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I.2. Présentation des six sites

I.2.4 Gestion-Région (section 06) : l’art et la manière

Contrairement à l’établissement précédent d’Ile de France, Gestion-Région appartient à une grande université en région qui regroupe plus de 10 000 étudiants, située dans une grande ville française (plus de 400 000 habitants). Cette université est organisée en plusieurs UFR, dont une UFR de sciences économiques et de gestion (1er cycle, 2e cycle, DEA sciences économiques et de gestion)

et une UFR de formations spécialisées en économie et gestion.La gestion se répartit principalement

sur trois établissements : un Institut d’Administration des Entreprises (IAE), un Institut Universitaire de Technologie (IUT) et une UFR de sciences économiques et de gestion. L’IAE dispense des masters professionnels en formation initiale et continue et ne comprend que des maîtres de conférences.

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L’UFR d’économie et de gestion offre des formations de licence et un master recherche. Tous les professeurs y sont rattachés. Il y a par ailleurs trois laboratoires de recherche.

Plusieurs éléments sont décrits comme attractifs par les enseignants-chercheurs venus de l’extérieur : d’abord un pôle de recherche particulièrement développé et reconnu sur le plan scientifique, ensuite un cadre de vie et une ville agréable. On compte peu de départs parmi les personnes recrutées : cinq maîtres de conférences (dont deux femmes) et deux professeurs (dont une femme) ont effectué une mutation entre 1992 et 2002. Quatre maîtres de conférences (dont deux femmes) ont quitté Gestion-Région quand ils sont passés professeurs. Sur la même période, le site a recruté 16 maîtres de conférences, dont 4 femmes et 6 professeurs (dont une femme), dont deux sur place (deux hommes).

Après une naissance décrite par les plus anciens comme difficile, les gestionnaires de cette université sont désormais autonomes vis-à-vis des économistes. La commission de spécialistes est mono disciplinaire, ce qui semble éviter de nombreux conflits aux moments des demandes et affectations de postes. L’augmentation de la demande en enseignements, tant en formation initiale que continue, a fortement contribué à l’autonomisation de la gestion au sein de cette université. Le poids politique de cette discipline y est d’autant plus important que des gestionnaires siègent au sein du conseil d’administration.

Le renouvellement des postes après départ à la retraite, ou la création de nouveaux postes pour

répondre à la demande en enseignements de 3ème cycles professionnels (près d’une dizaine de

DESS), semble donc s’obtenir facilement au niveau de la direction de l’université.

Tableau 5. : Composition sexuée du département de Gestion-Région

Professeurs Maître de conférences

Hommes Femmes % de femmes Hommes Femmes % de femmes

Total spécialités 6 2 25% 19 7 27%

Les sciences de gestion comptabilisent 34 enseignants chercheurs. Parmi eux, 26 maîtres de conférences dont 19 hommes et 7 femmes, ainsi que 8 professeurs, dont 2 femmes, enseignent dans tous les cycles universitaires. Tous les professeurs sont rattachés à l’université, ainsi que 16 maîtres de conférences, tandis que 9 maîtres de conférences sont affectés à l’IAE.

Les effets générationnels sont assez marqués parmi les enseignants chercheurs. La moyenne d’âge est de 39 ans pour les femmes et de 47 ans pour les hommes (44 ans ½ pour les hommes maîtres de conférences et 39 ans ½ pour les femmes maîtres de conférences). On remarque que deux professeurs seulement, un homme et une femme, ont moins de 45 ans. Il existe également un écart de dix ans entre la seconde femme professeure (45 ans) et l’homme le plus jeune dans ce statut, puisque les 4 autres professeurs ont entre 55 et 68 ans.

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La commission de spécialistes est composée de 20 membres, dont 14 élus et 6 extérieurs. Ces derniers sont appelés en renfort comme souvent, de manière exceptionnelle, lorsqu’il s’agit d’atteindre le quorum ou de trancher dans des situations litigieuses (ce qui n’a jamais été évoqué). Chaque membre dispose d’un ou d’une remplaçante, qui siègera le plus souvent lorsque l’ordre du jour concerne des postes d’ATER ou des professeurs invités, le recrutement des enseignants-chercheurs restant une priorité pour les titulaires.

Chez les 7 titulaires « élus » (plus exactement cooptés) on trouve tous les hommes professeurs et une des deux femmes professeures (elle assure depuis peu la présidence de la commission). Du côté des maîtres de conférences il y a parité entre les hommes et les femmes avec respectivement 4 et 3 représentant(e)s. En revanche, tous les membres nommés, c’est-à-dire des personnes extérieures à l’université appelées en cas d’arbitrage, sont des hommes, à l’exception d’une femme maître de conférences, suppléante.

Le site Internet de l’université sélectionnée s’est avéré être une mine d’informations sur les membres de la commission de spécialistes en sciences de gestion. De nombreuses fiches détaillées sur les enseignants chercheurs du département précisent les fonctions, diplômes et responsabilités de ses membres, ainsi que leurs enseignements, recherches, publications, et responsabilités administratives.

Après une semaine d’investigation permettant des prises de rendez-vous, un échantillon de 2 professeurs titulaires, homme et femme, 1 professeur suppléant, 3 maîtres de conférences, dont 2 hommes et une maîtresse de conférences suppléante était constitué. Sur les 20 membres de cette commission, les 8 entretiens réalisés permettaient de recueillir des témoignages venant de tous les statuts représentés parmi les membres élus.

De l’avis de tous, il semble que le fonctionnement de cette commission soit des plus pacifique et ouvert à la participation de chacun. La parole des uns et des autres n’a pour autant pas le même poids, et si personne ne doute de pouvoir exprimer son opinion, plusieurs maîtres de conférences, hommes comme femmes d’ailleurs, disent avoir découvert en commission qu’ils n’étaient au courant, ni du profilage officieux du poste, ni des préférences individuelles des directeurs des institutions (université, IAE ou IUT). La politique de développement des sciences de gestion semble ainsi déléguée aux directeurs qui s’entendent sur les besoins des différentes institutions. Ils définissent seuls ces priorités mais invitent leurs collègues à donner leurs opinions sur les dossiers et les prestations des candidats. Tout le monde semble y trouver son compte sans grands conflits de pouvoir internes.

Après plusieurs années de présidence effectuée par le plus ancien des professeurs membre de l’UFR de gestion, économiste de formation, comme beaucoup de collègues de sa génération, la candidature d’une femme nouvellement arrivée, proposée par ses collègues hommes pour répondre aux directives

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ministérielles en faveur d’une plus grande parité à l’université, a fait l’objet d’un vote plébiscite. Il est difficile de savoir au travers des entretiens si le vote a basculé en faveur de la candidate par désaveu de l’ancien candidat ou si l’argument a véritablement fait mouche. Le fait est que beaucoup semblaient trouver que la gestion rigoriste de l’ancien Président et les heures passées dans les réunions nécessitaient une gestion plus dynamique et rythmée qu’ils disent apprécier chez la nouvelle présidente.