CHAPITRE 2 : Etat initial de l'environnement, perspectives d’évolution et principaux enjeux
2) Environnement physique
2.3 Climat-Air-Energie
2.3 Climat-Air-Energie Climat
Le territoire du Parc est caractérisé par un climat méditerranéen déjà dans les extrêmes, aux étés secs et aux intersaisons humides. Les moyennes de températures expliquent une certaine douceur malgré une forte amplitude thermique entre janvier et juillet, respectivement mois le plus froid et le plus chaud. Les précipitations sont réparties sur deux saisons, de manière plus importante à l’automne et un peu moins au printemps, totalisant 70 à 80 jours de pluie par an. Les jours pluvieux sont rares et violents, avec des chutes d’eau intenses pouvant atteindre facilement des cumuls de 50 à 100 mm par
jour. La pluviométrie annuelle est de l’ordre de 600 à 700mm. De fait, l’ensoleillement est particulièrement élevé avec plus de 2800 heures annuelles. Le Mistral, vent de Nord ou Nord ‐ Ouest vient compléter ce tableau, conférant au territoire jusqu’à 180 jours de vent dont une centaine de jours de vent fort. Il est à la fois un facteur asséchant (pouvant aggraver les sécheresses estivales et propager les incendies) et purifiant (balayant la pollution atmosphérique mais aussi limitant les parasites de la vigne).
En matière de diagnostic, l’évolution du territoire des Alpilles ne peut se caractériser sur 10 ans, et pas spécialement à l’échelle géographique des Alpilles seules. Il est nécessaire d’élargir l’échelle et le pas de temps qui permettent d’appréhender la traduction territoriale du changement climatique. Comme à l’échelle métropolitaine, le changement climatique se matérialise principalement par une hausse des températures, marquée surtout depuis les années 1980. Météo France a produit un zoom sur la Vallée du Rhône pour apprécier, sur la base des relevés passés, les conséquences du changement climatique en fonction des scénarii choisis. Ces scénarii sont issus d’analyses successives qui permettent des descentes d’échelles depuis les scénarii du GIEC jusqu’à des échelles plus locales. Ainsi, deux points locaux ont été pris en référence comprenant des stations de mesures desquelles découlent les chiffres cités.
D’après Météo France, sur la période 1959 ‐2009, on observe une augmentation des températures annuelles de 0.3 à 0,4°C par décennie. À l’échelle saisonnière, c’est l’été qui se réchauffe le plus, avec une hausse de 0.5 à 0.6°C par décennie. En hiver, cette tendance est moins marquée, avec des valeurs de l’ordre de 0.2°C par décennie.
En cohérence avec cette augmentation des températures, le nombre de jours très chauds est en hausse : on passe d’une vingtaine de jours dans les années 60 à 50 actuellement pour Marignane et à presque 60 pour Orange. De même les nuits tropicales sont plus fréquentes : de 10 dans les années 60, elles atteignent 30 actuellement pour Marignane, de moins de 5, elles passent à 15 pour Orange. Le nombre de jours de gel diminue : de 27 dans les années 60, il descend à environ 20 aujourd’hui pour Marignane, et de 40 à moins de 30 pour Orange.
La hausse du nombre de jours anormalement chauds est aussi sensible : on passe de quasiment aucun jour dans les années 60 à plus de 10 jours actuellement pour Marignane et plus de 15 pour Orange.
Les précipitations annuelles présentent une grande variabilité d’une année sur l’autre. Sur la période 1959 ‐2015, elles diminuent, de façon plus marquée à Marignane qu’à Orange. Cette évolution peut cependant varier selon la période considérée : en automne, la tendance est à l’augmentation pour Orange avec notamment le cumul remarquable de 2002, et à la stabilité pour Marignane. La tendance à la baisse des précipitations est un signal de changement climatique incertain, encore à préciser, car de faible significativité statistique.
Energie
Consommation énergétique
La part des transports est prépondérante dans le bilan énergétique du territoire, avec au moins 50%.
Le logement occupe environ 20% et le reste est dédié aux activités économiques. L’évolution des consommations en énergie finale montre une tendance à la stabilisation, avec une légère baisse essentiellement attribuable au secteur de l’industrie. Les transports peinent à se stabiliser, ce qui est un problème lié au trait de caractère important de ce territoire : sa ruralité. Le poids des transports y est donc important et les actions mises en œuvre depuis le travail sur la transition énergétique entamé en 2012 permet seulement de compenser la hausse du nombre de véhicules et des déplacements. Le territoire est très dépendant de la voiture.
