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Grandes familles, grandes sociétés : des acteurs pertinents ?

C- Profils et motivations des membres : des stratégies multiformes

1- Grandes familles, grandes sociétés : des acteurs pertinents ?

Donner des exemples de liens familiaux entre membres de la Chambre de Commerce, a

fortiori entre eux et ceux qui fréquentent les autres institutions étudiées n’a rien de difficile. Il

en va de même si l’on recherche des personnes associées pendant des années en nom personnel, sans être pour autant alliées ou apparentées. Pourtant, il est difficile d’en rester à ce simple constat. En effet, prendre en compte ce type de liens, c’est tenter de répondre à deux questions importantes sur l’institution. La première est celle de ses modes de recrutement : dans la mesure où la cooptation domine, il est tentant d’imaginer qu’elle s’exerce dans un milieu densément uni par ce type de liens. Il faut tester la validité de cette affirmation, et observer dans quelle mesure la réforme de 1832 modifie cette situation. D’autre part, on peut 108 Un cas extrême et révélateur à cet égard est celui de Martin fils d’André. Né en 1748, membre de la Chambre en 1806-1809 et 1812-1815, censeur de 1810 à 1824, également Vice-Président du Conseil Général du Commerce, Président du Tribunal de Commerce en 1812-1813 et en 1818, il avait en réalité déjà été élu à ce poste en 1810. Mais cette élection avait attiré les critiques du ministre de la Justice, lui reprochant de contrevenir à l’article 620 du Code de Commerce qui imposait à un Président d’avoir été auparavant juge. Martin fils d’André indique alors qu’il a seulement « cédé à des sollicitations et à des invitations respectables » mais que la place de Président du Tribunal de Commerce « ne convient point à mes intérêts et m’accablerait de travail, elle provoquerait contre moi bien des mécontentements » : il rejoint ici le discours classique sur ces fonctions. Mais, s’il accepte de renoncer à la présidence, c’est seulement en échange d’autres fonctions administratives (non précisées), car « Depuis 25 années j’ai presque constamment rempli des fonctions de magistrature administratives, de préférence à la carrière commerciale, qui présente à mes yeux plus de dangers que d’espérances ». Le cas est ici atypique puisque l’homme a plus de 60 ans ; il reste que le passage définitif à un rôle consultatif conçu comme plus gratifiant existe sans doute dans d’autres cas (cf. Impressions du Conseil d’Etat : Rapport et projets de décret relatifs à l’exécution de l’article 620 du Code de Commerce touchant l’éligibilité à la place de Président d’un Tribunal de Commerce, Rapport du Grand-Juge ministre de la Justice, 13 décembre 1810, 2209. Projets d’avis relatifs à l’exécution de l’article 620 du Code de Commerce touchant l’éligibilité à la place de Président d’un Tribunal de Commerce, section de législation, rapp. Berlier, 2° rédaction, 17 décembre 1810, 2209 ; et, pour les citations, lettre du 12 décembre 1810 au ministre de l’Intérieur, AN F12 939).

se demander dans quelle mesure le fait que l’un de ses membres siège à la Chambre de Commerce ou dans une autre des institutions étudiées peut avantager une famille ou une société109. En effet, si la Chambre de Commerce ne demande presque jamais d’interventions en faveur de particuliers, le fait d’y être présent peut permettre de défendre plus indirectement ces intérêts (en les élargissant à ceux d’un secteur, en entrant en contact avec des autorités…). Il faut alors rechercher des indices qui pourraient suggérer un tel fonctionnement ; on peut aussi s’interroger sur l’existence d’un partage des tâches au sein des groupes familiaux (chacun se chargeant d’une institution).

