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Section I. Le champ de la recherche

2. La réponse de la Région : des actions de formation pré-qualifiante

2.2. Les formations pré-qualifiantes

Ces formations doivent servir de « tremplin » à la qualification (2.2.1) et de « marchepied » à l’emploi durable (2.2.2). Cette terminologie permet ainsi de distinguer deux situations favorables, mais de niveau différent.

2.2.1. Un « tremplin » à la qualification

Les formations pré-qualifiantes se situent à la charnière entre une période d’impasse professionnelle et une période de « professionnalisation ». L’action publique en direction des JSQ, comme indiqué dans le chapitre précédent, se structure notamment autour du développement des dispositifs de formation sous contrat de travail. Il peut s’agir d’un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation. Les dispositifs de pré-qualification entendent favoriser l’accès des JSQ en difficulté à ces contrats. Un panorama sur l’utilisation de ces derniers en Poitou-Charentes s’impose donc.

Les JSQ peuvent bénéficier, dans le cadre de l’apprentissage, des formations de niveau V. En 2010, le Poitou-Charentes comptait 7 640 apprentis préparant un CAP ou un BEP (RPC, 2010b), soit 54 % du total (14 276 jeunes). De fait, l’apprentissage reste largement plus utilisé en Poitou-Charentes qu’au niveau national pour les formations de niveau V (OREF12 Poitou-Charentes, 2011). Cela peut s’expliquer à la fois par :

la volonté du Conseil régional de soutenir « les jeunes les plus en difficulté pour leur

permettre de se former à un métier » (RPC, 2010b) ;

 le tissu économique de la région qui reste majoritairement composé par des petites et moyennes entreprises recrutant généralement des apprentis de ce niveau.

En revanche, les contrats de professionnalisation concernent à un moindre titre les JSQ. Ils sont principalement destinés à des jeunes qui complètent leur formation initiale (Arrighi, Morra, 2010). Ainsi, en 2010, parmi les 1997 bénéficiaires d’un contrat de

professionnalisation, âgés de moins de 26 ans, un peu plus de 60 % sont constitués par des bacheliers ou des diplômés de l’enseignement supérieur (OREF, 2011).

Toutefois, de nombreux JSQ éprouvent des difficultés à accéder à ces deux types de formation en alternance. Force est de constater que, si la situation de crise actuelle aggrave ces difficultés, elles n’en constituent pas la source unique. Le nombre d’apprentis a en effet augmenté de 1349 jeunes entre 2005 et 2009 (RPC, 2010b). L’entrée en apprentissage ou en contrat de professionnalisation semble être entravée par un faible niveau scolaire associé à un manque de repères professionnels. Il s’avère donc nécessaire de créer des programmes de développement de l’employabilité (Leclerc et al., 1996 : 110) centrés sur des objectifs comportementaux et d’acquisition des connaissances de base. Les actions de pré-qualification mises en place par la Région tentent de répondre à cet objectif d’employabilité. Elles se structurent aussi autour de deux enjeux majeurs : la construction d’un parcours de formation vers l’emploi et la resocialisation professionnelle en vue d’une meilleure intégration dans l’entreprise.

La construction d’un parcours de formation vers l’emploi. Généralement, ces mesures débutent par une phase de diagnostic individualisé de compétences afin d’orienter les bénéficiaires vers un métier qui correspond le mieux à leur profil. En complément, ces derniers effectuent des stages en entreprise pour découvrir le métier. En fonction du bilan des stages, ils seront réorientés vers un autre secteur ou construiront avec leur référent (formateur ou psychologue de travail) un projet de formation. Dans le second cas, ils seront positionnés sur un stage de qualification ou chercheront, avec l’appui du référent, une formation sous contrat d’apprentissage ou de professionnalisation.

