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PARTIE I : DE L’ESTHÉTIQUE

Chapitre 1 Ŕ Théorie esthétique

1.1 La « forme » ou le style : du merveilleux

Le Merveilleux est un genre littéraire auquel se rattache des sous-genres comme le fantastique57. Selon Louis Vax, « Féerique et Fantastique sont deux espèces du genre

Merveilleux »58. Dans son Essai sur le merveilleux H M y ř

comme synonyme59 :

Nous appellerons merveilleux, fantastiques et surnaturels les phénomènes à la fois exceptionnels et inexpliqués, les faits réels ou les représentations

54 Dans ce travail, nous ř ent pas pu traiter des romans de Michel Henry, lequel a publié,

Le jeune officier (Paris, Gallimard, 1954.), L’amour les yeux fermés (prix Renaudot, Paris, Gallimard, 1976), Le fils du roi (Paris, Gallimard, 1981.), Le cadavre indiscret (Paris, Albin Michel, 1996.). Nous comptons

d řœ d M H y d Jacques Stephen Alexis.

55 « L g ř d mme ses fondements.

Le premier : " dř dřê " ř d M g. À d d g d dř" î " g : " dř î dřê ". L d d : formulé par Husserl lui-même au § 24 des Ideen I ř " d g de droit pour la connaissance" et ainsi pour toute assertion notamment rationnelle. Dans le troisième principe d ř ê ř dř dř d dř : "zu den Sachen selbst

!" - "droit aux choses mêmes!" Le quatrième principe a été défini beaucoup plus tardivement par Jean-Luc

Marion dans son ouvrage Réduction et donation ř d d g ř g d d g d řœ . I : "dř d d dř d d ".» Michel Henry, « Quatre principes de la phénoménologie » dans De la phénoménologie, tome I, Phénoménologie de la vie, Paris, PUF, 2003, p. 77-78.

56 Michel Henry, Le socialisme selon Marx, (Cabris, Sulliver, 2008). Marx, (tome I, Une philosophie de la

réalité, Paris, Gallimard, 1976). Marx, tome II, Une philosophie de l’économie, (Paris, Gallimard, 1976).

57 T d d g dř ê : « Le fantastique mène donc une vie pleine de dangers, et ř . I î ô d d g ř g řê g ». Tz etan Todorov, Introduction à la littérature fantastique, Paris, Seuil, 1970, p. 46.

58 Louis Vax, L’art et la littérature fantastiques, Paris, PUF, 1970, p. 5.

59 Hubert Matthey, Essai sur le merveilleux dans la littérature française depuis 1800, Paris, Librairie Payot, 1915, p. 10-11.

illusoires qui nous frappent par leur caractère de rareté et qui nous paraissent en contradiction avec lř d g d extérieur, objectif, ou la chaine de représentations subjectives. Il suffira, le plus souvent, que le phénomène nous paraisse violer une seule de ces lois ř dřê g d g d naturel60.

En dépit des liens que partagent le merveilleux et le fantastique61, les deux

ř d ê 62. Alors que beaucoup de créateurs se

d d ř voit avec řœ d J g L B g 63, le merveilleux et plus particulièrement le Réalisme

Merveilleux utilise le plus souvent le roman. Ricardo Romera Rozas remarque « [ ] ř Amérique latine le fantastique a comme support privilégié non pas le roman mais des formes brèves telles que le conte et la nouvelle »64. Louis Vax en donne les raisons : « Deux

caractères surtout font de la nouvelle la forme littéraire la mieux adaptée au fantastique : par son origine, elle convient aux "histoires extraordinaires" ; en liant fortement ses d d d ř aventures fantastiques »65. Lř d ř d ř d

de pages pour tenir en haleine la lectrice ou le lecteur. Aussi la forme brève paraît plus efficace.

T ř d R M d g ř d ř d . I Romancero aux étoiles est un recueil de nouvelles et de cont ř d au fantastique, le Réalisme M d J S A ř . L V

60 Ibid., p. 13.

61 Auxquels il faut ajouter le féérique et le surnaturel.

62 N d řEssai sur le merveilleux dřHubert Matthey plusieurs sens du merveilleux (exceptionnel, inexpliqué, rareté, contradiction, et viol des lois de la nature) que nous aborderons plus loin d řœ d J S A . Q g ř d d ř d d d remière phrase, dř g (merveilleux) et sous-genres (fantastique, surnaturel).

