CHAPITRE 2 : Etat initial de l'environnement, perspectives d’évolution et principaux enjeux
1) Environnement naturel
1.1 Habitats
1.1 Habitats
Les habitats forestiers
Plus grand massif forestier du département des Bouches‐du‐Rhône, les Alpilles sont majoritairement concernées par des milieux de pinèdes principalement situés à l’Ouest du massif. Ces milieux relativement pauvres écologiquement ont un intérêt notamment pour certains oiseaux forestiers comme le Circaète Jean‐le‐Blanc ou l’Epervier d’Europe. De petites surfaces de futaies de pins sont présentes et forment des cavités utiles à la faune et aux oiseaux cavicoles en particulier.
Les chênaies vertes se situent plutôt dans les fonds de vallon ou sur de grandes surfaces sur les plateaux des plaines d’Orgon, d’Eygalières et de Sénas sous la forme de taillis médiocres de relativement faible valeur écologique. Quelques chênaies anciennes ont été inventoriées sur Paradou, Saint‐Rémy‐de‐Provence ou Eyguières. Ces milieux maintenant rares à l’échelle du bassin méditerranéen abritent des insectes xylophages notamment le Grand Capricorne ou le Lucane cerf‐
volant.
Rares dans les Alpilles, les ripisylves à peupliers blancs se trouvent souvent sur de petites surfaces en bordure des gaudres et des canaux. Elles jouent un rôle de refuge et de dissémination pour la faune et
la flore (corridor écologique). La ripisylve de la Durance et celle en bordure du canal d’assainissement de la vallée des Baux sont certainement les ensembles de forêt riveraine les plus intéressants et les plus fonctionnels du territoire.
Les habitats de pelouses‐garrigues et les prairies sèches ou irriguées
Les pelouses sèches des Alpilles sont très riches en plantes à bulbe et en plantes annuelles (plusieurs dizaines d’espèces au mètre carré). Elles se trouvent principalement en taches plus ou moins continues au sein des milieux de garrigues plus ou moins hautes ; la proximité de milieux herbacés et de milieux arbustifs imbriqués offre des conditions de vie particulièrement favorables à beaucoup d’espèces patrimoniales méditerranéennes : oiseaux, insectes, chauves‐souris et reptiles. Quelques secteurs de garrigues clairs, plateaux de la Caume, petite Crau, colline de la cabre, plaine d’Orgon présentent des ensembles de pelouses sèches les plus vastes et les plus homogènes.
Les grands incendies qui ont traversé les Alpilles (1989, 1999, 2003, 2005 et 2014) ont eu pour conséquence la réouverture de plusieurs milliers d’hectares de pelouses sèches qui s’étaient refermées du fait de l’absence de pâturage.
Les prairies irriguées de foin de Crau se trouvent principalement sur le Sud du Parc. Avec des milieux prairiaux très extensifs et une richesse floristique qui fait partie des critères de labélisation du foin, les prairies de foin et les réseaux bocagers qui les entourent, constituent des milieux agricoles reconnus en tant qu’habitat d’intérêt communautaire par Natura 2000.
Les milieux rocheux
Avec plusieurs centaines de kilomètres linéaires de « falaises » accompagnées d’éboulis, le massif des Alpilles est très riche en habitat rocheux propices aux oiseaux rupestres, aux chauves‐souris mais aussi à une flore spécifique protégée (fougères, dauphinelles fendues etc.). Quelques grottes sont connues et parfois protégées au regard de la présence de chauves‐souris (grottes aux fées, grottes de l’Arpian etc.). Des mines et carrières sont aussi présentes avec souvent des enjeux écologiques comme les carrières de Glanum ou la mine du Fangas.
Les milieux agricoles
En tant que territoire agricole reconnu pour ses productions (olives, vignes, foins), les milieux agricoles sont très présents sur les Alpilles. Si les zones de maraîchage, de grandes cultures ou de serres offrent peu d’intérêt en terme naturaliste, les filières plus extensives que sont la vigne, l’oléiculture, les foins de Crau et les prairies liées à l’élevage ou encore certains secteurs d’arboriculture offrent aux espèces qui font la renommée des Alpilles des territoires d’alimentation voire de nidification. Des espèces emblématiques comme le Rollier d’Europe, le Lézard ocellé ou le Grand Rhinolophe par exemple sont liés à la présence de ces mosaïques agricoles extensives (faible utilisation de pesticides).
Les haies des Alpilles constituent un élément remarquable du territoire et présentent différents intérêts : agronomique (protection des cultures sur un territoire très venté), paysager (reconnaissance dans la Directive paysagère des Alpilles) et écologique. En effet, la présence de haies remarquables de feuillus notamment liées aux prairies de foin de Crau constitue des milieux bocagers de grandes valeurs biologiques quasi‐uniques dans la région méditerranéenne française. Malgré une tendance au déclin et à l’arrachage, reste encore des linéaires importants de ces haies sur le territoire du Parc des Alpilles.