La resocialisation professionnelle en vue d’une meilleure intégration dans l’entreprise.La plupart des JSQ qui bénéficient des stages de pré-qualification ne maîtrisent guère les codes du monde du travail. Une phase de resocialisation professionnelle s’avère, de ce fait, indispensable dans l’intention d’une reconstruction professionnelle (Ebersold, 2001). Pour ce faire, les formateurs s’attachent à leur transmettre les valeurs essentielles du travail. Ils font ainsi découvrir les règles de fonctionnement de l’entreprise, les attitudes attendues en situation de travail et surtout le rôle du manager. De plus, des mesures favorisant le développement de l’autonomie et la mobilité peuvent aussi être mises en place. Les périodes

en entreprise sont par ailleurs bien encadrées par les formateurs. Ceux-ci veillent au bon déroulement du stage en jouant un rôle de médiateur entre le stagiaire et son manager.

La seule condition pour être admis à ces dispositifs est l’absence de qualification. En outre, durant la formation, les JSQ perdent leur statut de « demandeur d’emploi » et deviennent « stagiaires de la formation professionnelle ». Ils perçoivent, à ce titre, une rémunération comme suit : 251,34 euros pour les stagiaires de moins de 18 ans et 412,20 euros pour les 18-25 ans. Les actions de pré-qualification constituent aussi une sorte de « marchepied » à l’emploi durable.

2.2.2. Un « marchepied » à l’emploi durable

La figure nº 15 présente les cinq situations (S) susceptibles de mener à l’emploi durable, de la situation initiale (Si) à la situation finale (Sf) et positionne (S2) le champ de recherche de cette thèse. L’ensemble est détaillé ci-après.

Figure nº 15. Les formations pré-qualifiantes : un « marchepied » à l’emploi durable

En grisé et en pointillé, le champ de recherche de cette thèse

Les JSQ constituent un groupe hétérogène. Il est donc possible d’observer trois catégories de JSQ face aux dispositifs de formation pré-qualifiante :

« les insérés ». Ils constituent 34 % des JSQ (Benzekri, Gasquet, 2007) et n’ont pas besoin d’aide particulière pour trouver une orientation ou un travail. Dès leur sortie du système éducatif, leur insertion est jugée rapide et réussie ;

S i

Sortie du système scolaire sans qualification Formations qualifiantes sous contrat de travail Mission locale

S 1

Inscription Formations pré-qualifiantes Insertion dans l’emploi durable Préparation Prescription Ambition

S 2

S 3

S f

Action de la Région

« les invisibles ». Ils se trouvent sans emploi et ne se présentent pas aux portes des organismes d’insertion (Angotti, 2009). Cette catégorie peut être composée d’inactifs, de travailleurs dits « au noir », de délinquants et de jeunes qui cherchent vainement une place dans l’entreprise, mais qui ne connaissent pas pour autant les structures d’aide à l’emploi ;

« les usagers ». Ils constituent les bénéficiaires des mesures de formation pré-qualifiantes. Ces actions peuvent, comme le montre la figure nº, faciliter l’accès à l’emploi de la manière suivante : faute d’une première intégration réussie à la sortie des études (situation initiale : S i), ces « consommateurs » s’inscrivent à la Mission locale (S1). Cette dernière remplit une mission de service public pour l’orientation et l’insertion professionnelle et sociale. A ce titre, elle accueille, informe, oriente et accompagne les jeunes de 16 à 25 ans. Ses conseillers prescrivent à ces derniers dans la plupart de cas des formations pré-qualifiantes créées par la Région (S2). Ainsi, parmi les 3 691 jeunes sortis du système éducatif sans diplôme entre janvier et décembre 2008 accueillis par les Missions locales de Poitou-Charentes, 1 262 d’entre eux ont été orientés vers une formation qualifiante ou non-qualifiante (ARML13 de Poitou-Charentes, 2010). Les actions de pré-qualification, comme indiqué supra, conduisent à des formations qualifiantes sous contrat de travail ou autres (S3). L’ambition des contrats d’apprentissage et de professionnalisation reste pourtant double : répondre aux besoins spécifiques des entreprises en termes de compétences et faciliter l’insertion des JSQ dans l’emploi durable (situation finale : S f).

Malgré l’intérêt de ces actions, l’objectif d’amener les bénéficiaires à la qualification s’est avéré difficile à atteindre. Dans une logique d’efficacité, la Région Poitou-Charentes a demandé d’étudier deux de ses dispositifs de pré-qualification. Il convient d’exposer l’objet de la recherche.