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1519 FRIBOURG E T GENÈVE 1919

Dans le document JITRENNES PRIX: 1 Pr. 50 (Page 196-200)

Un voyage en Suisse en 182S

1519 FRIBOURG E T GENÈVE 1919

, La journée du samedi 29 novembre 1919, pendant laquelle les autorités de la République de Genève ont été les hôtes du peuple fribourgeois, s'est déroulée dans l'enchantement d'un ciel sans nuage, elle s'est déroulée surtout dans l'épanouissement des cœurs. Ils y ont goûté les plus douces et les plus fortes émotions, pen-dant ces heures où l'amitié de Genève et de Fribourg a pour ainsi dire ressuscité, aussi jeune et aussi vibrante que la première fois où elle se noua, lorsqu'il y a quatre siècles, Fribourg tendait aux patriotes genevois sa main forte et fidèle.

Comme l'a bien dit le président du gouvernement de Fribourg, M. Perrier, dans son salut aux autorités genevoises, ce n'est pas la vaine commémoration d'un fait historique n'ayant d'intérêt que pour les amis du passé qui a eu lieu ; ce qui a été célébré, c'est un fait resté vivant et qui produit, à l'heure où nous sommes, ses conséquences providentielles.

Aussi les discours échangés le 29 novembre n'ont-ils pas été de la littérature d'érudits et de simples propos de courtoisie : cette journée a été une journée politique, dans laquelle des peuples pleins de force et d'espérance, qui se savent nécessaires à la Suisse, ont affirmé leur volonté de s'appuyer l'un sur l'autre, en vertu du pacte d'amitié contracté jadis et solennellement confirmé aujourd'hui.

Ce fut une journée consacrée non à de futiles

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compliments, mais à de hautes pensées, à de grandes-aspirations et à de viriles résolutions.

Tous les sujets qui occupent des patriotes suisses-ont été touchés dans les discours échangés ; on a juré de nouveau fidélité aux traditions fédéralistes; on a exalté le sentiment helvétique ; on a envisagé d'un regard confiant les destinées de la Suisse dans le cadre de la Ligue des nations; enfin, le président du gou-vernement de Fribourg, M. Perrier, a prononcé avec résolution que la maison suisse ne devait pas être considérée comme une construction désormais immobile dans la rigidité d'une chose pétrifiée, mais qu'elle devait:

pouvoir s'élargir si de nouveaux petits peuples, en quête de liberté, manifestaient le désir d'y trouver asile.

Rarement, en effet, on ne vit fête plus émouvante.

Arrivés par le train de 9 h. 42, les magistrats genevois sont reçus à la gare par le chancelier d'Etat fribourgeois,^

qui leur fait prendre place dans des automobiles pour les conduire à l'Hôtel-de Ville, décoré aux couleurs-genevoises et fribourgeoises.

Le corps de gendarmerie, en grande tenue, avait pris position sur la place de l'Hôtel-de-Ville, de même que la musique de Landwehr. Une foule nombreuse encadrait la place.

L'arrivée de la délégation genevoise, en tête de laquelle s'avance , la voiture présidentielle, est saluée par les acclamations du public. La gendarmerie présente les armes et la musique de Landwehr joue l'hymne genevois « Ce que l'Aino > (Celui qui est là-haut).

Messieurs de Genève gravissent les escaliers du^

Rathhaus entre une double haie d'anciens soldats de Fribourg, de l'époque de la Restauration (1814).

En attendant l'arrivée de nos hôtes, la salle du

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Grand Conseil s'était remplie des membres des auto-rités fribourgeoises et des diverses délégations convoquées-pour rehausser l'éclat de la réception. Au milieu de la salle, le Conseil d'Etat fribourgeois, la présidence du Grand Conseil, les députés de Fribourg aux Chambres-fédérales avaient pris place dans les sièges regardant vers le fond de la salle ; les fauteuils tournés contre Jes fenêtres attendaient les autorités de Genève. Deux huissiers du Conseil d'Etat, en manteau noir et blanc, encadraient le groupe central des autorités.

La tribune offrait aux regards le pittoresque coup' d'œil d'une forêt de bannières aux plis multicolores.

Mais voici que la délégation genevoise, précédée-d'un huissier aux couleurs rouge et jaune et portant la masse à l'aigle éployé, fait son entrée. Toute la salle est debout. Le président du Conseil d'Etat de Fribourg, M. Perrier, et ses collègues s'avancent à la rencontre du gouvernement genevois et des autres con-seillers, et leur souhaitent la bienvenue. A ce moment, un choeur mixte, groupé près des fenêtres et dirigé par M. le professeur Bovet, se fait entendre dans la mélodie de Breitenbach « Mon Helvétie. »

Quand la dernière note s'est éteinte, le chef du gouvernement de Genève, M. le conseiller d'Etat Gignoux, se lève, gravit la tribune présidentielle et prononcç un impressionnant discours. Il rappelle les circonstances dans lesquelles a été conclue la combourgeoisie de 1519,.

célèbre l'amitié des deux villes qui n'a fait que grandir.

« Quatre cents ont passé depuis les événements que je viens de retracer. Il n'y a plus de duc de Savoie, plus d'évêque à Genève. Est-ce leur départ qui en est la cause? Mais les rapports des Genevois avec les.

Savoyards sont devenus cordiaux et amicaux, et l'évêque

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•de Lausanne et Genève, résidant à Fribourg, est accueilli dans la cité de la Réforme avec toute la déférence de tous et l'affection respectueuse des corréligionnaires qui, citoyens de Genève comme les autres, jouissent de tous les droits attachés à ce titre.

« Genève, cité des franchises et de la hberté de conscience, a fait tomber ses fortifications pour laisser pénétrer chez elle les grandes idées modernes et les principes de hberté, d'égalité et de fraternité qui l'ont faite grande et forte.

Genève

« De nouveaux devoirs l'appellent.

« Son histoire continue.

« Mais elle ne peut oublier, elle n'oubliera jamais

•que ses premiers vers la Suisse la conduisirent à Fri-bourg qui lui prêta l'aide et le secours sans lesquels

«lie aurait peut-être chancelé. » ,

M. Gignoux descend de la tribune et regagne son sfauteuil, accompagné des applaudissements de toute l'assistance.

M. Perrier répond en termes choisis. Après avoir

«•étiré les leçons de l'histoire, il montre Fribourg indé-ifectible dans la foi aux traités d'alliance, Un moment

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