63 Borges est surtout connu pour ses nouvelles comme les recueils Fictions (1944), L’Aleph (1949) et Le

livre de sable (1975). Florence BRAUNSTEIN, « BORGES JORGE LUIS - (1899-1986) - (repères

chronologiques) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 8 décembre 2012. URL : http://www.universalis-edu.com.ezproxy.bibl.ulaval.ca/encyclopedie/borges-reperes-chronologiques/

64 Ricardo Romera Rozas, Introduction à la littérature fantastique hispano-américaine, Paris, Nathan, 1995, p. 7.

constate que « Le roman raconte une vie, dépeint une société, fait revivre une époque; son action peut se ř d g ř »66. Aussi, joue-t-il sur la décélération et la durée. Le roman alexisien

arrive, par ce jeu sur le temps, à transformer le réel en merveille. Pour Francis Gingas, « la merveille dř d g d d ř d celui qui regarde que par le caractère extraordinaire de ce qui est vu »67. De son côté, Louis

Vax définit le merveilleux comme « [ ] dř dř dř sujet émerveillé »68. Le réel singulier qui étonne une subjectivité spécifique doit se déployer

dans une écriture assez étendue, riche et variée. La création de Jacques Stephen Alexis en témoigne amplement.

Compère Général Soleil sř g . Les arbres musiciens comptent quatre cent une pages. Le dernier roman, L’espace d’un cillement, est de trois cent quarante-six pages. De plus, les trois romans adoptent trois structures différentes69 :

une forme linéai g d d ř g aboutissant à un dénouement; une forme simultanée, pour le deuxième roman, avec des va- et-vient entre plusieurs actions qui se déroulent dans des lieux différents; le dernier roman r d d dř d â . J S A d d y g ř d g d d . Cř ur le rôle majeur que va jouer un séjour en prison sur Hilarion Hilarius, tout le prologue de Compère Général Soleil (p. 7-22.) est en italique.

Par-d ř g . I ř seulement utilisé dans son sens traditionnel afin de désigner des noms, mots ou expressions dř g Ŕ ř g ř g ř Ŕ que le français; chez Jaques Stephen Alexis, il traduit souvent le passage à la forme

66 Ibid., p. 34.

67 Francis Gingas « Introduction », dans Francis Gingas (dir.), Une étrange constance. Les motifs merveilleux

dans la littérature d’expression française du Moyen Âge à nos jours, Québec, PUL, 2006, p. 1.

68 Louis Vax, « Splendeur et grandeur du merveilleux philosophique », Les Cahiers de Fontenay, 1989, no 55- 56-57, École normale supérieure, Fontenay-aux-Roses, p. 276.

musicale, au chant et à la poésie. Compère Général Soleil évoque plusieurs cas dont celui- ci :

Il fut réveillé par une sonnerie de clairons. Il faisait plein jour, le soleil entrait dř dř : Ça pique,

Ça pique sous les tropiques, Le sol,

Le soleil, la musique,

Mais oui, ça pique, ça pique, ça pique….

I g d dř . A d d g remuaient de leur torpeur et de leur sommeil. (Soleil, p. 25.)

Dans Les arbres musiciens d g ř ř d ř :

P d œ ê ř g g d ř dans une adoration extatique, puis se relevant avec toute son énergie, il reprit sa chasuble et entonna :

- … Credo in unum Deum, Patrem omnipotentem, factorem coeli et terrae…

Seules quelques voix reprirent avec lui, voix éparses, dans un désordre surprenant. Soudain un groupe de vieilles filles du Tiers-Ordre de Saint- François, assises au premier rang, le large ruban violet autour du cou, alla à la rescousse du curé et, bousculant le rythme, elles se mirent à brailler avec des voix très hautes, aigres, hystériques :

- … Et unam, sanctam, catholicam et apostolicam Ecclesiam… Confiteor unum baptisma in remissionem peccatorum… (Musiciens, p. 165.)

