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PROFESSIONNELS DE SANTE

B) Facteurs liés au contexte clinique de la maladie

Des facteurs cliniques liés à la maladie ont été insérés dans le QP. Ils regroupent les questions

relatives à la maladie et au traitement anticoagulant. Plusieurs de ces questions s’appuient sur un

travail doctoral réalisé à Grenoble, dans le cadre de l’évaluation d’un programme d’éducation

thérapeutique destiné aux patients sous AVK (Chambre, 2010) : le type de pathologie, le nom de l’AVK prescrit, le(s) prescripteur(s) de l’AVK et de la mesure d’INR, l’ancienneté et la durée du traitement et

la présence de comorbidités pathologiques. De plus, nous avons mesuré l’adhérence auto-rapportée

(2 items), l’information reçue et le besoin en informations sur le traitement, deux échelles de

connaissances permettant la mesure de la composante subjective (4 items) d’une part, et objective (4 items) d’autre part. L’échelle de perception de l’information a été insérée avant l’échelle de connaissances objectives afin de minimiser les biais de reconstruction. Le score moyen à l’échelle de perception de l’information équivaut à la somme des quatre items et varie de 4 à 24. Plus le score est élevé et plus le patient pense avoir de bonnes connaissances sur sa maladie et sur son traitement. Les items issus de l’échelle de connaissances objectives sont issus des échelles de connaissances validées sur les AVK et des enquêtes de connaissances (Baker, Pierce & Ryals, 2011; Janoly-Duménil et al., 2011). Suite au prétest et par souci de concision du questionnaire, nous avons réduit le nombre d’items de l’échelle de connaissances objectives de 10 à 4 items. Le score total à l’échelle varie de 1 à 8 sachant qu’une réponse erronée est codée -1, une réponse correcte est codée 2 et une réponse « ne sait pas » est codée 0. Le score à l’échelle peut ainsi varier de -4 à 8.

D’autres questions s’attachent à évaluer le comportement de surveillance de l’INR tel que le lieu de réalisation de la mesure, le comportement face au résultat d’INR (3 items) et la perception de la stabilité

de l’INR. Enfin, une échelle d’inconvénients perçus à la mesure d’INR en laboratoire (8 items) a

également été ajoutée. Le score à l’échelle est susceptible de varier de 0 à 8. C) Croyances envers les dispositifs portables de l’INR :

Les croyances constituent le cœur de notre modèle d’acceptabilité et ont été adaptées au

domaine de la santé. L’opérationnalisation des concepts s’est appuyée sur une revue de la littérature (Ajzen, 2002; Chismar & Wiley-Patton, 2003 ; Francis et al., 2004; Holden & Karsh, 2010). À chacun des concepts, nous avons essayé d’attribuer les croyances extraites au cours des différentes étapes de notre étude par focus group afin de respecter au mieux la réalité clinique reposant sur le discours des professionnels de santé.

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Échelle d’attitudes (ATT) envers l’utilisation du dispositif d’INR (7 items dans le QP et cinq

dans le QPRO) : l’échelle se compose d’une série d’adjectifs évaluatifs mesurant la composante

cognitive (e.g., pratique, utile, facile à utiliser) et la composante affective (e.g., sécurisant, déprimant) des attitudes, alternant entre des items traits et contre-traits (Francis et al., 2004). Une partie des adjectifs est commune aux deux versions du questionnaire. Contrairement à l’opérationnalisation sous la forme d’une échelle de différenciateur sémantique (positif vs. négatif), nous avons utilisé un seul pôle

attitudinal afin de simplifier la compréhension des répondants. En effet, lors d’une précédente étude,

nous avions constaté que l’échelle de différenciateur sémantique pouvait présenter des difficultés d’ordre cognitif car elle induit un raisonnement mental complexe. Le score à l’échelle d’attitudes correspond au score moyen des items de l’échelle sachant que plus le score est élevé et plus les

attitudes envers le dispositif d’INR sont positives. Inversement, des scores faibles caractérisent une

attitude défavorable à l’encontre de la technologie. Au sein de l’échelle, nous avons inséré des adjectifs

relatifs au concept de confiance envers la technologie (5 items dans le QP et 3 dans le QPRO) dont

« dangereux », « fiable » et « précis ». Ces items sont issus des échelles de confiance envers la technologie (Montague, 2010) et de qualité du système (Im & al., 2008; Wixom & Todd, 2005 ).

