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PARTIE I : DE L’ESTHÉTIQUE

Chapitre 2 Ŕ Idéologie

4.1 Description du réel haïtien : du sublime

Du Réalisme Merveilleux des Haïtiens constitue une réflexion sur le réel haïtien. Ce d ř dřH ï . Lř étique doit se fonder sur les beautés que sont les « grandeurs » (Du Réalisme, p. 259.) de ce réel. Un mot résume cette culture et cette histoire : ř . D g g . Cř d « ř d T -Louverture, celui de Jean-J D (…) » (Du Réalisme, p. 259.). Toussaint-Louverture et Jean-Jacques Dessalines ont joué un rôle de d ř d ř d d dřH ï . I řÎ d dř . E dř n élargissement de ř g d d Déclaration universelle des droits de l’homme

162 Le concept Occident ř J S A ê d d d dř g . C rejet serait dû au polythéisme caractérisant certaines religions africaines au profit du monothéisme.

163 « On peut même dire que les constitutions de tous les autres pays du monde peuvent être distinguées selon ř ř d d d ç 1789 ». Jacques Godechot, Les constitutions de la France depuis 1789, Paris, Garnier-Flammarion, 1970, p. 8.

et du citoyen de 1789 à des « être meubles »164. Cet évènement est appelé « Miracle

nègre »165 par Julien V. Minuty. Par miracle nègre, il faut entendre, le combat du noir, « la

H ê dř g dégradant »166. Unique et extraordinaire, cette histoire peut être dite sublime. Le sublime est

ici le merveilleux ou le miracle. Venant du terme grec Hupsos de Hupsi167 (vers le haut), il

signifie « hauteur ». Lř d d d d ř ï ř d ř d .

Le Réalisme Merveil d g d dř d ř g d d g d . L ř d , mais est appelé à se transformer dans le futur. Jacques Stephen Alexis se réfère aux mêmes figures emblématiques des auteurs de la théorie de la négritude. Créée par Aimé Césaire (M ) L d S d S g (S g ) L G D (G y ) ř journal L’étudiant noir, fondé à Paris, en 1935, qui lance la notion de la « négritude »168.

Elle peut être définie, selon Jean-Louis Joubert, comme une « descente aux enfers de l'oppression raciale, pour y conquérir la fierté d'être nègre »169. Aimé Césaire prend Haïti

comme point de départ de ce concept. « Haïti où la négritude se mit debout pour la d ř y »170. De même, Aimé Césaire écrira un

essai historique171, intitulé Toussaint Louverture : la révolution française et le problème

164 Lř « ê » d ř 44 d C d N g d d ç ř S -Domingue. « Déclarons les esclaves être meubles et comme tels entrer dans la communauté, n'avoir point de suite par hypothèque, se partager également entre les cohéritiers, sans préciput d dř î řê d d g g aux droits féodaux et seigneuriaux, aux formalités des décrets, ni au retranchement des quatre quints, en cas de disposition à cause de mort et testamentaire ». Louis Sala-Molins, Le Code Noir ou le calvaire de Canaan, Paris, PUF, 1988, p. 178.

165 Lř ssion, « miracle nègre », qui daterait des années 1930, semble être de Carl Brouard dont une anthologie a été publiée pour son soixantième anniversaire : « Virilement et glorieusement, puérilement aussi peut-être, nous jurâmes de faire de notre patrie le miracle nègre, comme la vieille Héllade fut le miracle blanc ». Carl Brouard, Pages retrouvées. Œuvres en prose et en vers (groupées par les soins du comité

soixantième anniversaire de Carl Brouard), Port-au-Prince, Panorama, 1963, p. 77. http://dloc.com/UF00095311/00001/77j consulté le 20 janvier 2013.

166Julien V. Minuty, Miracle nègre, Port-au-P d ř 1959 . 27.

167 Baldine Saint Girons, Le sublime de l’Antiquité à nos jours, Paris, Desjonquières, 2005, p. 51. 168 Aimé Césaire, « Nègreries. Jeunesse noire et assimilation », L’Étudiant noir, no 1, mars 1935.

