• Aucun résultat trouvé

Commandabilit´ e et observabilit´ e

3.4 Relations entre mod` eles internes et externes

3.4.1 Les formes canoniques d’´ etat

On a d´ej`a vu que le choix du vecteur d’´etat n’est pas unique pour un syst`eme donn´e.

Ainsi, si le vecteur x peut s’´ecrire sous la forme x = Pxˆ o`u ˜x est un vecteur d’´etat et si la matrice P est inversible alors x est ´egalement un vecteur d’´etat. Cette transfor-mation lin´eaire correspond `a un changement de base dans l’espace d’´etat. La nouvelle repr´esentation d’´etat s’´ecrit alors :

˙ˆ

x(t) = ˆAˆx(t) + ˆBu(t) y(t) = ˆCx(t) + ˆˆ Du(t)

(3.8)

o`u :

Aˆ=P1AP Bˆ =P1B Cˆ =CP Dˆ =D

(3.9) P est appel´eela matrice de passagede la repr´esentation d’´etat (2.50) `a la repr´esentation d’´etat (3.8). Cette op´eration est une transformation de similarit´e.

Le fait de disposer de diff´erentes repr´esentations d’´etat pour un mˆeme syst`eme est un avantage qui va permettre d’utiliser des formes particuli`eres de la repr´esentation d’´etat pour des probl`emes particuliers.

Ces formes particuli`eres sont appel´ees les formes canoniques. On distingue trois grands types de formes canoniques :

- La forme diagonale ou quasi-diagonale de Jordan.

- La forme compagne de commande.

- La forme compagne d’observation.

Biographie 6 (Marie Ennemond Camille Jordan)

Camille Jordan est n´e le 5 janvier `a La Croix-Rousse `a Lyon d’un p`ere ing´enieur de l’´ecole Polytechnique et de Jos´ephine Puvis de Chavannes. Il rentre `a l’´ecole Polytechnique en 1855. En 1861, la th`ese de Doctorat de Jordan porte sur l’alg`ebre et l’analyse, ce qui ne l’empˆeche pas de travailler comme ing´enieur par la suite. Il se marie en 1862 avec la fille du d´eput´e-maire de Lyon qui lui donne 6 fils et 2 filles.

Il devient professeur d’analyse `a l’´ecole Polytechnique en 1876 et profes-seur au Coll`ege de France en 1883. Ses int´erˆets math´ematiques vont de la th´eorie des groupes finis `a l’alg`ebre lin´eaire et multilin´eaire en passant par la topologie des poly`edres, les ´equations diff´erentielles et la m´ecanique.

Il publie Trait´e des substitutions et des ´equations alg´ebriques en 1870 qui est le premier livre sur la th´eorie des groupes. Il publie sonCours

d’analyse de l’Ecole Polytechnique en 1882 et 1887. En 1885, il devient ´editeur du Journal de math´ematiques pures et appliqu´ees. Il meurt le 22 janvier 1922 `a Paris apr`es avoir perdu 3 de ses fils pendant la guerre 14-18.

La forme diagonale ou quasi-diagonale de Jordan

Dans le cas o`u la matrice A ∈ Rn×n a n valeurs propres distinctes, il est possible d’effectuer un changement de base la diagonalisant.

Th´eor`eme 3.4.1

Si la matrice A ∈Rn×n a n valeurs propres distinctes p1, p2,· · · , pn alors la matrice de passage compos´ee en colonnes des vecteurs propres associ´es, P = [e1 e2 · · · en] est telle que :

P1AP = ˜A= diag(p1, p2,· · · , pn) (3.10) o`u Aei =piei ∀i= 1,· · · , n.

Dans le cas o`u une (ou plusieurs valeurs propres) est (sont) multiple(s) la situation est plus complexe.

Th´eor`eme 3.4.2

SoitA∈Rn×nayantkvaleurs propres distinctespi, i= 1,· · · , kde multiplicit´e alg´ebrique respective mi. Soit qi la multiplicit´e g´eom´etrique associ´ee `a chaque valeur propre,

c’est-`a-dire le nombre de vecteurs propres ind´ependants e1i · · · eqii associ´es `a chaque valeur propre.

3- Si 1< qi < mi, on d´efinit un bloc diagonalJi de dimensionmi×mi form´e comme : Ji = diag(Ji1, Ji2,· · · , Jili)

o`uJik est un bloc de Jordan de taille inf´erieure `a mi. Il existe alors plusieurs possi-bilit´es qui doivent ˆetre test´ees, une seule convenant.

Il est alors possible de d´eterminer une matrice de passage inversibleP = [P1P2 · · ·Pk] telle que :

P1AP =J = diag(J1, J2,· · · , Jk) La partition de P est identique `a celle deJ.