Échelle d’anxiété perçue face à la technologie (ANX, 6 items QP et 3 items QPRO) permet

la mesure d’une croyance affective et s’appuie sur l’échelle « Computer Anxiety » développée par

Compeau et Higgins (1995). Le score à l’échelle d’anxiété correspond à la moyenne des scores aux

items. Plus le score est élevé et plus le sujet ressent de l’anxiété envers l’utilisation du dispositif portable de l’INR.

Échelles d’utilité perçue (PU, 7 items dans les deux versions) et de facilité d’utilisation

perçue (PEU, 5 items QP et 3 items QPRO)ont été adaptées du TAM de Davis et al. (1989) et des

études ultérieures réalisées sur des technologies en santé (Chuttur, 2009; Holden & Karsh, 2010). Pour chacune des échelles, le score moyen correspond à la moyenne des items de l’échelle sachant que plus le score moyen est élevé et plus la technologie est perçue utile ou facile à utiliser.

Échelle de contrôle comportemental perçu (PBC, 6 items) s’appuie sur les travaux de

différents auteurs (Ajzen, 1991; Yi et al., 2006;). Les deux premiers items sont spécifiques à l’adaptation de l’INR et les quatre suivants mesurent le contrôle comportemental face à l’utilisation du dispositif. Le

QP comprend quatre items supplémentaires de mesure du contrôle interne perçu (« computer self

efficacy ») reposant sur l’échelle de Compeau et Higgins (1995). Le score moyen à l’échelle correspond à la moyenne des scores aux items de l’échelle. Un score élevé correspond à la croyance selon laquelle le sujet dispose des compétences nécessaires pour contrôler l’utilisation du dispositif portable de l’INR.

Échelles des avantages (12 items) et des inconvénients perçus (5 items) au dispositif d’INR

portable se rapprochent de ce que l’on retrouve dans la littérature sous l’appellation Performance

OutcomeExpectations (Compeau, Higgins & Huff, 1999) ou encore l’avantage relatif (Al Gahtni & King, 1999). Ces échelles proposent une modalité de réponse dichotomique, le score total à chacune des échelles correspond à la somme des items validés. Le QPRO comprend également une liste de critères

106 pour lesquels les professionnels doivent mentionner leur accord dans les cas où ils seraient amenés à utiliser le dispositif auprès des patients (Larocque et al., 2011).

Le dernier volet du questionnaire correspond à la proposition de caractéristiques

ergonomiques attribuables au dispositif : fonctionnalités, affichage du résultat d’INR et forme de la

bandelette test. Ces éléments ont été insérés pour répondre à la demande des technologues qui souhaitaient concevoir un nouveau dispositif portable de l’INR. Cette partie s’est appuyée sur des articles issus du champ de l’ergonomie (Lizotte et al., 2002, Surabattula et al., 2009) et sur différentes notices d’utilisation de lecteurs portables (lecteurs de glycémie et d’INR). Cela nous a permis d’identifier

les principales caractéristiques à considérer lors de la conception d’une technologie médicale et de

proposer plusieurs recommandations sur les possibilités de conception. Des questions, s’appuyant sur des photos et sur des schémas, ont été insérées pour faciliter le choix des préférences des répondants. Cette partie ergonomique ne sera pas traitée dans notre manuscrit.

