9.2 Modélisation
9.2.2 formulation du problème
Le vocabulaire suivant précèdeladénition duproblème :
Dénition 47 (
r
-robustesse) :Soient ungraphe
G = (V, E)
, un sous-ensembleS
⊆ V
, un entier natureldist≥ 1
, et un sommetx∈ V
.Un sommet
x /∈ S
estr
-robuste dans(G, S, d)
, si et seulement s'il exister + 1
chaînes{C1, C2, . . . Cr+1}
,Ci⊆ G
, telles que :
V (Ci)∩ V (Cj) ={x}, ∀1 ≤ i < j ≤ r + 1
.Réciproquement, nous disons que l'ensemble de chaînes
{C1, C2, . . . Cr+1}
,Ci
⊆ G
,assure lar
- robustesse dex /∈ S
dans(G, S)
.Si
x
est inclus dansS
,x
estr
-robuste dans(G, S)
siet seulement s'il exister
chaînes avec les conditions énoncées précédemment, puisquex
est déjà connecté à unpointde collecte.Nous disons qu'un ensemble desommets
T
estr
-robuste dans(G, S)
sichacun deses sommetsx∈ T
estr
-robuste dans(G, S)
. Réciproquement, nous disons qu'un ensemble de chaînes assure lar
-robustesse deT
dans(G, S)
siet seulement s'il assure lar
-robustesse de chacun des éléments deT
.Remarque 25 :
La notion de résistance aux pannes est ici portée sur les n÷uds du réseau, et se veut logiquement plus forte que la résistance aux pannes sur les liens. Le modèle de robustesse proposé et l'ensemble de nos travaux peuvent se décliner aisément pour ne considérer que des pannes intervenant sur les liens.
Dans le problème de conception, l'ensemble desn÷uds clients
T
doit donc êtrer
-robustedans leréseau déployé.Le terme de ot est couramment employé dans la terminologie des réseaux pour décrire la quantité de matière transitant sur chacun des liens du réseau. Les problèmes de ots cherchent généralement à satisfaire des demande de trac entre paires de n÷uds selon des contraintes liées auxcapacitédes liens.Nous proposons ici unedénition d'unot chaînes-contraint :
Dénition 48 (ot chaînes-contraint) :
Soient ungraphe non orienté
G = (V, E)
, une valuationdes arêtescapa : E
→ R
∗+
, un ensemble
S⊆ V
den÷uds sources, unensembleT
⊆ V
de n÷uds clients, etune fonctiondem : T
→ R
∗+
.
Considérons alors un ensemble de chaînes
C
tel que∀c ∈ C, ext(c) = {sc, tc}|sc
∈ S, tc
∈ T
. AppelonsPC(e)
l'ensemble des chaînes deC
contenant l'arêtee
.Un ot chaînes-contraint valide est une fonction
f : C
→ Z+
qui associeà chaque chaînec
deC
un réel positif ounul tel que, en notanth(e) =
P
c∈PC(e)f (c)
avec
e∈ E
:h(e)≤ capa(e), ∀e ∈ E
P
c∈C|t∈ext(c)f (c)≥ dem(t), ∀t ∈ T
Nous formalisonsNetworkDesignpar leproblème dedécision 9.2.1.
Clairement, le problème NetworkDesign recherche à partir d'un réseau donné un sous-réseau danslequel :
lesn÷uds sont de degréborné,
en fonctionnement normal, les demandes de n÷uds clients sont satisfaites par des n÷uds sourcessituésà unnombre desauts borné,
Donnée :
ungraphenon orienté
G = (V, E)
, unefonctioncapa
:E
→ R
∗+
, deuxsous-ensembles
S
etT
deV
, unefonction dem:T
→ R
∗+
, lesentiersnaturels
deg
,hop
,r
,k
.Question : existe-t-il un ensemble de chaînes
C
deG
avecext(c) =
{sc, tc}|sc
∈ S, tc
∈
T,∀c ∈ C,
etunotchaînes-contraintf
surC
telque,ennotantH = (VH, EH)
legraphe pour lequel lequelVH
=
S
c∈CV (c)
etEH
=
S
c∈CE(c)
,ona : 1.|NH(x)| ≤ deg,
∀x ∈ V (H)
, 2.∀c ∈ C, |E(C)| ≤ hop
,3.
