôt en petit nombre et par endroit pas du tout, qu’on ordonne selon les précédents points de vue choisis unilatéralement, pour former un tableau de pensée homogène » (Weber, 1904, 181). Il s’agit donc d’une « mise en cohérence » de la réalité à partir de certains de ces divers composants que le chercheur juge essentiels du point de vue de ce qu’il cherche à expliquer. L’idéaltype est ainsi une représentation idéalisée de la réalité

socio-économique d’un point de vue particulier. A ce titre, il ne consiste aucunement en une représentation fidèle et encore moins en une copie de la réalité historique, il est une pure

« utopie » : « On ne trouvera nulle part empiriquement un pareil tableau dans sa pureté conceptuelle : il est une utopie. Le travail historique aura pour tâche de déterminer dans chaque cas particulier combien la réalité se rapproche ou s’écarte de ce tableau idéal » (Weber, 1904, 181). Le terme « utopie » doit ici être pris dans son sens le plus strict. Comme le souligne Burger (1975), l’idéaltype wébérien est plus que la mise en avant d’un ensemble de caractéristiques présentes à divers degrés dans la réalité. Il s’agit d’une idéalisation de la réalité allant jusqu’à décrire un monde qui n’existe pas : « les idealtypes sont des concepts généraux qui ne décrivent pas les éléments qu’un ensemble de phénomènes ont en commun dans le monde empirique, mais les éléments qu’ils ont en commun dans un monde imaginaire, utopique. Ce monde utopique est construit de telle manière que les éléments

« caractéristiques » et « significatifs », existant de manière graduée dans le monde empirique, deviennent des éléments communs dans le monde imaginaire » (Burger, 1975, 123, notre traduction).

Les commentateurs estiment en général que l’on peut repérer chez Weber l’usage de quatre formes d’idéaltypes (Aron, 1967 ; Burger, 1975) :

a) Les idéaltypes d’individus historiques tels que le capitalisme ou la ville d’Occident :

« Le type idéal, dans ce cas, est la reconstruction intelligible d’une réalité historique globale et singulière, globale puisque l’ensemble d’un régime économique est désigné par le terme de capitalisme, singulière puisque d’après Weber le capitalisme, au sens où il définit ce terme, n’a été réalisé que dans les sociétés occidentales modernes » (Aron, 1967, 521) ;

b) Les idéaltypes qui désignent des éléments abstraits de la réalité historique qui se retrouvent dans un grand nombre de circonstances comme la bureaucratie, ou à un niveau supérieur d’abstraction, les trois formes de domination (rationnelle légale, traditionnelle, charismatique) et au niveau le plus élevé d’abstraction, les types d’actions ;

c) Les idéaltypes constitués par les reconstructions rationalisantes de conduites d’un caractère particulier. Par exemple : les propositions théoriques de l’économie pure, telle que la théorie de l’utilité marginale.

d) Les idéaltypes de développement (Weber, 1904) qui consistent en des représentations abstraites d’une forme de développement historique, telle que la succession féodalisme/capitalisme/communisme chez Marx.

Idéaltype et rapport aux valeurs

Quelque soit la forme d’idéaltype, le néo-kantisme de Weber est évident dans le sens où sa théorie de la formation des concepts repose sur le même nominalisme qui traverse, de ce point de vue, toute la philosophie néo-kantienne. Les concepts n’ont pas de réalité propre, mais sont juste une construction de l’esprit humain ayant un but heuristique, c'est-à-dire visant à une meilleure appréhension de la réalité. Dans le cadre des sciences de la culture, la formation des concepts prend donc une dimension axiologique, dans le sens où elle repose sur un rapport aux valeurs. Il est évident que le rapport aux valeurs est tout aussi important dans le cadre de la formation de l’idéaltype, dans la mesure où la construction de ces formes pures ne s’impose jamais au chercheur autrement que par le biais des éléments qu’il estime devoir être mis en avant72. Le relativisme que l’on a pu mettre en avant à l’occasion de l’examen de la notion de rapport aux valeurs se retrouve par conséquent au sujet de l’idéaltype. Chaque point de vue requiert la formation d’idéaltypes différents : « Ainsi, les éléments du phénomènes empirique qui seront utilisés pour construire l’idéaltype dépendent du point de vue à partir duquel l’historien écrit un récit historique. Différents points de vue appellent à différents idéaltypes. Puisque les points de vue à partir desquels l’histoire est écrite changent, et puisque de nouveaux émergent sans cesse, il est impossible de construire un système exhaustif d’idéaltypes qui serait analogue au système de concepts généraux établi dans les sciences de la nature » (Burger, 1975, 129, notre traduction).

