Chapitre 3 : Calcul de la spéciation des métaux dans le lixiviat d’A. murale
3.1 Calcul de la spéciation des métaux et ligands dans le lixiviat d’ A. murale
Les constantes de complexation des ACFPM et des acides aminés avec les métaux ayant été
incrémentées dans la base de données, Chess est à même de calculer la spéciation des
métaux dans le lixiviat global. Les données en entrée sont les concentrations en éléments,
ACFPM et acides aminés déterminées dans le chapitre précédent. Elles sont rappelées dans
le Tableau 15.
Tableau 15 : Données en entrée du calcul de la spéciation de la solution de lixiviation de A. murale obtenue en
sortie de colonne C2 (Chapitre 2 Section 2.2.2)
Les calculs ont été effectués au pH du lixiviat, c’est-à-dire 5,7. Bien que S et P aient été
analysés sous forme élémentaire à l’aide de l’ICP, ils ont été ajoutés sous la forme de
phosphate et sulfate, puisque que ce sont les formes sous lesquelles ces éléments se trouvent
dans la plante, et donc la forme la plus probable sous laquelle ils peuvent se trouver en
solution. Pour les acides carboxyliques, qu’ils soient entrés sous forme protonée ou non, le
logiciel va recalculer leur spéciation. Ainsi, à partir des concentrations du Tableau 15, des
constantes de complexation de la base de données EQ3/6 et de celles ajoutées et listées en
Annexe 1, les calculs de spéciation ont été effectués et sont présentés en Figure 32.
Ni2+ Ca2+ Mg2+ K+ PO43- SO42- Oxalate
2-Concentration (mM) 9,56 6,97 7,83 24,64 3,81 3,35 1,10
Malonate2- Citrate2- Malate2- Acetate- Alanine Glycine Serine
Concentration (mM) 11,84 3,61 18,93 2,48 0,37 0,21 0,16
Glutamate2- Valine Lysine Methionine Leucine Histidine Arginine
Concentration (mM) 0,12 0,08 0,02 0,01 0,04 0,15 0,06
Proline Aspartate Glutamine Phenylalanine
Cette figure montre que les métaux ne se comportent pas de la même façon vis-à-vis des
ligands présents en solution. En effet, la proportion de cations libres, i.e non complexé dans
le lixiviat, en solution dépend fortement de l’élément. Elle est de 3, 97, 72 et 69 % pour
respectivement Ni, K, Mg et Ca. Conformément aux constantes de complexation, plus élevées
dans le cas de Ni, c’est cet élément qui a le plus d’affinité avec la matière organique. A
l’inverse, K, seul métal monovalent majeur, ne complexe pas avec les ACFPM. En effet, les
constantes de complexation sont très faibles : log K = 0,9, log K = 0,6, log K =-0,3 et
log K = 0,2 avec respectivement le malonate, le citrate, l’acétate et le malate. Le complexant
majoritaire étant celui dont la constante de complexation est la plus élevée.
Mg et Ca ont des comportements similaires. Pour ces deux éléments, plus des deux tiers sont
sous forme libre, et le reste est complexé par les différents ligands. Le majoritaire est le malate
avec une constante de complexation log K = 1,7 et log K = 2,0 respectivement pour Ca et Mg.
De plus, ces deux métaux complexent aussi sous forme de sels minéraux comme les sulfates
et les phosphates dont les log K sont compris entre 2,1 et 2,9.
Figure 32 : Calculs, effectués par Chess, de la spéciation en pourcentage molaire des métaux, Ni (A), K (B), Mg
(C) et Ca (D), présents dans le lixiviat global d’A. murale à pH 5,7 d’après les concentrations données dans le
Tableau 15
Chapitre 3 : Calcul de la spéciation des métaux dans le lixiviat d’A. murale
Enfin, pour le Ni, le complexe majoritaire est le malate de Ni, suivi par le malonate de Ni et le
citrate de Ni avec des constantes de complexation supérieures aux précédentes, 3,9, 4,1, 17,2
respectivement. Ici, ce n’est pas le complexant, le plus fort, c’est-à-dire le citrate, qui est
majoritaire, car il est en faible concentration dans le lixiviat contrairement au malate. De plus,
le Ni ne complexe pas avec des ligands minéraux car les constantes de complexation sont
plus faibles, log K = 2,1 avec les sulfates et log K = 3,1 avec les phosphates. Les résultats ont
été présentés par rapport à la quantité de chaque métal mais il est aussi intéressant de
regarder par rapport à la quantité de chaque carboxylate (Figure 33). Ainsi, pour le malate, le
malonate et l’acétate, la majorité de l’espèce se trouve sous forme déprotonée mais non
complexée avec un métal. Le citrate et l’oxalate sont fortement complexés. De plus, pour les
carboxylates issus de di- ou tri-acides, l’élément qui est le plus complexé est Ni.
La robustesse du modèle de calcul utilisé par Chess, repose principalement sur deux piliers :
le système est à l’équilibre thermodynamique,
et l’ensemble des espèces du lixiviat a été identifié et pris en compte, en d’autres
termes, elles sont renseignées dans la base de données.
Figure 33 : Calculs, effectués par Chess, de la spéciation des ACFMP en pourcentage molaire, acide malique (A),
acide malonique (B), acide citrique (C), acide acétique (D) et acide oxalique (E), présents dans le lixiviat global de
A. murale à pH 5,7
Pour la première hypothèse, les réactions chimiques mises en jeu dans notre cas sont des
réactions acido-basiques et de complexation / dissociation. Ces réactions sont caractérisées
par des temps de réaction très courts, il donc raisonnable de penser que l’équilibre
thermodynamique est atteint.
Pour la seconde hypothèse, l’ensemble de la matière organique n’a pas pu être caractérisé,
cependant avec 17 % de Corg caractérisés, le Ni ne se trouve et ne se trouvera jamais sous
forme libre dans le lixiviat. Il forme des complexes plus ou moins forts avec la matière
organique comme avec le citrate ou le malate. Le malate de Ni est un complexe de force
modérée mais il est majoritaire car il est en concentration plus importante dans le lixiviat. On
remarque donc que la spéciation d’un élément dépend d’un nombre important de paramètres.
Afin de déterminer ceux dont l’impact est le plus important, Chess a été utilisé pour simuler
des modifications de concentrations et de pH pour observer leurs effets sur la spéciation de
Ni.
3.2 Quels sont les principaux paramètres influençant la spéciation du Ni ?
Dans le document
Procédés innovants pour la valorisation du nickel directement extrait de plantes hyperaccumulatrices
(Page 87-90)