Une étude difficile et nécessaire Pour cet exercice, j’ai choisi d’étudier, non seulement les liens entre membres de la Chambre, mais ceux entre les notables ayant fréquenté, entre 1803 et 1872110, l’une des cinq institutions étudiées dans cette partie. En effet, il ne pouvait s’agir de rechercher, à partir de chaque membre, ce qu’on appelle son réseau égocentré, c’est-à-dire, en étoile, ses parents les plus proches, ses associés, leurs parents, leurs associés, etc. : outre qu’aucune frontière ne peut être définie (mais c’est une question qui se pose de toute façon), il aurait été impossible d’établir des comparaisons entre individus111. Or c’est ce que je souhaite faire ; je souhaite aussi montrer si des groupes plus larges s’agrègent au sein du milieu que j’étudie. Dans ce cas, mieux vaut tenter une étude exhaustive des liens réalisés parmi tous ceux possibles entre les centaines d’individus étudiés. Tenter seulement, bien sûr : non seulement ils sont inégalement connus, mais il n’y a pas de source homogène les concernant tous et qui permettrait d’étudier réellement la structure d’ensemble de ces liens112.

J’ai choisi de ne pas me limiter à la Chambre : cela permet de compléter l’analyse des carrières en montrant dans quel milieu elles s’insèrent. Il est évident que ce monde n’est en réalité pas fermé. Ainsi, des liens très indirects entre membres de la Chambre qui passeraient, par exemple, par le biais de deux Conseillers d’Etat, risquent de ne pas avoir été pris en

109 Jean-Marie Moine résume ainsi les apports de diverses études sur des Chambres de Commerce : « Ces riches qui s’incrustaient volontiers dans le mandat consulaire manifestaient aussi dans la manière de l’exercer un sens certain de la famille, un trait caractéristique du monde des notables » (Jean-Marie MOINE, « Un patriciat économique ? Recrutement et représentativité dans les Chambres de Commerce en France aux XIX° et XX° siècles », multigraphié, 1999, p.26) : cette affirmation très générale est fondée sur la mise en évidence de liens et de successions au sein des Chambres. Mon but est d’envisager les différentes significations plus précises qu’elle peut revêtir.

110 La base de données utilisées a été constituée à un moment de cette étude où j’envisageais de l’étendre jusqu’en 1872 : ce sont donc au total 830 personnes qui sont prises en considération. Ces données supplémentaires ne me semblent pas inutiles dans la mesure où elles fournissent un point de comparaison pour la période précédente. Une légère sous-estimation des liens pour la période 1852-72, du fait d’une étude moins précise des personnes concernées lors de la suite de mon travail, est toutefois possible mais doit être limitée, car les ouvrages contenant le plus d’indications sur cette période ont été consultés avant la restriction de l’étude.

111 En outre, ce sont moins des individus qui m’intéressent que des membres d’institution, au sens où un seul aspect de leur vie me concerne. Retracer tous les liens de Charles de Rémusat, présent dans ma base pour avoir été conseiller municipal, mais qui, du fait de ce seul poste, n’est pas au centre de mes préoccupations, ce serait réécrire ses Mémoires. Il reste que rappeler son alliance avec la famille Perier est ajouter un élément à l’étude du milieu étudié.

112 Sur les problèmes généraux concernant l’analyse des réseaux, centrée sur des individus ou structurale, on peut se reporter, parmi une littérature très étendue et variée, à Alain DEGENNE et Michel FORSE, Les réseaux sociaux, Armand Colin, 1994, 288p., ou à Emmanuel LAZEGA, Réseaux sociaux et structures relationnelles, PUF, 1998, 128p.

compte. Toutefois, j’ai tenté pour l’essentiel de me limiter à des liens directs113. La limite essentielle de ce travail est bien évidemment liée à ses sources. Il n’était pas question de recourir à l’état civil de tous les hommes étudiés114, qui aurait d’ailleurs laissé échapper nombre d’alliances à l’échelle de la famille, pas plus qu’à tous leurs actes de société. La plus grande partie de mes renseignements provient en fait de sources secondaires, qui sont sur cette population d’une qualité exceptionnelle115. Des problèmes demeurent, quelles que soient les sources : savoir qu’un homme est le neveu d’un autre ne dit de toute façon rien, de façon générale, sur leurs relations. J’ai choisi de retenir, entre deux individus, des liens les plus directs possibles, et surtout ceux qui étaient efficaces pendant la période où ces individus appartenaient aux institutions que j’étudie (ainsi, deux hommes devenus associés à long terme, ou dont les familles s’allieraient, mais vingt ans après leurs mandats ne seraient pas reliés). Une autre question est celle de la dissymétrie entre institutions dans mes sources, le Conseil Général de la Banque de France, en particulier, ayant été beaucoup plus étudié que les autres, et le Tribunal de Commerce beaucoup moins. Elle est en partie compensée par le caractère réciproque des liens : plusieurs juges du Tribunal sont ainsi connus par le biais de biographies de membres d’autres institutions. Mais elle ne peut être totalement contrôlée.