Idéaltype et théorie économique

Il est intéressant de noter que la plupart des passages des écrits de Weber où la notion d’idéaltype est discutée se juxtaposent ou sont même liés à des considérations sur l’économie politique et le statut de la théorie économique. Cela tend à confirmer l’idée que l’idéaltype est l’outil conçu par Weber dans le but d’apporter une solution à la Querelle des méthodes. A cet

72 Dans ce cadre, il peut être légitime de se demander quelle est la différence exacte entre concept et idéaltype chez Weber. Ce dernier n’est jamais explicite sur ce point. Clairement, le premier est à rattacher à sa théorie de la connaissance, dans le sens où l’ensemble de la cognition humaine repose sur la construction de concept. Le second concerne en revanche la théorie des sciences sociales de Weber. Burger (1975, 115 et suiv.) indique que la notion d’idéaltype a été mobilisée par Weber pour répondre à une difficulté à laquelle il a été confronté étant donnée sa représentation de la notion de concept. Chez Weber, les concepts sont des généralisations de phénomènes similaires. Par exemple, le concept d’ « arbre » englobe l’ensemble des objets ayant en commun certaines caractéristiques propres à l’ensemble des arbres. Le problème est que la description historique nécessite la formation de concepts qui ne répondent pas à ce critère de généralité dans le sens où ils peuvent désigner des phénomènes très divers : « bureaucratie », « conflit », etc. La notion d’idéaltype permet la justification de l’existence de tels concepts qui autrement, du seul point de vue de la notion de concept au sens néo-kantien, ne sont pas pertinents.

égard, on se rend compte que Weber interprète la théorie économique et ses concepts dans une perspective nominaliste radicalement différente de celle de Menger et des économistes marginalistes73. Weber se sert ainsi constamment de la « théorie abstraite de l’économie » pour illustrer sa notion d’idéaltype : cette dernière « nous présente, en effet, un tableau idéal des événements qui ont lieu sur le marché des biens, dans le cas d’une société organisée selon le principe de l’échange, de la libre concurrence et d’une activité strictement rationnelle. Ce tableau de pensée réunit des relations et des événements déterminés de la vie historique en un cosmos non contradictoire de relations pensées. Par son contenu, cette construction a le caractère d’une utopie que l’on obtient en accentuant par la pensée des éléments déterminés de la réalité » (Weber, 1904, 180). La théorie économique est ainsi une manière de se représenter la réalité appréhendée du point de vue spécifique des évènements marchands, nonobstant la prépondérance réelle de ces derniers : « là où on constate ou soupçonne que des relations, du genre de celles qui sont présentées abstraitement dans la construction précitée, en l’espèce celles des événements qui dépendent du « marché », ont eu à un degré quelconque une action dans la réalité, nous pouvons nous représenter pragmatiquement, de façon intuitive et compréhensible, la nature particulière de ces relations d’après un idéaltype » (Weber, 1904, 180). L’élément principal au sein de la théorie économique que souligne Weber est plus particulièrement sa représentation de l’individu en tant qu’être rationnel. L’idéaltype de l’action rationnelle acquiert en effet chez Weber un statut heuristique particulier dans le cadre de l’ « imputation causale » car il sert d’étalon de mesure pour comprendre l’ensemble des autres actions sociales : « La construction rationnelle prend donc ici la valeur d’un moyen permettant de faire l’ « imputation causale » correcte. Les constructions utopiques d’une activité strictement rationnelle et dépourvue d’erreur qu’imagine la « pure » théorie économique ont exactement le même sens » (Weber, 1917, 468). C’est pourtant à cet endroit de sa réflexion que Weber prend clairement ses distances avec l’interprétation que les économistes font de leurs concepts théoriques.

