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100 Stimuli % de réponses ’X’ Identification V−X LSF NS

FIGURE7.7– Courbes d’identification VX, pour les groupes LSF et NS

Dans les deux continua, les courbes sont discontinues (en « S ») et montre une frontière abrupte. Ces courbes ne prédisent pas de réponses différentes entre les deux groupes pour la discrimination, hormis une différence de localisation du pic de discrimination pour [V-]X. A ce stade, les résultats ne permettent pas de conclure à l’utilisation de mécanismes différents par les deux groupes (linguistiques pour LSF et non-linguistiques pour NS).

7.4 Expérience 2 : Discrimination AX

7.4.1 Procédure

Les mêmes sujets ont participé à la tâche de discrimination qui a porté sur des stimuli identiques à ceux de la tâche d’identification. Cette fois, lors de la présenta-tion successive des deux items d’une paire de stimuli, les sujets devaient juger pour chaque paire présentée si les deux formes manuelles étaient strictement identiques ou bien différentes même légèrement, en appuyant sur une touche du clavier, res-pectivement <F> et <L>. Pour chaque continuum, toutes les paires à un pas (1-2,

2-3, etc.) et deux pas d’intervalle (1-3, 2-4, 3-5, etc.) ont été jugées dans deux tâches distinctes pour avoir des résultats complets et afin de ne pas manquer un phénomène qui aurait pu ne pas apparaître en ne testant pas toutes les paires ou en choisissant un pas trop large ou au contraire trop fin. A nouveau, six blocs comportant toutes les paires possibles ont été présentés, le premier bloc servant d’entraînement.

7.4.2 Résultats

Le modèle de PC soutient que la discrimination est minimale entre les membres d’une même catégorie et maximale entre deux stimuli appartenant à deux catégories différentes. Parmi les différents critères et méthodes permettant l’appréciation du degré de perception catégorielle, ceux qui présentent le plus d’intérêt et qui sont le plus objectifs sont : a) la relation entre la performance observée à l’issue du test de discrimination et celle prédite par le test d’identification, et b) la supériorité de la discrimination inter-catégorielle par rapport à la discrimination intra-catégorielle. Ces deux méthodes sont présentées ci-dessous. Dans les différentes méthodes, nous nous sommes appuyés sur des scores d’ (Macmillan & Creelman, 1991) qui ont été préférés à des scores bruts de discrimination. Ceci permet de prendre en compte dans le calcul les réponses « différent » pour les paires identiques (1-1, 2-2, etc.) qui auraient dû être jugées « identique ». Ces paires servent de paires-contrôle et les sujets qui « surdiscriminent » en répondant « différent » pour des paires identiques sont en quelque sorte pénalisés. Les statistiques descriptives (scores d’ individuels, moyenne et erreur standard) sont données en Annexe B.2.2.

Continuum UV Dans les figures 7.8 et 7.9, nous pouvons observer les courbes de discrimination prédite (estimée par les scores d’identification) et observée pour chacun des deux groupes, pour des paires à un pas. Pour le groupe LSF, nous voyons 7.8 que les scores obtenus par les sujets (ligne continue) et la discrimination prédite par les scores d’identification (ligne en pointillés) sont assez similaires, hormis pour les paires 1-2 et 2-3 pour lesquelles la discrimination observée est supérieure à la discrimination prédite. Il en est de même pour le groupe NS (fig. 7.9) pour lequel la paire 3-4 est également mieux discriminée.

1−2 2−3 3−4 4−5 5−6 6−7 7−8 8−9 9−10 10−11 1 2 3 4 5 Paires de stimuli d’ LSF Disc UV 1 pas ** * ** * * Observée Prédite

FIGURE 7.8– Courbes de discrimination UV Observées et Prédites, 1 pas, pour le groupe LSF.

Afin d’estimer si la différence entre les deux performances (prédite et obser-vée) est significativement importante, nous avons procédé à des tests de rang de Wilcoxon, qui sont les équivalents non paramétriques du test-t apparié. La signifi-cativité de cette différence est exprimée par des astérisques. Un astérisque indique que la différence est significative au niveau α = 0.05 et deux astérisques qu’elle est significative au niveau α = 0.001. Nous avons évité des niveaux de significativité intermédiaires (tel que 0.005) pour des raisons de simplicité. Nous trouvons donc que pour cinq paires sur dix, la différence est significative, ce qui est contraire au modèle de PC selon lequel les deux courbes devraient être quasiment identiques. Les mêmes tendances sont observées pour les NS (7.9). Encore une fois, la diffé-rence la plus importante entre les deux courbes est rencontrée pour les paires 1-2 et 2-3. On observe des différences similaires dans le cas de la discrimination à 2 pas (voir en annexe la figure B.1), avec toutefois une différence significativement plus importante (α = 0.001) entre les scores prédits observés des deux groupes pour les dernières paires du continuum, et une différence non significative dans le groupe NS pour la paire 3-4 par rapport à 1 pas (α = 0.001).