Enfin, le fait que j’ai traité ensemble les liens de parenté, d’alliance et certaines formes d’association116 mérite un commentaire. Ce choix est relatif à la période étudiée ; il m’a été en grande partie inspiré par les réflexions de Jean-Pierre Hirsch, qui a étudié très précisément de réelles stratégies familiales et d’entreprises dans le négoce lillois117. Souhaitant aller au-delà 113 J’invite toutefois le lecteur à la prudence en la matière. Il est toujours utile de se reporter à l’annexe 7-4, où j’ai fait apparaître le plus clairement possible chaque lien et les regroupements généraux, forcément plus contestables, que j’ai effectués.

114 Je n'ai notamment pas étudié les actes ni surtout les contrats de mariage, dont plusieurs auteurs signalent la richesse (cf. Jean-Pierre HIRSCH, op. cit., p.119, qui souligne que les contrats de négociants lillois comptent souvent 20 ou 30 témoins, et Romuald SZRAMKIEWICZ, op. cit., qui fournit de nombreux exemples dans ses fiches biographiques) En effet, pour bien faire, ce sont surtout ceux des enfants des membres qui auraient été utiles, plus que ceux des membres eux-mêmes au moment de leur mariage, souvent bien éloigné de celui de leur élection. En outre, certains des liens ainsi retracés sont certainement fugaces, ou de simple convenance.

115 La plupart des informations généalogiques et sur des entreprises sont issues des sources suivantes, qui – fort heureusement – se recoupent très souvent : aussi la source n’est-elle pas indiquée pour chaque lien : Louis BERGERON, Banquiers, négociants et manufacturiers parisiens du Directoire à l'Empire Paris – La Haye – New York : Mouton, 1978, 436p. ; Louis BERGERON, Les Rothschild et les autres. La gloire des banquiers, Perrin, 1991, 203p. ; Serge CHASSAGNE, Le coton et ses patrons. France, 1760-1840, éd. de l’EHESS, 1991, 733p. ; Henry COSTON, Dictionnaire des dynasties bourgeoises et du monde des affaires, éd. Alain Moreau, 1975, 599p. (qui n’a pas la qualité des travaux universitaires, mais les confirme et parfois les complète) ; Michel FLEURY et Bertrand GILLE (dir.), Dictionnaire biographique du Conseil Municipal de Paris et du Conseil général de la Seine. 1, 1800-1830. Aguesseau-Godefroy, Ville de Paris, Commission des travaux historiques, Sous-commission de recherches d'histoire municipale contemporaine, Impr. municipale, 1972, 110p. ; Bertrand GILLE, La banque et le crédit en France de 1815 à 1848, PUF, 1959, 380p ; Alain PLESSIS, Régents et gouverneurs de la Banque de France sous le Second Empire, Genève : Droz, 1985, 444 p. Alain PLESSIS, La Banque de France et ses deux cents actionnaires sous le Second Empire, Genève : Droz, 1982, X-294 p. ; Romuald SZRAMKIEWICZ, Les Régents et censeurs de la Banque de France nommés sous le Consulat et l'Empire, Genève : Droz, 1974, LVIII-422p. Les bases ARNO des Archives nationales, concernant les actes notariés passés en 1851, ont fourni un contrôle utile pour la fin de ma période (elles donnent les liens mentionnés dans les actes). L’ensemble des sources que j’ai consultées (notamment les publications contemporaines concernant des membres) a pu compléter cette base, même si l’essentiel était déjà acquis. Enfin, je suis loin d’avoir repris tous les liens mentionnés, parfois très ténus.

116 Il s’agit d’associations entre un petit nombre de personnes, presque toujours en nom collectif, pour un temps long (ou, rarement, plus court, mais se situant précisément au moment du mandat étudié).

