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R´ eponse fr´ equentielle des syst` emes LTI

6.1 D´ efinition et propri´ et´ es

La r´eponse fr´equentielle d’un syst`eme LTI est un outil particuli`erement important pour l’analyse et la synth`ese des syst`emes de commande. Historiquement, les premi`eres m´ethodes de conception de syst`emes de commande `a contre-r´eaction ont ´et´e fond´ees sur l’utilisation des r´eponses fr´equentielles et des outils associ´es. De nombreux outils math´ematiques analytiques et graphiques ont ainsi ´et´e d´efinis et d´evelopp´es dans ce cadre.

Cela explique en partie la persistance de ces m´ethodes dans les bureaux d’´etudes et parmi les ing´enieurs. Une autre raison repose sur les possibilit´es exp´erimentales nombreuses et peu complexes n´ecessaires pour reconstituer la r´eponse fr´equentielle d’un syst`eme donn´e

`a partir de donn´ees exp´erimentales entr´ees-sorties (g´en´erateurs de signaux sinuso¨ıdaux et

´equipements de mesure ad´equats).

Toutefois, les avantages pr´esent´es ici ne doivent pas faire oublier que ces m´ethodes ont ´et´e principalement d´efinies pour les syst`emes monovariables. Mˆeme si comme nous le verrons dans ce chapitre, la plupart des outils peuvent ˆetre ´etendus au cas multivariable, leur utilisation dans des proc´edures de synth`ese syst´ematiques est plus d´elicate. De plus, ces m´ethodes n´ecessitent une culture fr´equentielle suffisament pouss´ee pour pallier la faible corr´elation entre les caract´eristiques temporelles des r´eponses transitoires et les caract´eristiques des r´eponses r´eponses fr´equentielles.

6.1.1 Les syst` emes monovariables

Dans cette section, les syst`emes monovariables LTI sont indiff´eremment mod´elis´es par leur fonction de tranfert G(p) ou une r´ealisation minimale d’´etat (A, B, C, D).

D´efinition 6.1.1 (R´eponse fr´equentielle)

La r´eponse fr´equentielle d’un syst`eme LTI est d´efinie comme l’ensemble des r´eponses en r´egime permanent du syst`eme `a des entr´ees sinuso¨ıdales param´etr´ees par la pulsation.

Nous pr´esentons maintenant le r´esultat fondamental de l’analyse fr´equentielle des syst`emes LTI.

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Th´eor`eme 6.1.1

La r´eponse fr´equentielle d’un syst`eme LTI stable `a une sinuso¨ıde u(t) =Xsin(ωt) d’am-plitude donn´eeX et de pulsation donn´eeω est une sinuso¨ıdey(t) =Y sin(ωt+φ)de mˆeme pulsation ω et dont l’amplitude Y et le d´ephasage φ d´ependent de la pulsation ω.

Ceci peut ˆetre ais´ement montr´e en consid´erant un syst`eme LTI stable d´efini par sa fonction de transfert :

G(p) = N(p)

D(p) = N(p)

(p+p1)(· · ·)(p+pn) (6.1) On suppose ici que tous les pˆoles de cette fonction de transfert sont distincts. La transform´ee de Laplace de l’entr´ee sinusoidale u(t) =Xsin(ωt) est :

U(p) = ωX

p22 (6.2)

d’o`u,

y(t) =L1[Y(p)] =L1[G(p)E(p)] = aejωt+aejωt+b1ep1t+· · ·+bnepnt (6.3) Pour un syst`eme stable, −p1, · · · , −pn sont stables donc `a partie r´eelle n´egative.