169 Jean-Louis Joubert, « CÉSAIRE AIMÉ - (1913-2008) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le

20 septembre 2012. URL : http://www.universalis-edu.com.ezproxy.bibl.ulaval.ca/encyclopedie/aime-cesaire/ 170 Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal, Paris, Présence africaine, 1983, p. 24.

171 Aimé Césaire, Toussaint Louverture : la révolution française et le problème colonial, Paris, Présence Africaine, 1962.

colonial, par la suite, une pièce de théâtre ayant Haïti comme cadre spatial172. Lř

d d ř d . A -t-elle à fonder sa pensée sur une réalité historique. Par la même occasion, elle prend ses distances par rapport à certains auteurs haïtiens qui ne tenaient pas compte du réel haïtien173.

Jacques Stephen Alexis, par le choix du titre de sa théorie Ŕ Du Réalisme Merveilleux des Haïtiens ( ř g ) Ŕ veut mettre en valeur un passé, resté, en grande partie174 d ř . S ř t pas tant de fonder une ethno-

172 I ř g d Tragédie du roi Christophe, Paris, Présence Africaine, 1963. Césaire, à ce titre, fait partie des ces écrivains caribéens qui se sont intéressés à Haïti, étant donné la place de celle- d ř de ř d řA . E 1949 six ans après H ï ř A C publia son roman El reino de este mundo d dř d ř dřH ï . Dř d A C tier le concept de « réel merveilleux » (real maravilloso) ř d dans le prologue du roman précité comme « une altération inattendue de la réalité (le miracle) » [« una

inesperada alteración de la réalidad (el milagro) »]. Obras completas de Alejo Carpentier, El reino de este mundo M S g V C ñ 1983 . 15.

173 Lř g J P -Mars écrit dans son ouvrage Ainsi parla l’Oncle řâ ï d « cette curieuse démarche que la métaphysique de M. de Gauthier appelle un bovarysme collectif, ř -à-dire d ř ř » (J P -Mars, Ainsi parla l’oncle, op. cit., p. 8.). Le y d ř ï d d d XXe d ř ( çais, en particulier) ř ř . J P -Mars baptise cette situation de « déviation pathologique » (p. 10.). Les causes de ce d ř dř d d sujet pensant. Les effets sont décelables, à travers la postérité, sur la collectivité : « ce peuple éprouve, explique Jean Price-Mars, une gêne à peine dissimulée, voire quelque honte, à entendre parler de son passé lointain » (p. 7.). « Dès lors, poursuit Jean Price-Mars, tout ce qui est authentiquement indigène Ŕ langage, œ y Ŕ devient-il suspect, entaché de mauvais goût aux yeux des élites éprises de la nostalgie de la patrie perdue. À plus forte raison le mot nègre, jadis terme générique, acquiert-il un sens . Q "dř " ř ê adressée à un haïtien » (p. 8.).

À ř ï J P -Mars assigne désormais le rôle qui « consiste surtout à recueillir et à grouper d d d dř g dř ř g (…) » ( . 12.). C d dř d ï d ř . O premièrement, Jean Price-M ř d « g d d ». I ř g dř d ï idées qui prédominaient dans le paysage inte F ù dř eux avaient été formés. Il fallait partir non des théories déjà élaborées ailleurs, d dř ï ř d g . D ï -ils composés ? Justement de la vie populaire. Jean Price-M d D D ï ř d français. Les personnages de ses romans (Franscenca et Le Damné) qui se promènent dans toutes les grandes capitales euro ï . E œ ř célébrée ni en France ni en Haïti. La raison ? « M. Delorme, nous dit Jean Price-M ř d d g g ř ctivité haïtienne, à savoir que notre société, dans d ř ê ř d . A ô des troublantes péripéties de la tragicomédie dont est tissée la vie haïtienne » (p. 205.). Demesvar Delorme d 1831 1901 g y d ř ï dř ř (1915- 1934) qui se désintéressait du réel haïtien, selon Jean Price-Mars.

174 Dès le XIXe siècle quelques penseurs haïtiens ont défendu le réel haïtien. Parmi eux, citons Baron de Vastey (1781-1820), auteur de Système colonial dévoilé (1814); Hannibal Price (1841-1893), auteur de De la

d d ř d histoire. Cette mise en lumière ramène désormais un réel sublime sur la scène du débat.