1−2 2−3 3−4 4−5 5−6 6−7 7−8 8−9 9−10 10−11 1 2 3 4 5 Paires de stimuli d’ NS Disc UV 1 pas * * ** ** ** Observée Prédite

FIGURE 7.9– Courbes de discrimination UV Observées et Prédites, 1 pas, pour le groupe NS.

Considérons maintenant le deuxième critère, celui de la différence entre la per-formance inter- et intra-catégorielle. Dans les figures suivantes, nous observons les résultats de discrimination pour le continuum [U-V] pour un intervalle de un pas (fig. 7.10) et de deux pas (fig. 7.11), pour les groupes LSF et NS.

Sur chaque graphe, les lignes continues correspondent aux résultats du groupe LSF et les lignes en pointillés au groupe NS. Les lignes verticales représentent les frontières d’identification de chaque groupe. Nous observons des performances de discrimination assez similaires entre les deux groupes, pour un pas et deux pas, hor-mis une discrimination plus forte du groupe LSF pour les deux premières paires quand l’intervalle est de deux pas (1-3 et 2-4). Dans tous les cas, la forme de la courbe est linéaire et montre une diminution de la discrimintion au fur et à mesure

1−2 2−3 3−4 4−5 5−6 6−7 7−8 8−9 9−10 10−11 1 2 3 4 5 Paires de stimuli d’

Discrimination U−V 1 pas

LSF NS Front. LSF Front. NS

FIGURE7.10– Courbes de discrimination UV, 1 pas, pour les groupes LSF et NS.

que l’écartement entre les doigts augmente. Le pic de discrimination (1-2 pour un pas et 1-3 pour deux pas) ne coïncide pas avec la frontière d’identification ; nous n’observons donc pas de réponse catégorielle quels que soient le groupe et l’inter-valle. Etant donné que les deux groupes n’étaient pas homogènes au niveau de l’âge, nous n’avons pas cherché à évaluer si la différence entre les deux groupes était si-gnificative ou non en procédant à des tests de Wilcoxon. Une différence potentielle ne nous donnerait pas plus d’information par rapport au degré de perception catégo-rielle ; elle permettrait au mieux de définir le groupe le plus précis en discrimination, ce qui n’est pas le but de notre étude. Etudier la différence entre les deux groupes nécessiterait un appariement des sujets au niveau de l’âge et du sexe par exemple auquel nous n’avons pas procédé puisque tel n’était pas notre but.

Nous avons ensuite procédé à des tests a posteriori de Tamhane (Annexe B.2.3) qui comparent les paires une à une. Ces résultats sont particulièrement intéressants car nous pouvons voir si la performance pour les paires situées sur la frontière est significativement plus élevée que pour une autre paire donnée.

1−3 2−4 3−5 4−6 5−7 6−8 7−9 8−10 9−11 1 2 3 4 5 Paires de stimuli d’

Discrimination U−V 2 pas

LSF NS Front. LSF Front. NS

FIGURE7.11– Courbes de discrimination UV, 2 pas, pour les groupes LSF et NS.

Pour le continuum [U-V], 1 pas, groupe LSF, nous observons que la perfor-mance pour la paire 4-5 qui correspond à la frontière catégorielle n’est pas signifi-cativement plus élevée que pour la paire 3-4 (p=1.000) par exemple, et au total pour six paires sur neuf (dix paires au total, dont on soustrait la paire 4-5). De même pour le groupe NS qui a la même frontière catégorielle, la paire 4-5 n’est pas significa-tivement plus élevée que huit paires sur neuf. Dans la condition 2 pas, il y a deux paires autour de la frontière catégorielle définie par les deux groupes LSF et NS : les paires 3-5 et 4-6 qui ne sont respectivement pas plus élevées significativement que 6 et 5 paires pour LSF, et 6 et 7 paires pour NS. Nous voyons que globalement, la per-formance de discrimination pour la paire située sur la frontière d’identification n’est pas significativement plus élevée que pour la majorité des paires intra-catégorielles, dans les deux groupes et les deux conditions.

