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Haches à collet, lame rectangulaire et manchon cylindrique

Fig. 2.5 – Sous-type H 2.A : variantes.

Ces haches se caractérisent par une lame rectangulaire, de section rectangulaire ou plate. Celle-ci forme un angle droit ou légèrement aigu avec le manchon cylindrique. Le tranchant de ces lames est droit ou sensiblement incurvé, et relativement étroit. L’effet recherché semble donc être lié à la puissance d’un impact très précis plutôt qu’aux propriétés tranchantes des haches. Plusieurs variantes assez bien définies sont attestées.

Les haches

H 2.A.a : Haches à collet, lame rectangulaire et manchon cylindrique simple (pl. 10-16)

Ce modèle est le plus simple, avec un manchon parfaitement cylindrique non décoré et une lame de forme rectangulaire à tranchant rectiligne. Les éléments du corpus sont très semblables du point de vue morphologique et dimensionnel. La lame mesure en moyenne 8 cm sur 3 cm (avec des écarts-types très faibles, à savoir 1,1 cm pour la longueur de la lame et 0,5 cm pour sa largeur).

Ces écarts-types sont les mêmes pour les dimensions de la partie emmanchement. Le collet14 a une

longueur équivalente à celle de la lame, ce qui confère à la hache un aspect équilibré.

Cette variante est connue en Mésopotamie et en Iran occidental et date de la seconde moitié du IIIe

millénaire. Les plus anciennes sont connues à Mari (Ville II)15, au Luristan, à Suse16 et jusqu’à Girnavaz au nord, mais elles se développent surtout au cours du BA IV. Les haches provenant des contextes les plus fiables sont celles découvertes à l’intérieur de la tombe PG 1422 (Ur III) à Ur17, la tombe 9 de Selenkahiye18 (BA IV), la tombe 1 de Taht-i Khan19 (DA III), la tombe 14 - Inhumation 1

de Nippur20 (niveau XIIB / fin DA III B – début Akkad), la tombe 9 de Tell Uqair21 (Akkad).

Cette variante, caractéristique de l’espace mésopotamien au sens large (Mésopotamie, Euphrate, Susiane) n’est plus attestée après le IIIe millénaire.

521, 663, 744, 869, 1071, 1072, 1073, 1074, 1075, 1076, 1077, 1078, 1079, 1080, 1081, 1082, 1083, 1084, 1085, 1086, 1087, 1088, 1089, 1090, 1450, 2592, 2628, 2680, 2853, 2854, 2924, 2929, 2941, 6383

H 2.A.a’ : 3030 (miniature)

H 2.A.b : Haches à collet, lame rectangulaire large et manchon cylindrique court à rebords moulurés (pl. 17)

Une série de haches se caractérise par une lame plus large au tranchant parfois légèrement incurvé et un collet pourvu de rebords moulurés à ses deux extrémités22. La base du collet peut être droite et

perpendiculaire à son axe, mais elle est plus souvent oblique, le manchon se trouvant par conséquent plus allongé en arrière qu’en avant. Cette spécificité, régulièrement observée en Mésopotamie (voir les types H 2.C.a, H 2.Cb et H 2.C.c par exemple). Il est possible que l’intérêt de cette forme soit lié à une certaine économie de métal s’il a été observé par les artisans et stratèges que la partie avant n’apporte pas de solidité supplémentaire (l’onde de choc s’étendant plutôt à l’arrière). Cependant, nous n’écartons pas l’hypothèse d’un choix avant tout esthétique.

Les dimensions de ces haches varient, mais quelques exemplaires sont pratiquement identiques (577, 2239). On remarque également que certaines lames sont relativement inclinées (9° à 12°).

14 Pour des raisons de commodité, nous emploierons – sauf précision contraire – le terme collet pour l’ensemble

de la partie d’emmanchement.

15 MARGUERON 2004, p.190, fig. 165.1. 16 TALLON 1987 (B), p. 136, fig. 2. 17 WOOLLEY 1934, p. 584, pl. 224. 18 VAN LOON 2001, pl. 8.1.c.

19 VANDEN BERGHE 1973, p. 27, fig. 10. 20 GIBSON 1995, p. 39, fig. 30.

21 MÜLLER-KARPE 2004, p. 41, pl. 52.897.

Les haches

Les haches à collet droit (2776, 4592) proviennent de basse Mésopotamie et datent au moins de la fin du DA III à Ur23 et à Tell el-Hibba – Salle 524 (niveau I A). Les autres proviennent du moyen Euphrate syrien, à savoir l’hypogée de Til Barsip25 (BA IV A), la tombe construite 6 - Chambre 2 de Tell Bi’a26,

la tombe H-119 de Tell Halawa27 (BA IV) et la tombe F de Wreyde28 (fin BA III : début BA IV29).

577, 578, 654, 2239, 2309, 2776, 4592

H 2.A.c : Haches à collet, lame rectangulaire longue et manchon cylindrique court à bords concaves (pl. 18)

Quelques objets très semblables présentent ces spécificités. La lame, qui n’est pas inclinée, forme un angle droit avec l’axe du collet et peut atteindre 16 cm. Elle est de forme rectangulaire, légèrement arrondie au niveau du tranchant et ses deux faces portent chacune une nervure médiane plus ou moins marquée. Le collet court (de 4 cm à 8 cm) présente une concavité à l’une et/ou l’autre de ses extrémités. Sa section est elliptique, ce qui correspond à une évolution technique fréquente à partir du Bronze Moyen. Celle-ci repose sur le fait que l’impact et l’onde de choc se situent dans le plan de la lame, ce qui nécessite un manche plus épais dans ce plan, et affiné dans le plan perpendiculaire. Ainsi, le trou d’emmanchement est entre 1,5 et 2 fois plus long que large.