f
est valide pour l'instance(H, capa, S, T, dem, C)
,4. l'ensembledeschaînes
C
assurelar-robustesse deT
dans(H, S)
, 5.|EH| ≤ k
.Problème de décision 9.2.1:leproblème NetworkDesign
Une instance de NetworkDesign esta priori décritepar un
9
-uplet (G
,capa
,S
,T
,dem
,k
,deg
,hop
,r
). Nous cherchons une topologie dont le nombre de liens est borné par une constantek
. La versionoptimisation de ce problème, appelée min-NetworkDesign, consiste àtrouver lesous-réseau ayant un nombre minimumdeliens. La donnéek
est alors supprimée deladonnée.Remarquons que la donnée des n÷uds sources, des n÷uds clients, des demandes qui leur sont associées, des liens et de leur capacité sont des données de terrain. À l'opposé, les contraintes de robustesse, de distance etde degré relèvent plutôt de choix techniques etde politiques de déploie- ment.Par soucide clarté,nousutiliseronsparfoisune notation consistant àextrairelesparamètres techniques
deg
,hop
etr
deladonnéeduproblème.Ainsileproblème[deg
,hop
,r
]-NetworkDesignré- fèreàuneinstancede NetworkDesigndanslaquelleledegrémaximumestbornépardeg
,lenombre desauts entre unesource etunclientestd'auplushop
,etleréseau déployé doitêtrer
-robuste. La donnéedu problèmeest réduite àun 6-uplet(G
,capa
,S
,T
,dem
,k
).La gure 9.3(a) présente une instancede [
3
,3
,1
]-min-NetworkDesign. Les sommetsA
etF
sont des sommets sources. Les sommetsB
àF
sont des sommets clients. La demande de chacun des sommetsest indiquée entrecrochets. La capacité de chaquearête estici xée à3
.La gure 9.3(b) présente une solution de coût13
. Le tableau 9.1 détaille la solution, en énumérant pour chaque client la ou les chaînes assurant le transport du ot, et les chaînes de secours utilisées en cas de panne.Nous terminons cettesection par l'énoncéde laremarque suivante:
Remarque 26 :
Dansleproblèmetelquenousavonsénoncé,lessommetsdugrapherésultatontlesmêmescontraintes de degré, de robustesse, et de distance. En adaptant notre formulation, nous pourrions dénir en résultat un graphe dans lequel les paramètres critiques sontpropres à chaque n÷ud.En eet :
I[2] J [2] C[1] D [2] E[1] F[1] G[2] H[1] K A B L source client relais
(a)Uneinstanceayant
2
sourceset8
clients PSfrag replacements I[2] J [2] C[1] D [2] E[1] F[1] G[2] H[1] K A B L source client relais(b)Unesolutiondecoût
13
Fig.9.3 Une instancede [3,3,1]-min-NetworkDesign etsasolution
client chaînes [ot] secours client chaînes [ot] secours
C A-I-C[1] B-L-D-C G B-H-G [2] A-K-G
D B-L-D [2] A-I-C-D H B-H[1] A-F-G
E B-L-E [1] A-I-E I A-I[2] B-L-E-I
F A-F [1] B-H-G-F J A-J[2] B-H-G-K
Auniveau du degré, certains sites peuvent accueillir plus d'antennesque d'autres.
Au niveau de la robustesse, on peut souhaiter que certains clients soient plus robustes que d'autressi la proportion d'utilisateurs naux est supérieure.
Enn, augmenter la distance maximum entre une source et un client précis peut amener de nouvelles solutions moins coûteuses ennombre deliens.
Nous mentionnons l'existence de ces variantes qui peuvent se formaliser aisément par le voca- bulaire que nous avons introduit. Cependant, nous restreindrons notre étude dans ce mémoire au problème présentant des contraintes identiques pour tous les n÷uds.