117 Jean-Pierre HIRSCH, Les deux rêves du commerce. Entreprise et institution dans la région lilloise (1780-1860), éd. de l'EHESS, 1991, p.59-60.

de l’évidence des liens familiaux, il souligne que l’existence d’associations familiales, loin de signaler une entreprise transparente à la famille, montre que celle-ci a besoin d’une sanction juridique pour être efficace, mais aussi d’apports extérieurs lorsque ses seules forces ne suffisent pas118. Jean-Pierre Hirsch lui-même souligne que l’entreprise est sans doute plus familiale dans le Nord qu’ailleurs. Pourtant, le type de relations qu’il décrit semble bien correspondre aux modes de fonctionnement de la haute banque, que j’ai évoqués, dans la mesure où elle se caractérise justement, par opposition aux banques de dépôt créées plus tard, par l’usage quasi exclusif d’un capital familial. Pour les autres mondes sociaux présents dans les institutions que j’étudie, le diagnostic est moins net, et il est clair que l’expansion rapide des sociétés en commandite par actions à partir des années 1830 change la donne.

Le seul témoignage direct de l’opinion des acteurs sur ce sujet, qui date de 1850, est éclairant. En effet, à l’occasion de la réforme des Chambres de Commerce, la question de l’élection simultanée de parents proches ou d’associés est posée, sans que l’on puisse savoir qui la pose le premier : en tout cas, c’est bien en parallèle que sont placées ces deux formes de confusion d’intérêts. Les avis des Chambres sont partagés, ce qui reflète sans doute à la fois la diversité des pratiques et celle des représentations119. Celui de la Chambre de Paris est particulièrement nuancé :

« Des réclamations ont été faites plusieurs fois à l’occasion de la présence simultanée de deux frères ou de deux associés dans la même Chambre. Nous n’avons pas vu les mêmes inconvénients dans l’un et l’autre cas. Deux frères exercent rarement le même genre de commerce ou d’industrie. Lors même qu’ils seraient dans cette situation, leurs intérêts sont distincts et ne peuvent amener entre eux un accord systématique qui pourrait exercer une influence fâcheuse sur les délibérations des Chambres. Il n’en est pas de même de deux associés, chez lesquels les vues et les intérêts sont habituellement les mêmes. Nous pensons donc que la législation nouvelle doit interdire seulement la présence de plusieurs associés dans la même Chambre. Cette interdiction ne nous semble même nécessaire qu’à l’égard des associés en nom collectif. »120

A ce moment, la Chambre considère donc que l’association en nom collectif de deux frères, et implicitement de deux parents, n’a rien de courant, et qu’on ne peut soupçonner que deux associés de poursuivre des stratégies égoïstes. Il reste que cette prise de position intervient justement à un moment où ces cas sont aussi loin l’un que l’autre de se poser à la 118 L’entreprise en nom collectif représente alors un « instrument complémentaire des stratégies familiales, venant régler ce qui ne pourrait l'être par des mariages, car il balayait d'autres secteurs de l'espace familial et dans une autre durée » : il permet d'user de durées plus courtes, d'unir des parents proches ou deux branches masculines (ibid., notamment p.119, 134, 139, 285, 313 ; citation p.313).

119 « Arras et Troyes ne veulent pas que deux frères puissent être admis ; Bordeaux, Calais, Clermont Ferrand, Dunkerque demandent la même interdiction pour les parents et alliés du premier et du second degré ; Metz l’étend jusqu’au troisième degré inclusivement ; Nantes et Troyes l’étendent à tous les degrés, sans aucune limite. Trois Chambres, Boulogne sur Mer, Le Havre et Strasbourg, laissent à l’appréciation des électeurs le soin de décider, selon les circonstances, si des parents et des associés doivent entrer dans la même Chambre » (cf. Chambre de Commerce de Paris, Rapport sur les réponses des Chambres d’Abbeville […] et de Valenciennes, relatives à la réorganisation des Chambres de Commerce, Panckoucke, avril 1850, 20p.).

120 Chambre de Commerce de Paris, Rapport sur la réorganisation des Chambres de Commerce, Panckoucke, février 1849, 24p. C'est cette position qui est adoptée dans le décret sur l’organisation des Chambres de Commerce du 3 septembre 1851 ; mais l'article concerné disparaît, sans explications, dans le nouveau décret du 30 août 1852 (cf. annexe 1-1).

