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Gisements, ressources et voies d’exploitation traditionnelles du Ni

Chapitre 1 : Etat de l’art

2.2 Gisements, ressources et voies d’exploitation traditionnelles du Ni

Le nickel est présent dans la croûte terrestre à hauteur de 0,008 à 0,02 %. Il se classe 24ème

par ordre décroissant d’importance par rapport à sa teneur massique. Il se trouve sous

différentes formes minérales dont la teneur en Ni peut varier de 28 à 73 % selon qu’il soit sous

forme de sulfure, arséniure, antimoniure, arséniate, silicate ou oxyde. Ces différentes formes

sont retrouvées dans les gisements de Ni qui peuvent être classés en deux catégories : les

gisements sulfurés et les gisements oxydés, parmi lesquels on retrouve deux principales

familles celle des gisements silicatés (saprolites) et celle des gisements latéritiques (limonites).

La nature des gisements dépend de leur localisation. Les minerais sulfurés représentent 30 %

des réserves en Ni, estimées à 200 millions de tonnes, contre 70 % pour les minerais oxydés.

Les ressources les plus importantes se trouvent en Nouvelle-Calédonie, Indonésie, Canada

et Cuba (Eramet 1996). Une ressource secondaire importante provient du recyclage puisqu’il

s’agit d’un des métaux les mieux recyclés. Le taux de récupération en France est de 80 %

représentant 35 % des besoins de la production du pays.

2.2.2 Techniques d’exploitation traditionnelles

Les techniques d’exploitation dépendent de la nature du minerai. Bien que les minerais

sulfurés soient moins abondants, leur extraction représente 55 % de la production mondiale.

A la différence des minerais oxydés, ils peuvent être concentrés par voie hydrométallurgique,

ce qui diminue le coût énergétique ramené à la tonne de Ni récupéré. Ils contiennent aussi

d’autres métaux valorisables, ce qui permet de diminuer le coût d’exploitation. Cependant,

comme les minerais oxydés ne contiennent pas d’autres métaux, leur exploitation est moins

complexe, il s’agit souvent de gisements à ciel ouvert. Les coûts d’extraction sont donc moins

Chapitre 1 : Etat de l’art

élevés que pour les minerais sulfurés se trouvant entre 1 000 et 2 000 m de profondeur

(Eramet 1996).

Deux techniques fondamentales sont utilisées pour traiter les minerais : la pyrométallurgie et

l’hydrométallurgie, qui s’appliquent respectivement aux minerais plus concentrés et moins

concentrés. La Figure 3 représente un schéma général décrivant les principales méthodes

d’extraction. Elles aboutissent à des produits finis comme les oxydes ou le ferronickel ou à des

produits intermédiaires comme les mattes ou les concentrés, qui nécessitent une deuxième

étape de transformation ou raffinage. Celle-ci repose sur des techniques de pyrométallurgie,

vapométallurgie, électroraffinage, hydrométallurgie ou électrolyse.

i. Exemples de technique d’exploitation d’un minerai sulfuré

Le procédé de l’usine canadienne de Copper Cliff (société INCO) traite les minerais sulfurés

pour produire des oxydes de Ni et du Ni métal sous la forme de poudre et de pellets. Le

procédé compte trois étapes d’élaboration :

 Préparation du minerai : le minerai est broyé et le sulfure de Fe éliminé par séparation

magnétique et flottation. Cela permet de concentrer le minerai en Ni.

 Première étape de transformation métallurgique : il s’agit d’une étape

pyrométallurgique. Le concentré mixte de Cu et Ni est fondu par fusion flash et enrichi

en Ni par élimination du soufre dans des convertisseurs. La matte obtenue, une fois

refroidie, est broyée. Le cuivre est éliminé par flottation, pour donner un concentré de

Ni qui, une fois grillé, permet la production de Ni métal. Une partie de la matte broyée

est envoyée vers une étape de raffinage pour aboutir à des produits finis de plus haute

qualité.

 Deuxième étape de transformation métallurgique : elle est basée sur le procédé Mond,

un raffinage par voie carbonyle. La matte concassée est mise en contact avec du

monoxyde de carbone à 180 °C sous 6,9 MPa. Seuls le Fe et Ni forment des

Figure 3 : Schéma général présentant les principales méthodes d'extraction métallurgiques des minerais de Ni

Le Ni(CO)4 obtenu est décomposé à 200-300 °C pour produire du Ni de haute pureté

sous la forme de poudre ou de pellets

Un schéma de ce procédé de production est présenté en Figure 4.

ii. Exemple de technique d’exploitation d’un minerai oxydé

A Cuba, l’entreprise Cubaniquel en partenariat avec l’entreprise canadienne Sherritt

International, traite un minerai oxydé par un procédé hydrométallurgique, le procédé de Moa,

pour obtenir un concentré de sulfure mixte de Ni et Co, selon deux étapes :

 Préparation du minerai : les fractions les plus pauvres en Ni (serpentine) sont éliminées

pour éviter une surconsommation d’acide. Le minerai est broyé et délité dans l’eau. La

Figure 4 : Schéma d'un exemple de procédé pour traiter un minerai sulfuré de Ni (d’après Eramet, 1996)

Chapitre 1 : Etat de l’art

pulpe est chauffée à 80 °C par la chaleur produite par une partie de l’installation de la

deuxième étape.

 Procédé hydrométallurgique : la pulpe est lixiviée par une solution d’acide sulfurique

concentrée à 250 °C et à 4 MPa. Après filtration, le pH du lixiviat est ajusté à 3 par

ajout de Ca(OH)2. Après filtration, H2S gazeux est injecté pour précipiter Ni et Co sous

forme de sulfure. La solution est filtrée pour obtenir un concentré mixte de Ni et Co.

Un schéma de ce procédé de production est présenté en Figure 5.

Ainsi, de nombreux procédés ont été développés pour extraire le Ni depuis les minerais

sulfurés et oxydés. Cependant, ils ne sont pas adaptés pour des ressources en Ni de faible

concentration (de l’ordre de 0,1 %).

3 Une nouvelle perspective de ressources : les sols de serpentine

et les plantes hyperaccumulatrices

La consommation en Ni ne cesse d’augmenter dans le monde alors que ce métal est une

ressource non renouvelable. C’est pourquoi de nombreux travaux de recherche sont engagés

pour trouver de nouvelles ressources. Le recyclage occupe une place importante dans cette

thématique (Reck et al. 2008, Chagnes and Pospiech 2013, Hazotte et al. 2016) mais l’intérêt

se porte aussi vers de nouvelles ressources, dites secondaires. Parmi elles, les sols de

serpentine contiennent une forte teneur de Ni mais trop faibles néanmoins pour pouvoir être

exploités au même titre que des minerais. Sur ces sols s’est développée une flore particulière,

capable d’extraire le Ni. Dans ce paragraphe sont présentés les roches ultramafiques puis les

sols de serpentines et les plantes hyperaccumulatrices de Ni.