Étude de complexité
Nous proposons une étude complexité du problème min-NetworkDesign enfonction des valeurs desparamètres dedegré, nombredesautsetrobustesse, respectivementdésignées parlesvaleurs
deg
,hop
etr
. Ce chapitre regroupe à la fois unétat del'art sur des problèmes similaires, et instaure de nouvelles preuves de complexité. Par la suite, lorsqu'une contrainte est ignorée, nouslui attribuons unevaleurcorrespondantàcetétat:lesaectationsdeg =∞
ethop =∞
impliquentrespectivement que ledegré maximum autoriséet lenombre maximum de sautspeuvent être arbitrairement grands (de l'ordre den
),et l'aectationr = 0
que leréseau netolère aucunepanne.Organiser les nombreux problèmes résultant des variations de ces paramètres n'est pas chose facile. Aussi nous découperons notre étude en trois sections. La première section décrit quelques résultats sur le problème min-NetworkDesign lorsqu'aucun des trois types de contraintes (degré, nombre de sauts, robustesse) n'est considéré. Les sections
2
, et3
s'intéressent aux problèmes pour lesquels respectivement1
et2
types decontraintes sontenvisagés.10.1 NetworkDesign sans contrainte
Le problème [
∞
,∞
,0]-NetworkDesign décrit exactement le problème du EDGE-COST FLOW (ECF), connu pour être NP-complet [GJ79 ]. Il reste NP-complet même sous l'hypothèse que les capacités desarêtessont innies. Onrencontre parfoisce dernier problème souslenom INFINITE CAPACITYEDGE-COST FLOW(ICECF)[EKS05 ].Les deux propositions suivantes illustrent l'impact de la cardinalité des ensembles sources et clientssurla complexitéde cesdeux famillesde problèmes.
Proposition 2 :
1. Les deux précédents problèmes restent NP-complets, lorsque le nombre de sources est de
1
. 2. Lorsque lenombre de clients est de1
, ECF reste NP-complet.3. En revanche, lorsque lenombre de clients est de
1
, ICECF devient polynomial. Preuve :Soitune instance
I
deECF contenant(entre autres)unensembledesommetssourcesS
dansun grapheG = (V, E)
. À partir deI
, on peut construire polynomialement une instanceI
0
problème danslaquelle lenombrede sources est de
1
,en copiantI
dansI
0
eten fusionnant les sommetsde
S
dansG
.Une solutionàI
de coûtk
induit alors une solutionaI
decoût équivalent, etréciproquement.Lorsque lesarêtessont decapacitéinnies, etqu'iln'ya qu'une seulesource,ce problème n'est autrequeceluiduSTEINERTREE(StT), connu pour êtreNP-complet.Ceciconclutlapreuvedu point
1
de laproposition2.Soituneinstance
I
deECFcontenant(entreautres)unensembledeclientsC ={c1, c2, . . . , cm}
dansungrapheG = (V, E)
.OnpeutconstruirepolynomialementuneinstanceI
0
dumêmeproblème commesuit :
I
0
estinitialisépar copie de
I
.Nousajoutonsà
G
un sommetc
,etles arêtes{ci, c}|ci
∈ C
. La capacitéde{ci, c}
estégale àdem(ci)
.Le sommet
c
estdésigné commeseul client,avec une demandedem(c) =
P
ci∈Cdem(ci)
. Par la suite,nousnommerons cette construction l'ajout d'un super client.
S'ilexisteunesolutionà
I
0
decoût
k
,alorsellemobilisechacunedesarêtes{ci, c}|ci∈ C
àpleine capacité.Onpeutendéduire unesolution àI
decoûtk− |C|
.Réciproquement,toutesolutiondeI
decoûtk
impliqueunesolutiondansI
0
decoût
k +|C|
.Lacomplexitéduproblèmeresteinchangée, commel'indiquele point 2 de laproposition 2.Nous terminons par lajustication dupoint
3
: lorsque les capacités desarêtes sont innies et qu'il n'y a qu'un seul clientc
, il sut de déterminer le plus court chemin entres
et une source quelconque pour obtenir un ensemble d'arêtes permettant le transit du ux. Cette opération est connue pour s'exécuter avec une complexité enO(n
2)
.
