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Hadrianoi-Olympene : un oracle de Zeus attesté par ses prophètes H adrianoi fut, avec Hadrianeia, Hadrianopolis et Hadrianoutherai, l’une des cités

Deuxième partie : Inventorier et étudier les petits sanctuaires oraculaires d’Anatolie

1. Mysie et Troade

1.1. Sanctuaires oraculaires attestés

1.1.3. Hadrianoi-Olympene : un oracle de Zeus attesté par ses prophètes H adrianoi fut, avec Hadrianeia, Hadrianopolis et Hadrianoutherai, l’une des cités

fondées en Mysie par l’empereur Hadrien lors de sa première visite de la province d’Asie en 123 de notre ère. Une lettre adressée par l’empereur à Hadrianopolis évoque sa volonté d’urbaniser et d’helléniser cette région relativement reculée et particulièrement boisée. L’histoire d’Hadrianoi est malheureusement très mal connue en dehors de cette impulsion impériale première. Elle reçut manifestement une constitution grecque d’après les archontes et stratèges attestés par ses inscriptions49.

La cité fut installée sur le versant sud-ouest du mont Olympos, sur la route menant au nord à Pruse et au sud-est à Kotiaion. Le site moderne porte le nom d’Orhaneli, après avoir conservé jusqu’au XIXe siècle le nom d’Adranos. L’ensemble du secteur a fait l’objet de diverses fouilles qui ont notamment livré une belle moisson d’inscriptions50. Celles qui seront retenues ici proviennent d’un secteur situé à une quinzaine de kilomètres à l’est d’Orhaneli, à proximité du village d’Akçapinar. La plupart sont des dédicaces attestant la présence d’un sanctuaire de Zeus Kersoullos, dont le temple n’a pas été identifié. L’essentiel des pierres inscrites a été remployé et retrouvé hors contexte. Seul leur texte permet de les relier. On ne sait quasiment rien sur ce Zeus local, qui semble néanmoins avoir eu assez d’envergure pour recevoir une dédicace dans la cité phrygienne d’Aizanoi et ailleurs51. Localement, une dédicace lui fut adressée par Zeus Anabatênos (c’est-à-dire par les prêtres et avec les fonds du sanctuaire du dieu), dont le petit sanctuaire appartenait probablement à un village constituant la cité d’Hadrianoi52. Peut-être faut-il voir dans ce Zeus Kersoullos le Zeus civique d’Hadrianoi, favorisé par le synœcisme décidé par Hadrien, puisque la quasi-totalité des inscriptions retrouvées à Akçapinar sont postérieures à la fondation de la cité.

C’est donc avec fort peu de certitudes que l’on abordera le catalogue des inscriptions associées à ce Zeus Kersoullos d’Hadrianoi, qui semble pourtant avoir eu une activité oraculaire soutenue à en juger par les nombreux indices épigraphiques.

49 Sur l’histoire d’Hadrianoi, voir Boatwright (Mary T.), « Stratonicea-Hadrianopolis and other Mysian

cities », in Boatwright (Mary T.), Hadrian and the Cities of the Roman Empire, Princeton, Princeton University Press, 2000, p. 70-71.

50 Schwertheim (Elmar), Die Inschriften von Hadrianoi und Hadrianeia, Bonn, R. Habelt, 1987. 51 SEG 56, 1436, voir Lehmler (Caroline) & Wörrle (Michael), « Neue Inschriftenfunde aus Aizanoi IV:

Aizanitica Minora I », Chiron, 36 (2006), p. 79-82, n° 137.

Il n’y a pas moins de vingt-huit inscriptions dédicatoires qui attestent directement ou indirectement une activité mantique du sanctuaire. On les examinera d’abord globalement, avant d’en singulariser quelques unes.

Dix-huit mentionnent un prophète53 qui n’est généralement mentionné que comme élément de datation. On connaît ainsi les noms de huit prophètes attestés par douze inscriptions encore lisibles. Comme le montre le tableau ci-après, certains noms reviennent à plusieurs reprises, indiquant sans doute la longévité des prophètes en question, et donc une charge soit viagère soit annuelle (donc élective) mais reconductible.