Cela implique que les termes correspondants tendent vers 0 en r´egime permanent (quand t→ ∞). La r´eponse en r´egime permanent est donc donn´ee par,

y3(t) =aejωt+aejωt (6.4)

o`u,

a=

G(p) Xω

p22(p+jω)

|p=

=−XG(−jω) 2j a=

G(p) Xω

p22(p−jω)

|p=jω

= XG(jω) 2j

(6.5)

De plus,

G(jω) = |G(jω)|e et G(−jω) = |G(jω)|e (6.6) d’o`u,

a=−X|G(jω)|e

2j et a= X|G(jω)|e

2j (6.7)

On obtient ainsi,

y3(t) =X|G(jω)|ej(ωt+φ)−ej(ωt+φ)

2j =X|G(jω)|sin(ωt+φ) =Y sin(ωt+φ) (6.8) 2 Notation 1

On d´efinit les notations classiques associ´ees `a un signal sinuso¨ıdal u(t) =Usin(ωt+α) = I[U(ω)ejωt] :

U(ω) =Ue

Le signal sinuso¨ıdal complexe U(ω)ejωt va permettre ainsi d’´ecrire la r´eponse sinuso¨ıdale d’un syst`eme lin´eaire sous forme complexe.

Y(ω)ejωt=G(jω)U(ω)ejωt

Puisque le terme ejωt apparaˆıt des deux cot´es de l’egalit´e, celle-ci peut se r´e´ecrire en utilisant la notation U(ω) (phasor notation en anglais).

Y(ω) =G(jω)U(ω)

Ainsi, chaque fois que la notation U(ω) est utilis´ee, il faut comprendre le signal complexe U(ω)ejωt sous-jacent.

D´efinition 6.1.2 (Fonction de transfert sinuso¨ıdale)

On d´efinitla fonction de transfert sinuso¨ıdaled’un mod`ele LTIG(p) comme la trans-form´ee de Fourier de la r´eponse impulsionnelleg(t) ou comme le rapport de la transform´ee de Fourier de la sortie sur la transform´ee de Fourier de l’entr´ee.

G(jω) = F[g(t)] = Y(ω)

U(ω) (6.9)

La fonction de transfert sinuso¨ıdale est caract´eris´ee par : - son gain,

|G(jω)|= |Y(jω)|

|U(jω)| (6.10)

- sa phase,

Φ(ω) = Argument

Y(jω) U(jω)

= Argument (G(jω)) (6.11) Remarques 6.1.1

La fonction de transfert sinuso¨ıdale est obtenue en identifiant p=jω dans la fonction de transfert G(p).

D´efinition 6.1.3 (R´eponse fr´equentielle)

La r´eponse fr´equentielle d’un syst`eme LTI est constitu´ee par l’ensemble des fonctions de transfert sinuso¨ıdales quand la pulsation varie de 0 `a l’infini.

Pour ω fix´ee, G(jω) est un nombre complexe caract´eris´e par son amplitude (le gain du syst`eme) et son argument (la phase du syst`eme) qui seront donc des fonctions de la pulsation de la sinuso¨ıde d’entr´ee. Quand ω varie, l’ensemble des gains et des arguments constitue la r´eponse fr´equentielle qui peut alors ˆetre repr´esent´ee graphiquement dans diff´erents types de plans.

6.1.2 Extension au cas des syst` emes multivariables

Soit le mod`ele entr´ee-sortie multivariable y(p) = G(p)u(p) o`u G(p) ∈ Cr×m. G(p) est une fonction de la variable de Laplace p et repr´esente donc un syst`eme dynamique.

La notion de r´eponse fr´equentielle d´evelopp´ee pour les mod`eles monovariables peut ˆetre g´en´eralis´ee aux mod`eles multivariables en consid´erant les ´el´ements gij(p) de la matrice

G(p) qui ne sont rien d’autres que les transferts monovariables de la ji`eme entr´ee vers la

En appliquant le principe de superposition si l’on applique simultan´ement sur chaque entr´ee des signaux sinuso¨ıdaux de mˆeme fr´equence ω alors :

Yi(ω) = Xm

j=1

gij(jω)Uj(ω) En utilisant une notation matricielle :

Y(ω) = G(jω)U(ω) o`u G(jω) est la matrice de r´eponse fr´equentielle.

