CHAPITRE 2 : Etat initial de l'environnement, perspectives d’évolution et principaux enjeux
1) Environnement naturel
1.2 Faune et Flore
1.2 Faune et Flore
Des espèces patrimoniales nombreuses, dont certaines très menacées à l’échelle régionale et nationale
La flore
Parmi plus de 250 espèces floristiques sur le territoire des Alpilles, on peut noter la présence d’une flore typiquement méditerranéenne liée aux milieux secs et ensoleillées comme les plantes annuelles et les plantes à bulbe. La Crépide de Suffren, l’Hélianthème à feuilles de Marum, l’Ophrys miroir ainsi que l’Ophrys de Provence font partie de celles‐ci. Dans les zones humides, l’Orchis des marais, le Souchet ou l’Epipactis du Rhône sont remarquables sur le territoire. Pour les milieux rocheux, ce sont la Buffonie vivace, la Dauphinelle fendue, le Grand Éphèdra ou encore la Doradille de Pétrarque qui sont les plus fameuses.
Les insectes
Dans le secteur du marais des Baux et à proximité des canaux d’irrigation, de très belles populations d’odonates sont présentes. Parmi les espèces patrimoniales, on peut citer le Gomphe de Graslin ou le Sympétrum du piémont. Au sein des orthoptères, la Magicienne dentelée bien présente sur le territoire est certainement le plus remarquable aux cotés des endémiques régionales comme l’Arcyptère provençale ou la Decticelle des ruisseaux. Le Criquet de Crau est présent dans le secteur de la Réserve naturelle de Crau dont une partie est commune avec le territoire du Parc des Alpilles.
Concernant les lépidoptères, la Diane et la Prospérine font la renommée du territoire pour les papillons, la présence du Damier de la Succise serait à confirmer. Parmi les coléoptères, le Bupreste de Crau est le plus remarquable aux côtés du Lucane cerf‐volant et du Grand Capricorne.
Les poissons
L’Apron du Rhône, espèce patrimoniale du bassin rhodanien, est signalé comme se retrouvant parfois dans les canaux d’irrigation des Alpilles. Dans les marais des Baux, c’est la présence de la Bouvière et
de l’anguille et la renommée des frayères à Brochet qui constituent les éléments les plus remarquables du patrimoine ichtyologique des Alpilles.
Les amphibiens
Les milieux de garrigues abritent une bonne densité de Crapaud calamite et Pélodyte ponctué. Le Triton crêté était anciennement connu dans certains plans d’eau du massif. Le Pélobate cultripède qui est le plus remarquable sur le secteur, est très menacé en France avec deux ou trois stations connues sur le territoire du Parc.
Les reptiles
La Cistude d’Europe aujourd’hui menacée est bien présente dans les zones humides du marais des Baux mais aussi dans certaines zones humides plus isolées du Nord du territoire. Seps, Psammodrome d’Edwards et Couleuvre de Montpellier sont très bien représentés dans les milieux de pelouses et de garrigues du massif. Le Lézard ocellé est certainement l’espèce la plus remarquable, aujourd’hui menacée en France, elle est à la fois bien présente dans le Nord de la Crau contenue dans le Parc et dans les pelouses‐garrigues et milieux rocheux des Alpilles. Un récent effort de prospection effectué par le Parc a permis d’établir sa présence et son utilisation des milieux agricoles extensifs, particulièrement dans les vergers d’oliviers.
Les oiseaux
C’est pour la présence des rapaces rupestres que le Parc des Alpilles est le plus connu. Aigle de Bonelli, Vautour percnoptère et Grand‐duc d’Europe ont ainsi des populations remarquables dans les Alpilles avec respectivement en 2021, 4, 2 et plus de soixante couples. Une nidification récente de l’Aigle royal en marge du territoire du Parc des Alpilles est également à noter.
Pour les espèces forestières, c’est le Circaète Jean‐le‐Blanc et l’Engoulevent d’Europe qui sont les plus présents et les plus remarquables.
Dans les milieux prairiaux et les mosaïques agricoles, on peut citer la bonne représentation du Rollier d’Europe et de l’Outarde canepetière.
Dans les garrigues, Fauvette pitchou, Alouette lulu sont fréquentes sur le territoire. La Pie‐grièche est également présente dans les milieux ouverts bien que moins fréquente. Le Traquet oreillard est certainement le passereau présent dans les milieux très ouverts pour lequel la responsabilité du Parc des Alpilles est la plus grande au vu de sa répartition très faible au niveau national.