Les échelles de croyances proposent des modalités de réponse de type Lickert en 6 points

allant de pas du tout d’accord (1) à tout à fait d’accord (6). Dans les travaux de Davis (1989) et de ses

successeurs, les auteurs utilisent systématiquement sept modalités de réponses, en donnant la possibilité d’avoir une réponse neutre. Cependant, après discussions, nous avons souhaité forcer le positionnement du répondant (accord ou désaccord) à chaque item afin de faciliter la restitution des résultats descriptifs à l’équipe du CEA.

107 Le Tableau 6 propose une synthèse des variables évaluées dans nos questionnaires d’acceptabilité, QP et QPRO.

Tableau 6

Résumé des dimensions et des variables explorées dans les questionnaires QP et QPRO.

4.3.3. METHODES DANALYSES STATISTIQUES DES RESULTATS

Après inversion des variables contre-traits et vérification des données aberrantes, nous avons vérifié les qualités métrologiques du questionnaire à l’aide du logiciel SPSS (Version 22.0).

1) Dans la première étape d’analyse, nous avons examiné les statistiques descriptives puis les qualités psychométriques de nos échelles de mesure. Nous considérons qu’une échelle de mesure est l’ensemble des items portant sur le même construit. Ces échelles ont été opérationnalisées en fonction des concepts retenus dans notre modèle théorique. Pour y parvenir, nous avons initialement utilisé la méthode de l’Analyse Factorielle Exploratoire (AFE) et la mesure de la cohérence interne des données

Dimensions Version patients (QP) Version professionnels (QPRO)

Variable de mesure

Intention comportementale (4 items) Intention comportementale (4 items)

Échelle de préférence (3 items) NE*

Interpersonnelle

Normes subjectives (6 items) Normes subjectives (6 items)

Confiance envers les professionnels de santé (8

items) NA*

NA* Pratiques des soignants vis-à-vis des patients (5

items) Individuelle Socio-démographiques Contextuelles/ cliniques Attitude et croyances

Sexe, âge, statut marital, catégorie socio-professionnelle,

Expérience face aux POCT,

Connaissance de l’existence des dispositifs

Sexe, âge, profession, expérience professionnelle, lieu d’exercice,

Expérience face aux POCT,

Connaissance de l’existence des dispositifs Type de de pathologie, nom de l’AVK prescrit,

prescripteur(s) de l’AVK et de l’INR, ancienneté et durée du traitement, comorbidités pathologiques, adhérence auto-rapportée (2 items), information et besoin d’information sur le traitement, échelles de perception de l’information (4 items) et objectives (4 items), comportements de surveillance de l’INR (3 items), stabilité perçue, échelle d’inconvénients perçus à la prise de sang (8 items)

NA*

Attitude envers l’utilisation (7 items), Confiance envers la technologie (5 items) Anxiété perçue (6 items)

Utilité perçue (7 items)

Facilité d’utilisation perçue (5 items)

Contrôle comportemental perçu (6 items) et contrôle interne (4 items)

Avantages (12 items) et inconvénients (5 items) perçus

Caractéristiques ergonomiques

Attitude envers l’utilisation (5 items) Confiance envers la technologie (3 items) Anxiété perçue (3 items)

Utilité perçue (7 items)

Facilité d’utilisation perçue (3 items) Contrôle comportemental perçu (6 items) Avantages (12 items) et inconvénients (5 items) perçus, critères de choix

Caractéristiques ergonomiques (NE* : Non Evalué ; NA* : Non Applicable)

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brutes afin de retirer les items faiblement corrélés à nos variables22. Dans un second temps, nous avons

effectué l’AFE générale de l’ensemble des concepts afin de retirer les items qui ne saturaient sur aucun facteur ou qui ne saturaient pas sur le facteur prédit.