Dans le cas de d´eg´en´erescence d’une valeur propre multiple (cas 2 et 3), la matrice de passage P doit ˆetre d´etermin´ee de la fa¸con suivante.

SoitP = [q1,· · · , qn] o`uqi est lai`eme colonne deP. Il est possible de montrer que l’on doit v´erifier :

Aqj =piqjjqj1 (3.11)

o`u pi est une valeur propre quelconque de A et γj = 0 ou γj = 1. La premi`ere colonne de chaque sous-bloc Pi, i = 1,· · · , k est calcul´ee avec γj = 0 et correspond `a un vec-teur propre associ´e `a pi. Les autres colonnes du sous-bloc sont calcul´ees en utilisant la r´ecurrence avec γj = 1. Ces autres colonnes sont les vecteurs propres g´en´eralis´es associ´es `a pi.

Forme r´eelle pour les pˆoles complexes simples

Le polynˆome caract´eristique d’une matrice r´eelle peut avoir des racines complexes conjugu´ees faisant apparaˆıtre lors de la diagonalisation des blocs du type :

α+jβ 0

Ce bloc peut ˆetre rendu r´eel par un changement de base.

α+jβ 0

Dans toute la partie suivante, les formes canoniques compagnes du polynˆome ca-ract´eristique sont pr´esent´ees uniquement pour des syst`emesmonovariables. Une th´eorie identique existe pour les syst`emes multi-variables mais conduit `a des d´eveloppements tr`es lourds et une notation fastidieuse. Le lecteur int´eress´e peut se reporter `a la r´ef´erence [4]

pour plus de d´etails.

Formes compagnes du polynˆome caract´eristique

Ces formes sont construites `a partir de la donn´ee du mod`ele d’´etat du syst`eme mono-variable (mono-entr´ee/mono-sortie) :

˙

x(t) =Ax(t) +Bu(t) y(t) =Cx(t)

(3.12)

o`u x ∈ Rn, u ∈ R et y ∈ R. On suppose que le syst`eme est repr´esent´e de mani`ere

´equivalente par la fonction :

H(p) = bn1pn1+· · ·+b0

pn+an1pn1 +· · ·+a0

(3.13)

Le polynˆome caract´eristique de (3.12) est donn´e par :

πp(p) = det(p1−A) =pn+an1pn1+· · ·+a0 (3.14) D´efinition 3.4.1 (Forme compagne de commande)

La forme compagne de commande est d´efinie par les matrices du syst`eme :

Ac =

Le passage de la repr´esentation d’´etat quelconque (3.12) `a la forme compagne de commande n´ecessite le calcul de la matrice de passage P.

Soit `a d´eterminer P = [P1 P2 · · · Pn] la matrice de passage form´ee de ses n colonnes.

On applique alors le calcul r´ecurrent, colonne par colonne, suivant :

Pn =B

D´efinition 3.4.2 (Forme compagne d’observation)

La forme compagne d’observation est d´efinie par les matrices du syst`eme :

Ao = identique la matrice de passage `a la forme compagne d’observation.

Po1 =

Soient les ´equations d’´etat :

˙ Le polynˆome caract´eristique de ce syst`eme est :

πp =p3−3p2+ 4p−6 Les matrices de passage sont alors :

Pc =

Les formes compagnes respectivement de commandabilit´e et d’observabilit´e sont : Ac =

Exemple (Satellite) 11

Les ´equations d’´etat du satellite telles qu’elles ont ´et´e d´evelopp´ees dans le chapitre pr´ec´edent sont donn´ees sous forme de Jordan avec 0 comme valeur propre double.

1(t)

D’autre part, du fait que le polynˆome caract´eristique associ´e est Psat.(p) = 1 Izzp2, la forme compagne de commande associ´ee est donn´ee par :

1(t)

En ce qui concerne, la forme canonique d’observabilit´e, on obtient : X˙1(t)

Cas des syst`emes non strictement propres

Dans ce qui pr´ec`ede, les syst`emes sont suppos´es strictement propres, ce qui n’est pas toujours v´erifi´e en pratique. Dans le cas d’un syst`eme mod´elis´e par une fonction de transfert propre, la m´ethode consiste `a isoler la transmission directe en effectuant la division euclidienne du num´erateur par le d´enominateur et de traiter le restant comme ci-dessus.

F(p) = N(p)

D(p) =D+N(p)

D(p) (3.22)

Exemple 3.4.2

Soit la fonction de transfert :

H(p) = 4p3+ 8p2 + 2p+ 1

Une repr´esentation d’´etat sous forme compagne de commande peut alors ˆetre donn´ee par :

La repr´esentation d’´etat sous forme modale peut ´egalement ˆetre d´eduite :

˙

x3 4.899

c =

x1 x2 x3

y1 0.25 -0.2115 -1.626

d =

u1 y1 4