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Chapitre 2 : stratégie méthodologique

2.5 Cadre d’analyse et traitement des données

Nous avons eu recours à différentes méthodes pour traiter l’ensemble des informations obtenues au cours des séances d’observation, du questionnaire et des entretiens semi-dirigés. Dans un premier temps, toutes les informations recueillies lors des séances d’observation à l’aide des cahiers de notes et des comptes rendus ont été compilées, consultées et analysées manuellement en fonction des dimensions issues de la grille d’observation pour chacun des projets de jardins. Dans un deuxième temps, les informations concernant le profil des participants issues des questionnaires ont été traitées avec le logiciel Excel et intégrées dans le logiciel NVivo. Dans un troisième temps, les informations issues des entretiens longs enregistrés à l’aide d’un magnétophone puis fait l’objet de résumés (catégories semi-émergentes) et de verbatim. Les verbatim ont ensuite été compilés et rigoureusement traités à l’aide du logiciel NVivo : « Using a computer simply ensures that the user is working more methodically, more thoroughly, more attentively. In these senses, then, it can be claimed that the use of a computer for qualitative analysis can contribute to a more rigorous analysis » (Bazeley 2007, 3). En effet, cet outil a été d’un précieux usage, car il nous a permis de regrouper nos données et de procéder par la suite à une analyse de contenu thématique des entretiens avec les jardiniers, après avoir repéré les informations les plus pertinentes issues des verbatim en lien avec nos questions de recherche (Blais et Martineau 2006). Les informations issues des entretiens auprès des animateurs- coordonnateurs et des programmateurs ont aussi été traitées avec le logiciel Nvivo, sans toutefois chercher à défaire la singularité du discours intra-entretien (Blanchet et Gotman 1992, 98). L’objectif était plutôt pour ces derniers de capter les particularités dans le discours de chacun des organisateurs afin de mieux comprendre et décrire leurs influences et intentions.

La grille d’observation utilisée lors des séances d’observation nous a aussi servi de grille d’analyse. Elle a permis de dresser un portrait global des jardins visités à l’aide des dimensions observées. Plusieurs caractéristiques communes et singulières des projets de jardins ont été identifiées dont le type d’aménagement des jardins, le contexte d’insertion dans le cadre urbain, le fonctionnement des séances de jardinage, le type de jardiniers, le type de liens sociaux, l’intensité de la participation, la variété de végétaux, le type d’animation. Ce portrait descriptif des jardins collectifs nous a permis de mieux contextualiser le discours des jardiniers qui est propre à leur expérience, à leur environnement ainsi qu’à leur perception.

Pour ce qui est des entretiens, les paroles ont été retranscrites sous forme de verbatim, ce qui représente 236 pages à simple interligne. Vu la grande quantité d’informations, nous avons utilisé le logiciel NVivo afin d’en faciliter la gestion, la création de multiples codes et la représentation des données : « I advocate that qualitative codes are essence-capturing and essential elements of the researche story that, when clustered together according to similarity and regularity – a pattern – thez actively facilitate the development of categories and thus analysis of their connections (Saldaña 2011, 8) ». En effet, le logiciel permet la représentation des données, notamment par la création de modèles et de matrices qui font état de notre interprétation des résultats. Notre analyse de contenu thématique comprend trois niveaux, soit la description, la catégorisation - configuration et finalement, la réalisation de matrices de nœuds. Dans un premier temps, l’analyse descriptive a permis de décontextualiser des extraits issus des verbatim afin de les rendre sémantiquement indépendants : « Descriptive Coding assigns basic labels to data to provide an inventory of their topics. Many qualitative studies employ Descriptives codes as a first step in data analysis » (Saldaña 2011, 66). Bien entendu, le codage descriptif n’est pas la seule méthode de codage que nous avons utilisée, mais elle représente un premier pas dans ce processus itératif de codage et d’analyse. Cette première étape a aussi permis de confronter le discours des participants à nos observations afin d’en dégager les similitudes et les contradictions.

Dans un deuxième temps, après avoir procédé au codage primaire des données, l’analyse thématique nous a permis de catégoriser les informations et de les regrouper sous forme de nœuds parents et enfants : « Vient ensuite l’analyse thématique, qui consiste à découper transversalement tout le corpus. L’unité de découpage est le thème que représente un fragment de discours. Chaque thème est défini par une grille d’analyse élaborée empiriquement. Le mode de découpage est stable d’un entretien à l’autre » (Blanchet et Gotman 1992, 95). Ceci nous a donc permis d’identifier certains patterns et tendances. Au cours de cette étape de réduction des données, de production de sens et de recontextualisation, les codes ont été catégorisés afin de mieux interpréter l’ensemble du corpus en lien avec nos objectifs de recherche : « On peut définir la catégorie comme une production textuelle se présentant sous forme d’une brève expression et permettant de dénommer un phénomène perceptible à travers la lecture conceptuelle d’un matériau de recherche » (Blais et Martineau 2006, 7). Cette étape de conceptualisation a permis

41 d’identifier clairement des dimensions et des indicateurs illustrant l’apport alimentaire et social des jardins collectifs à la lutte contre l’insécurité alimentaire.

Dans un troisième temps, afin de représenter les dimensions de façon plus éloquente, des matrices de nœuds ont été réalisées avec le logiciel NVivo. Ces matrices font état des occurrences d’idées dans le contenu discursif des jardiniers et ont permis de dégager plusieurs informations intéressantes en fonction du profil des individus issus des questionnaires et des catégories créées lors de la recontextualisation. En effet, les matrices permettent de croiser des attributs avec des codes-nœuds, catégories ou sous catégories tout en tenant compte des occurrences :

Ainsi, tout en étant d’accord avec Paillé (1996) affirmant qu’en analyse qualitative l’importance première n’est pas donnée aux chiffres, ce comptage permet tout de même de voir le portrait global de la situation des données et de formuler des conclusions adéquates et nuancées sur le phénomène étudié (Mukamurera, Lacourse et Couturier 2006, 126)

Nous sommes pleinement conscients toutefois qu’une telle méthode ne nous permet pas de généraliser de façon universelle sur le phénomène étudié. L’utilisation de pourcentage n’est d’aucune utilité dans notre cas, vu le nombre restreint de jardiniers interviewés : « Il faut traiter les idées comme des boîtes à fleurs qui encadrent la réalité; le plus important n’est pas la boîte, mais la fleur » (Deslauriers 1991, 95). En effet, nos résultats n’ont pas l’ambition de représenter le cas de tous les individus démunis prenant part aux projets de jardins collectifs montréalais, mais seulement de nous éclairer davantage sur l’apport potentiel d’une telle initiative sur la sécurité alimentaire de ces participants.