L’AFE, réalisée en maximum de vraisemblance avec rotation oblimin, nous permet d’observer comment se regroupent les items sur chacune de nos échelles. La méthode d’extraction par maximum de vraisemblance maximise la probabilité que la matrice de corrélation reflète une distribution dans la

populationet la rotation oblimin présuppose que les construits ne sont pas indépendants. L’AFE permet

de statuer sur la présence d’une structure uni ou plurifactorielle au concept latent mesuré (valeurs

propres ≤ 1), tout en vérifiant la valeur de l’indice KMO (Kaiser-Meyer-Olkin) et la significativité du test

de Bartlett. L’indice KMO indique dans quelle mesure les variables retenues constituent un ensemble cohérent du concept. Au plus l’indice KMO tend vers 1, au mieux les variables partagent une variance

commune au concept. Le Test de Bartlett doit être significatif (< .05) pour pouvoir rejeter l’hypothèse

nulle selon laquelle toutes les corrélations des variables de l’échelle sont égales à 0. La qualité de la représentation correspond à la variance de chaque variable pouvant être expliquée par l’ensemble des

autres variables. Cette dernière doit être au minimum de .20. La matrice de forme, appelée matrice des

types dans les anciennes versions de SPSS, nous renseigne sur la façon dont saturent les items sur la (ou les) dimension(s). Nous estimons que .30 est le poids minimum qu’une variable peut avoir pour être considérée significative.

Nous avons vérifié la cohérence interne de chacune des échelles, c’est-à-dire la fidélité. La cohérence interne nous indique si les items mesurent bien un seul et même construit. La cohérence

interne de l’échelle sera d’autant plus élevée que les items sont corrélés entre eux (≤ 0.4) et au score

total de l’échelle (≤ 0.3). Pour mesurer la cohérence interne, nous utiliserons la méthode qui calcule

l’indice d’alpha de Chronbach. Cette méthode se base sur la moyenne des corrélations inter-items. Selon les auteurs, le seuil minimum de l’alpha est de .70 alors que d’autres se contentent d’un seuil de .60.

Nous avons remplacé les données manquantes des items retenus dans notre AFE en nous servant de l’analyse par imputation multiple proposée par le logiciel SPSS (Ullman, 2006). L’imputation multiple consiste à insérer l’une après l’autre, les échelles retenues dans l’AFE générale afin de constituer une matrice sans donnée manquante. Les données non remplacées par imputation multiple

ont été remplacées par la moyenne à l’item de l’échantillon total. En effet, afin de tester notre modèle

d’acceptabilité nous avons choisi la méthode des équations structurelles. Cette méthode implique de travailler sur une matrice exempte de données manquantes. Une fois les données manquantes remplacées, nous avons calculé le score total sur chaque échelle : moyenne des items de l’échelle.

Ensuite, nous avons regardé les relations entre les variables et l’intention d’utilisation. Pour notre

22 Les normes et seuils des tests psychométriques s’appuient sur le site internet suivant : http://spss.espaceweb.usherbrooke.ca/pages/introduction.php (consulté le 20/08/14)

109 échantillon de patient, nous avons effectué des médiations telles que formulées dans les hypothèses du modèle d’acceptabilité.

2) La seconde étape a consisté à tester notre modèle d’acceptabilité en utilisant les équations

structurelles (module AMOS v.22.0 sur SPSS). Notre modèle a été testé sur notre échantillon de

professionnels de santé car il présentait un nombre suffisant de données recueillies. Dans un second temps, nous avons fusionné les matrices de données des patients et des professionnels de santé pour tester un modèle d’acceptabilité général.

Pour être employée, cette méthode requiert plusieurs conditions préalables. La première condition nécessite de travailler sur une matrice sans données manquantes. La seconde condition est relative à la taille de l’échantillon permettant de disposer d’une puissance statistique suffisante et d’éviter les erreurs de type II (McQuitty, 2004), c’est-à-dire éviter d’accepter une hypothèse erronée.