Chambre – cependant dirigée alors par un Président et un Secrétaire, Charles Legentil et Horace Say, qui sont beau-frère et gendre d’un même homme, le marchand de nouveautés François Casimir Cheuvreux. Il faut donc faire la part entre discours moderniste et réalité.

Une fois toutes ces réserves faites, le caractère très net de certains des résultats obtenus – ainsi que les apports plus ponctuels qui peuvent résulter, pour l’interprétation de tel ou tel épisode, de la connaissance des réseaux de membres de la Chambre – me paraissent justifier le travail accompli. Je dois tout d’abord décrire la configuration d’ensemble qui se dégage des liens restitués, avant de statuer sur les apports généraux de ce traitement à propos du système d’institutions considérées, du recrutement de la Chambre et de son fonctionnement.

Poids et limites des comportement collectifs A partir des liens bilatéraux retrouvés entre membres121 émergent plusieurs types de configurations. Le cas le plus simple est celui de vingt-neuf groupes comprenant chacun entre deux et dix personnes122. Il s’agit d’abord de quinze couples de membres unis par un lien simple (un père et son fils, deux associés…) et que rien ne rattache clairement à d’autres groupes. Ils peuvent avoir des intérêts communs, l’un peut avoir bénéficié de l’expérience de l’autre pour lui succéder, mais ils ne participent pas d’un vaste réseau déployant sa stratégie sur les institutions étudiées. J’ai assimilé à ce cas celui de quatorze groupes un peu plus nombreux, qui comptaient peu de présents dans mon échantillon avant 1852 (moins de six), peu de membres de la Chambre de Commerce (moins de cinq et en général moins de deux) et n’avaient pas de liens entre eux ni avec les ensembles plus vastes également découverts. Ces groupes sont parfois un peu moins unis, mais représentent une ou deux familles entourées d’associés, et assez ponctuellement présentes dans les institutions étudiées.

En deçà de cet univers de vingt-neuf petits groupes représentant 78 personnes, la plupart des individus (414 sur 600) apparaissent isolés. Mais, au-delà, émergent quelques structures plus complexes, regroupant au total 114 hommes123. J’ai séparé, en leur sein, plusieurs noyaux qui m’apparaissaient plus densément reliés, et j’ai tenté d’ordonner, dans la présentation, les liens de façon à ce que se distinguent les mondes les plus denses (fratries par exemple) par rapport à leur entourage. Les deux derniers de ces groupes (g9 et g10) se caractérisent par leurs effectifs plus élevés que ceux des petits groupes, incluant plus de membres de la Chambre avant 1852. Quant aux huit premiers, si chacun a son unité propre, ils sont tous reliés entre eux d’une façon ou d’une autre124 : même si c’est de manière parfois ténue, tout découpage en leur sein reste arbitraire. Cela ne veut pas dire, comme le montrent les liens retranscrits, que toutes les relations au sein de ces groupes soient transitives. Un membre de l’un d’eux peut se retrouver si indirectement lié à un autre qu’il n’a absolument plus d’intérêts communs. Cependant, le chemin qui les relie passe seulement par des membres d’institutions commerciales, et n’est pas trop long, car ces groupes sont dans l’ensemble très densément 121 Dont la liste ordonnée est donnée en annexe 7-4.

122 Et désignés par un indice commençant par la lettre p, et plus bas par l’expression de « petit groupe », choisie, faute de mieux, pour sa neutralité.

123 Désignées par un indice commençant par la lettre g, et dorénavant appelées « groupes ».

124 C’est pour cela qu’un groupe en lui-même réduit (comme g6) est inclus dans cette partie : il est en effet lié au g1 et au g5.

reliés. Mon hypothèse est que l’existence de ces groupes reflète des formes de recrutement fondées sur les liens familiaux et d’association, dont il devient alors possible d’évaluer le poids. En revanche, s’ils partagent souvent un même type d’activités, il est peu probable, comme on va le voir, que de véritables stratégies collectives existent à une échelle aussi vaste, même si c’est bien en leur sein que se retrouvent des noyaux plus durs où elles ont pu provisoirement jouer.

Avant de donner quelques résultats généraux consultant les poids respectifs de ces