Inscription Nom du prophète Transcription

Mysie-Troade-Hadrianoi 1 Ἀγαθό[πο][δος] Δ̣ιοδώ[ρου] Agathopous fils de Diodoros Mysie-Troade-Hadrianoi 2 Ἀπολ[λωνίου] Ἐ̣π̣ι̣θυμήτου Apollonios fils

d’Épithymètos Mysie-Troade-Hadrianoi 3 Ἀπολλωνίου Ἐπιθυμήτου

Mysie-Troade-Hadrianoi 4 Ἀπολλοωνίου Ἐπιθυμήτου Mysie-Troade-Hadrianoi 5 Ἀσκληπιοδῶρου

Asclépiodôros fils de Mènas Mysie-Troade-Hadrianoi 6 Ἀσκληπιοδώ[ρου].

Mysie-Troade-Hadrianoi 7 Ἀσκληπιοδώρου Μηνᾶ

Mysie-Troade-Hadrianoi 8 Διοφάνου Τειμοθέου Diophanès fils de Téimothéos

Mysie-Troade-Hadrianoi 9 Λύρωνο[ς] Lyrôn Mysie-Troade-Hadrianoi 10 Νικηφόρου Nicéphoros

Mysie-Troade-Hadrianoi 11 Φωσφόρου Phosphoros

Mysie-Troade-Hadrianoi 12 Ζηΐ̣λου Παπίου Zèilas fils de Papias

Mysie-Troade-Hadrianoi 13 […] […]

Mysie-Troade-Hadrianoi 14 […] […]

Mysie-Troade-Hadrianoi 15 […] […]

Mysie-Troade-Hadrianoi 16 […] […]

Mysie-Troade-Hadrianoi 17 […] […]

Mysie-Troade-Hadrianoi 18 προφητῶν des prophètes

Aucun de ces prophètes n’est le fils d’un autre prophète attesté, ce qui plaide davantage en faveur de l’hypothèse d’une charge élective et non d’une charge viagère et surtout dynastique transmise au sein d’une lignée. En se fondant sur les marqueurs énoncés dans la première partie, la seule mention de ces prophètes suffit à attester l’existence d’un sanctuaire oraculaire, qu’il est tentant d’attribuer à Zeus Kersoullos, même si aucune des inscriptions ne relie explicitement le prophète à un dieu précis. Trois de ces dédicaces sont néanmoins adressées à Zeus Kersoullos (Διὶ Κερσούλλῳ)54 et une quatrième « au dieu » (τῷ θεῷ)55. Une de ces inscriptions dédicatoires a été faite « d’après un ordre » (κατὰ ἐπιταγήν) et adressée au même Zeus Kersoullos56, et une dernière « d’après un commandement du dieu » (κατὰ κέλευσιν τοῦ θεοῦ)57.

Ces deux textes conduisent à évoquer les dix autres du corpus retenu ici. Il s’agit de dix dédicaces qui ne mentionnent aucun prophète, mais dont huit ont été faites « d’après un ordre » (κατὰ ἐπιταγήν)58, une autre « d’après un commandement » (κατὰ κέλευσιν)59, et une dernière très fragmentaire, « comme [le dieu ?] l’a ordonné » (ὡς ἐκελευσεν)60. Un de ces ordres est explicitement attribué à Zeus Kersoullos : κατὰ ἐπιταγὴν Διὸς Κερσούλλου61. Deux ordres62 et un commandement63 sont attribués « au dieu » (τοῦ θεοῦ), et donc vraisemblablement au même Zeus. Parmi ces dix dédicaces, deux sont adressées à Zeus Kersoullos (Διὶ ΚερΣούλλῳ)64 et une l’est « au dieu » (τῷ θεῷ)65. Les seuls autres dieux mentionnés dans l’ensemble de ce corpus sont le « dieu Xyréos » (θεῷ Ξυρέῳ) auquel une dédicace datée par un prophète est adressée66, ainsi que les « autres dieux » (καὶ ἄ[λ]λους θεῶν) mentionnés dans une inscription sur laquelle on reviendra67. Le « dieu Xyréos » est probablement l’Apollon Xyréos d’Aizanoi de Phrygie, où une dédicace locale lui est adressée avec cette épiclèse. Or cet Apollon semble également avoir été oraculaire, mais la seule évocation de son épiclèse dans une seule dédicace ne suffit pas à prouver un lien entre les

54 Mysie-Troade-Hadrianoi 3, 4 & 8. 55 Mysie-Troade-Hadrianoi 2. 56 Mysie-Troade-Hadrianoi 8. 57 Mysie-Troade-Hadrianoi 10. 58 Mysie-Troade-Hadrianoi 19-26. 59 Mysie-Troade-Hadrianoi 27.