L’estimation de la puissance statistique est évaluée par un indicateur appelé le RMSEA (

Root-Mean-Square Error of Approximation). La troisième condition répond aux critères d’identification de notre modèle composé d’une échelle multidimensionnelle où chaque variable latente possède au minimum deux variables de mesure, c’est-à-dire au minimum deux items par concepts. La quatrième condition nécessite de vérifier la multi-normalité des variables de l’analyse. Certaines variables présentent un Kurtosis supérieur au seuil de 1.96, ce qui indique leur non normalité. Pour vérifier la stabilité de nos résultats, nous utilisons la méthode de bootstrap de 200 échantillons aléatoires et procédons au test de Bollen-Stine comme conseillé par Dampérat (2014). Par ailleurs, nous avons pris soin de fixer le poids de la régression à 1, pour la variable la plus reliée au construit latent, mise en évidence dans l’AFE.

Concernant les critères d’ajustement du modèle et les paramètres estimés, nous nous sommes appuyés sur un document présenté par Dampérat (2014) pour aider à la présentation des résultats issus des équations structurelles. Pour pouvoir juger la qualité d’ajustement du modèle testé, trois catégories d’indices doivent être examinés :

(1) les indices absolus renseignent sur l’adéquation entre le modèle théorique testé et les

données recueillies (Khi²/ddl, RMSEA, GFI, AGFI, RMR et SRMR) ;

(2) les indices incrémentaux, tel le CFI, mesurent la différence entre le modèle théorique et le modèle « indépendant » postulant l’absence de corrélations entre les variables ;

(3) les indices de parcimonie (AIC) ont le rôle d’éviter de surestimer le modèle et d’arbitrer sur le modèle le plus parcimonieux.

Examinant la fiabilité d’un grand nombre d’indices, Hu et Bentler (1998, 1999) ont préconisé

l’investigation de plusieurs indices et les règles de décision à adopter : Khi²/ddl, RMSEA, SRMR, CFI et

AIC ainsi que l’ajout d’autres critères en raison de leur popularité dans les études utilisant les équations structurelles (GFI, AGFI et TLI).

110 Pour pouvoir évaluer les paramètres estimés, plusieurs critères sont examinés :

(1) le coefficient lambda standardisé (λ) correspond au poids des relations entre les variables

observées et la variable latente ;

(2) le degré de significativité pour chacun des paramètres estimés, calculé à partir de la valeur

du t du test de Student.

Les analyses ont été effectuées en deux étapes. La première étape consiste à évaluer le modèle

de mesure en procédant à une Analyse Factorielle Confirmatoire (AFC) avec la méthode du maximum

de vraisemblance. L’AFC renseigne sur l’estimation des paramètres du modèle et teste l’adéquation entre les variables collectées et les construits latents dont nous avons fait l’hypothèse. Dans la seconde étape, nous avons testé la pertinence de notre modèle pour expliquer l’intention d’utiliser un lecteur d’INR.

111

4.4. RESULTATS

4.4.1. ÉTUDE PRELIMINAIRE DES DETERMINANTS DE

LACCEPTABILITE DE LA TECHNOLOGIE DE SURVEILLANCE DE

L’INR

4.4.1.1. Comités d’experts auprès des technologues

Les deux réunions ont permis d’extraire quatre thèmes principaux. Le premier thème s’intéresse à la prise en charge actuelle du patient. Le second thème propose une analyse des principales

différences existant entre les deux techniques de mesure de l’INR : la technique de référence par

prélèvements veineux (prise de sang) et la technique alternative capillaire (dispositif portable). Le

troisième thème se réfère au type d’usagers des lecteurs d’INR. Enfin le quatrième thème explore le

contexte clinique et les déterminants de l’acceptabilité du dispositif d’INR.