Dans les milieux rocheux, on peut citer le Crave à bec rouge, le Tichodrome échelette, le Merle de roche et le Monticole bleu, espèces remarquables attirant notamment les ornithologues de toute l’Europe.
Dans les zones humides du territoire, on citera le Busard des roseaux, le Héron pourpré et les passereaux paludicoles telle que la Rousserolle turdoïde. Le Butor étoilé, dont la reproduction a été avérée il y a quelques années, est l’espèce la plus rare et menacée dans cette partie Sud du territoire en lien étroit avec la Camargue.
Les mammifères terrestres et aquatiques
La Genette est présente sur le territoire même si les traces sont peu fréquentes. Des signalements de la présence du Loup sont de plus en plus fréquents en 2018 même si aucune attaque avérée sur le territoire n’a pu être officialisée. La Loutre est en train de faire sa réapparition dans le marais des Baux,
là où le Castor consolide ses populations. Le Campagnol amphibie bien présent dans les marais des Baux fait aussi partie des espèces remarquables car rares et menacées.
Les chiroptères
Avec plus de quinze espèces présentes, la diversité des milieux et la présence de cavités (carrières, mines et grottes) font du territoire des Alpilles un des plus importants espaces pour la conservation de ces espèces dans la région. Les espèces cavernicoles comme le Minioptères de Schreibers, le Grand rhinolophe ou le Murin à oreilles échancrées sont les plus présentes dans les carrières et grottes et ont été à l’origine des désignations des deux arrêtés préfectoraux de protection de biotope pour les chiroptères du territoire (Carrières Saint‐Paul et Deschamps et Tunnel de la mine à Orgon). Les espèces plus anthropophiles comme les Pipistrelles sont fréquentes et nombreuses dans les habitations du territoire du Parc des Alpilles ; cette faune plus ordinaire, bien que protégée mériterait un effort de prospection et de sensibilisation spécifique. Des espèces anciennement présentes comme le Petit rhinolophe, le Murin de Capaccini ou le Rhinolophe euryale seraient à retrouver sur le territoire.
Pour ces espèces, le maintien ou la mise en tranquillité des cavités est déterminant, de même que la réduction de l’utilisation des pesticides. Les scientifiques mettent de plus en plus en évidence les besoins en termes de déplacements pour ces espèces et donc les réflexions en termes de corridors écologiques : haies, mosaïque agricole, alignement d’arbres, réduction des éclairages nocturnes etc.
Enjeux liés aux espèces sur le territoire
Pressions existantes
Les dérangements et pollutions d’origine anthropique (pollution lumineuse et sonore, utilisation de pesticides etc.)
Implantation de projets ou infrastructures impactant (EnR…), serres agricoles et de projets photovoltaïques entrainant artificialisation, perte de connectivité potentielle et d’habitat de chasse pour les prédateurs
La surfréquentation de certains sites naturels touristiques et fragiles avec parfois des pratiques impactantes telles que la création
d’itinéraires sauvages
Perspectives d’évolution
Mise en place d’outils de protection pour les sites à enjeux spécifiques aux espèces remarquables ;
Augmentation des pratiques favorables à la biodiversité (agroécologie, pratiques forestières durables, réduction de l’éclairage nocturne, plan de gestion…) ;
Augmentation des pratiquants d’activités de pleine nature à la recherche d’adrénaline, d’originalité et de nouvelles pratiques potentiellement impactantes pour les espèces, dérangement de la faune ;
Evolutions probables de l’environnement en l’absence de charte du Parc
Fuite ou extinction de certaines espèces emblématiques du territoire ;
Enjeux
Amélioration des connaissances sur la biodiversité du territoire permettant une meilleure prise en compte et protection ;
L’adaptation de l’agriculture aux pratiques agricoles alternatives et l’accompagnement vers une agriculture diversifiée et
extensive ;
Conservation des espèces faunistiques et floristiques remarquables ;
Limitation de la fragmentation des milieux ;
Encadrement des activités de pleine nature avec la sensibilisation des pratiquants et la canalisation de la fréquentation afin de limiter le dérangement des espèces ;
Valorisation du rôle de la nature ordinaire dans le
fonctionnement de l’écosystème (plantes mellifères, insectes pollinisateurs, passereaux, chauves‐souris…)
Localisation enjeux
Sites potentiels de déclinaison de la stratégie des aires protégées à étudier, réservoirs de biodiversité, corridors écologiques, zones à enjeux élevés de gestion de la fréquentation, sites de reproduction, d’alimentation, d’hibernation, de repos…