60 Mysie-Troade-Hadrianoi 28 ; ou peut-être « l’oracle », si l’on considère que les lettres « χρησ » sont

le début du mot χρησμός. 61 Mysie-Troade-Hadrianoi 22. 62 Mysie-Troade-Hadrianoi 24 & 25. 63 Mysie-Troade-Hadrianoi 27. 64 Mysie-Troade-Hadrianoi 23 & 26. 65 Mysie-Troade-Hadrianoi 21. 66 Mysie-Troade-Hadrianoi 1. 67 Mysie-Troade-Hadrianoi 18.

deux dieux et les deux sanctuaires, même si la désignation du dieu par sa seule épiclèse suggère une forme de renommée de l’Apollon d’Aizanoi, dont il n’était manifestement pas nécessaire de préciser le nom. On peut a minima soupçonner le passage à Hadrianoi de fidèles du dieu d’Aizanoi, mais cela n’en apprend pas davantage sur Zeus Kersoullos.

En dehors de cet Apollon et des « autres dieux », Zeus Kersoullos semble donc être le seul dieu évoqué par le corpus des inscriptions oraculaires d’Hadrianoi. Celles qui nomment explicitement le dieu auteur de l’ordre/commandement et/ou le dieu destinataire de la dédicace laissent supposer que l’ensemble de ces dédicaces (hormis les exceptions mentionnées plus tôt) étaient adressées à ce Zeus Kersoullos et devaient être placées dans son sanctuaire. Ce contexte prophétique permet de penser que toutes celles qui ont été faites κατὰ ἐπιταγήν ou κατὰ κέλευσιν (onze sur vingt-huit, qu’elles mentionnent un prophète ou non) font suite à une consultation oraculaire du dieu. La dédicace pourrait alors constituer une forme de prix de la consultation dont devait s’acquitter chaque consultant, de manière à marquer son passage, glorifier le dieu et illustrer le rayonnement de son sanctuaire, comme le prouvent d’autres cas68. Il pourrait s’agir d’une demande expresse du dieu, exprimée dans sa réponse oraculaire, tout comme Apollon Clarien réclamait à ses consultants des hymnes et des statues afin de mettre fin à une épidémie par exemple69. Le fait que deux de ces inscriptions aient également été faites « d’après un vœu » (εὐχήν ou κατ’εὐχήν)70 va dans le sens de cette lecture : la dédicace sanctionne et permet la réalisation d’un projet auquel le dieu a apporté un soutien, voire un accord préalable dans le cas d’une consultation oraculaire. Cette question sera développée plus avant dans le cadre d’un retour sur les « dédicaces κατά ».

Les autres dédicaces, effectuées sans ordre ou commandement explicitement mentionné, ne sont pas pour autant à exclure de l’activité oraculaire du sanctuaire, et pouvaient répondre aux mêmes objectifs, d’autant que la plupart d’entre elles sont datées par un prophète. Il est d’ailleurs surprenant que seules deux des inscriptions mentionnant un prophète contiennent également la mention κατὰ ἐπιταγήν ou κατὰ κέλευσιν. Peut-être la

68 Ce qui ne signifie pas que la stèle en pierre, par définition couteûse, était le paiement attendu pour

chaque consultation. D’autres formes de dédicaces, moins chères et effectuées sur des matériaux périssables, ne sont pas à exclure. Sur cette question de la fonction de la dédicace, voir Belayche (Nicole), « Fonctions de l’écriture dans les inscriptions religieuses de l’Anatolie romaine, du monumentum à l’écriture efficace », RHR, 230 (2013), p. 257.