(1) Prise en charge des patients sous AVK et relation interpersonnelle : L’AVK est indiqué

dans le cadre de troubles cardiovasculaires apparaissant majoritairement auprès « des populations

assez âgées » qui sont tenues de surveiller l’INR pour vérifier l’équilibration de la posologie du

traitement. La fréquence du contrôle diffère selon la pathologie, l’ancienneté du traitement et les

patients. Généralement, le médecin spécialiste effectue la première prescription d’AVK puis passe le

relai au généraliste : « Tu ne vas pas voir ton cardiologue plus d’une fois tous les 3 mois, voire une fois tous les 6 mois. Et entre temps le cardiologue il se repose sur le médecin généraliste qui est censé faire un suivi tous les mois. ». Le médecin traitant a un rôle de prescripteur à la fois du traitement et de la prise de sang. Les technologues évoquent alors les notions de responsabilité et de confiance envers le médecin (« Tous les médecins devraient être compétents ») qui prodigue des informations et des

conseils personnalisés à son patient. De plus, le médecin garantie la posologie optimale afin d’éviter

les problèmes thrombo-hémorragiques (e.g., hospitalisations, évènements indésirables). Il peut néanmoins subsister un décalage entre les attentes envers les médecins et leur pratique concrète (« En théorie il y’a ça mais après il y a la pratique réelle »). Il en va de même pour la relation entretenue par le patient avec son pharmacien qui lui délivre son traitement « Il faut avoir confiance dans le pharmacien ».

L’INR constitue l’une des principales modalités de surveillance du traitement. Pour ce faire, deux procédures s’offrent aux patients, le passage d’un infirmier à domicile ou le laboratoire d’analyse. Pour réaliser la mesure d’INR, il est recommandé au patient d’aller toujours dans le même laboratoire d’analyse par souci de reproductibilité de la mesure. En effet, la fiabilité de la mesure d’INR est

susceptible de varier en fonction de l’établissement et « en fonction de l’opérateur » du fait de la

procédure de normalisation du temps de coagulation propre à chaque laboratoire. Le laboratoire d’analyse peut être choisit en fonction de différents critères : la proximité au domicile ou au lieu de travail, la compétence et l’accueil des techniciens, la recommandation par un proche ou un médecin

112 (« On choisit son labo parce qu’il est près de chez soi ou près de son travail. », « De l’accueil qui est fait en labo. »). La difficulté du traitement par AVK réside dans l’absence de perception de symptômes d’alarmes (asymptomatique) : « Une mesure de routine, on se rend compte qu’on a un INR qui est au plafond et on est envoyé aux urgences alors qu’on se sent très bien. ». C’est le biologiste qui certifie le résultat et qui « fait le sens d’autorité morale sur le patient. ».

(2) Comparaison des deux techniques de mesure de l’INR : Le Tableau 7 compare les

principales caractéristiques relatives deux techniques de mesure de l’INR. Tableau 7

Comparaison des principales caractéristiques relatives aux deux techniques de mesure de l’INR, la prise de sang et le dispositif portable.

Prise de sang Dispositif portable

Type de pratique Actuelle, connue et familière pour le patient Expectatives, pratiques futures

Type de

prélèvement Veineux (tube de 5 ml) Capillaire (1 à 2 gouttes de sang)

Lieux de réalisation de la mesure Laboratoire d’analyse : - Hospitalier - De ville  Infirmier à domicile

Plusieurs lieux potentiels : Dans un laboratoire d’analyse En pharmacie

Chez le médecin (généraliste ou spécialiste) A domicile Auteur du prélevement - Professionnel de santé - Technicien de laboratoire - Professionnel de santé :

Infirmier : au sein d’un service, en libéral Médecin : cardiologue, anesthésiste, généraliste

- Le patient lui même

- Un proche

Mesure INR Disparités du résultat selon les laboratoires. Le professionnel assure un second contrôle de la mesure en cas de problème.

Délai du résultat Plusieurs dizaines de minutes en cas d’urgence et jusqu’à 2 jours de latence Directement sur le boitier, quelques minutes