La notion de gain pour les syst`emes monovariables est relativement simple `a ´etablir puisqu’elle est d´efinie comme le rapport des modules de la sortie et de l’entr´ee. Le gain est une fonction de la pulsation ω ind´ependante de l’amplitude d’entr´ee.

Dans le cas multivariable, la situation est plus compliqu´ee puisque l’on dispose d’un vecteur de signaux en entr´ee et en sortie. Il est donc n´ecessaire d’utiliser une norme en entr´ee et en sortie afin de mesurer la taille des signaux. En choisissant par exemple la norme euclidienne, il est possible de d´efinir le gain de G(p) comme le rapport :

||Y(ω)||2

||U(ω)||2

= ||G(jω)U(ω)||2

||U(ω)||2

Le gain ainsi d´efini poss`ede la propri´et´e essentielle de d´ependre de la pulsation ω sans d´ependre de l’amplitude d’entr´ee ||U(ω)||2. Toutefois, dans le cas MIMO, il est ais´e de montrer que le gain d´epend de la direction du vecteur d’entr´ee. Ceci est illustr´e sur un exemple tr`es simple.

Exemple 6.1.1

Soit G la matrice de gains donn´ee par : G=

3 2

−1 1

Pour diff´erentes directions d’entr´ee norm´ee `a un, le vecteur de sortie est calcul´e ainsi que la norme du gain associ´e.

d1 =

Cela montre ´evidemment que le gain deGd´epend de la direction d’entr´ee. Sur la figure 6.1, la variation du gain de G est repr´esent´ee en fonction de la direction d’entr´ee. Le fait int´eressant est la pr´esence d’un maximum et d’un minimum.

−5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 5

0 1 2 3 4 5 6 7

d20/d10

||y||2/||d||2

Figure 6.1 – Variation du gain de G D´efinition 6.1.4

- La valeur maximale du gain quand l’entr´ee varie est la valeur singuli`ere maxi-male deG :

maxu6=0

||Gu||2

||u||2

= max

||u||2=1||Gu||2=σ(G)

- La valeur minimale du gain quand l’entr´ee varie estla valeur singuli`ere minimale de G:

minu6=0

||Gu||2

||u||2 = min

||u||2=1||Gu||2 =σ(G)

Soit G(jω) ∈ Cr×m une matrice de r´eponse fr´equentielle telle que sa d´ecomposition en valeurs singuli`eres (SVD) pour ω fix´ee est,

G(jω) =WΣ(jω)VH

o`uW ∈Cr×rest une matrice unitaire constitu´ee en colonnes parles vecteurs singuliers de sortieui.V ∈Cm×mest une matrice unitaire constitu´ee en colonnes parles vecteurs singuliers d’entr´ee vi. Σ(jω) ∈ Cr×m est la matrice des valeurs singuli`eres σi rang´ees par ordre d´ecroissant et de rang k ≤min(r, m) :

Σ(jω) =





σ(ω) . ..

σ(ω) 0

0 0





D´efinition 6.1.5 (Gains principaux)

Les valeurs singuli`eres σi(ω) sont appel´ees valeurs principales ou gains principaux. Ce sont des fonctions de la pulsation ω.

D´efinition 6.1.6 (Directions d’entr´ee et de sortie)

Les directions d’entr´ee sont donn´ees par les vecteurs singuliers d’entr´ee vi alors que les directions de sortie sont d´efinies par les vecteurs singuliers de sortie wi.

V = [vj]j=1,···,m vHj vi =

1 i=j

0 i6=j W = [wi]i=1,···r wjHwi =

1 i=j 0 i6=j Gviiwi σi =||Gvi||2

Laigraveeme valeur singuli`ere donne le gain dans la direction i.

Pour les syst`emes non carr´es, les vecteurs singuliers d’entr´ee et de sortie indiquent res-pectivement dans quelle direction l’entr´ee n’aura pas d’effet et dans quelle direction de sortie le syst`eme ne pourra ˆetre command´e.