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Financement des projets et recrutement des jardiniers

Chapitre 3 : Expérience du jardin et des jardiniers

3.1 Portrait des organismes et des projets de jardins sélectionnés

3.1.6 Financement des projets et recrutement des jardiniers

Chacun des projets possède un montage financier très varié qui implique de nombreux bailleurs de fonds, la participation à divers programmes ainsi que de l’autofinancement. Certains organismes font aussi appel à des bénévoles afin de compléter leurs ressources humaines7. Nous n’avons pas cherché à bâtir un budget par projet ainsi qu’une liste exhaustive de toutes les sources de financement, vu la difficulté des animateurs-coordonnateurs à nous fournir les informations, bien que cela aurait pu être très intéressant et pourrait faire l’objet d’une autre recherche afin de mieux comprendre la réalité économique à laquelle les organismes font face. Notons parmi ces sources de financement, le Ministère et les agences de la Santé et des Services sociaux (PSOC), les CLSC (Priorité Jeunesse), Ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (subventions salariales de Emploi Québec), le Ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (PACC), Centraide, Fondation Lucie et André Chagnon (Québec en forme), la Ville de Montréal-Direction de la diversité sociale (Entente Ville-MESS), les arrondissements (projets spéciaux), des organismes caritatifs (Les Sœurs Grises de Montréal), Evergreen, Shell, Arbres Canada, les YMCA. Malgré leur montage financier très différent qui oriente leurs objectifs, les projets de jardins sélectionnés répondent tous à l’appellation de jardin collectif qui implique nécessairement des séances de jardinage collectives, un partage de la production en plus de viser l’autogestion du projet par les jardiniers.

La question du recrutement est inévitable pour les coordonnateurs s’ils veulent mener à bien leurs projets et s’assurer de répondre à leurs objectifs. Le défi n’est pas le même compte tenu du tissu communautaire du quartier et des intentions de l’organisme. Une coordonnatrice racontait qu’elle n’avait qu’à publier une annonce dans le calendrier mensuel de l’organisme pour recruter l’ensemble de ses jardiniers. D’autre recrutent leurs participants en faisant de la promotion dans les centres locaux de services communautaires (CLSC), dans les églises, dans les comptoirs alimentaires, dans les autres organismes communautaires d’entraide du quartier, en faisant de l’affichage un peu partout comme dans les buanderies et en publiant dans les journaux locaux :

7 Certains organismes font appel à des jeunes bénévoles issus de l’organisme de service volontaire Katimavik afin d’agir en tant

que co-animateurs et de participer aux travaux plus physiques. Toutefois, la gestion des volontaires peut devenir lourde à gérer comme nous l’expliquaient certains coordonnateurs de projets de jardins collectifs.

53 Chaque vendredi, je vais à l’église et au comptoir alimentaire parce qu’ils (les personnes démunies) se regroupent de midi à 13 heures, je suis là-bas à faire l’appel, je fais l’inscription. On fait aussi la promotion sur le site arrondissement.com et dans les journaux du quartier et des quartiers adjacents. (Coordonnateur C)

Les coordonnateurs connaissent bien les enjeux reliés à l’alimentation à l’intérieur de leur quartier. En effet, certains organismes évoluent dans des quartiers qu’ils caractérisent de déserts alimentaires8 tandis que d’autres évoluent dans des quartiers avec une offre alimentaire plus

diversifiée. Afin de répondre à leur mandat en sécurité alimentaire (accessibilité), les organismes sont contraints de participer à la dynamique communautaire locale pour recruter des individus dans le besoin. En effet, la participation à la concertation locale semble inévitable, voire obligatoire, mais l’intensité et le type de collaboration avec les autres organismes qui travaillent en alimentation diffèrent en fonction de l’organisme et du quartier. La plupart des coordonnateurs rencontrés collaborent ou ont la volonté de collaborer intimement avec les services de dépannage alimentaire et les tables de quartier afin de développer des stratégies d’intervention et une vision commune. Ceci leur permet notamment de participer à une dynamique de réseautage plus large et de sensibiliser leurs partenaires sur les retombées spécifiques des jardins collectifs pour les individus, ce qui ne semble pas si évident à énoncer pour les coordonnateurs. Lorsque les coordonnateurs ont de la difficulté à recruter des personnes démunies, ils adoptent différentes tactiques. Par exemple, une coordonnatrice-animatrice racontait qu’il était important pour elle de ne pas stigmatiser les individus au moment du recrutement. En effet, elle avait vu le nombre de participants démunis diminué une année, lorsqu’elle avait écrit sur les affiches que les projets leur étaient destinés. À l’inverse, en n’annonçant pas d’emblée que les projets s’adressaient principalement aux personnes démunies, le nombre de participants en situation précaire avait augmenté. Bref, la question du recrutement est très importante pour les organismes. Quand vient le moment de faire une demande de financement, le nombre de participants atteint permet de justifier l’intérêt de la population pour les projets d’agriculture urbaine communautaire.

8 La première définition formelle fut proposée par le British Low Income Project Team. Les déserts alimentaires sont des espaces

de relative exclusion, où les gens rencontrent des barrières physiques et économiques pour accéder à une nourriture saine (Reisig et Hobbiss 2000). Les coordonnateurs de jardins se basent entre autres sur des études produites par la Direction de la Santé publique (2007). L’objectif de ces travaux était à l’époque d’aider les acteurs locaux à analyser les secteurs mal servis de leur territoire et à cibler les endroits où des actions contribueraient à améliorer tant l’environnement que la consommation alimentaire.