Lieu de dissémination pour la flore, de nidification et d’alimentation pour la faune, ces réseaux bocagers sont une des originalités écologiques des Alpilles. Les haies de cyprès, fréquentes dans les zones de culture au sec ou dans les zones arboricoles notamment, remplissent un rôle de corridors et de déplacement particulièrement reconnu pour les nombreuses chauves‐souris qui vivent dans les Alpilles.
Les milieux humides
La principale zone humide du territoire du Parc est le marais des Baux, avec plus de 300 ha de marais
« relictuels », épargnés par les drainages, dont le marais de l’Ilon. Cet espace contient des milieux de ripisylves, de laurons avec des cladiaies associées, des megacaricaies et des prairies humides à choins et à scirpes. Quelques mares temporaires sont également présentes. Dans les massifs calcaires, les cours d’eau temporaires, appelés gaudres, sont parfois concernés par des bandes étroites de ripisylves.
En lien avec le karst et le réseau de sources, quelques pelouses humides méditerranéennes sont à recenser. Plus rarement, sont présentes des roselières sur les quelques zones humides liés à des résurgences qui entourent le massif (zone humide du Petit mas, zone humide des Paludes à Eyguières).
Sont également présents des petits lacs comme ceux du Barreau et du Peirou à Saint‐Rémy‐de‐
Provence et le lac de la Vallée Heureuse à Orgon notamment.
35 zones humides ont été recensées sur le territoire du Parc pour un total de 1000 ha environ. De petites zones humides sont ainsi recensées dans des secteurs mal connus comme la plaine agricole au Nord du territoire. Dans la partie Sud, dans la plaine de la Crau, un certain nombre de zones d’affleurements de nappes sont ainsi identifiées. De même, certains canaux ou certains gaudres (cours d’eau temporaire) accompagnés de ripisylves apparaissent dans cet inventaire qui permet un autre regard sur les zones humides du territoire. C’est aussi cette proximité et imbrication réaffirmée entre zones sèches et zones humides sur le territoire qui lui confèrent toute sa richesse. Le maintien des pratiques d’irrigation notamment gravitaire depuis la Durance, via le dense réseau de canaux d’irrigation et de drainage, est ainsi en grande partie à l’origine de cette originalité écologique des Alpilles.
Enjeux liés aux habitats sur le territoire
Pressions existantes
Artificialisation, implantation de projets ou infrastructures impactant (EnR…), mise en culture d’habitats naturels, activités polluantes ou pratiques non adaptées, fermeture de milieux…
La surfréquentation de certains sites naturels fragiles avec parfois des pratiques impactantes telles que la création d’itinéraires sauvages
Perspectives d’évolution
Politique de soutien de l’élevage extensif permettant de limiter la fermeture de certains habitats patrimoniaux ;
Meilleure appropriation des enjeux agroécologiques : réduction des produits phytosanitaires, pratiques alternatives…
Augmentation des pratiquants d’activités de pleine nature à la recherche d’adrénaline, d’originalité et de nouvelles pratiques potentiellement impactantes pour les espèces et les habitats ;
Augmentation du nombre de sites protégés.
Evolutions probables de l’environnement en l’absence de charte du Parc
Fermeture de milieux ;
Moins bonne appropriation des enjeux agroécologiques ;
Augmentation du risque incendie ;
Augmentation de l’impact sur les espèces et les habitats des pratiquants d’activités de pleine nature ;
Multiplication des projets d’énergie renouvelable en milieux remarquables.
Enjeux
Entretien et préservation de la mosaïque de milieux naturels présents dans le massif des Alpilles et sur ses piémonts ;
Maintien d’une agriculture extensive, diversifiée et de qualité, le maintien des cultures traditionnelles et l’adaptation de
l’agriculture aux pratiques agricoles alternatives et au changement climatique ;
Préservation des caractéristiques intrinsèques des zones considérées à enjeux ;
Maintien de la fonctionnalité des milieux ;
Encadrement des activités de pleine nature avec la sensibilisation des pratiquants et la canalisation de la fréquentation afin de limiter la dégradation des habitats (piétinement, passage de véhicules à moteur…) ;
Limitation de l’artificialisation des sols (encadrement du
développement du PV et de l’éolien dans les espaces naturels…).
Localisation enjeux
Sites potentiels d’extension de la Stratégie des aires protégées à étudier, Réservoirs de biodiversité, zones à forts enjeux aquatiques et humides, Zones à enjeux élevés de gestion de la fréquentation, milieux ouverts et semi‐ouverts, milieux rocheux, milieux forestiers, espaces agricoles