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Valeurs coopérativesSatisfaction

V. MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

5.7 FIDELITE ET VALIDITE

Dans le cas de l’analyse qualitative, la validité n’est pas testée grâce à une des analyses statistiques. On cherche plutôt à savoir si le chercheur voit ce qu’il pensait voir (Kirk et Miller, 1986). Selon ces auteurs, la fidélité repose essentiellement, en recherche qualitative, sur la description explicite des procédures d’observation.

définition, nous pouvons dire que notre recherche est valide puisque les résultats des entrevues nous permettent d’identifier si la réingénierie favorise la mise en place d’une approche relationnelle particulière dans les caisses populaires Desjardins.

Kirk et Miller (1986) sont encore plus précis, car ils définissent trois types de validité en recherche qualitative :

• La validité apparente se base sur l’évidence des données d’observation. Cependant, la preuve de cette validité apparente n’est pas suffisante pour témoigner de la qualité des résultats.

• La validité instrumentale se manifeste quand une procédure peut démontrer que «les observations effectuées rencontrent celles qui ont été générées par une procédure alternative, elle-même considérée comme valide ». Sur ce point, il est difficile de comparer nos résultats avec d’autres recherches car, comme nous l’avons dit, à notre connaissance aucune étude sur notre sujet n’a été menée dans le secteur des banques coopératives dans un contexte de réingénierie. Néanmoins, comme nous le verrons, les résultats ne contredisent pas ce qu’on retrouve dans le secteur bancaire.

• La validité théorique se construit quand une procédure montre clairement «que le cadre théorique correspond bien aux observations ».

Selon Lessard-Hébert, Goyette et Boutin (1996) la triangulation peut être utilisée pour accroître la validité. Ce concept s’applique à l’idée de «validation consultative» par confrontation des inférences faites à propos d’un même problème :

• Soit entre plusieurs chercheurs : pour notre étude, deux observateurs externes ont suivi tout le déroulement de la recherche. Il s’agit des deux professeures codirectrices du mémoire avec qui des rencontres régulières ont eu lieu. Ces deux personnes ont des compétences distinctes : Marie-Claire Malo est spécialisée dans la gestion stratégique des organisations, surtout coopératives tandis que Line Ricard est spécialiste du marketing relationnel dans le domaine bancaire. Ces compétences sont complémentaires compte tenu de la double caractéristique du Mouvement Desjardins comme banque coopérative.

• Soit entre personnes interrogées : comme nous l’avons vu, nous avons interrogé dans chaque caisse quatre à cinq personnes différentes.

• Soit entre chercheurs et sujets observés, interrogés ou concernés : nous avons fait parvenir dans les deux caisses les résumés des entrevues afin que chaque participant vérifie si nous avions bien transcrit ses propos. Les corrections ont été faites lorsqu’elles étaient nécessaires. Ensuite, nous avons envoyé aux deux directeurs de caisses le texte de notre communication présentée au colloque annuel du CIRIEC (Centre interdisciplinaire de recherche et d’information sur les entreprises collectives) dans le cadre du congrès de l’ACFAS (Association canadienne-française pour l’avancement des sciences) en mai 1998. Ce document contenait notamment un résumé des résultats de l’étude par question de recherche. Suite à cet envoi, nous avons réalisé une entrevue feed-back, à la caisse, avec le directeur d’une des caisses pour apporter quelques précisions supplémentaires à nos analyses. Nous avons également effectué une entrevue feed-back, cette fois par téléphone, avec le directeur de l’autre caisse qui n’a trouvé aucune modification à apporter à la présentation de nos résultats.

De plus, selon Kirk et Miller (1986), une documentation systématique des procédures utilisées à toutes les étapes du processus constitue aussi une excellente façon d’accroître la validité d’une recherche qualitative. Or nous avons spécifié précédemment comment s’est réalisée notre collecte de données ainsi que l’obtention du feed-back des participants. Selon Miles et Hubberman (1984) une documentation détaillée des procédures de recherche a pour but de stimuler la critique chez le lecteur sur le plan de la validité interne. Pour ces auteurs, cette documentation permet aussi certaines ouvertures sur le plan de la validité externe.

La relation entre la validité d’une recherche qualitative et le respect de certains principes éthiques revêt, comme le souligne Erickson (1986), une grande importance. Puisqu’une recherche interprétative nécessite l’accessibilité du chercheur à des données sur les conceptions, les significations ou les valeurs exprimées plus ou moins explicitement par les sujets, la validité dépend aussi de la collaboration et de la relation de confiance créée entre le chercheur et les sujets particulièrement avec les informateurs clés. Il existe plusieurs moyens d’établir et de maintenir une relation de confiance et de collaboration avec les sujets pendant la recherche. Erickson en propose quatre que nous avons respecté :

1. Une certaine neutralité de jugement face au sujet : nous avons expliqué plusieurs fois les buts de la recherche aux participants aux entrevues dès que ceci s’avérait nécessaire.

2. La confidentialité : comme recommandé par Erickson, sur le site des entrevues nous n’avons pas formulé de commentaires auprès des participants, à propos de ce que nous observions de différent entre eux (particulièrement entre les caisses). De plus, nous avons garanti aux caisses et à tous les participants une confidentialité complète dans les publications et présentations de nos recherches.

3. L’implication : nous avons impliqué les participants aux entrevues de plusieurs façons comme nous l’avons vu précédemment (vérifications des retranscriptions des entrevues, entrevues feed-back avec les directeurs).

4. La clarté : nous avions une idée claire de nos questions de recherche et nos procédures ce qui a favorisé la confiance des participants aux entrevues.

La fidélité, ainsi que l’affirment Kirk et Miller (1986), repose essentiellement sur des procédures d’observation dont la description est explicite. Elle ne porte pas directement sur les données, mais sur les techniques et instruments de mesure ou d’observation. Il s’agit en fait d’une démonstration que les opérations de l’étude comme la procédure de la collecte de données peuvent être répétées avec les mêmes résultats. La validité suppose la fidélité, mais non l’inverse.

En ce qui concerne cet aspect de notre recherche nous étions un peu limités. Nous ne disposions que d’un seul chercheur sur le terrain, nous-mêmes, et d’une seule méthode de collecte de données. Étant donné cette lacune de rigueur, la «triangulation des sources » nous est apparue comme une alternative pertinente et intéressante. Nous entendons par

«triangulation des sources » le fait d’interroger plusieurs personnes à différents niveaux dans chaque caisse. En général, pour chaque caisse la ligne de pensée et la position des répondants étaient très similaires. Quelques petites variantes sont apparues, mais dans l’ensemble la triangulation des sources nous permet d’affirmer que l’information recueillie est fidèle.