L’espace d’un cillement explore les ponctuations dans la même perspective. Oyez plutôt !

Les quintes rageuses, les reprises des moteurs et les mugissements de klaxons ř nue. Un rythme de rabordaille70 se balance très haut

d ř :

70 « [R]abordaille : petit tambour cylindrique à deux peaux ; désigne aussi le rythme rapide comme pour

l’"abordage", joué sur cet instrument ». Mamadou Souley Ba, René Henane et Lilyan Kesteloot, Introduction

…Vive Luxa ! Vive Luxa !... balancez deux bords,

balancez Mayotte ! Vive Luxa ! Vive Luxa !...

(Cillement, p. 181.)

Ces quelques exemples montrent un style qui structure les romans alexisiens. Lř , mais vise surtout la sonorité. Il faut défier la monotonie par la variation du vocal et du visuel : forme, couleur, ton, tonalité et musicalité. Les romans rapprochent le son relevant du temps à la description des couleurs71

ř . A ř d R M que nous décelons avant tout dans le style, mais aussi dans les thèmes abordés. Le choix des concepts composant les titres des romans sont très révélateurs : Soleil, Musiciens, Espace, Cillement.

Les transitions que propose Jacques Stephen Alexis jouent parfois sur des d ř d ř ř d . À ô d musicale, le romancier se sert des éléments suivants : des guillemets pour délimiter les d dř ř d pour rapporter des discours.

Quoique Jacques Stephen Alexis recoure au langage populaire, aux faits et aux actions qui se racontent au temps présent ou futur, il se sert souvent du passé simple comme temps de narration. Le passé simple forge le cadre, définit les personnages et les actions. À ce sujet, Roland Barthes écrivait :

Le passé simple signifie une création, ř -à-d ř g ř ř . Mê g g d grâce à lui, le verbe exprime un acte clos, défini, substantivé, le Récit a un nom,

71 Une étude de la couleur dans Compère Général Soleil serait tout à fait intéressante. Déjà dans le prologue, J S A dř « bleu-noir » (p. 7.) ou encore « La nuit tropicale vibre, entremetteuse vêtue de noir, transparente sur ses choses de chair rose et ses stigmates de vice ». (p. 14.) Il ř« U ř d ê à leurs bonheurs comme à leurs malheurs ». p. 164.

dř : la r ř g d y d d g g (…)72.

L řœ . Mê , certaines fois, A dř d d ř g d phoser en . P ê ř y situe entre la vérité et la fiction. Le temps des verbes, les niveaux de langage et la musicalité concourent à forger ce que Pierre Cahné appelle « La "matière du langage" »73

ou le style.

Dř ô d dř d dř g s diverses. Elle se rapporte à des éléments linguistiques, phonétiques, graphiques. Elle se caractérise par la mise en parallèle de différentes versions74.

Le roman Les arbres musiciens ajoute à la question linguistique un rire des plus surprenants :

72 Roland Barthes, Le degré zéro de l’écriture, Paris, Seuil, 1964, p. 31.

73 Pierre Cahné, « Q ř -ce que la forme ? » dans Georges Molinié et P. Cahné (dir.), Qu’est-ce que le style, Paris, PUF, 1994, p. 63

74 U g g ř d d dřH d P - au-Prince, dans Compère Général Soleil démontre clairement la manière dont les langues peuvent suggérer le merveilleux :

« Là, trois marines ivres sont aux prises avec un taxi qu’ils refusent de payer. Des faux-poings luisent dans

leurs mains. Ils titubent :

"God damn you!"

Hilarion court toujours, décidé. Il parle et rit tout seul.

"Comme c’est amusant !... Oui, la bamboche, les putains saoules, les jeunes gens de famille, les dollars, les

chulos, le rhum-soda, les marines, le jazz, les bouzins espagnoles, les sexes, les vomissures, les grouillades, la bière "Presidente Especial" ! (…)"

Hilarion ça ! Qu’est-ce que tu racontes ? Ah ! oui, cette nuit la vie est douce-aigrelette comme une canne créole, amère comme une bouzin sentimentale, et un petit goût sûr coule des deux côtés de la bouche, le petit goût de la faim. La mierda ! » (Soleil, p. 16.)