Continuum VX Regardons maintenant les résultats du continuum [V-X]. Dans

les figures 7.12 et 7.13, nous pouvons voir les courbes de discrimination prédites (ligne en pointillés) et observées (ligne continue) pour chacun des deux groupes, pour des paires à un pas. Quoi que de formes assez semblables, les courbes prédites

et observées sont très éloignées, sauf pour les trois premières paires dans le groupe LSF. 1−2 2−3 3−4 4−5 5−6 6−7 7−8 8−9 9−10 10−11 1 2 3 4 5 Paires de stimuli d’ LSF Disc VX 1 pas ** ** ** ** ** ** Observée Prédite

FIGURE7.12– Courbes de discrimination VX Observées et Prédites, 1 pas, pour le groupe LSF.

Avec les tests de rang de Wilcoxon, dans le cas de la discrimination à un pas, nous voyons que pour le groupe LSF, la différence entre les scores prédits et ob-servés est significative pour six paires sur dix, pour toutes les paires à partir de la paire 5-6 en fait, ce qui est contraire au modèle de PC selon lequel les deux courbes devraient être quasiment identiques. Pour le groupe NS (graphique du bas), la dif-férence est pratiquement tout le temps significative hormis pour la première paire 1-2. Dans le cas de la discrimination à deux pas (Annexe B.2), la différence est significative pour toutes les paires dans les deux groupes sauf pour la paire 5-7 du groupe NS, qui correspond au pic de discrimination qui, pour ce groupe, coïncide avec la frontière catégorielle. Il est normal que la différence prédite-observée soit

1−2 2−3 3−4 4−5 5−6 6−7 7−8 8−9 9−10 10−11 1 2 3 4 5 Paires de stimuli d’ NS Disc VX 1 pas ** ** ** ** ** ** ** ** * Observée Prédite

FIGURE7.13– Courbes de discrimination VX Observées et Prédites, 1 pas, pour le groupe NS.

plus significative dans cette condition (deux pas), étant donné que la distance phy-sique entre les stimuli est plus importante, ce qui permet aux sujets d’exploiter plus facilement les informations sensorielles.

Concernant la différence entre la performance inter- et intra-catégorielle, nous voyons dans les figures suivantes les résultats de discrimination pour le continuum [V-X] pour un intervalle de un pas (fig. 7.14) et de deux pas (fig. 7.15), et sur chaque graphe pour les groupes LSF (ligne continue) et NS (ligne en pointillés).

Nous observons des performances de discrimination assez similaires entre les deux groupes, pour un pas et deux pas. Pour un pas, les courbes montrent une forme de « V » inversé avec un pic de discrimination pour la paire 6-7 chez les deux groupes, alors que pour deux pas, à la place du pic on observe plutôt un pla-teau qui signifie que les paires du milieu du continuum sont discriminées également. Dans les deux cas, la discrimination diminue en se rapprochant des deux bouts du

1−2 2−3 3−4 4−5 5−6 6−7 7−8 8−9 9−10 10−11 1 2 3 4 5 Paires de stimuli d’ Discrimination V−X 1 pas LSF NS Front. LSF Front. NS

FIGURE7.14– Courbes de discrimination VX, 1 pas, pour les groupes LSF et NS.

continuum. Nous voyons que les lignes verticales qui représentent les frontières d’identification de chaque groupe coïncident avec le pic de discrimination unique-ment pour le groupe NS. On observe donc une réponse plus catégorielle pour le groupe NS que pour le groupe LSF, ce qui est paradoxal si l’on considère l’effet PC comme un phénomène linguistique.

Les tests a posteriori de Tamhane (Annexe B.2.3) nous montrent que pour le continuum [V-X], pour la condition 1 pas, dans le groupe LSF, la performance pour la paire 4-5 qui correspond à la frontière catégorielle n’est pas significativement plus élevée que pour six paires sur neuf. Pour le groupe NS en revanche, la paire 6-7 n’est pas significativement plus élevée que trois paires sur neuf seulement. Pour la discrimination à 2 pas, pour le groupe LSF, les paires 3-5 et 4-6 ne sont pas significativement plus élévées que la totalité des paires (pour 3-5) et six paires (pour 4-6). Pour le groupe NS, les paires 5-7 et 6-8 ne sont pas significativement plus élevées que pour sept paires dans les deux cas. Nous voyons globalement que pour le continuum [V-X], la performance en discrimination pour les paires à cheval sur les frontières de catégories ne sont pas significativement plus élévées que pour la

majorité des paires intra-catégorielles, sauf pour le groupe NS dans la condition 1 pas, ce qui est contraire à la PC.

1−3 2−4 3−5 4−6 5−7 6−8 7−9 8−10 9−11 1 2 3 4 5 Paires de stimuli d’ Discrimination V−X 2 pas LSF NS Front. LSF Front. NS

FIGURE7.15– Courbes de discrimination VX, 2 pas, pour les groupes LSF et NS.

7.5 Discussion et comparaison des résultats LSF et