En effet, Weber estime que la plupart des économistes ont eu tendance à interpréter les concepts de la théorie économique non comme des types idéaux mais plutôt comme des lois au sens des sciences de la nature, tombant ainsi dans le piège du « monisme naturaliste » dont on a déjà présenté la critique wébérienne. La mauvaise interprétation des idéaltypes de la théorie économique conduit selon Weber à faire tout simplement la confusion entre théorie et

73 Demeulenaere (2006) souligne également l’interprétation divergente que font Weber et l’économiste et sociologue italien Vilfredo Pareto de l’agir économique et des théories économiques : Weber les considère comme relevant d’un idéaltype, tandis que Pareto les interprète à partir des références méthodologiques des sciences de la nature

histoire : « Rien n’est sans doute plus dangereux que la confusion entre théorie et histoire, dont la source se trouve dans les préjugés naturalistes. Elle se présente sous diverses formes : tantôt on croit fixer dans ces tableaux théoriques et conceptuels le « véritable » contenu ou l’« essence » de la réalité historique, tantôt on les utilise comme une sorte de lit de Procuste dans lequel on introduira de force l’histoire, tantôt on hypostasie même les « idées » pour en faire la « vraie » réalité se profilant derrière le flux des événements ou les « forces » réelles qui se sont accomplis dans l’histoire » (Weber, 1904, 187). Au travers de ce passage, Weber dénonce clairement plusieurs erreurs d’interprétation : l’essentialisme, le réalisme et l’idéalisme. De ce point de vue, les économistes théoriciens, à commencer par Menger, sont clairement visés par Weber74. On a en effet pu voir que Menger avait une interprétation réaliste et essentialiste de la théorie économique : essentialiste car la recherche exacte devait permettre l’élaboration de concepts saisissant l’essence des phénomènes économiques, réaliste car la théorie devait déboucher sur des types et des lois exacts renvoyant à des entités pures réelles. Menger pensait pouvoir distinguer théorie et histoire sur cette base, et il est ironique de voir que pour Weber l’essentialisme revient exactement au contraire. Le « préjugé réaliste » consistant à penser que la théorie peut renvoyer à des entités historiques réelles revient en effet à nier le postulat d’incomplétude entre la réalité et le concept et, ce faisant, à confondre in fine théorie et histoire. De manière plus générale, le naturalisme commet l’erreur de voir dans les concepts des théories sociologiques et économiques des lois dont la découverte constituerait la fin en soi. Or, la construction d’idéaltype n’est pas l’objectif de la recherche scientifique, mais seulement le moyen. La finalité reste quant à elle la saisie de la singularité des phénomènes étudiés : « le but de la construction de concepts idéaltypiques consiste partout et toujours à prendre rigoureusement conscience non de ce qui est générique, mais au contraire de la nature particulière des phénomènes culturels » (Weber, 1904, 197)75.

74 La critique de l’idéalisme que nous repérons dans la précédente citation est en fait probablement dirigée à l’encontre de Marx et de son matérialisme historique. A plusieurs endroits (notamment Weber, 1904), Weber souligne en effet l’intérêt heuristique des idéaltypes de développement du marxisme mais remarque que l’on trouve chez Marx et les marxistes une tendance à mal les interpréter au point de les concevoir comme des lois de développement historique.

75 Il peut être intéressant de noter par ailleurs que Weber trouve la source de l’erreur naturaliste dans la prévalence au 18ème siècle du rationalisme et du droit naturel : « comme l’étude rationnelle de la réalité sociale est née en liaison étroite avec le développement moderne des sciences de la nature, elle resta proche de celles-ci pour ce qui concerne l’ensemble de sa manière de considérer les choses. (…) ce qui veut dire une connaissance moniste de toute la réalité et débarrassée de toute « contingence » singulière, sous l’aspect d’un système de concepts ayant une validité métaphysique et une forme mathématique » (Weber, 1904, 173). On a ici une autre illustration de l’historicisation de la théorie chez Weber.

2.3.3 Le statut de l’idéaltype et le rapport entre théorie et histoire L’instrumentalisme wébérien

L’idéaltype chez Weber a donc un statut purement heuristique : il n’est ni le résultat du travail théorique ou empirique, ni la description de l’essence de certains phénomènes, ni une proposition normative sur ce qui devrait être. Weber, à côté de l’erreur naturaliste, considère ainsi qu’il est également erroné de vouloir fonder l’abstraction de « l’homme économique »

L’idéaltype chez Weber a donc un statut purement heuristique : il n’est ni le résultat du travail théorique ou empirique, ni la description de l’essence de certains phénomènes, ni une proposition normative sur ce qui devrait être. Weber, à côté de l’erreur naturaliste, considère ainsi qu’il est également erroné de vouloir fonder l’abstraction de « l’homme économique »