L d ř ř d d « forme ». Jacques Stephen Alexis traite d ř d d g (« trois marines ivres » et « taxi »), entre langues (« God damn you! », « bouzins » ou prostituées en créole, « Presidente Especial », « La mierda ») et actions (le passage des « faux-poings » des « marines » dřH d d ù ô la musique, le plaisir, le dégout, le sordide). La forme « Hilarion ça ! » reprend littéralement une expression . E d z dřH « court », « parle », « rit tout seul ». Ce dernier connaît une situation des plus difficiles. Et le narrateur de décrire cette situation à la fois d g dř d liaison avec une prostituée.

Le général Saint-Fort Miracin, « geal » Miracin comme on disait, était allongé dans un hamac ř dř g ventre, un « ř 75 » sur les genoux, son derrière pointait dans la toile

de sa couche comme une menace contre la terre. « Geal » Miracin remuait sans arrêt une bouche édentée aux lèvres invaginées en cul de poule. Il avait une furieuse moustache, « geal » Miracin, une belle accolade aux pointes brandies en direction du nez, la volute touffue se recourbait vers ses fausses ř ui lui envahissaient la bouche. (Musiciens, p. 107.)

La façon dont le général Miracin est présenté appartient aux nombreuses descriptions alexisiennes du milieu rural qui est restitué dans tout son réalisme. Ce qui paraît normal pour ce milieu très peu alphabétisé des années 1940 et 1950 devient ici un cas . Lř g d ř « geal »76 g ř d

vernaculaire dans le verbe alexisien. Le vernaculaire est ici le merveilleux qui embellit ř . E d version française (« général »), à côté de la version créole (« "geal"»), Jacques Stephen choisit de mettre la problématique de la langue77 au centre de

sa théorie esthétique. Le romancier fait appel à ce que Françoise Naudillon appelle le « discours métissé ». « A ř : dř d d g ř d dř d g d personnages »78. T œ d J S A

75 N 2 dřA « Fouet de charretier ».

76 « G » d ř yllabe « né » (dans « général ») et la lettre « r » à de d ř« » est difficilement perceptible quand il provient dř . Cř i est rapporté dans L’espace d’un cillement à propos de la prononciation des « r » dřE C d « r » H ï : « Cř y -être dřO d ř d E C d g y řr terminal sans insister sur les r … P d ř st quasi inexistant en créole » (Cillement, p. 200-201.).

77 Selon Aura Marina Boadas : « La variété (dans la provenance) des mots utilisés constitue aussi le reflet dř ation concrète de la Caraïbe : la pluralité linguistique. Face aux côtes haïtiennes, au nord se trouve Cuba (hispanophone) et au sud la Jamaïque (anglophone). Haïti occupe un peu plus du tiers de la superficie dř ř ge avec la République Dominicaine (hispanophone). La langue H ï ř ç g . D d Alexis opte pour le français, mais en même temps pour un enrichissement de la langue par de nombreux apports ». Aura Marina Boadas, Le Réalisme Merveilleux dans l’œuvre de Jacques Stephen Alexis. Littérature

caribéenne comparée, Saarbrücken, Éditions universitaires européennes, 2011, p. 105.

78 Françoise Naudillon, « Discours métissé » dans Michel Beniamino et Lise Gauvin (dir.), Vocabulaire des

de ce mélange linguistique. Comme, nous le montrons plus loin, cette écriture poursuit, en grande partie, une tradition initiée par Jacques Roumain79.

L’espace d’un cillement fournit un autre exemple, cette fois-ci basé sur le rêve et ř g d ř g d a langue comme stratégie de construction du merveilleux :

« Un poquitin y todo se pone al morado, un chiquitin y todo gira al rosado…80 » lui avait dit une fois un vieux Mexicain dans une pulqueria81 de

Oaxaca aux cent couleurs. Le cargador est enflammé, il est bon dans tout ř d T ř g d g ř de rêver les yeux ouverts. Ils rêvent en marchant, ils rêvent quand ils sourient, ils rêvent quand ils travaillent. Ils ne souffrent que peu de faim immémoriale, ê … T ç ř cargador ! Quel fameux cargador est- d d g ř ç d ! I est groggy ! (Cillement, p. 125.)