69 Sur l’hymnodie clarienne, voir Ferrary (Jean-Louis), « Les chœurs d’enfants et l’hymnodie au

sanctuaire de Claros », in Les mémoriaux de délégations du sanctuaire oraculaire de Claros, d'après la

documentation conservée dans le Fonds Louis Robert (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), Paris, De

Boccard, 2014, p. 115-122.

mention du prophète était-elle considérée comme suffisamment oraculaire pour qu’il ne soit plus nécessaire de préciser que la dédicace était faite d’après un ordre ou d’après un commandement, c’est-à-dire dans le cadre d’une consultation.

Pris dans son ensemble, ce corpus épigraphique montre que le sanctuaire de Zeus Kersoullos était oraculaire, et que des prophètes y rendirent des oracles à des consultants venus parfois d’aussi loin que la Phrygie. Mais il n’apprend rien sur la méthode divinatoire employée ni sur le fonctionnement du sanctuaire. On commentera donc plus en détail quelques-unes de ces inscriptions, plus loquaces que les autres, pour tenter d’avancer sur les

realia.

Une première inscription attire l’attention par l’objet qu’elle mentionne. Il s’agit d’une statue d’un dieu qualifié de « dieu ailé » ([τὸ]ν πτερόεντα θεὸν) et offerte par un certain Julius Orphéus et son épouse Daphnis (δῶρον̣ θέτο Ἰούλιος Ὀρφεὺς [σὺ]ν Δαφνίδι γαμετῇ)71. Or les représentations de Zeus Kersoullos ne permettent pas de penser qu’il fût ailé. Le reste du corpus mentionne des offrandes diverses : trois piliers (τὸν κείονα)72, un Dionysos (τὸν Διόνυσον), donc une statue73, des objets (statues ? monnaies ?) de bronze (οἱ αὐτοὶ χάλκωμα)74, et par deux fois une autre (τὸν ἀνδρηάντα)75, un pilier et une statue (τὸν κεί[ο]να καὶ τὸν ἀνδριάντην)76, un autel (τὸν βωμὸν)77, une statue et un « lieu où brûler les cuissots » (τὸν ἀνδριάντα καὶ τὸ μηριοκαύσιν)78, et à nouveau des piliers ([τ]οὺς κίονας)79. Le nombre de piliers offerts pourrait évoquer des actions évergétiques pour la construction ou reconstruction du temple (en lien avec la fondation de la cité par Hadrien ?), ou plus banalement des colonnes votives destinées à recevoir un objet ou une statue. Quant aux statues, on manque malheureusement de précision, sachant que la statue ailée semble être un cas unique. Il est dès lors difficile de déterminer si la statue offerte par Orphéus et son épouse renvoyait à un type localement « canonique » ou s’il s’agissait d’un choix d’Orphéus dont la raison qui est impossible à déterminer. Les dieux ailés ne sont pas légion dans la statuaire

71 Mysie-Troade-Hadrianoi 6. 72 Mysie-Troade-Hadrianoi 3, 4 et 11. 73 Mysie-Troade-Hadrianoi 12. 74 Mysie-Troade-Hadrianoi 14. 75 Mysie-Troade-Hadrianoi 18 et 19. 76 Mysie-Troade-Hadrianoi 22. 77 Mysie-Troade-Hadrianoi 23. 78 Mysie-Troade-Hadrianoi 24. 79 Mysie-Troade-Hadrianoi 26.

grecque. La présence de Dionysos est tout aussi difficile à expliquer, en l’absence de lien connu avec Zeus Kersoullos

À la différence des autres, la deuxième inscription n’est pas datée par le prophète local mais par la datation impériale, le règne Trajan (l’empereur César Auguste Germanicus Dacicus, Ἔτους ι.ʹ [ἐπι Αὐτ]οκράτορ[ος] Κέσαρος Σεβαστοῦ Γερμανικοῦ Δακικοῦ), dont la dixième année de règne correspond à l’année 108. Cela s’explique par l’object de la dédicace, « la victoire de l’empereur » (ὑπερ τῆς Καίσαρος νίκης) souhaitée par deux frères : Asclépiadès et Papas fils de Papas (Ἀσκληπιάδης κὲ Παπᾶς οἱ Παπᾶ), qui sont venus de Pruse, dont ils sont citoyens (πολῖτε Προυσαέων), et ont laissé à Hadrianeoi leur dédicace. La date pourtant est curieuse car l’année 108 est une année de paix. Après l’achèvement des guerres daciques de 101-102 puis 105-106, Trajan se trouve à Rome en 108, et il y restera jusqu’en 113. On peut toujours imaginer une opération militaire mineure, mails il est plus probable que la formule trahit une expression banale de loyalisme.

