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Section II. L’objet de la recherche

2. Les demandes de la Région et les évolutions de l’objet de la recherche

2.2. La demande 2 : étude de dispositif Quart’ Avenir

Sont présentés successivement le contenu de ce programme (2.2.1.) et la recherche proprement dite (2.2.2.).

2.2.1. Le contenu

Mise en place en avril 2008, cette mesure a été initiée par la Région auprès de l’AFPA. Elle s’adresse à des JSQ, âgés de 18 à 26 ans, issus des quartiers populaires et des milieux ruraux isolés. Les bénéficiaires ne sont pas sélectionnés à l’entrée, mais « accueillis tels qu’ils sont » afin de leur apporter une réponse adaptée. Leur repérage est cependant effectué par les structures d’accueil (Missions locales, Pôle emploi, etc.). Les formations sont dispensées par les centres AFPA d’Angoulême, de Rochefort, de Niort, de Châtellerault et de Poitiers. Un référent psychologue (du travail) et un binôme psychologue/formateur sont désignés dans chaque établissement afin d’assurer un tutorat rigoureux des stagiaires QA. Ce suivi est assuré jusqu’à ce qu’ils aient obtenu au moins un premier niveau de qualification.

Les stagiaires QA débutent la formation par un sas de diagnostic et de positionnement de deux semaines. Ce diagnostic entend déterminer leur parcours en tenant compte de leurs atouts et de leurs potentiels. A son issue, chaque jeune définit avec son référent un parcours individualisé d’accès à la qualification (diplômes AFPA18

), allant de 12 à 24 mois selon ses besoins. Ainsi, certains jeunes ont besoin, avant même de choisir un métier, de découvrir le monde professionnel, alors que certains d’autres ont besoin d’effectuer des stages en entreprise pour confirmer leur choix professionnel. Durant cette période, l’accent est mis sur la maîtrise des compétences clés et sur l’acquisition des connaissances et des comportements

liés à la qualification. Mais toutefois, les stagiaires peuvent bénéficier tout au long de leurs parcours :

 des actions de professionnalisation : actions de redynamisation et de remobilisation, consolidation de projet de formation, découverte des métiers, périodes de stage en entreprise, préprofessionnalisation, préparation aux contrats en alternance, actions qualifiantes, acquisition des connaissances liées à la qualification ;

 des actions d’accompagnement : suivi psychopédagogique, styles d’apprentissage, suivi médical, accompagnement socio-éducatif, accompagnement dans l’emploi.

Toutes les étapes du parcours (stages, suivi médical, etc.) sont consignées dans un livret nominatif appelé « Passeport qualification ». Elles font l’objet d’un engagement entre le stagiaire, le prescripteur et le référent QA présent sur chaque site AFPA.

In fine, QA, comme EPC, tente de construire l’identité professionnelle des JSQ mais aussi

de contribuer à leur socialisation en vue de l’employabilité.

La recherche menée dans le cadre de ce programme est exposée infra.

2.2.2. La recherche proprement dite

Il convient de présenter les raisons qui ont conduit la Région a demandé au doctorant de contribuer à l’évaluation de ce dispositif (a) mais aussi les travaux effectués (b).

a) Les « raisons » de QA

La Région a voulu tirer des leçons de ses réussites et de ses échecs. Selon Argyris et Schön (2002 : 24), l’acte de tirer des leçons constitue un processus d’apprentissage. Ce dernier consiste à acquérir, traiter et stocker des informations nécessaires à la compréhension des réalités organisationnelles. Cette démarche compréhensive permet aux acteurs de définir un plan d’action en vue d’une amélioration de la performance dans la durée. La figure nº 19 expose le rôle du doctorant CRAPS dans le développement du stock d’informations de la Région.

Figure nº 19. Le plan d'action du chercheur élaboré lors de la réunion de thèse du 30 octobre 2008

En effet, le décalage entre les objectifs fixés pour EPC et les résultats obtenus amène la Région à s’interroger sur les causes de cet échec mais aussi sur les éventuels facteurs de réussite. Dans une logique d’apprentissage organisationnel, elle a demandé au doctorant, lors de la réunion de thèse du 30 octobre 2008 (cf. encadré nº 3), d’étudier les déterminants du succès des mesures de formation qui « réussissent mieux ». L’objectif a consisté à mettre en place, a posteriori, des actions correctives pour le dispositif EPC.

Encadré nº 3. Extrait de la réunion de thèse du 30 octobre 2008, propos du directeur de thèse et de la DGA Education-Formation19 sur la nécessité d'étudier d'autres dispositifs

Directeur de thèse : pour vous, quelle sera la deuxième étape ? Si j’ai bien compris, ça serait de regarder une expérience qui a réussi ou qui, tout du moins, réussit largement mieux, d’observer quels sont les processus qui se mettent en jeu.

DGA Education-Formation : vous avez Quart’ Avenir, puis après, il y aura des jeunes en apprentissage. Il me semble qu’il y aurait les trois : on regarde l’EPC, on voit que c’est

19 DGA Education-Formation = responsable scientifique du doctorant à la Région.

EPC : dispositif qui « réussit peu » QA : dispositif qui « réussit mieux » Apprentissage des causes Informations traitées et stockées Apprentissage des facteurs de réussite Processus d’apprentissage : enquêtes effectuées par le chercheur Modification du dispositif EPC Actions correctives menées par les acteurs

compliqué, donc, on va voir une expérience, qui réussit mieux avec les mêmes jeunes, de même profil sociologique, […] sur Quart’ Avenir, tu vas surtout voir le côté pédagogique. Par contre, sur l’apprentissage, tu aurais le professionnel. Alors, je ne sais pas, s’il faut que tu fasses les deux.

