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CHAPITRE 2. FOCALISATION SUR LE DYNAMISME EN MILIEU

1. Les flux en ville : nature

1.1. Les flux « physiques ».

1.1.1. Les flux de circulation.

Les flux en milieu urbain font généralement penser à tout ce qui touche à la circulation des hommes et des biens. Mongin assimile le flux à la « circulation, aux

transports, aux voies, à la rapidité » (2005 :75). Les transports communs (bus,

tramway, avion, train, etc.) et individuels (voiture, vélo, etc.) font partie des moyens techniques – les réseaux – mis en place pour faciliter le déplacement. L’enchevêtrement des réseaux permettant les flux semble composer une particularité de l’urbain : « Elle [la ville] n’existe qu’en fonction d’une circulation [les flux] et de

circuits [les réseaux] » (Mongin, 2005 : 92 – c’est nous qui précisons entre

crochets). Et puis, force est de constater que « la place de la ville est désormais

inséparable des flux avec lesquels elle se trouve en tension » (Mongin 2005 : 18). Il

ne pourrait y avoir de ville sans flux, surtout à l’heure de la mondialisation. Les flux forment donc la dynamique des réseaux qui les supportent. Cette vision dynamique du flux sous-tend le rapport espace/temps permis par le réseau. En effet, il s’agit de traverser l’espace dans un minimum de temps – le temps est compris en termes de « durée » -, dans une durée très courte. Le réseau doit permettre d’optimiser ce dit rapport. Donc, plus il est efficace, plus le flux est dense et bref.

Même s’il y a une « prévalence des flux sur les lieux », entraînant la « fin des

territoires », comme l’indique Mongin (2005 : 16), l’espace reste une notion

essentielle à aborder en matière de flux. Pour reprendre sommairement une caractéristique du flux, celui-ci constitue un déplacement d’un point A vers un point B. Ces points, schématisés A et B, prennent repère sur un espace donné. Ils représentent tout autant de centres – urbains – entre lesquels les flux, par les réseaux,

établissent des axes. Ces flux, « considérés comme des ressources ‘qui prennent tout

leur sens à partir des noyaux d’urbanité qui s’y encastrent’ » (Rémy, 2001 in Watin,

2005 : 75), se meuvent d’un centre – ou noyau – à un autre, ou d’une zone périphérique vers un centre, et vice versa, à l’intérieur de la même ville.

1.1.2. Les flux migratoires.

Internes, c’est-à-dire s’effectuant à l’intérieur d’un pays, ou internationaux, les flux migratoires correspondent aux déplacements de personnes quittant leur lieu de naissance ou de résidence pour un autre lieu. Ces individus se déplaçant d’un territoire à un autre s’installent de façon provisoire ou définitive. D’un pays à un autre, la définition du migrant – l’acteur des migrations – change, ce qui entraîne de la part des autorités, des difficultés quant à la distinction des différents types de migrants. En effet, il y a ceux qui quittent leur pays à cause de persécutions politiques, de problèmes économiques ou ceux qui recherchent du travail ou une meilleure qualité de vie. D’ailleurs, sont définies les différentes formes de migrations selon les motivations ou selon les statuts légaux des individus concernés.

Lorsque l’on parle de migrations en milieu urbain, c’est la ville dans son ensemble qui constituerait un centre, et l’ailleurs, une sorte de périphérie, contrairement aux centres par lesquels transitent les flux de circulation. La ville est vue comme une entité globale, puisqu’on ne peut parler de flux migratoires lors de la description de déplacements à l’intérieur d’une même ville. Cet aspect, touchant à la structure du flux, est abordé plus loin.

1.1.3. Les flux économiques.

En économie, un flux est un courant de richesses (bien, service, monnaie) échangé entre deux « agents » économiques (ménages, entreprises, administrations, institutions financières, etc.). Ces flux peuvent être « réels » (échanges de biens et services – ils occasionnent des flux migratoires et de circulation) ou financiers (à savoir les flux monétaires). Ici, la nature du « centre » - que nous évoquons pour les flux migratoires – est toute autre. En effet, le centre, pour les flux économiques, est

caractérisé par le marché, lieu virtuel ou réel où s’effectue l’échange. Un marché est de différents ordres : le travail, les capitaux, les biens ou les services.