La balance énergétique du territoire est déficitaire. Le revenu de la production est inférieur à celui de la consommation. Et la facture la plus élevée revient aux transports mais n’est pas proportionnelle à la consommation tant le prix des carburants est plus élevé que le prix des autres énergies. Ainsi, on impute aux transports 2/3 du déficit de la balance énergétique alors que la consommation représente un peu plus de 50% de la consommation globale. Prospectivement, dans le cadre de la territorialisation des objectifs de la Stratégie Régionale Neutralité Carbone ‐SRADDET sur le territoire pour l’efficacité énergétique, il est attendu pour 2023 un effort sur :
Le résidentiel : rénovation de 400 à 500 logements par an ;
Le tertiaire : rénovation de 11 à 13 000 m² par an ;
Le transport :
o Report modal avec augmentation de 100% de la part des transports en commun et augmentation des modes actifs (vélo, marche) pour qu’ils représentent 50% des déplacements urbains ;
o Électrification des véhicules : atteinte d’un Parc de véhicule hybride/électrique de l’ordre de 1700 à 2500 véhicules.
Production énergétique
La production énergétique sur le territoire du Parc est faible et ne représente que 0,4% de la production régionale. Avec 43 GWh de production annuelle, le territoire ne couvre que 3% de sa consommation en 2015. L’énergie sur le territoire est uniquement produite à partir de sources renouvelables.
L’essentiel de cette production est assuré par la biomasse qui arrive largement en tête, suivie ensuite de l’énergie photovoltaïque et du solaire thermique. Si la production à partir de biomasse semble stable, le développement de l’énergie photovoltaïque, sous l’influence de politiques publiques, mais aussi d’intérêts financiers marqués, est croissant.
L’énergie solaire thermique accuse une stabilisation à un niveau toutefois assez faible. Ces évolutions sont compréhensibles du fait de l’absence de développement de grands projets de production d’énergie renouvelables, peu compatibles avec les enjeux rencontrés à l’échelle du territoire du Parc et qui caractérisent un Parc naturel régional.
Pour l’éolien, le cumul de contraintes paysagères, urbanistiques, naturelles avec celles des radars de l’armée et des radars météorologiques rend l’implantation d’éoliennes de grandes et moyennes puissances très limitée.
Il en va de même pour les parcs photovoltaïques au sol, nécessitant de grandes emprises, souvent sur des terres agricoles à préserver ou sur de milieux naturels remarquables, lesquels sont, de fait, globalement incompatibles avec une occupation énergétique.
Ainsi, le développement des énergies renouvelables se fait sur de petites surfaces, favorisant un développement maîtrisé et compatible avec les enjeux du territoire mais ne produisant qu’une faible quantité d’énergie. Prospectivement, dans le cadre de la territorialisation des objectifs de la Stratégie Régionale Neutralité Carbone ‐SRADDET sur le territoire pour la production d’énergie renouvelable, il est attendu pour 2023 un effort essentiellement sur le développement de l’énergie solaire (qui représente le plus grand potentiel du territoire) et sur la biomasse. La récupération de chaleur est elle aussi soulignée comme un potentiel à développer.
En parallèle du bois d’œuvre, et de la démarche de qualification du Pin d’Alep pour le bâtiment à laquelle le Parc a participé aux cotés de France Forêt, le Parc travaille depuis plusieurs années sur un objectif de fond : la transition énergétique. Après avoir mis en œuvre un Plan Local Énergie Environnement suivi d’un Plan Climat Air Énergie Territorial mutualisée sur le Pays d’Arles. Une stratégie d’action est ainsi née, coordonnée avec le Schéma régional Climat Air Énergie dans une logique globale d’efficacité, de sobriété et de production d’énergies renouvelables.
Parmi les énergies renouvelables, la biomasse occupe une place non négligeable sur le territoire des Alpilles et du Pays d’Arles, qu’elle soit forestière ou agricole. La ressource est présente, mais sa mobilisation et la filière qui lui sont attachées peinent à se développer. Pourtant, la contribution du Parc des Alpilles aux objectifs de production de biomasse du Schéma régional Climat Air Énergie est de l’ordre de 40 GWh/an à l’horizon 2030, soit environ 16 à 20 000 tonnes de bois vert par an. Cette quantité comprend du bois forestier, mais aussi de la biomasse agricole (résidus de taille…). Elle représente une cible et non une image de la capacité de nos forêts et de nos champs. Le volet
énergétique de la gestion forestière contribue ainsi de manière cohérente à l’action déjà engagée et celles à venir. Et si la façon de travailler cette démarche forestière territoriale passera par une animation du Parc naturel régional des Alpilles sur son territoire, la vision qu’il donne à cette stratégie est supra territoriale.