Lapreuvedelaproposition3utiliseuneréductionversleproblèmeBIPARTITION.Ceproblème consiste à sedemander s'il existe une bipartition
{NA, NB}
d'unensembleS
d'entiers, tellequela somme des éléments deN1
égale celle des éléments deN2
.Ce problème est connu pour être NP- complet.Proposition 3 :
Lorsque tous les n÷uds du réseau sontdes clients :
1. ECF reste NP-complet. 2. ICECF est polynomial.
Preuve :
Nousprouvonslepoint
1
delaremarque par une réductionau problèmeBIPARTITION. LeproblèmeECF
estdansNP:pourtoutesolutionpotentielledecoûtk
décriteparunensemble d'arêtesES
,on peutvérier enun temps polynomialque leot estréalisable surlegraphe partiel induit par les arêtesdeES
. Nousconstruisons à partir de toute instanceN =
{n1, n2, n3, . . . nm}
du problème BIPARTITION une instanceIECF
= (G, capa, S, T, dem, k)
de ECF commesuit : Le1
L'opération de fusion d'un ensemble de sommets
S
= {s1, s2. . . sk}
dans un grapheG
= (V, E)
consiste à supprimerdansV
lessommetsdeS
,etàajouterunnouveausommets
.Chaquearêtedutype{a, si}|a ∈ V −S, si∈ S
estsuppriméedeE
,etestremplacéeparl'arête{a, s}
.Lesarêtes{si, sj}|si, sj∈ S
sontsimplementsupprimées.graphe
G = (V, E)
estdéni par lesensembles :V ={s} ∪ N ∪ {N1, N2}
et
E ={s, ni}, {ni, N1}, {ni, N2}|ni∈ N
Pour tout
ni
∈ N
, onposecapa({s, ni}) = 2 × ni
,capa({ni, N1}) = ni
etcapa({ni, N2}) = ni
. L'instancenecomportequ'unesourceS ={s}
,etT = V
.Lademandedechaquen÷udni
estégale àni
.Nousposonségalementdem(N1) = dem(N2) =
1
2×
P
ni∈Nni
.Ilconvientdansnotreréduction que tous les sommets soient des clients. Aussi la demande du n÷ud sources
doit être non nulle, maissavaleurn'est paspertinentepuisqu'auto-satisfaite.Enn nousposonsk = 2× |N|
.Nous armonsque s'ilexiste une solution
S
àl'instanceIECF
,alors elle est nécessairement de coût égal àk
et permet de déduire une solution à l'instanceN
du problème BIPARTITION. Le coûtdeS
esticilenombre d'arêtesdeG
transitant unotdevaleurnonnulle.Danstoutesolution réalisable, chacune desarêtes de laforme{s, ni}
doit obligatoirement faire transiter un ot égal à sacapacité.Ces arêtessont aunombre de|N|
.Pour chaquearête{s, ni}
etsurles2× ni
unités de ot quitransitent par elle,lamoitié estconsommée par lesommetni
.S'ilestpossiblede satisfaire les demandes deN1
etN2
aveck = 2× N
arêtes, alors le ot non-consommé par chaque sommetni
ne se divise pas, et est intégralement routé en direction deN1
ouN2
. On construit alors une bipartitionN ={NA, NB}
enajoutantàNA
lesélémentsni
deN
pourlesquelsl'arête{ni, N1}
fait transiter un otnon nul(précisément den1
unités), etàNB
sinon.La réciproque estimmédiate.Le point
2
de laproposition 3 est immédiat. Soit une instanceI
de ICECF. S'il n'y a qu'une sources
, n'importe quel arbre couvrant le graphe en entrée décrit une solution pourI
. S'il y a plusieurs sources,nouslesfusionnonspareillement àlapreuve dupoint1
delaproposition2.Nous obtenons uneinstanceI
0
dontlarésolution en temps polynomialdonne une solutiondemême coût pour