El Caucho, qui sent « ř d d Agnus Dei de toutes les messes des lamentations » (Cillement, p. 123-124.) d ř dř d . S y g d ř g d d d monde hispano- . Sř ř g dřE C ř g ř d d pouvoir opérer des déplacements et surtout des liens étonnants entre des espaces de la région latino-américaine. Ces rapprochemen dř g dans le langage romanesque. Selon Aura Marina Boadas :

Dans le cadre du « » ř d d d divers mots peu usités crée une atmosphère de magie et de mystère. Leur pouv ř d d ç d sonorités méconnues, soit au niveau sémantique grâce aux connotations g ř . C dř z ransmet la sensation que le pouvoir du g g d d g ř les imaginer82.

79 Voir la section « Jacques Roumain ou la naissance du roman indigéniste ».

80 N 1 dřA « U d ř d … ».

81 N 2 dřA « Pulqueria : B ù ř ».

82 Aura Marina Boadas, Le Réalisme Merveilleux dans l’œuvre de Jacques Stephen Alexis. Littérature

J S A dř g s dř s, de comparaisons d dř g de styles dans son écriture. Son vocabulaire g ř g d d 83 et des chansons de

circonstances84. Ses romans font appel à des personnages historiques et nationaux, des

personnages merveilleux, tenant compte de leur exploit et bravoure.

83 « Un guitariste était arrivé. Les jeunes abandonnèrent leurs cartes et le conteur pour écouter la vieille ř . E dř L z a plaine natale pour la ville, et ses amours . U . U dřH ï .

On dansa même. Toya esquissa quelques pas de martinique, dansa un d’jouba dř tendu, qui battait un cata infernal. On buvait ferme, on chantait, on jouait : à cache-cache Lubin, à khin-

guésou, à baguine et à balancez-yaya. D d ř :

- R y …

- Priez pour elle !

- M dř …

- Priez pour elle !

- P d …

- Priez pour elle 1

- Etoile du …

- Priez pour elle !

A . L [â ] z dřê trouver papa diable et vendit son âme :

- D ř dřâme, elles ne parlent plus, elles ne chantent plus comme la petite bourrique blanche :

Waya-waya, le bâton est amer ! Waya-waya, la bourrique blanche a du chagrin !

Waya-waya, le maître est méchant ! Waya-waya ! ». (Soleil, p. 222.)

84 Ces chansons courante d dř d . Alexis rapporte un chant de circonstance dans Les arbres musiciens. Cette chanson témoigne du peu de dř « section communale » Ŕ « [l]a plus petite division administrative du pays » Ŕ accordent à un « chef de section », lequel, souvent corrompu, « [r]égit toutes les activités de la section et gère les taxes dont personne ne sait exactement le bien-fondé et le montant » comme le rappelle Kern Delince dans Quelle armée pour Haïti ? (Paris, Karthala, 1994, p. 182.) :

« Une tempête de rires déferla soudain de la feuillé, puis une chanson monta, gouailleuse, venimeuse, crucifiante :

O ř d ř O y d ř Joseph, papa, payez femme nan !

J y z !...(T d d ř s pas payé la dame, Joseph, papa, paie la femme! Joseph, paie la femme !)

Joseph Boudin bondit sur ses pieds, jeta sa machette à travers la cour et se mit à hurler :

- Tonnerre ! Le tonnerre me fende, je vous attraperai !... Moi, Joseph Boudin ! Je vous fendrai comme maquereaux !... Les rires reprirent de plus belle sous le couvert. La chanson se rapprochait :

C y dř A M B d d ř d . L romancier pratique la « prolifération » que Boadas définit comme « une technique qui ř d (…) »85. Ce procédé est courant dans ses

romans. « A dř d d ř d ř d dř . A ê directement, simple et courte, devient un énoncé ou (sic) lř d d d d ř g g »86. Lř d

« prolifération » ř« » ř ř d J S A . M ř on de la répétition qui se traduit par ř g d d y y d « »87 et sémantique. Les figures de style

et les structures scripturales qui organisent les différentes parties des romans participent à la création du merveilleux comme style. Ce style a également un fond.