Sept haches proviennent des sites du Hamrin (Halawa, Suleimeh, Tell es-Seib), essentiellement de tombes. Elles datent de la fin du BM I (début de l’époque paléo-babylonienne)30. Elles sont

apparentées à la variante H 2.G.b, en plus simple. Un exemplaire dit du Luristan présente d’ailleurs un petit appendice à l’arrière31.

Il s’agit donc d’une production très localisée tant dans l’espace que dans le temps.

1514, 1515, 1516, 1517, 1538, 1543, 1544, 4976

H 2.A.d : Haches à collet, lame rectangulaire et manchon résiduel à bords moulurés (pl. 19)

Les éléments intégrés sont rares. La lame a une section trapézoïdale ou rectangulaire épaisse. Le collet, aussi massif que la lame, se caractérise par la présence d’une moulure à proximité de la base, et d’un renflement angulaire parfois très prononcé au sommet. Le manchon n’est ici que résiduel. La lame est plus souvent droite qu’inclinée. On remarque plusieurs traces d’usure ou d’impact sur le tranchant (1101, 3031, 3387). Le poids des exemplaires connus se situe entre 263 g et 792 g.

Ces différents indices laissent à penser qu’il peut s’agir d’outils plutôt que d’armes, ce que confirment en partie leurs contextes non funéraires.

23 WOOLLEY 1934, pl. 223.U.11915. 24 MÜLLER-KARPE 2004, p. 18, pl. 22.332.

25 THUREAU-DANGIN et DUNAND 1936, p. 106, pl. 29.3 et 29.7. 26 STROMMENGER et KOHLMEYER 1998, pl. 98.2.

27 ORTHMANN 1981, pl. 69.122. 28 VAN LOON 2001, fig. 4A.6.26.

29 La céramique trouvée dans la tombe F correspond à celle des phases 3 et 4 de L. Cooper (COOPER 2006, p. 14-

19).

30 PHILIP 1995 (A), p. 126-127, fig. 4. 31 DESHAYES 1960, pl. 52.6.

Les haches

À part un exemplaire atypique (base du manchon concave, moulure supplémentaire au milieu du collet) provenant d’Anatolie sans plus de précision (17)32, les autres proviennent de Mésopotamie et de Susiane. La hache de Suse n’est pas datée, mais elle est apparentée de façon remarquable aux herminettes He 2.B.b2 datées de l’époque paléo-babylonienne. L’exemplaire d’Ur est daté de la fin de l’époque d’Isin-Larsa33 et celui de Mari fut trouvé dans le Palais (Ville III)34. Plusieurs haches

identiques à ces deux dernières appartiennent à l’assemblage d’outils de Tell Sifr35 attribué lui aussi à l’époque paléo-babylonienne.

17, 1101, 3031, 3387

H 2.A.e : Haches à collet, lame rectangulaire inclinée et manchon à base concave (pl. 20)

Un seul exemplaire, de provenance inconnue, est attesté. Sa lame est légèrement élargie au niveau du tranchant rectiligne. Le manchon cylindrique présente une concavité à sa base et dépasse la lame au sommet, ce qui est rarissime.

Cette hache est supposée avoir été trouvée dans la région d’Amasya, et est datée – sans certitude – de la fin du IIIe millénaire36.

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H 2.A.f : Haches à collet, lame rectangulaire et manchon à décor en ronde-bosse (pl. 20)

Quelques haches, dont la lame est rectangulaire (ou légèrement élargie) et le manchon cylindrique à moulures et base oblique ou concave, se caractérisent par la présence d’un décor animalier en ronde- bosse sur le talon.

La première comporte un mouflon tourné vers le bas (956). Elle provient du Luristan, où les motifs zoomorphes sont fréquents. La morphologie des moulures et du manchon permet de dater cette hache des alentours de 2000 av. J.-C.

Deux haches de Syrie du nord sont assez semblables du point de vue morphologique et de l’ornementation : sur celle de l’hypogée de Til Barsip (576), quatre lions appuyés sur le collet se font face deux à deux. Sur celle de la tombe 98.B.01 de Tell Chuera (3475), il s’agit d’un lion assis. Ces deux tombes sont datées du BA IV A.

Une hache miniature (H 2.A.f’) provient d’un contexte incertain à Byblos (levée II). Il s’agit d’une miniature d’une longueur totale de 5,1 cm avec une lame longue de 1,5 cm. Le décor est un singe tourné vers le haut, dans une posture assez reconnaissable qui n’est pas sans rappeler celle du singe représenté sur le fourreau en or du Temple aux Obélisques de Byblos (5637). Cette hache pourrait dater de la fin du Bronze Ancien.

32 ANLAĞAN et BILGI 1989, p. 66.

33 MÜLLER-KARPE 2004, p. 56, pl. 81.1245. 34 PARROT 1959, fig. 65, pl. 33.993. 35 MOOREY 1971 (C), pl. 22.

36 BILGI 2004, p. 62.1h. L’absence de contexte et la facture médiocre permettent presque de mettre en doute

Les haches

Si l’exemplaire du Luristan appartient à une série iranienne connue de haches à décor zoomorphe, les trois autres exemplaires sont exceptionnels. Ces haches d’apparat attestent de l’habileté des artisans, mais aussi d’un certain prestige conféré à cette arme. Étant donnée la datation des haches de Syrie du nord, il n’est pas possible de supposer la moindre influence iranienne. L’iconographie et la morphologie sont locales.

576, 956, 3475, 5017