Les flux ci-dessus évoqués (de circulation, migratoires et économiques) sont catégorisés, soit par la forme de leur support (les flux routiers, les flux aériens, les flux ferroviaires, etc.), soit par le type de phénomènes les occasionnant (les flux migratoires), soit par la nature de l’objet pris en compte (les flux monétaires). Il arrive que deux types de flux se superposent : les flux aériens et les flux migratoires, par exemple.

1.2. Les flux « abstraits ».

A ces flux « physiques », s’ajoutent des flux « abstraits »1 prenant corps sur des supports – les réseaux – dits « immatériels » (car moins visibles que les réseaux « matériels »). Il s’agit des flux de l’information, et ce avec l’extension des médias et des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC),

« dispositifs techniques » ayant pour finalité « la transmission, ‘immatérielle’, des informations » (Watin, 2005 : 77). Il est alors plus difficile de les classer. Sur quoi

« repose » un flux « transportant » de l’information ?

Par décomposition, comme opéré pour les flux « physiques », le flux abstrait pourrait être déterminé soit par la forme de son support, soit par le type d’individus à partir duquel il prend sa source, soit par la nature de l’objet permettant sa « substantialisation », c’est-à-dire le processus faisant que de l’idée, l’information devient une donnée « réelle ».

Différents types de supports assurent à ces transitions immatérielles. Le réseau téléphonique, dans sa globalité, à partir duquel prendra forme le réseau Internet, assure un échange des informations ; d’autres réseaux, tels que la télématique, le satellite, le numérique participant des réseaux des télécommunications, entretiennent un flux unidirectionnel des informations, ou

1 Notons tout de même que les flux financiers, n’étant pas nécessairement palpables, peuvent être considérés comme « abstraits ».

encore de la communication – le terme « information » est quelque peu réducteur face à la richesse des données transmises par ces supports.

La tâche de définir les types de phénomènes occasionnant ces flux semble plutôt ardue, voire peu pertinente. A partir de quel critère, cette fois-ci, caractérisant tel ou tel individu peut-on définir ce flux ? Il serait enfin plus logique de s’attarder sur « l’objet » assurant le processus « idée-information ». En effet, toutes ces activités communicationnelles – car c’est bien de cela dont il s’agit –, publiques de surcroît, sont inextricablement liées au langage, à la langue, au discours.

1.2.1. Les flux d’information.

Ces flux, en développement informatique, caractérisent « l’échange

d’informations (message) entre des acteurs (externes ou internes au système étudié)

et le domaine étudié »1. En informatique générale, les flux d’information

correspondent à l’ensemble des informations diffusées sur le net, notamment les informations d’actualité dites éphémères. « Elles alimentent, dans ce cas, un

mouvement incessant de flux d’information se rapportant à différents thèmes, toute information étant plus ou moins promptement supplantée par une information récente ». Par analogie, d’aucuns désigneront les flux d’information comme étant les

résumés de contenus Web accompagnés des liens vers la version intégrale de ce contenu. Ils seront parfois assimilés aux flux d’actualité.

1.2.2. Les flux de communication.

Liés aux télécommunications, ils désignent tout ce qui relève des flux téléphoniques, visiophoniques, de données ou multimédia. Les deux derniers types de flux peuvent être audio ou vidéo. Généralement, le transfert de flux de communication est communément appelé transfert d’appel. Ce transfert s’effectue entre un premier et un second terminal. Un ensemble de terminaux (ou de réseaux) constitue un relais. Cependant, l’opinion commune parle de flux de communication pour toute diffusion ou support lié à la communication : la publicité, la télévision, le

cinéma, la radio. Toute donnée « transportée » visant à la communication en général est alors appelée flux de communication.

1.2.3. Les flux langagiers.

Les flux langagiers, abordés en traitement automatique des langues (TAL), désignent les échanges d’une langue à l’autre. En effet, lors de la traduction automatisée ou assistée par ordinateur, le passage d’une langue à l’autre est appelé flux. L’importance de ces flux, à travers Internet, les échanges entre pays – échanges de tous ordres – fait que l’on parle certes de flux langagiers, mais aussi de transferts langagiers. En intelligence artificielle, ce terme sera employé pour le développement du langage chez les robots. Nous distinguons les flux langagiers de ce que nous appelons plus loin « les flux linguistiques ».