Qualité de l’air :
L’étude de l’ensemble des paramètres de la qualité de l’air montre une tendance générale à la stabilisation ou à la baisse de polluants atmosphériques entre 2007 et 2016, date des données les plus récentes obtenues. Cette tendance à l’amélioration teintée de contrastes, résulte en partie d’une diminution de l’activité industrielle des territoires voisins.
Ce sont sans surprise les transports qui sont les principaux émetteurs sur le territoire, loin devant l’agriculture, l’industrie ou le résidentiel. Entre 2007 et 2016, la baisse des émissions globales est de l’ordre de 30% malgré une certaine stabilité des émissions liées aux transports. Pour autant, depuis 2012, tous secteurs confondus, la tendance est à la stabilisation des émissions, ce qui signifie que les principaux efforts de diminution des rejets ont eu lieu avant 2012. Actuellement, les efforts faits suffisent à peine à contrebalancer l’augmentation des activités émettrices.
Les chiffres relatifs aux gaz à effet de serre sont issus du Système d'Information Territorial des Parcs naturels régionaux de Provence‐Alpes‐Côte d'Azur.
Concernant des émissions de gaz à effet de serre, une baisse est survenue entre 2007 et aujourd’hui de l’ordre de 35%. Cette diminution est une nouvelle fois liée au secteur de l’industrie, particulièrement sur le territoire de l’ACCM. En dehors de ce secteur, que ce soit sur le territoire de l’ACCM ou sur les autres territoires, la tendance est à la stabilisation, voire à l’augmentation pour le secteur des transports.
En conclusion, il apparaît que la qualité de l’air s’est globalement améliorée. Et la cause essentielle de cette amélioration est liée à l’industrie. Un effet crise économique de 2008 additionnée de changements importants dans les approvisionnements énergétiques des industries, voire de fermeture de grosses unités a conduit à cette baisse significative des émissions de polluants.
Aujourd’hui, cette tendance pourrait basculer avec la reprise de cette activité. Prospectivement, dans le cadre des objectifs de la Stratégie Régionale Neutralité Carbone‐SRADDET sur le territoire régional pour la qualité de l’air, il est attendu pour 2023 un effort de baisse de 54% des émissions de NOx et de 40% des PM 2,5, le tout par rapport aux valeurs enregistrées en 2012. Concrètement, pour les Alpilles, cet effort devra se faire essentiellement sur les transports et le résidentiel.
Source : base régionale CIGALE (Consultation d'Inventaires Géolocalisés Air Climat Energie), outil de référence de l'observatoire régional Energie Climat Air.
Enjeux liés au climat-air-énergie sur le territoire
Pressions existantes
Un territoire rural dépendant de la voiture ;
Des contraintes paysagères et patrimoniales importantes ;
Faible capacité financière d’intervention pour le développement de projets efficaces de transition énergétique ;
Une culture du climat méditerranéen qui se perd.
Perspectives d’évolution
Côté températures, la hausse pourrait atteindre 0,45°C par décennie. Sur les saisons, cela se traduit par une hausse des maximales de l’été et des minimales de l’hiver ;
Effets de la hausse des températures sur la ressource en eau, en effet, même à précipitations égales, la hausse des températures ambiantes conduit à une hausse de l’évapotranspiration et donc du besoin en eau des végétaux ;
Banalisation des problèmes de changement climatique et de transition énergétique par le public ;
Reprise de l’activité industrielle sur les territoires voisins ;
Impact des projets régionaux grande échelle.
Evolutions probables de l’environnement en l’absence de charte du Parc
Absence de sensibilisation aux enjeux du changement climatique ;
Développement de projets d’infrastructures énergétiques en zones sensibles ;
Absence de vision globale à l’échelle du territoire.
Enjeux
Vulnérabilité du territoire face à la disponibilité de la ressource en eau ;
Impacts du climat sur la biodiversité, la forêt, l’agriculture et les risques naturels ;
Climat : culture du climat méditerranéen et de ses manifestations (eau, chaleur…) ;
Air : enjeu subi d’une échelle qui dépasse le territoire des Alpilles, nécessitant une coopération importante avec les territoires adjacents ;
Accélération des actions sur la transition énergétique et écologique pour atteindre les objectifs fixés ;
Place du Parc dans cette dynamique en tant que territoire pilote et exemplaire ;
Montée en compétences des entreprises sur le territoire pour satisfaire les nouvelles attentes de performances ;
Conciliation des objectifs énergétiques et climatiques avec la préservation des patrimoines des Alpilles.
Localisation enjeux
Totalité du territoire