La dernière inscription qui mérite d’être distinguée affiche renouvelle ce lien avec la figure impériale. Un dédicant, Gauros (Γαῦρος), évoque des offrandes (δῶρα) mais surtout dit avoir reçu « les paroles dignes de confiance des prophètes » (προφητῶν εἱλό̣μην πιστοὺς λόγους) et avoir écrit la victoire de César et des autres parmi les dieux (καὶ ἐπέγραψα νίκην Καίσαρος καὶ ἄ[λ]λους θεῶν). Le reste du texte n’apportant pas plus de précisions, il est difficile de déterminer à quoi fait allusion Gauros et quel est le sens de cette inscription. Le document daterait de la fin du Ier siècle avant notre ère, ce qui confirme la grande ancienneté du sanctuaire et de sa fonction oraculaire, et indique que le César dont parle l’inscription ne pourrait être Octave-Auguste. Quant à sa « victoire », elle fait penser en premier lieu à Actium et à la pacification de l’empire qui s’en suivit, mais ce n’est qu’une hypothèse parmi d’autres. Les prophètes mentionnés pourraient être ceux du sanctuaire de Zeus Kersoullos. L’emploi du pluriel n’indique pas nécessairement qu’il y avait plusieurs prophètes simultanément, puisque Gauros a manifestement reçu plusieurs oracles, donc par prophètes différents. Le fait que le prophète soit utilisé comme élément de datation par dix-huit inscriptions confirme d’ailleurs qu’il n’y en avait qu’un à la fois. On aimerait trouver dans la formule ἐξ ὧν κατευχαῖς εἶχον un indice sur la méthode divinatoire employée dans le sanctuaire, mais la prière est sans doute un simple rituel préalable à la consultation et pourrait précéder n’importe quel mode de consultation des dieux. Tout au plus le fait que les prophètes se voient attribuer des λόγοι permet-il d’écarter l’incubation comme mode de consultation. Mais à l’inverse ces λόγοι n’impliquent pas nécessairement le recours à une forme

d’enthousiasme, puisque n’importe quelle réponse prophétique d’origine divine, même fondée sur l’observation de signes, peut-être désignée de cette façon.

Ces quelques inscriptions fournissent quelques détails sur les consultations et la datation de l’activité du sanctuaire, mais ne permettent guère d’éclairer davantage le fonctionnement de l’oracle et les contours de sa divinité.

L’oracle de Zeus Kersoullos à Hadrianoi est donc paradoxalement l’un de ceux dont la dimension oraculaire est la plus abondamment attestée – 18 mentions de prophètes et 11 dédicaces d’après un ordre / commandement –, mais aussi l’un de ceux à propos duquel les informations concrètes sont les plus minces. Seules l’épiclèse du dieu et la présence de prophètes sont attestées, ce qui illustre les limites d’une documentation épigraphique standardisée et répétitive mais qui est malheureusement la seule disponible. Constatons néanmoins que, malgré la méconnaissance de l’histoire d’Hadrianoi et de sa région, le sanctuaire de Zeus Kersoullos et sa fonction oraculaire précédèrent manifestement la fondation de la cité et donc l’urbanisation de la région. Il devait s’agir de l’un de ces sanctuaires ruraux abondamment représentés en Anatolie et dont l’appartenance civique fluctua peut-être avant d’être fixée par Hadrien. On terminera ici en relevant un élément de formule épigraphique qu’il est rarement possible de confirmer sur un corpus aussi important : neuf des onze inscriptions « κατὰ + substantif » ont été faite κατὰ ἐπιταγήν, preuve que la parole du dieu était plus volontiers désignée par l’un de termes possibles que par tous les autres.

1.1.4. Hamaxitos-Chrysè : un oracle d'Apollon Sminthéus et des rats