Directeur de thèse : on est obligé d’avoir la vision des deux. Il faut avoir une vision d’ensemble sur ce qui ne marche pas, ou pas bien, et sur ce qui marche à peu près et pourquoi ; et comment, de l’autre côté […] les employeurs, eux perçoivent cela aussi, et sélectionnent. Parce qu’au bout du compte, ils doivent sélectionner des gens de Quart’ Avenir ou des gens d’EPC.

DGA Education-Formation : qu’est-ce qui fait, du côté des employeurs qu’ils prennent ce jeune-là, et pas l’autre ?

Il convenait alors de rencontrer des acteurs du dispositif QA. Ce dernier semblait réaliser des résultats plus satisfaisants que ceux d’EPC.

b) Les travaux effectués

Au départ, comme précisé en amont, cette enquête entendait étudier les conditions de réussite de ce programme. Avant de débuter l’étude du terrain, la DGA Education-Formation a demandé au doctorant de se pencher aussi sur les causes des abandons observés sur le dispositif. En effet, durant la réunion du comité de pilotage QA20 du 23 janvier 2009, il est apparu que sur les 749 stagiaires QA, 20,8 % d’entre eux ont abandonné le dispositif. Pour la Direction régionale de l’AFPA, comme le montre l’encadré nº 4, ce taux d’abandon s’avère problématique. De fait, ce dernier s’élève en moyenne à 10 % pour les formations en direction d’autres catégories de stagiaires (adultes, femmes isolées, etc.). Ainsi, les membres de ce comité de pilotage se sont interrogés sur les raisons des abandons ainsi que sur la stratégie à mettre en œuvre pour maintenir les JSQ en formation21

.

20 Il s’agit des réunions trimestrielles organisées par la Direction régionale AFPA à Poitiers sur l’appréciation de QA. Quatre organismes y sont présentés : la Région, la DRTEFP, l’AFPA et la Mission locale.

Encadré nº 4. Extrait de l'entretien, mené le 02/03/2009, avec la Directrice technique régionale à l'AFPA Poitou-Charentes

Directrice technique régionale : durant les réunions du comité de pilotage Quart’ Avenir, on présente toujours le dispositif : bilan, où est-ce qu’on en est, les entrées en formation qualifiante […] on a indiqué au comité de pilotage du 23 janvier qu’on avait un peu plus de 20 %, 20,8 % d’abandons […] Nous, on a des indicateurs qualité à l’AFPA. Donc, ils sont suivis au niveau régional, national, et nous, on est alors, après avoir frôlé les 16 %, on est redescendu à moins de 10 %. Donc, pour nous, ça pose question ; ça veut dire que les publics qui sont accueillis chez nous actuellement sur ce dispositif-là, sont plus souvent amenés à abandonner que l’ensemble des personnes qu’on a accueilli jusqu’à présent.

Pour tenter de répondre à ces interrogations, il a fallu faire évoluer le plan d’action élaboré le 30 octobre 2008 par le comité de pilotage CRAPS (cf. figure nº). Ce dernier a décidé, lors de la réunion de thèse de 20/03/2009, d’orienter la recherche vers les causes de rupture des parcours de qualification. La figure nº 20 synthétise l’évolution de la demande de la Région et précise le rôle du doctorant.

Figure nº 20. Le plan d'action, élaboré le 20/03/2009, pour évoluer les formations pré-qualifiantes

La Région souhaite garantir aux JSQ les meilleures conditions de formation en vue de la qualification. Pour cela, elle a besoin d’enrichir son stock d’informations à travers l’apprentissage :

 des causes des ruptures de formation des stagiaires EPC et QA ;

 les facteurs qui favorisent le maintien en formation des JSQ. Il convient donc de rencontrer des apprentis en fin de cursus de CAP ou de BEP qui se trouvaient, à un moment donné de leur parcours, en situation d’échec scolaire.

Les produits de cet apprentissage (c'est-à-dire les informations) amènent à améliorer les dispositifs EPC et QA et contribuent à l’adaptation du contenu d’un nouveau programme de formation que cette collectivité comptait lancer en septembre 2009.

JSQ en formation pré-qualifiante (EPC et QA)

JSQ en fin de cursus de CAP ou de BEP Apprentissage des facteurs favorisant le maintien en formation Apprentissage des

causes des ruptures de formation

Enrichissement du stock d’informations de la

Région

Mise en place des actions correctives pour EPC et QA Définition du contenu d’un nouveau dispositif Enquêtes effectuées par le chercheur Actions menées par les acteurs

Après, une phase d’entretiens avec des acteurs du dispositif QA et des apprentis en fin de

cursus de CAP ou de BEP, une analyse « à chaud » a été réalisée. Les résultats ont été

présentés et validés à la réunion du comité de pilotage QA du 1er juillet 2009. Toutefois, l’objet de cette recherche a connu une troisième et dernière évolution à la fin des travaux de terrain. Il s’agit de l’objet définitif de la thèse